Millésime 2012 sur fûts
Une des dégustations effectuées dans le cadre d’une petite virée en Bourgogne faite avec un pote le WE dernier.
Départ vendredi matin 8h de la capitale, quelques trois heures après, arrivée à Gevrey-Chambertin sous le soleil et sous le clocher de la place du village.
Claude Dugat entrouvre le portillon de son jardin et nous invite à rentrer au cellier des Dîmes. Quel bonheur d’être reçu par un des vignerons que j’admire personnellement le plus.
Ce lieu servait à recevoir l’impôt en nature pour la commune au XVème siècle, Claude Dugat l’a racheté il y a quelques dizaines d’années afin de l’utiliser pour le vieillissement de son vin. Il accueille aujourd’hui quelques dizaines de tonneaux de vin, ces derniers viennent d’être sous tirés de la récolte 2011 qui vient d’être mise en bouteille.
Nous sommes invités à descendre les marches qui séparent le cellier de la cave où réside les fûts contenant la récolte 2012. Les vins sont plus ou moins en phase de malo, Claude Dugat nous indique qu’aucune analyse récente n’a été fait et qu’il ne connait par la même pas l’état exact des breuvages.
La dégustation sur fûts commence, nous sommes dans nos petits souliers.
[NDLR] Ce qui suit relève plus de mes sensations de dégustations que d’une analyse précise des vins, j’ai en effet voulu le plaisir primer, je n’ai pas pris de notes et ne me suis concentré qu’à moitié. [/NDLR]
Bourgogne 2012 :[/u] Vin gourmand, croquant de fruit mais ne manquant pas d’élégance. Un vin de soif de luxe…
Gevrey-Chambertin Village 2012 : On change de vin, c’est toujours gourmand mais plus puissant, une image d’Epinal de Gevrey, la matière est présente, le vin rempli bien la bouche.
Gevrey-Chambertin 1er Cru 2012 : Ce vin est assemblé à partir de deux climats de 1er Cru, Perrière et Craipillot, le nez est similaire au Village, la bouche est plus suave, plus ronde. Le vin, sans s’éloigner énormément de son benjamin est un peu plus charmeur en l’état.
Gevrey-Chambertin 1er Cru Lavaux St-Jacques 2012 : Là, pour moi, on monte d’un gros cran, le nez est nettement plus profond, la bouche est puissant et d’une grande complexité, le vin tourne, les arômes virevoltent, il est changeant. C’est magnifique.
A ce stade nous sommes la tête dans les nuages, la dégustation dépasse nos espérances tant par la qualité des vins (que nous connaissions pourtant) que par la gentillesse et l’humilité de Claude Dugat qui est un vrai gentil.
Ce dernier nous demande alors si nous sommes partants pour déguster ses trois grands crus… Privilège des privilèges, nous ne nous faisons pas prier.
Charmes-chambertin 2102 : Claude Dugat nous averti que ce vin est un faux méchant, un bad boy aux bonnes manières en quelque sorte. La bouche est énorme, le vin donne l’impression de pousser les limites du palais, dans un centième de seconde on s’attend à de l’alcool, de l’amertume ou de l’acidité, que nenni, de la gourmandise une nouvelle fois, et quelle finale suave… La fameuse main de fer dans un gant de velours. Magnifique expérience.
Griottes-Chambertin 2012 : Place à une grande séductrice, la bien nommée reine Griottes entre en scène, tout de velours rouge vêtue. Le nez est fin, sur la vraie et pure griotte, le toucher de bouche et déjà sublime, soyeux, les arômes sont délicats, élégants, la finale est longue et salivante, interminable même. Quelle classe ! Et dire que Claude Dugat ne sort que 300 bouteilles de quelques 16 ares de ce climat, un tonneau spécial, de petite taille est même confectionné spécialement pour cette grande dame… une vraie diva !
Chapelle-Chambertin 2012 : On change une nouvelle fois de registre, quasiment tout oppose Griotte et Chapelle, ce dernier vin est très masculin, la densité en bouche est superlative, les tannins sont plus présents, j’y trouve presque de la prune à l’eau de vie (probablement due à la malo selon M. Dugat), la finale est interminable mais un poil asséchante. Ce n’est pas ce que je préfère mais le vin est fait de la même étoffe que ses cousins.
Là, nous sommes au 7ème ciel, on ne touche plus terre, les vins dégustés sont d’un niveau qui côtoie les sommets, on nous propose de continuer ( !!!) avec les Gevrey Villages 2011 et 2010 en bouteille.
Les vins sont plus construits. Les deux se ressemblent, je préfère 2010 quand mon ami préfère 2011, plus acidulé. On a quoi qu’il arrive à faire à des vins réussissant le grand écart entre gourmandise et puissance, ce sont pourtant des bébés. Le genre de vins que l’on n’arrive pas à garder longtemps…
Un dernier bonus avec le
Marc de Bourgogne du domaine, c’est fort en bouche mais magnifique au nez, sur les fruits au sirop, un trait végétal style sac en toile de jute, joli digeo en tout cas !
Pour conclure, nous avons passé un moment inoubliable avec ce grand Monsieur qu’est Claude Dugat. Nous n’avons pas chercher à acheter des bouteilles sur place, encore moins à quémander une allocation, cela nous aurait valu un non franc et aurait surement enlever du plaisir à ce moment simple de plaisir et de partage.