LPV75 se rend chez [size=x-large]Vincent Dancer[/size]
Il est 9h passée et nous sommes accueillis par Vincent Dancer et son chien sous un grand soleil. La bâtisse est humble à l’image du vigneron. Pas de plaque de marbre ni même de fer forgé pour orner la devanture et annoncer le lieu.
Ayant apprécié ce que j’ai pu goûter dans de nombreux verres, je voulais rencontrer Vincent depuis quelques temps maintenant. Ce fut une grande joie pour ma part lorsque nous sommes parvenus à nous accorder sur un moment commun. On peut avoir tendance à l’oublier mais le domaine est jeune. Créé en 1996, il regroupe environ 5 hectares à Chassagne-Montrachet, Puligny-Montrachet, Meursault, Pommard et Beaune.
Nous descendons à sa cave. Elle n’est pas aussi enterrée qu’il l’aurait souhaitée, un grand climatiseur vient donc aider à réguler la température du sous-sol. Et ce n’est plus une surprise au bout de la 3ème visite du séjour, 2012 est rare. Il y a cependant un mieux en 2013.
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Le Vigneron
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En échangeant avec lui, on se rend compte que l’on a un vigneron d’une franche sincérité. Peu après son installation, il est marqué par les difficultés à démarrer. Devant le peu d’enthousiasme des clients potentiels sur notre territoire, il se tourne vers l’export. Il doit faire face peu de temps après à un lot défectueux important. Il le constate et le rembourse bien entendu entièrement. Ce ne fut pas une partie de plaisir au point de vue financier. Et lorsqu’il échange alors avec certains confrères, peu reconnaissent le sujet. Il a appris par la suite comme nombre d’entre nous que la production sur d’autres domaines avaient également oxydé prématurément. Aucunement rancunier, il n’est pas mécontent aujourd’hui que les nouvelles technologies facilitent la circulation de l’information.
Poussé vers l’avenir, comme pour mieux se concentrer sur demain et le prochain millésime, Vincent ne conserve que très peu de millésimes anciens de ses vins. Il peut néanmoins occasionnellement en racheter quelques uns. Et lorsqu’il organise des dîners chez lui, il privilégie autre chose que sa production. En dehors du fait que l’on conçoive qu’il s’agisse de varier les plaisirs, je perçois de la modestie.
Et cette qualité, il en a assurément. Nous évoquons ainsi ce qui semble être une de ses autres passions: la photo. Celles qu’il prend avec un « simple Iphone » sont fort réussies. Faîtes un tour sur son blog pour voir ce dont il ressort. Le cadrage et la luminosité ne sont pas mauvais du tout.
Nous découvrons enfin une personne pragmatique « Je travaille, c’est pour partir en vacances »
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Ses travaux
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En terme de construction de ses vins, Vincent travaille ses vignes en bio. Il souligne l’importance de l’ébourgeonnage. Et le seul entrant externe final est le souffre qu’il ajoute le plus tard possible, en général juste avant la mise en bouteille. Ce qui contribue certainement à la pureté de ses crus.
Sur le millésime, la malo n’aura pas débuté de manière uniforme d’un fût à l’autre avec une différence notable sur le rang des tonneaux du dessus par rapport à ceux en dessous. Il n’hésite d’ailleurs pas à inverser la superposition chaque année.
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Et la dégustation alors?
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Mes notes seront plus brèves, je fus un peu occupé avec ma progéniture.
La mise a été effectuée en janvier.
Bourgogne blanc
La bouche est saline et persistante, sans excès ni démesure. C’est bien fait.
AB+
Meursault les Corbins
Le vin a du corps, de l’acidité, de la largeur et aussi un côté salin (décidément
) qui me plaisent. Un vin très propre, concis dans l’espace. Un léger végétal en fin de bouche complète le registre.
B
Meursault les Grands-Charrons
Le nez est légèrement réduit sur le pétard, l’amande grillée. La bouche est incroyablement précise, tendue, nette et relevée de citrus tel qu’il le faut.
TB-
Chassagne-Montrachet 1er cru Tête du Clos
Un nez et la bouche à l’unisson sur des fleurs, l’aubépine, le tilleul, la lie de vin. Un pourtour de bouche bien délimité. Une belle longueur
TB-
Chassagne-Montrachet 1er cru La Romanée
Un nez également grillé. La bouche est épaisse, plus mûre et solaire alors que la concentration est en fait moindre que la Tête du Clos. La présence est remarquable.
B+
Meursault 1er cru Perrières
Je l’annonce tout de suite, nous entrons dans une autre dimension. Le vin est plein, l’équilibre est dense, l’acidité parfaite. La structure est homogène, minérale, sur le citron et le citron confit, la lie de vin. La matière et le goûté sont légèrement crayeux en fin pour apporter encore plus de matière. Magnifique équilibre. J’en ai la chair de poule.
Excellent/Superbe
Nous dégustons ensuite d’autres millésimes
Chassagne-Montrachet 1er cru Tête du Clos 2011
Le nez est puissant, sur le miel, le tilleul. En bouche c’est dans un registre minéral. Un peu strict.
B
Chassagne-Montrachet 1er cru La Romanée 2005
C’est ample, complet, démonstratif. De l’ananas au nez et sur le palais. De la noix de coco grillée et miellée.
TB
Bourgogne blanc 2003
De l’orgeat et du menthol pour vin qui tient bien les années.
B
Pommard les Perrières 2009
Les tannins sont encore anguleux. La bouche est puissante. La matière est très présente. Un vin à bonifier avec quelques années.
AB
Beaune 1er cru les Montrevenots 1998
Un vin sentimental pour Vincent. Il a planté les vignes en 1996.
Le nez est champignoneux. Le vin accroche encore et assèche un peu les papilles. Il me faudrait le regoûter à tête reposée pour lui accorder plus de temps.
Les blancs de Vincent sont tous d’une grande pureté. Qu’ils soient tendus pour la plupart ou rond pour quelques uns, ils sont d’une droiture impressionnante.
Le succès étant au rendez-vous, il n’a malheureusement plus rien à la vente et les dernières récoltes n’ont qu’accentué la pénurie.
Un immense merci à Vincent Dancer pour ce moment de partage et d’émotions. Ma mémoire gustative savoure encore les Perrières.
En route vers Harmand Geoffroy.