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[size=x-large]La Vigne de l’Enfant Jésus en long, en large et en travers mais surtout en Verticale[/size]
L’emblématique 1er Cru de Beaune Grèves de la Maison Bouchard Père et Fils revisité par les Avinturiers
Souvenir lointain mais très intense d’une bouteille bue chez un ami...
Clément qui évoque ce cru plusieurs fois avec du bonheur dans les yeux...
Quelques bouteilles de différents millésimes qui entrent tantôt en cave...
Puis l’idée qui fait son chemin dans nos têtes jusqu’à nous amener à l’évidence qu’il fallait en faire une verticale.
S’en suivent plusieurs centaines de mails échangés sur la recherche des vins, les sources, les millésimes à choisir…
Puis tout autant sur la façon d’organiser, le before, l’after et toutes autres questions diverses jusqu’à la météo…
Tout ça pour aboutir à cette soirée que je qualifierais d’exceptionnelle par rapport à mon expérience.
Nous avons eu la patience de prendre plusieurs mois pour réunir les millésimes réputés les meilleurs des 20
dernières Années complétés de 2001 et 2003 pour la trilogie à maturité ainsi que quelques flacons plus anciens
mais à la réputation bien moins évidente. Dans mes rêves, j’aurais juste rajouté 1978…
Les bouteilles proviennent directement de la maison Bouchard pour certaines,
d’IDW pour d’autres, une d’Ebay et une autre rachetée à un fameux LPVien.
Nous avons choisi de présenter les vins dans un ordre chronologique du
plus récent au plus vieux, c’est ce qui nous paraissait le plus cohérent.
Les millésimes ont cependant été masqués pour que les Avinturiers
gardent un tout petit peu d’objectivité dans leurs commentaires.
Les bouteilles ont été ouvertes et goûtées la veille de la soirée.
Cette verticale a lieu dans notre QG habituel
l’Âme Sœur
d’Olivier Paget qui nous a exceptionnellement acceptés
en ce vendredi 5 Juin au soir.
Un énorme merci à lui !
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L’histoire :
Marié à Anne d'Autriche en 1615, le jeune Louis XIII n'avait encore pas d'héritier après de nombreuses années de mariage. À l'automne 1637, le couple royal passe à Beaune et s’arrête au carmel de la ville. La carmélite Marguerite du Saint Sacrement (fondatrice des " Domestiques de la famille du Saint Enfant Jésus" ) prédit au couple qu'à son retour à Paris, Anne d'Autriche sera enceinte. Le cortège royal prend le chemin du retour et le 5 septembre 1638, à Saint-Germain-en-Laye, Anne d'Autriche donne naissance à celui que l'on surnommera le Roi-Soleil : Louis XIV. Reconnaissante, la reine fait don au carmel de Beaune d'une statuette de l'Enfant Jésus et d'une parcelle de vigne de quatre hectares dans les Beaune Grèves. À la Révolution française, en 1791, la vigne fut confisquée puis vendue comme bien national à la Maison Bouchard Père et Fils créée en 1731.
Ca c’est le version officielle plus ou moins enjolivée. J’ai trouvé aussi quelque-part la version moins romantique car plus chiffrée suivante :
Le 30 janvier 1889, le domaine Bouchard Père & Fils fit l'acquisition moyennant 18 000 francs de la totalité du domaine Pommier qui avait rassemblé le domaine des Carmélites de Beaune suite à la ventes des biens du clergé en 1791, celui-ci comportant plus d'un hectare de vignes en Grèves dont la Vigne de l'Enfant Jésus qui devint par la suite l'un des monopoles de Bouchard Père & Fils avec l'achat en 1909 du restant de cette vigne à Lucien Edouard et François Groffier.
Le Terroir :
Le Climat les Grèves est situé au cœur du coteau de Beaune, il surplombe le terrain de Rugby Jean Guiral.
On peut considérer qu’il y a trois parties dans ce climat, grossièrement :
-
partie basse : peu pentue, c’est la plus argileuse. Elle donne des vins accessibles jeunes, plutôt sur le fruit
-
partie centrale : en pente légère exposé plein Est, les sols sont bruns, filtrants, parsemés de graviers ronds. On obtient ici des vins structurés.
-
partie supérieure : sols plus maigres et plus clairs, très caillouteux avec une pente plus marquée. Certaines parcelles sont plantées en blanc. Là, les vins rouges ont du caractère et sont souvent austères en jeunesse.
Sur la photo ci-dessous, le haut de la colline est à gauche (Ouest), le stade en bas à l’Est.
Située à mi-coteau, en plein centre des 32 hectares de ce vaste lieu-dit Les Grèves, les 3.92 ha d’un seul tenant de la Vigne de l’Enfant Jésus sont entourés de murs sur trois côtés : Ouest, Nord et Est. En son centre se trouve une petite maison.
Cette parcelle est fraiche, perpétuellement venteuse. Sur la vidéo en fin de paragraphe, Stéphane Follin-Arbelet (DG de Bouchard P&F) explique que c’est souvent l'une des premières parcelles récoltées par la Maison.
En surface, sur une vingtaine de centimètres, le sol est constitué de graviers (grèves...), sans argile, sur un sous-sol de dalles fissurées. "Le sol n'est jamais trop mouillé, ni trop sec, c'est l'une des vignes les plus faciles du domaine à travailler" (C. Bouchard). Le site du producteur annonce un sol argilo-calcaire très graveleux, presque sableux.
La vigne :
La moyenne d'âge de ces Pinots Noirs se situe autour d’une quarantaine d’années.
La seule mention de rendement que j’ai trouvé le situe aux environs de 30 hl/ha (IDW)
La Vinification : (*selon les millésimes)
- vendanges manuelles en caisses
- tri important
- égrappage partiel ou total*
- fermentation en petits contenants
- pressurage doux
- cuvaison 12 à 15 jours*
- élevage 10 à 18 mois* en fûts de chêne de France avec 60 à 85% de fûts neufs*
Millésimes :
D’après le site vin-vigne, les meilleurs millésimes du Premier Cru Les Grèves sont les suivants :
Décennie 2000 : 2005 puis 2002 et 2009 et dans une moindre mesure 2001 et 2006
Décennie 90 : 1990, 1996, puis 1999
Décennie 80 : 1985 puis 1989 et 1988
Décennie 70 : 1978 et dans une moindre mesure 1971 puis 1976.
Pour terminer, une petite vidéo, faut bien se servir de cette fonctionnalité !
Pour accueillir nos Avinturiers prêt à s’enfoncer dans le temps, Clément propose un premier vin qui va surtout nous servir de mise en bouch(ard).
[size=large]Domaine Deiss, Muscat, 2008[/size]
Couleur pâle plutôt citron.
TRès joli nez fleuri et mielleux avec des fruits jaunes.
En bouche c'est d'un très bel équilibre avec peut-être quelques SR et du gras.
C'est plus exotique qu'au nez avec quelques amers en finale et un peu de naphte.
C'est frais et précis, une très jolie mise en bouche !
Très Bien
Par rapport au 2011 bu l'année dernière, je ne l'ai trouvé moins muscaté et avec moins d'amers en finale.
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[size=large]Deux Gamins[/size]
[size=small][color=#333399] [u][b]Topo Millésimes [/b][/u] (généraliste)
[b]2009[/b] Printemps ensoleillé après un hiver froid. Fin mai chaud puis début juin frais ont étalé la floraison. Juillet est beau malgré de nombreux orages, parfois de grêle. A partir du 10 août, le temps était caniculaire jusqu’aux vendanges. Très bon état sanitaire, forte maturité. Vendanges du 7 au 21 septembre quasi sans tri.
[b]2005[/b] Bon cycle végétatif de la plante au printemps avec un millerandage (petits grains qualitatifs) favorisé par l’alternance de chaud et de froid. Conditions quasi optimales de juillet à septembre (chaleur en journée, frais la nuit, pluies suffisantes, pas de grêle). Vendange tout début septembre, peu de tri, raisins bien équilibrés.
[/color][/size]
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 2009[/size]
Couleur translucide très jeune.
Nez sur les petits fruits rouges, c'est assez boisé / caramel.
En bouche les tannins sont lisses, sages j'ai noté.
Fruits un peu plus sombres, un peu confiturés qui amènent à une finale caramel / brûlé qui va demander du temps pour se fondre.
Longue persistance et belle trame acide.
Un vin (trop) jeune qui a tout pour devenir superbe !
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 2005[/size]
Couleur un peu plus intense que le 2009, moins violacée.
Au nez je trouve déjà du sous-bois, de la cerise noire.
La bouche est plus civilisée, plus en finesse mais avec toujours une matière bien présente.
Un peu moins de fruit que le précédent, du champignon, c'est un beau vin ouvert et très accessible !
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[size=large]Trois Ados[/size]
[size=small][color=#333399] [u][b]Topo Millésimes [/b][/u] (généraliste)
[b]2003[/b] Année atypique marquée par un déficit exceptionnel de précipitations en été. Les rendements ont été très faibles. Vendange démarrée juste après mi-août.
[b]2002[/b] Une année capricieuse : sécheresse en hiver, variable mais chaud au printemps et sec à la floraison, été en alternance de sec, de froid et de chaud. Pluie abondante fin aout / début septembre mais séchée par le vent qui en outre a fait chuter les rendements. Ban des vendanges au 16 septembre, peu de tri.
[b]2001[/b] Floraison plus tardive qu’en 1999 et 2000. L’été a été très mauvais a favorisé le mildiou pendant que la grêle faisait pas mal de ravages. Les raisins ont cependant été ramassés dans un état sanitaire correct. C’est le Chardonnay qui s’en est le mieux tiré cette année-là.
[/color][/size]
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 2003[/size]
Couleur qui semble plus jeune que le 2005, grenat sombre avec un léger violacé.
Le nez est sur le fruit avec de la ronce. C'est assez chaud, un peu lacté et fleuri.
La bouche est massive et concentrée, on pourrait plus au sud sans problème.
Le touché de bouche reste superbe, une marque du vin sur toute la série d'ailleurs.
L'attaque se fait sur des fruits hyper gourands, malheureusement ils disparaissent vite et on termine sur des notes plus végétales asséchantes et amères qui nous laissent une impression d'austérité à l'opposée du début de bouche.
Pas mal d'épices orientales aussi. Ca chauffe un peu.
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 2002[/size]
Couleur qui montre un début d'évolution.
Le nez est bizarre, pas très frais sur le vieux champignon cuit, le cuir humide.
La bouche pinote un peu mais est très courte.
Reste le touché de bouche.
A l'aération ça s'arrange sans devenir terrible.
Je penche pour un problème de bouteille, et dire que c'est moi qui ai insisté pour trouver un 2002 !
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 2001[/size]
Ici le disque montre une légère évolution mais la robe reste grenat vif.
Le premier nez est sur le pain grillé limite brûlé, puis il s'ouvre sur de beaux fruits rouges et les fleurs violettes.
La bouche est sur la compote de mûre / cerise, gourmande comme si il y avait un peu de SR. Le boisé est encore présent mais ne me gène pas et se mélange aux feuilles sèches et aux champignons frais.
Il y a de la mâche et à mon goût un super équilibre entre fruit et notes d'évolution tout en gardant de la fraîcheur !
Mon préféré de la soirée !
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[size=large]Deux Adultes[/size]
[size=small][color=#333399] [u][b]Topo Millésimes [/b][/u] (généraliste)
[b]1999[/b] Un millésime aux forts rendements grâce à un printemps favorable. Il a fallu faire des vendanges en vert.
[b]1996[/b] Qualité et quantité associés. Hiver doux, printemps chaud et sans maladies, juillet sec puis aout sauf quelques pluies en fin de mois qui amena un peu de pourriture grise mais profita largement aux vignes. Un peu de tri a été nécessaire sur les pieds n’étant pas arrivés à maturité.
[/color][/size]
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 1999[/size]
Couleur très jeune, assez foncée et donc à peine évoluée.
Le nez est discret au début, encore bien fruité avec des herbes sèches, un léger poivre.
La bouche a par contre oublié le fruit, elle est plutôt terreuse avec du tabac, un peu austère.
C'est très long mais ça laisse le sentiment qu'il manque quelque-chose, que le vin ne se livre pas à son niveau.
J'aime bien tout de même ce vin qui semble conforme à ce qu'on dit du millésime.
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 1996[/size]
Ici aussi une couleur à peine évoluée.
Très beau nez qui pinote bien.
En bouche la texture est un peu huileuse.
Joli sous-bois, beaucoup de finesse tant en matière qu'en expression aromatique.
Petite salinité durant la longue finale, acidité sensible mais que je trouve bien intégrée.
Superbe vin !
[size=large]Un Grand-Père et un Ancêtre[/size]
[size=small][color=#333399] [u][b]Topo Millésimes [/b][/u] (généraliste)
[b]1987[/b] Année moyenne avec des pluies aux mauvais moments, de la grêle, des inondations mais tout juste sauvée par un mois de septembre ensoleillé. Récolte tardive, souvent sous la pluie. Peut-être une des pires années du XXème siècle mais bon… Je l’avais déjà en cave avant de penser à la verticale et nous n’avons pas trouvé d’autres bouteilles de cette décennie ! Cependant l’état de la bouteille et le niveau étaient très engageants.
[b]1943[/b] Printemps et été secs avec un déficit de précipitations. Un peu de grêle en juillet lors d’un été quasi caniculaire. Vendanges peu abondantes et assez tardives.
[/color][/size]
La fin de la verticale s’annonce donc plutôt difficile. J’avais soulevé ce problème à l’avance : nous finissons sur un couple mauvais millésime (87) / mauvaise bouteille (niveau très bas).
Surtout vu les millésimes précédents, le risque de finir la descente avec une mauvaise image en tête était assez grand mais nous avons cependant choisi de garder l’ordre chronologique.
En effet, les Avinturiers, dans lesquels je nous inclue, commencent à avoir de l’expérience et ne devraient pas tenir rigueur à ces deux derniers P’tis Jésus. Et il restera toujours le vin de dessert pour finir sur une note positive !
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 1987[/size]
Cette fois la couleur est évoluée même si il y a encore de beaux reflets grenat sur la robe.
Le nez est sur la cerise à l'eau de vie, le noyau, le pruneau. On change de registre par rapport aux autres vins même si il reste des petits fruits rouges derrière.
La bouche est très fine, dominée par le pruneau même si il y a plein d'autres choses : sous-bois, truffe, tabac, fleurs sèches, etc.
La finale est peut-être un peu plus courte que les autres vins et tourne à l'orange sanguine et au champignon frais.
L'outsider de la soirée se révèle d'un très bon niveau même si je le trouve un trop pruneau !
[size=large]Domaine Bouchard, Beaune 1er Cru Les Grèves, La Vigne de l’Enfant Jésus, 1943[/size]
Le seul vin ouvert en arrivant au restaurant, le bouchon tient à peine dans le goulot et est complètement noir. Je n'ai même pas senti le goulot, pris par l'organisation.
2h30 / 3h plus tard, service dans les verres...
Ca sent la mort, le bouchon... Heureusement, le 87 à côté laisse à celui-ci le temps de s'aérer.
Le nez restera fatigué mais reviendra plus sur le tabac et le sous-bois.
La bouche va s'améliorer aussi.
Elle fait penser à un vin cuit, un vieux porto voir un Maury.
Superbe finesse, superbe équilibre pour ce vin qui n'a pas tourné vinaigre du tout.
Bien sûr tout sent le vieux, la cerise vieillotte et le noyau sec.
Sucrosité marquée notamment sur la finale.
De l'émotion plus que du plaisir sur ce vin de 72 ans encore debout.
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Pour le dessert, j’ai choisi d’amener ce vin que je voulais absolument regoûter, partager et faire découvrir autour de moi.
Il n’est pas très connu mais a été plusieurs fois cité dans le fil sur
le fil sur les plus grands liquoreux bus par les LPViens
.
[size=large] Donnafugata, Passito Di Pantelleria, Ben Ryé, 2008 [/size]
Couleur ambrée soutenue.
Superbe nez sur la pâte de fruit, l'amande fraîche.
La bouche est très sucrée mais rafraîchie par une belle acidité.
Toujours cette pâte de fruit, gelée de coing, figue, fruits à coque qui se livrent durant un temps interminable !
C'est à la fois complexe, précis et exubérant. J'adore, c'est incrachable !
Très Bien !
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Voilà une dégustation rare comme il n’y en n’aura pas des dizaines dans ma vie :
une verticale d’un cru magnifique, comme si son histoire s’était réécrite et dévoilée sous nos yeux et nos papilles surtout !
On se retrouve un peu hors du temps ou plutôt comme des voyageurs dans le temps, de vrais Avinturiers finalement !
Petit classement histoire de tempérer les commentaires succincts : 2001 devant, 1996 et 2005 derrière suivis par 2009 et 1987.
J’ai été très heureux de préparer tout ça avec Clément qui a fort heureusement réussi à placer son 2003 !
Quelques regrets de ne pas avoir trouvé certains millésimes que nous aurions voulu présenter dans
la décennie 80 ou ce fameux 78 déjà évoqué, mais c’était déjà tellement bien comme cela !
Et bravo à la Maison Bouchard Père & Fils pour sa régularité et la classe de ce 1er Cru.
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C’est fini pour aujourd’hui, mais vivement la prochaine !