Passage au Domaine Marc Roy
Nous nous retrouvons vers 14 heures à Gevrey Chambertin pour visiter l’avant dernier domaine de notre périple, qui n’aura pas été de tout repos ! En effet, une première journée aura été consacrée au Mâconnais
(
Saumaize
) et à la Côte de Beaune
(
Voillot
,
Jean Claude Bachelet
) conclue par un
superbe repas
, et cette journée nous verra sur presque toute sa longueur, la Côte de Nuits
(Domaines
Sigaut
et
Jean Jacques Confuron
).
Nous sommes heureux de retrouver la pétillante Alexandrine, pour une dégustation de sa gamme sur le millésime 2020. Ce millésime est d’ailleurs pour elle, assez spectaculaire, en terme de composition, de maturité et de précision. Bien évidemment, 2021 ne sera pas du même acabit, puisque le gel à presque tout ravagé, avec 85% de pertes sur le Marsannay blanc, et 10 à 15% pour les rouges. Se pose dès lors la problématique de la répartition des volumes et en filigrane la satisfaction de chacun de ces clients, ce qui pour elle s’apparenterait à un vrai choix cornélien…d’autant qu’il faudra probablement freiner la distribution du millésime 2020…
Le domaine, dont elle a repris la suite de son père, est de taille modeste, environ 4 ha, travaillé à 2 : elle et son mari. 3,5 ha de pinot noir sur Gevrey Chambertin, en appellation village, constituent la gamme de vins rouges, complété par 0,5 ha de chardonnay, à Couchey, sur l’AOC Marsannay, sur des sols sont à dominante argilo-calcaire, avec des vignes d’un certain âge puisque les plus jeunes ont déjà 50 ans environ. Les vins sont 100% eraflés, les fermentations s’effectuent grâce aux levures indigènes. Les élevages se déroulent en fûts du tonnelier Cadus. La première mise en bouteille au domaine date de 1982.La production est relativement faible et s’élève environ à 20000 bouteilles par an.
Les ventes se font en 3 tiers : le premier pour la France en caviste/hôtellerie/restauration complété par quelques clients privilégiés, un second tiers pour l’Europe et enfin un dernier pour le reste du monde, avec une volonté de satisfaire le plus grand nombre et d’être présent de partout sur le globe, ne serait-ce que de façon ultracontingentée.
Unique blanc :
Marsannay Les Champs Perdrix 2020 :
Vendangé le 01 septembre. Elevage environ 11 mois en fûts, dont 20% neuf + cuves inox. Pas de soutirage.
Nez juteux, sur la poire et les fruits blancs, à la très belle définition. La bouche est juteuse à souhait, avec une très légère présence de gaz. On retrouve cette aromatique de poire et de façon plus large, les fruits blancs. C’est très tonique et frais, avec un sensation tactile de peau de pêche. L’équilibre est très bon, la longueur est correcte. Ensemble frais tout en étant mûr et traçant. J’aime beaucoup.
TB-E
Les pinots noirs ont été vendangés du 28 au 31 août :
Gevrey Chambertin Vieilles Vignes, 2020 :
Vignes de 80 ans environ, situées côté sud de l’appellation.
Nez pur de cassis, puis de pain grillé sur fond fumé. La bouche est fraîche et équilibrée, sur les baies noires mûres, propulsée par une belle acidité motrice. Ensemble élégant et frais, tout en étant dynamique et juteux. Longueur moyenne.
TB-E
Gevrey Chambertin Clos Prieur 2020 :
Parcelle située en « Village », sous le Mazis Chambertin.
Nez de cerise noire, éclatant et précis. Bouche puissante, aux tanins fins, très légèrement enrobés dans un ensemble plus profond que le Vieilles Vignes. Finale étirée et longue, à la belle acidité sur l’orange sanguine. Jolie pureté de fruits (baies noires, baies rouges, framboise). Style plutôt délicat, à la finale longue qui se termine sur une petite touche graphite. Racé et de haut niveau, largement au niveau 1er, d’ailleurs.
E-
Gevrey Chambertin La Justice 2020 :
Il s’agit d’un monoparcellaire acquis en 2010. Sols sur cailloutis.
Alors, celui-ci, je suis passé complètement à travers.
J’ai un premier nez un peu musqué, sur fond oxydatif, la noix, le céleri, la cerise à l’eau de vie. Je m’en étonne et je semble être le seul. La bouche semble un peu plus équilibrée que le nez, sur la cerise noire, la burlat. La matière semble confortable et un peu plus lourd que Clos Prieur. La longueur est moyenne.
Devant ma circonspection, Alexandrine me fait regoûter un échantillon : le nez me semble plus propre mais je reste perplexe quant à ma vision d’ensemble, ne pouvant éluder ce premier nez pas net.
Gevrey Chambertin « Alexandrine » 2020 :
cuvée créée en 2005. Il s’agit d’une sélection de raisins millerandés uniquement. Elevage à 50% en fûts neufs.
Nez mûr et noir, sur les baies noires, paraissant très riche. La bouche est dense et confortable, presque
« moëlleuse ». Les tanins sont gras et enrobés. Ensemble velouté, riche tout en restant digeste, semblant assez immédiat, sur la cerise burlat, les baies noires. Finale correcte.
E-
Au total, les vins sont de haut niveau, avec une mention en rouge pour le Clos Prieur. Mais peut être encore plus que les rouges, c’est le Marsannay blanc qui m’a vraiment étonné une nouvelle fois, et c’est probablement par cette cuvée que je commencerai à encaver quelques bouteilles lorsque cela sera possible. En attendant, nous avons passé un nouveau très beau moment d’échange empli de franchise et d’anecdotes. J’aime ces personnalités généreuses mais en même temps au caractère affirmé, tout en étant également dans le doute permanent, la réflexion, l’envie de bien faire, l’échange et l’écoute de l’autre. Et même si toutes les discussions, les sensations ou les impressions ressenties au cours d’une visite ne peuvent être chroniquées, ces moments forts font partie de ma Passion du Vin.
J’adresse donc un grand merci à Alexandrine, et prend déjà rendez-vous pour l’an prochain.
Il est à peu près 15 heures, et il est cette fois tant de retourner à Nuits Saint Georges pour un autre très beau moment de dégustation, pour ce qui sera le dernier domaine de ce périple…