Nouvelle séance de dégustation avec mon groupe: le pinot noir hors Bourgogne, avec peut-être comme résultat la découverte de pépites moins chères que les Bourgogne pris dans la spirale inflationniste.
Pour commencer, un peu d’étymologie : le pinot noir tire son nom de la forme de sa grappe qui rappelle celle d’une pomme de pin (pinot en vieux français).
Quand on se penche sur l’histoire du cépage, difficile de trouver beaucoup de choses. On apprend en revanche que le pinot noir a été le premier cépage à être officiellement reconnu et nommé en 1375 dans les registres hospitaliers de Beaune sous le nom de pinot noir ou plant fin jusqu’au fameux édit de Philippe Le Hardi qui, en 1395 bannit le gamay de Bourgogne éliminant ainsi toute concurrence (quelle clairvoyance ce Hardi !).
Côté généalogie, pas d’ancêtre célèbre identifié mais une belle descendance (16 cépages, dont le savagnin, le sauvignon blanc, le cabernet sauvignon ou encore la syrah) :
Bref, il semblerait que le pinot noir soit aux grands cépages français ce que Lucy est à l’humanité.
Si on s’intéresse maintenant à la culture du pinot noir, il s’agit du 10e cépage le plus cultivé au monde, avec 112 000 ha (le premier étant le cabernet sauvignon avec 341 000 ha).
En ce qui concerne la répartition du pinot noir à travers le monde, deux pays concentrent à eux deux plus de la moitié des surfaces cultivées : la France, suivie des Etats Unis qui ont significativement développé leur surface entre 2000 et 2016 comme on peut le constater sur le graphique ci-desssous :
Les Etats-Unis possèdent désormais un vignoble de pinot noir d’environ 22 000 ha.
Trois états sont en pointe:
• la Californie (Sonoma Coast, Santa Rita Hills, Santa Barbara, Santa Lucia Highlands, Anderson Valley…),
• l’Etat de Washington (Puget Sound, Columbia Valley)
• l’Oregon souvent qualifié de Bourgogne de l’Amérique (Willamette Valley).
C’est donc logiquement que 2 vins des Etats Unis feront partie de la dégustation de ce soir qui va nous faire faire le tour du monde : nous commencerons par l’hémisphère sud et le nouveau monde, avant de venir dans la vieille Europe :
Nous commençons par la Nouvelle Zélande.
Rappel sur mes notations :
0 = raté 1 = médiocre 2 = correct 3 = bon 4 = très bon 5 = excellent
avec des demi points, des + et des – qui permettent d’affiner le jugement et de classer les vins entre eux.
La robe est pourpre à reflets brique, d’assez faible intensité.
Le nez est ouvert, sur les fleurs séchées, les épices, l’orange confite, la cerise et un peu de vanille.
L’attaque est souple et fraiche. La bouche présente une belle matière, fraiche, élégante, tout en dentelle, avec un petit côté acidulé. La retro révèle des épices, du cuir, des fleurs séchées, de la cerise kirschée, et un léger fumé. Finale délicate de belle longueur.
Bilan : c’est
très bon, élégant, sur des arômes un peu évolués. Note 4+/5.
Une belle découverte, ça commence fort !
Maintenant, direction le grand voisin australien.
La robe est pourpre à reflets brique, légère.
Le nez est ouvert, avec des notes surprenantes de chamallow, puis d’eucalyptus et de cerise.
L’attaque est souple et fraiche. En bouche, c’est frais et élégant, presque velouté tant les tanins sont fins. En retro, on toruve de l’eucalyptus, du camphre, de la cerise kirschée et de l’orange amère. Une touche fumée arrive dans la finale fraiche. Belle longueur.
Bilan, : c’est
très bon, assez proche du vin précédent. Note 4/5.
Ces 2 premiers vins ont placé la barre très haut, j’ai entendu du « excellent » ou « grand vin » de ci ce là.
On traverse l’océan indien pour aller au pays des champions du monde de rugby.
La robe est pourpre brique, d’assez faible intensité.
Le nez est assez ouvert, sur les fleurs séchées, la cerise kirschée et une note fumée.
L’attaque est ample et fraiche. Belle matière, acidulée, ample, fraiche, aux tanins fins. Retro complexe sur les fleurs séchées, la vanille, la cerise kirschée le réglisse, et une pointe d’orange amère. Du graphite et du fumé viennent s’ajouter en finale. Très belle longueur.
Bilan :
très bon, plus puissant que les 2 vins précédents mais toujours élégant. Note 4/5.
J’ai beaucoup aimé, mais c’est un vin qui a divisé l’assemblée, d’autres ont trouvé une amertume trop forte ou encore de l’austérité.
On enchaine encore avec un saut intercontinental au-dessus de l’atlantique sud pour rejoindre le Chili.
La robe est pourpre, assez intense.
Le nez est ouvert, fumé, herbacé, avec des fleurs séchées et une pointe chimique sur le bonbon.
Attaque ample et ronde. En bouche, la matière est ample, ronde et délicate, avec un soupçon de sucrosité qui donne un ensemble gourmand. Côté aromes, ca pinote élégamment sur la cerise et la framboise, les fleurs séchées et une pointe fumée. Des petits tanins viennent relever un peu la finale de très belle longueur.
Bilan : un pinot de classe,
très bon à excellent. Note 4,5/5. Le meilleur vin du lot pour le moment et une très belle découverte.
Direction les Etats Unis et la Willamette Valley pour sonder la 2e patrie du pinot noir.
La robe est pourpre, d’intensité assez faible.
Le nez est assez ouvert : floral, cerise, légère note vanillée. C’est très frais.
En bouche, on trouve une belle matière, ample et fraiche à l’attaque, puis ronde ensuite. Les tanins sont fins. La retro est complexe : cerise, vanille, léger poivre, fond cendré, fraise, léger moka. Finale élégante et cendrée. Belle longueur.
Bilan : c’est
très bon, avec du fruit et de la classe, et un élevage à fondre encore un peu. Note 4/5.
On s’éloigne un peu de l’océan pour rejoindre la Columbia Valley, à nouveau sur le millésime 2016.
La robe est pourpre à reflets marrons, d’intensité moyenne.
Le nez est assez ouvert, sur l’eucalyptus, les fleurs séchées, la cerise, un peu de pruneau et une petit côté savon.
L’attaque est souple et fraiche. La matière est élégante, délicate, fraiche, avec des tanins fins. La retro révèle de la cerise, du jasmin, de l’encens et des fleurs séchées. Le côté jasmin (et un peu savon) est dominant en finale et un peu entetant. Belle longueur.
C’est
bon à très bon, (note 3,5-/5) mais clairement en dessous de ce qu’on a gouté avant.
Avec la couleur un peu marron et certains arômes, je me demande si la bouteille n’a pas un léger « pet ». Pour certains, ca a été rédhibitoire.
Nous sommes à mi-parcours, et en avons fini avec les vins du nouveau monde. Je m’attendais à des vins un peu épais, des élevages marqués et des arôme confiturés sur certains vins ; il n’en a rien été, au contraire, la plupart se sont montrés très élégants, de beaux étendards de la finesse du cépage. Voyons maintenant si le niveau reste aussi élevé en Europe…
La robe est pourpre brique, très peu intense.
Le nez est assez ouvert, sur un léger vernis, et l’orange amère.
L’attaque est ample et ronde. Ensuite la bouche se tend un peu pour devenir souple et fraiche, un peu austère, avec peu de fruits. La retro est très simple, avec quelques notes lactées et de la cerise.
La finale est légère et le vin est assez court en bouche.
Bilan :
bon sans plus. Note 3/5.
Bon, ce premier contact avec l’Europe n’est pas très heureux par rapport au début de la dégustation. J’ai bon espoir que le prochain vin relève le niveau : direction la Suisse, chez la célèbre Marie Thérèse Chappaz.
La robe est grenat, assez intense.
Le nez est assez ouvert, sur des notes herbacées et de la cerise.
L’attaque est ample et fraiche. La bouche est puissante et tannique. La retro oscille entre les fruits (cerise, groseille), des notes herbacées (eucalyptus, fougère) et une touche fumée.
La finale est tannique avec une petite amertume. Belle longueur.
Bilan :
bon en l’état, à attendre (note 3+/5). Mais pas sûr que ça devienne très bon (il me semble que ce vin ne sera jamais fin).
Cette première paire européenne était clairement en dessous des vins du nouveau monde.
Espérons que l’Autriche et l’Espagne nous apporterons de belles surprises.
Robe pourpre de faible intensité.
Le nez est assez ouvert, sur la framboise, la vanille, la cerise, les fleurs séchées. Ca pinote fort !
La bouche est souple, fraiche, acidulée, élégante, avec de beaux arômes de framboise, cerise, vanille, tabac blond et fleurs séchées. Assez court en bouche.
Bilan : c’est
très bon, un peu court mais très plaisant. Note 4-/5.
La robe est bordeaux-pourpre.
Le nez est ouvert un peu surprenant au début ; je le qualifierais de « charcutier » avec une odeur de rosette au poivre, puis ensuite on trouve de la cerise.
L’attaque est ample et fraiche. La bouche est pleine, bien équilibrée, acidulée. La retro est un peu discrète mais plutôt complexe : orange, vanille, cerise, poivre.
Assez long en bouche.
Bilan :
très bon, dans un style fruité, épicé et frais. Note 4-/5.
He bien voilà, on a trouvé des pinots de très bons niveaux en Europe, pas forcément là où on l’attendait…
Il nous reste une paire à voir, avec 2 régions françaises.
La robe est pourpre-brique, assez intense.
Le nez est assez ouvert, sur la groseille, le pomelo, la cerise et les fleurs séchées.
L’attaque est souple et fraiche. Belle matière, ample, fraiche, élégante. La retro révèle de la cerise, des fleurs séchées, de la vanille, du tabac et des petites notes confiturées gourmandes.
Une pointe chocolatée apparait dans la finale de très belle longueur.
Bilan :
très bon à excellent, incrachable. Note 4,5-/5 (après comparaison avec le vin chilien auquel j’ai mis 4,5).
La robe est bordeaux pourpre, intense, et trouble.
Le nez est fermé.
La bouche est ample et fraiche. C’est très fruité et un peu acidulé, sur la cerise, la framboise, la groseille puis la vanille et le fumé. On trouve aussi des agrumes, plutôt sur l’orange. Des notes boisées complètent l’ensemble en finale. Belle longueur.
Bilan : c’est
bon à très bon, très fruité. Note 3,5/5.
Finalement, cette dégustation a été de haut niveau, avec pour la plupart de très beaux vins.
Sans en tirer de conclusion générale, le nouveau monde a dominé en moyenne l’Europe. La fraicheur et l’élégance des vins de l’hémisphère sud m’ont agréablement surpris. Le Chili a fourni selon moi le plus beau vin de la soirée, et l’Andalousie s’avère être capable de magnifier le pinot.
Pour finir la séance, j’ai demandé à chacun des 16 participants de me donner ses 2 vins préférés. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous :
Un podium clair se dégage :
1- Chili, Clos des Fous 2016
2- France, Sancerre En grands Champs 2015
3- Nouvelle-Zélande, Neudorf Moutere Pinot Noir 2014
On se quitte sur la classique photo de famille :
Bibi