Visite et dégustation au domaine Chicotot
C’est donc déjà le 7ème et dernier acte de notre virée en Bourgogne dont le programme est donné
ICI
Le moins que l’on puisse dire est que nous avons terminé en beauté !
Georges Chicotot nous accueille chaleureusement mais il doit s’occuper d’un autre groupe. Pour notre part c’est Pascale, sa femme, qui va nous accompagner pendant deux heures et nous aurons droit à une dégustation personnalisée dans la cave !
Le domaine comprend 7 ha en agriculture biologique (certification Ecocert depuis peu mais ce n’est qu’une reconnaissance de ce qui se faisait avant) avec respect au maximum du sol. Le vignoble est principalement sur Nuits-Saint-Georges, dont des parcelles dans les meilleurs climats. C’est Clément, le fils, qui s’occupe du travail à la vigne et Pascale des vinifications et de l’élevage. Clément est dans la droite ligne de ses parents et ne veut pas augmenter la surface afin de rester à taille humaine.
Une particularité du domaine, surtout pour un tel niveau de qualité, est d’être ouvert à tous : pas d’allocations, tout un chacun peut sonner et déguster, sauf le dimanche. Cela est rendu possible car 70 % de la production est réservée aux particuliers et le domaine refuse très souvent des demandes supplémentaires à l’export !
Une nouveauté cependant : la vente en primeurs, et il vaut donc mieux en profiter si on veut pouvoir acheter quelque chose…
Nous allons déguster une grande partie des crus de 2018 et Pascale nous a préparé des fioles pour chacun, avec une étiquette préparée exprès indiquant le nom du cru !
Sans oublier l’excellente ficelle bourguignonne aux lardons qui accompagnait ces trésors liquides…
!
Le coin dégustation
La cave
Les 2018 ont tous été vinifiés à 100 % en vendanges entières, ce qui est le plus souvent le cas, mais avec des exceptions lorsque le millésime le nécessite (ex : 2013). Depuis 2010 l’élevage est limité à 12 mois en fûts, ce qui facilite la rotation de ceux-ci. Mais ce soutirage un peu plus tôt qu’auparavant permet aussi de limiter la sécheresse des tanins.
Sur l’ensemble de la production le pourcentage de fûts neufs est au maximum de 10 %. Il n’y en a pas dans les appellations générique et villages et 25 % en moyenne pour les premiers crus. J’ai pris conscience de la difficulté de la gestion des fûts pour un petit domaine qui possède de nombreuses appellations différentes. En effet chacune de celles-ci peut contenir dans trois ou quatre fûts… ou dans trois et demi
. On utilise alors des « feuillettes » (un tonneau de contenance d’un demi-fût, soit 114 l), voire des demi-feuillettes.
Et pendant l’élevage il faut surveiller constamment l’évolution des vins : Pascale goûte tous les fûts une fois par semaine !
Une expérience est actuellement menée pour comparer l’élevage classique en fûts de un vin avec un élevage en demi-muids de un vin, sur les cuvées de Nuits-Saint-Georges « Aux Allots » et « Papillon de Nuys ». Cette dernière cuvée est une sélection de TTVV (très très vieilles vignes
) issues notamment du climat « Les Saint-Jacques ».
Bourgogne Côte d’Or – 2018
Cette appellation générique bénéficie des mêmes soins que l’ensemble des vignes du domaine. Le rendement est au maximum de 40 hl/ha (pour l’appellation le rendement visé est de 55 hl/ha avec un butoir à 69 hl/ha !) et le vin est élevé dans des fûts de trois ans.
Un vin charnu au fruité expressif et franc, doté de tanins encore assez vigoureux.
Bien
Ladoix – 2018
Plus de matière et plus de fruit dans ce vin, avec une grande fraîcheur et des tanins civilisés.
Un vin que Pascale qualifie à juste titre de « dangereux » car il se boit tout seul !
Bien ++ / Très Bien
Nuits-Saint-Georges – Aux Saint-Juliens – 2018
Robe vraiment très claire !
Des arômes fins et délicats floraux (pivoine) et de cerise, au nez comme en bouche. C’est même de la dentelle en bouche, avec une belle persistance.
Très Bien
Pascale nous raconte la belle histoire de cette cuvée. En 2016 le gel a sévi très fortement, avec une récolte limitée à 15 % de la moyenne ! Cela nécessite donc un emprunt pour passer ce cap difficile et comme les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules, la propriétaire de trois parcelles en fermage décide de vendre. Des amis en rachètent deux mais pas la troisième, celle nommée « Aux Saint-Juliens ». Fort heureusement, un GFV est rapidement constitué en imposant la création d’un parcellaire à part du NSG Vieilles Vignes. Et cette cuvée se révèle avoir des caractéristiques particulièrement élégantes, qui se confirment depuis 2017.
Voilà comment une mauvaise nouvelle s’est transformée en un évènement très heureux !
Nuits-Saint-Georges – Aux Allots – 2018
Un nez intense qui allie fruits noirs et épices.
La bouche pleine et corpulente est bien cadrée par de beaux tanins solides.
Très Bien (+) pour ce vin à l’opposé du précédent, qu’il faudra attendre sagement mais au beau potentiel.
Nuits-Saint-Georges Premier Cru – Les Rues de Chaux – 2018
Le nez est très expressif, intense et classieux, associant un grand fruit à de belles épices douces.
La bouche est dans la continuité, dotée d’une matière charnue et fruitée, bien affinée par une grande vivacité et soutenue par des tanins structurants. La persistance est magnifique !
Très Bien +(+)
Nuits-Saint-Georges Premier Cru – Les Pruliers – 2018
Un nez très floral, sur la finesse.
La bouche réussit une belle synthèse entre fruité et floral, chair dense et fraîcheur élégante, bref entre Aux Saint-Juliens et Les Rues de Chaux !
Très Bien +
Nuits-Saint-Georges Premier Cru – Les Thorey – 2018
Robe très sombre !
Le nez est puissant mais non dépourvu de finesse, sur de beaux fruits noirs égayés de superbes épices.
La bouche est à l’unisson, sa chair montrant une très grande maturité avec des tanins enrobants de toute beauté.
Très Bien ++
Nuits-Saint-Georges Premier Cru – Les Vaucrains – 2018
Robe également très sombre !
Le nez est pointu et précis, de grande intensité et complexe, déclinant les gammes fruitée, florale et épicée.
L’harmonie en bouche est très belle, d’une très grande élégance mais avec une matière bien assise, qu’une acidité aérienne vient élancer, aidée par des tanins amicaux sans aspérité.
Très Bien ++ / Excellent
« Je ne suis jamais déçue par Les Vaucrains » nous dit Pascale, et qui avoue même sa préférence pour ce Premier Cru depuis l’âge de douze ans !
Nuits-Saint-Georges Premier Cru – Les Saint-Georges – 2018
Robe toujours très sombre !
Le nez très profond s’élargit à l’aération dans le verre. Il se montre classieux avec ces arômes d’épices douces, de fruits noirs radieux et des notes torréfiées, mais pas de notes florales cette fois-ci.
La bouche est … waouh ! Un concentré de tout ce qu’il faut à un grand cru (quoi, ce n’est pas un grand cru ?) : puissance et finesse, fraîcheur et allonge, chair veloutés et tanins gras.
Très Bien ++ / Excellent
Au-delà de cette superbe revue des 2018 tirés sur fûts, Pascale nous fait un beau cadeau en ouvrant un :
Nuits-Saint-Georges Premier Cru – Les Saint-Georges – 2003
La robe est encore assez sombre et se teinte de beaux reflets tuilés sur la frange.
Le nez est somptueux et abouti, sur une aromatique tertiaire noble, avec des fruits compotés mais restant assez frais, de la rose fanée et des épices orientales.
La bouche est magnifiée par la matière étoffée et complètement fondue, sa grande fraîcheur (2003 ???), des tanins encore présents (mais le vin était peut-être servi un peu trop frais), et une persistance phénoménale.
Excellent
Un 2003 qui a enthousiasmé Pascale Chicotot et mes deux compères !
Je suis ravi d’avoir fait la connaissance de ce très beau domaine où le passage de relais se fait en douceur. Clément Chicotot apporte ses petites touches personnelles en utilisant le calendrier lunaire mais sans rechercher la biodynamie à 100 %, pratique un « enherbement maîtrisé » et travaille avec des tracteurs moins lourds et même avec des chevaux pour les meilleures parcelles.
Il a également mis en place de nouvelle étiquettes très chic, différentes pour les villages et les premiers crus :
Et je tiens à envoyer un immense merci à Pascale Chicotot qui nous a reçus comme des amis (bon, nous étions avec Christophe, donc merci aussi à toi, Christophe !
! ) et a su nous faire partager sa passion empreinte de simplicité et de bon sens.
Tant qu’il y aura encore des domaines familiaux comme celui-ci, la Bourgogne restera attirante !
Jean-Loup