Les vins du domaine J.F. Mugnier 2000
Vendredi 26 septembre 2003
Synthèse des commentaires de dégustation : Laurent Gibet.
Quelques commentaires de contexte :
- Les vins sont dégustés à l'aveugle.
- Nombre de dégustateurs : 8.
- Des vins pirates sont proposés et insérés dans les séries.
Ordre de dégustation :
1ère salve :
1. Chambolle-Musigny Mugnier 2000 : 13,5/20
- Nez non dénué d'intensité, typé, déployant des senteurs de fleurs, de fruits à noyau. Un côté "pot-pourri".
- La bouche développe elle des notes simples, peu nobles, rappelant essentiellement le bonbon anglais. Mais ce qui gêne surtout dans ce vin, c'est ce côté banal, édulcoré (pour quelle chaptalisation ?). Le vin manque d'accroche tannique et surtout de longueur et peut faire penser à un (bon) passetoutgrains, gouleyant, lisse mais sans race et sans tension.
2. Chambolle-Musigny Les Fuées 2000 : 14,5/20
- Nez charmeur, fruité et floral, plus dense, plus profond. Le boisé est aussi plus présent (notes légèrement caramélisées).
- Sans atteindre des sommets, la bouche, encore boisée, possède plus de tenue, de densité que la précédente. Elle semble toutefois limitée en structure et en précision.
2ème salve :
3. Vosne-Romanée Suchots Hudelot-Noellat 2000 : 16/20
- Olfaction engageante, sans détours, enjôleuse, signée par de délicats parfums fruités et floraux. Notes complémentaires de cuir, de fourrure, de viande, de réglisse. Typée "Vosne" finalement (et le diagnostic sera confirmé).
- Bouche pure, légère, aérienne. Les épices accompagnent les notes décelées au nez sur une bonne longueur. Belle acidité garante d'un bon potentiel de vieillissement pour ce vin représentatif de l'élégante sveltesse bourguignonne.
4. Chambolle-Musigny Les Cras Georges Roumier 2000 : 15/20
- Nez mûr, plus terrien, floral, avec des odeurs de cerise, de figue, de cerise, imprimant une relative lourdeur.
- Bouche dense, un peu corrompue par ces notes lourdes de fraises écrasées, voire de pruneau. Il semble que la maturité ait été trop poussée. Le vin ne possède pas la race et l'élégance, l'évidence aromatique et structurelle que nous avions trouvée sur les grands crus du même domaine (millésime 2000) produits à Gevrey (Charmes-Chambertin et Ruchottes-Chambertin), eux-mêmes ce soir-là un cran en dessus des 2000 du domaine Armand Rousseau (Clos des Ruchottes, Clos St-Jacques). Finale de plus un peu chaude.
3ème salve :
5. Bonnes-Mares Georges Roumier 2000 : 15,5+/20
- Beau nez direct, ouvert, fruité, floral, épicé.
- Bouche mûre, ample, desservie ici aussi per un soupçon de surmaturité. Même commentaire que pour le vin précédent. Le vin, un rien alangui, n'est pas aussi clair, cristallin, pur, que ce que nous pourrions attendre.
6. Chambolle-Musigny Amoureuses Mugnier 2000 : 14,5/20
- Nez plus animal, notes mûres de fruits, de noyau, de fleurs.
- Encore une fois, le vin paraît alangui, "cuit", manquant de cohérence. Chaleur prononcée et sensation de sucre résiduel ôtant toute noblesse au vin. Peu persistant de surcroît. Curieux sur ce terroir prestigieux, digne d'un grand cru !
4ème salve :
7. Musigny Mugnier 2000 : 15/20
- Nez plutôt racé, développant de beaux arômes typés de pinot.
- Bouche fine, élégante, délicatement minérale avec des notes de réglisse. Très légère sensation sucrée de nouveau et une expression un peu en retrait par rapport aux promesses du nez.
8. Bonnes-Mares Mugnier 2000 : 15,5/20
- Nez profond, floral, bien mûr, avec ces notes qui rappellent les fruits confits. Bouche possédant un caractère plus terrien, minéral, austère.
- De nouveau, le vin manque d'évidence, de cohérence, avec un sucre mal assimilé et une chaleur un peu excessive.
 5ème salve :
9. Richebourg Hudelot-Noellat 2000 : 16,5+/20
- Robe plus mate, moins brillante que dans le cas de tous les autres vins. Nez intense, caractérisé par des senteurs de fourrure, de groseille, de bourgeon de cassis (que nous avions trouvées tellement insistantes lors de la visite au domaine Pernin-Rossin). Profond, intense, il possède du caractère par ce côté terrien qui peut faire penser à Nuits-St-Georges.
- Aucun relâchement cette fois-ci, pour une bouche dense, ferme, encore austère, parfaitement corsetée. Le vin n'est pas handicapé par un quelconque caractère velouté un peu doucereux et vulgaire. Fermé, peu loquace mais prometteur, droit, net et tendu par une très belle acidité garante de longévité (très joli port). Goûts encore simples de réglisse, de violette qui ne demanderont qu'à se "bouqueter" avec l'âge.
(Tentative de) conclusion :
- Très intéressante série, de niveau certainement inférieur à celui que nous attendions, mais qui nous beaucoup appris sur la Bourgogne (on continuerait ainsi volontiers pendant les vingt prochaines années).
- Les robes sont pâles, typées.
- Les vins restent, rappelons-le tout de même, tout à fait corrects si l'on songe au niveau moyen de certains vins de Bourgogne.
- Les avis divergent très souvent sur les structures en bouche (on n'est pas toujours d'accord sur la "corruption doucereuse" des matières - sans pour autant pouvoir trouver une ligne directrice symptomatique évidente en termes de producteur ou de terroir). Quoiqu'il en soit, les vins manquent dans la plupart des cas de fond et ne semblent pas bien en place (faisceau acidité/tannins/alcool peu cohérent).
- Un consensus apparaît ainsi sous forme de réserve générale. Nous n'avons en effet pas trouvé ici le meilleur de la Bourgogne, qui se traduit dans son excellence par un ensemble de qualités rares et spectaculaires : sublime quintessence et race du pinot noir, dentelle arachnéenne jaillissante, alliant densité et légèreté, simplicité et sophistication, dans un ensemble racé évident. Nous nous sommes bien sûr posé la question de savoir si les vins n'étaient pas dans une période particulièrement défavorable à leur expression structurelle.
- Hudelot-Noellat surprend enfin très favorablement. Voici d'ailleurs comment un vin du domaine avait été dégusté (en cohérence) au club toulousain In Vino Veritas en juin 2002 :
• Domaine Hudelot-Noellat - Romanée Saint-Vivant 98
Note moyenne sur fût en 99 : Non dégusté. Note moyenne en 02 : 16,5. Prix : 92 €
Robe brillante, rubis franc. Le premier nez est lactique, avec des notes de caramel au lait, le fruit de pinot, raffiné et subtilement herbacé, émerge à l'aération. La matière est sérieuse, droite, soutenue par une vive acidité qui confère fraîcheur et pureté à la finale.
Par ailleurs, le 2/2/04 :
Domaine Mommessin - Clos de Tart 1997 :
PC17+ – PP17,5 – LG18 – JP17,5/18. Note moyenne : 17,5 - Prix : 85 €
- Robe légère, mais on ne s'en inquiète vraiment pas.
- Palette aromatique délicate, complexe : fruit (cassis, cerise, framboise), fleurs fanées (roses nobles), viande, fumé, réglisse, violette confite. Olfaction fondue, subtilement racée.
- La bouche bénéficie de toutes les qualités du pinot noir en état de grâce : élégance, finesse et velouté conférant un toucher magique. L'équilibre est magistral (acidité parfaite, fruité évident, fraîcheur « naturelle » : l'oxymoron « densité légère » s'impose) ; et la complexité s'exprime en vagues aromatiques rémanentes douces qui déferlent longuement en ravissant le palais.
Laurent