Une visite au domaine Jules Desjourneys
Associé à Christophe Thibert, Fabien Duperray produit ses premiers blancs sur ce millésime 2014 sur le terroir de schiste de Loché avec un triptyque philosophique qui consiste à ne pas récolter trop tard, faire de tous petits rendements et à ne pas utiliser de bois. Le résultat est épatant!
Domaine Jules Desjourneys, Pouilly Loché, 2014
100% cuve
Enzo
Nez très pur et éclatant sur des notes florales, de fruits exotiques, anisé.
La bouche est dense et d'un beau volume avec un équilibre magistral. Le vin possède un côté cristallin malgré une matière de très beau niveau. On salive beaucoup, c'est éclatant de fruit jusque dans la finale citronnée qui se resserre un peu (mise récente). Superbe.
Très Bien +.
Oliv
Nez magnifique de pureté et de gourmandise, parfait compromis entre classe et maturité, quand le fruit vous parle sans vous épuiser l'envie, sur des notes d'agrumes et de fleurs blanches aussi délicates qu'évidentes.
Bouche structurée, d'une tension parfaitement maitrisée par une maturité idéale, sur une puissance rythmée qui se relance encore et encore.
Ajoutée à une aromatique croquante d'une totale franchise, pure et sans une once de lourdeur, le vin s'envole dans une finale salivante géniale de fraicheur et gourmandise.
Superbe !
Domaine Jules Desjourneys, Saint-Véran, 2014
Terroir argilo calcaire sur Leynes, élevage 100% cuve
Enzo
Nez complexe, profond, fumé, sur les fruits jaunes, une note d'œuf signe d'une petite réduction dans un ensemble malgré tout éclatant.
La bouche est riche, large, très pure, soutenue par un léger gaz. Elle fait preuve d'une grande droiture malgré sa richesse avec une acidité légèrement mordante qui s'intègre au fur à mesure de l'aération dans le verre, le vin se détendant à l'air. L'ensemble est ultra salivant, gourmand et long. Tout l'avenir est devant lui, je n'avais jamais bu un Saint-Véran de ce niveau.
Très Bien (+).
Oliv
Nez plus serré, sur une très fine réduction à l'ouverture et qui se détend sur de légères notes de peaux d'agrumes et de miel d'acacia.
Bouche très tendue, un peu acérée et à l'aromatique plus fermée et qui semblerait presque austère après le charme évident du Pouilly-Loché.
Le vin en conserve néanmoins une structure effilée sans verdeur, d'une droiture froide très bien gérée à la grande présence tactile.
Finale nerveuse et élancée, d'un toucher serré qui ne manque que d'un peu de complexité aromatique pour se développer plus avant.
A suivre avec grand intérêt.
Domaine Jules Desjourneys, Pouilly-Fuissé, 2014
20% fut neuf, le reste en cuve.
Enzo
Nez légèrement grillé avec une touche vanillée, de léger boisé vert dans un ensemble moins éclatant.
La bouche est riche, grasse, enrobée avec un élevage sensible et moins de pureté que les deux vins précédents. Moins de naturel perceptible, plus de maquillage et un effet de séquence évident aussi car le vin est équilibré, sérieux avec de fins amers en finale.
Bien ++.
Oliv
Nez très classique qui rappelle les élevages réussis de grands domaines de Meursault, sur un grillé délicat, avec des notes minérales et mentholées.
Bouche précise et à l'équilibre impeccable, sur une acidité aérienne et traçante qui tranche dans une matière d'un volume sans aucun lourdeur.
L'élevage marque un peu de son empreinte l'aromatique et s'exprime également sur la finale par une amertume de jeunesse qui se fondra sans aucun souci à la garde au vu de la qualité de son expression.
Très beau vin et comparée à ses pairs élevés en cuve, très intéressant moment sur l'apport / parasitage de l'élevage en fonction de son moment de dégustation.
Ce vin prendra-t-il le pas sur ses collègues ? L'avenir seul le dira.
Domaine Jules Desjourneys, Pouilly-Vinzelles, Les Longeays, 2014
100% cuve
Enzo
Nez profond, très fin, particulièrement complexe sur des notes de tabac, de foin, de thé, de fruits jaunes, d'agrumes. Superbe nez élégant.
La bouche est juteuse dès l'attaque, à l'équilibre génial dans un ensemble d'une grande harmonie. Le vin possède beaucoup de fond et de richesse mais joue une partition aérienne somptueuse et persistante jusqu'en finale sur les agrumes. Un futur grand vin.
Très Bien +/Excellent.
Oliv
Nez remarquable, d'une grande complexité, où un fin végétal, sur le foin, presque les herbes aromatiques de garrigue, répond à de belles notes florales et d'agrumes. L'ensemble est expressif, pur et d'un naturel d'expression classe assez confondant !
Bouche splendide, racée, d'une attaque immédiatement nerveuse au volume et à la concentration admirablement maitrisée.
Les goûts sont aussi complexes que les aromes du nez et participent au brio et à l'immédiate lisibilité du vin.
Finale redoutable de persistance et de fraicheur, sur une puissance contenue assez géniale d'expressivité.
Somptueux !
Fabien part en cave, où il redescendra au fur et à mesure de ses envies de partage et de découverte.
Grand moment d'échanges et d'éducation pour nous !
Domaine les Poëte, Quincy, 2014
Enzo
Nez variétal mais mûr sur la banane mûre, mentholé, les agrumes dans un ensemble précis.
La bouche est croquante, pleine avec quelques notes amylique de bonbon arlequin, mais ultra gourmande, équilibrée et très aromatique. On peut lui reprocher un côté entêtant à ce stade mais c'est nerveux et bien fait.
Bien ++.
Oliv
Nez sur un variétal maitrisé, un peu excessif en puissance toutefois, sur les agrumes, le bonbon anglais, le poivre blanc.
Bouche pointue très agréable où une acidité tranchante répond à une matière mûre.
Ensemble cristallin qu'une aromatique un peu froufroutante, toujours sur le bonbon anglais, a tendance à fatiguer un peu.
Finale salivante à souhait, à la limite du mordant.
Bien.
Domaine les Poëte, Reuilly, 2014
Enzo
Nez moins ouvert que le précédent mais peu de notes variétales, quelques agrumes.
La bouche contraste par sa richesse, elle est dense, exotique et d'un grand équilibre. Très belle vivacité, c'est jeune et frais, le tout soutenu par un joli gras et une longue finale avec des amers présents sans excès sur des notes d'agrumes. Belle bouche et joli vin.
Très Bien.
Oliv
Nez superbe, à la fois droit et charmeur, sur des notes de fruits frais, à l'exotisme délicat, sur l'ananas, le fruit de la passion, le citron vert, des notes intéressantes de poivre blanc.
Bouche à l'attaque corpulente, d'une haute maturité parfaitement tramée par une acidité haute et salivante très agréable.
Aromatique ouverte qui crée un effet de gourmandise certain.
Finale un peu serrée, notamment par la présence d'une petite amertume qui limite son évidence.
Très bon.
Château des Jacques, mise Thorin, Moulin à Vent, 1969
Enzo
Nez évolué de céleri, de cuir, de sous-bois, d'épices douces, de cèpe. C'est complexe, il évolue sur un côté VDN, de fruits confits, de menthe poivrée. Joli nez de millésime chaud.
La bouche est bien vivante, très tertiaire aromatiquement, manquant d'un peu de définition. L'équilibre est de qualité, l'acidité tient de vin sans maigreur avec même une certaine densité mais sans l'élégance des plus beaux gamay, sur des notes figuées jusque dans la finale assez persistante.
Beau témoignage.
Oliv
Bouchon fatigué.
Robe rouille assez claire.
Nez évolué, sur le champignon (cèpe séché), le sparadrap, le cuir mouillé. L'aération libère des notes plus chaudes, sur le raisin sec, presque la datte.
Bouche avec une belle structure, notamment apportée par une jolie acidité mais sur une matière un peu fragile.
L'aromatique un peu trop évoluée au premier service ramène à l'aération des goûts plus chauds, sur la cerise, presque la figue épicée avec de la présence dans le verre.
Finale un peu fuyante, où l'acidité s'exprime trop pour permettre une envolée plus confortable.
Dommage car il y avait quelque chose.
Domaine Jessiaume et Fils, Santenay 1er Cru Les Gravières, 1969
Enzo
Nez assez complexe et pur des beaux pinots évolués qui va beaucoup bouger dans le verre. La finesse s'exprime à travers les épices douces, la cerise, un côté iodé et beaucoup de fraicheur.
Un pointe réductrice qui fait penser à du bouchon va s'exprimer à l'attaque en bouche avant de disparaitre complètement à l'aération. Le vin possède une énergie remarquable, un très bel équilibre acide compensé par une matière en pleine forme. C'est juteux, encore sur le fruit pour un vin si âgé avec une persistance finale superbe sur les agrumes qui font saliver. Évidemment ultra digeste, ce vin est un petit bijou.
Oliv
Robe tuilée, totalement dépigmentée sur l'extérieur du disque.
Nez très complexe, sur la coquille d'huitre, le minéral, le réchauffement et l'aération ramenant de très belles senteurs délicatement fruitées, sur la griotte, la groseille.
Bouche en deux temps. Au service, le vin est assez serré, sur une acidité haute et qui va se détendre, s'élargir avec le réchauffement pour révéler alors un ensemble de grande classe, à la fois énergique et structurée, où de délicieux goûts de griotte et de menthe s'expriment dans une grande fraicheur.
Finale délicieuse, aux tanins imperceptibles et sur un acidulé mûr d'une belle présence gourmande.
Très beau vin !
Clos de Gamot, Cahors, 1937
Enzo
Nez végétal, de noix qui fait penser au jura et à une oxydation certaine dont le vin aura du mal à se départir.
Pourtant la bouche est d'une jeunesse insolente (j'aurais donné 30 ans à ce vin à l'aveugle), c'est encore très dense bien que les tannins soient amadoués. C'est particulièrement frais, gourmand avec une certaine sucrosité et ne ressemble en rien à ce que j'ai déjà eu l'occasion de boire. C'est un mélange de blanc du jura avec un vin sudiste pour le côté glycériné, ce qui provoque un équilibre réussi bien que très surprenant. Surement difficilement buvable en jeunesse en raison de sa masse tannique, il s'est métamorphosé tout en gardant beaucoup d’énergie et une forme étonnante. Fond de verre frais, balsamique, d'épices douces. Un vin plus surprenant que délicieux mais avec de réelles qualités.
Oliv
Robe tuilée avec encore de la profondeur.
Nez curieux, sur le brou de noix, de figue et d'armoire à épices, compromis étonnant de notes oxydatives, chaudes et végétales à la fois.
Bouche impressionnante de puissance, presque sucrée en attaque mais mobilisée par une acidité énorme et des tanins encore présents.
Ensemble énergique, aux goûts complexes de menthe, de figue sur une matière ample et pourtant énergique grâce à son acidité bien intégrée.
Finale juteuse et agréable, sur une surprenante fraicheur mentholée.
A noter que le fond de verre vide sentait délicieusement la fraise.
Domaine René Guyenet, Vin jaune Lavigny Côtes du Jura, 1947
Enzo
Nez génial et complexe sur la confiture d'orange, le miel, la morille, le caramel au beurré salé. Un vrai dessert.
La bouche est d'une douceur incroyable, d'un gras digne des grands vins blancs patinés et d'une gourmandise terrible. Aucune sensation d'alcool ni brutalité dans ce vin patiné par l'âge, avec des notes de morilles sublimes et le tout soutenu par une acidité qui lui donne assez d’énergie pour prolonger la finale très longue sur cette douceur et suavité remarquable.
Un grand vin pour moi.
Oliv
Robe café claire.
Nez complexe mais manquant peut-être d'aération, sur la morille séchée, le céleri, un côté encaustique, vieux tiroir poussiéreux qui ne me plait pas trop.
Bouche avec de la rondeur, sur une texture riche et grasse dotée d'une bonne acidité.
L'ensemble se tient bien mais son aromatique peu en place, sur des notes de renfermé, ne me convainc pas.
Finale honnête mais sans réel plaisir pour moi.
Laurent et Nico sont aux anges, Pélusse et moi, pas vraiment.
Du mystère des goûts de chacun.
AJ Adam, Moselle Riesling Trockenberenauslese, Dhroner Hofberg, 2011
AP 11-14
Enzo
Nez divin sur le thé, le miel, l'orangette, le safran.
La bouche est plus sirupeuse que liquoreuse avec une attaque sur le thé d'une douceur incommensurable. Si le vin est très sucré, la suavité et l'équilibre sont ahurissants de maitrise. C'est un vin de méditation, sans aucune lourdeur, un pur délice. Magnifique, un vin qui me rappelle les meilleurs Passito di Pantelleria sans l'alcool.
Excellent.
Oliv
Robe ambrée cuivrée bien brillante.
Nez somptueux, sur la figue fraiche, l'abricot, la confiture d'orange, le thé, les fleurs (violette, jasmin)... Quel ballet de senteurs, un vrai bijou !
La bouche est une leçon de maitrise, extrême de concentration, sur une texture presque crémeuse à la sucrosité géniale car pas une seconde elle ne verse dans le pâteux collant roboratif.
Une acidité sous-jacente parvient à mobiliser cette énorme puissance et des goûts géniaux d'abricot safrané, de violette explosent littéralement en bouche.
La finale est brillante de persistance, tout en concentration maitrisée, chaque gorgée apportant énormément de plaisir.
Génialement délicieux !
Château Guiraud, Sauternes, 1961
Enzo
Couleur bronze/acajou superbe.
Le nez parait très riche et assez classique des sauternes évolués sur la datte, le caramel, le miel.
C'est la bouche qui est remarquable, là où ce domaine produit des vins rôtis, puissants et parfois un poil lourd en jeunesse, là le temps a fait son œuvre pour proposer une douceur superbement équilibrée sur le caramel avec un sucre assez fondu et beaucoup d’énergie. C'est plein de vie, salivant et très gourmand sans aucune lourdeur.
Délicieux.
Oliv
Robe acajou.
Très beau nez d'un grand classicisme, sur la datte et la figue, le caramel au lait, des notes légèrement torréfiées.
Bouche parfaitement équilibrée où une jolie matière fondue, à la jolie liqueur suave répond à une très belle acidité dans un ensemble énergique et précis.
Les goûts sont très agréables, en particulier le lendemain où le vin aura encore gagné en ampleur et en précision, sur des notes d'abricot et de caramel au beurre salé assez délicieuse.
Finale salivante et fraiche, d'un très bel équilibre.
Très beau !
Mas Amiel, Maury, Vieux Grenache Réserve, 1942
Enzo
Nez de miel, une pointe d'alcool de prune, de tabac, de prune, de figue, datte avec un côté oxydatif. De la complexité bien sûr mais aussi de la douceur malgré un peu de volatile.
On retrouve cette volatile en bouche qui n'obère en rien la suavité incroyable du vin. Pourtant c'est toujours très riche et l'alcool est présent, signe d'un vin intemporel qui ne vieillit presque pas, très complexe, aux parfums multiples et changeant que l'on se prends à siroter en prenant le temps d'en saisir les infimes nuances. Un vin témoin d'une époque, du savoir faire d'une région, unique, ultime.
Respect.
Oliv
Robe ambrée grisée d'une forte turbidité.
Magnifique nez d'une énorme complexité, réunissant les qualités de fraicheur d'un vin (abricot, figue) et celle plus capiteuses d'un rhum (épices, boisé, chocolat, café) dans un ensemble brillant de puissance et d'originalité, quand les vapeurs d'alcool portent les senteurs sans devenir fatigantes ou ardentes.
Bouche géniale de complexité, sur une douceur sucrée indissociable d'une acidité parfaitement intégrée et d'une chaleur suave qui portent très longuement les saveurs épicées dans des sensations d'une totale volupté.
Magnifique et hors du temps !
Un énorme merci à Fabien Duperray pour ce moment exceptionnel de générosité !