Buisson-Charles écrit: Eh bien, calmons nous et oublions ces passes d’armes un peu vaines qui sont sciemment entretenues.
Je ne comprends pas la logique qui anime Hyllos et observe qu’elle est surtout liée à du dépit.
Du dépit ? Plutôt de l'expérience et un semblant d'objectivité. Je vous dirais même que je ne vois pas trop où serait le dépit puisque du fait de ma position de privilégié (j'en ai conscience), j'ai accès à ces vins dans des contextes qui me permettent de les goûter malgré leur prix. D'ailleurs, si je le souhaitais, je pourrais fort bien acquérir quelques bouteilles. Mais étant également acheteur, je pense rationnellement. Je sais combien coûte un vin à produire, j'ai aussi une connaissance directe de la production de vin donc je fais mes choix en conséquence. De plus, il se trouve que j'aime beaucoup de vins différents, beaucoup de styles, donc la curiosité l'emporte facilement.
Buisson-Charles écrit: Affirmer que la Bourgogne - potentiellement - n’est pas le lieu où naissent les Crus issus de pinot noir les plus complexes et accomplis apparaît surtout comme une posture prise par un dégustateur désabusé par la région.
Dommage pour lui mais cela est bien loin de concerner l’ensemble d’une classe d’âge. Car des jeunes passionnés qui veulent apprendre j’en vois tous les jours.
Pour le coup, il est ici facile de répondre à partir de cette formulation plus précise. Oui j'affirme que la Bourgogne n'est pas le lieu où l'on trouve les crus les plus complexes (superlatif). Il en est d'excellent, c'est vrai mais il en est de tout aussi excellents ailleurs. Et je ne dis pas ça, encore une fois de manière désabusée, mais simplement d'expérience. Des vins, j'en goûte par centaines et pas que de Bourgogne, pour le coup. Je ne suis pas chauvin. Il faut reconnaître que le mythe de la France, lieu de production des meilleurs vins du monde, n'a rien de réel au delà de la belle histoire. Oui, il y a des crus exceptionnels en Bourgogne, oui, il y en a ailleurs. Et d'ailleurs, ce n'est pas vrai que de la Bourgogne, des pétillants de grande classe, il y en a ailleurs qu'en Champagne, des assemblages CS/CF/Merlot, il y en a aussi d'immenses ailleurs qu'en Médoc (ou Libournais).
Au fond, la seule chose que je trouve dommage, c'est qu'avec des vins à un tel tarif, on ne sélectionne plus que la passion, mais la capacité à payer. Et je dois dire que ce n'est pas une attitude condescendante à la limite de la mauvaise foi comme la vôtre qui aide. Je le redis, je n'ai aucun problème à ce qu'on justifie économiquement cette montée en prix, mais il faut au minimum avoir l'honnêteté de le dire, et pas venir nous tartiner la sauce des parcours viticoles ou oenologiques, comme si on ne savait bien travailler qu'en Bourgogne (bah oui, si ces prix sont juste affaire de travail, alors tout vigneron voulant bien travailler devrait facturer ses vins au même prix... bizarrement, ce n'est pas le cas). Tout comme, je ne dise pas qu'il n'y a pas d'authentiques passionnés parmis les personnes achetant vos vins. Toutefois, vous ne pouvez que convenir que si à 20€ on peut envisager que pratiquement n'importe qui peut faire l'effort d'acheter un vin qu'il aime, à 60 ou 100€ (je ne parle même plus des grands crus à 300-400€), ça devient le critère préliminaire (et j'ajouterai que ça relève de la spéculation). Je vous avoue même, que pour ma part, la seule raison qui pourrait me faire sauter le pas serait de savoir que je peux revendre encore plus cher. Et c'est pourquoi je ne donne pas dedans, car je ne veux pas entretenir la spéculation.
Mais c'est un aveuglement qui se payera malheureusement. Déjà les gens qui n'apprécient plus la Bourgogne faute d'expérience, sont nombreux (quelle difficulté j'ai en dégustation pour faire comprendre ces vins... sans même parler de leur prix) et la disparition progressive de la spécificité Bourguignonne n'est à mon avis, hélas, qu'une question de décennie. Cette image de vin cher de surcroît rejaillit sur toute la France. A l'étranger, les vins français sont souvent décrits comme : chers et pas bons pour le prix !! J'en ai encore fait l'expérience cette année. Or, les vins chers en France ne sont pas la norme, mais ils sont tellement visibles qu'il couvrent le reste. Et quand on voit qu'ensuite on se retrouve avec des premox ou des jus tellement acide que 10 ans après, on ne peut toujours pas les apprécier, je dois dire que je peux comprendre les raccourcis.
Ce qui est fou, c'est que vous semblez penser que je n'aime pas la Bourgogne, ce qui est faux. Il est vrai que ce n'est pas la région où j'ai eu les plus chaudes expériences humaines (mais je vous rassure, ma palme personnelle revient de très loin à la Rioja et l'Espagne en général ainsi qu'à Bordeaux), il n'empêche que je suis capable de reconnaître qu'on y produit aussi de superbes vins et qu'il y a par là-bas des vignerons fantastiques et que j'aime beaucoup (tiens par exemple M Trapet).