Le millésime 2017 au Domaine Ballot Millot
Comme chaque année à pareille époque, rendez-vous au Domaine Ballot-Millot, pour la dégustation du dernier millésime. C'est Charles BALLOT qui nous reçoit et nous consacre quasi 2h30 samedi matin, répond à toutes nos questions sans détour, en vulgarisant le discours quand cela s'avère nécessaire. Un pur moment de plaisir dans une vie d'amateur…
Les notes sont succinctes car jamais simple de tout faire en même temps (pour un homme) : poser les questions, être attentif aux réponses, noter...et surtout ne pas oublier de goûter. D'ailleurs, comme ce sont ceux qui en parlent le plus qui en boivent le moins…je serai en retard pendant tout le long de la dégustation
Les Blancs 2017 :
Il ne me semble pas qu'il y ai de grands changements vs 2016 sur la vinif. Simplement, compte tenu des volumes 2017 bien plus conséquents que toutes ces dernières années, j'ai compris que la gestion des fûts s'avérait compliquée, avec une obligation de renouvellement (le parc a 3 ans en moyenne). Les volumes sont plutôt bons, par exemple 47 hect. sur le Meursault Village.
Les mises ont eu lieu il y a 2 mois environ, sauf pour le Bourgogne qui est en bouteille depuis novembre.
- Bourgogne (parcelles à 80 % sur la commune Meursault et 20 % sur Puligny) : Le nez et la bouche sont sur les agrumes, assez citronnés. C'est assez acide et l'amertume me dérange un peu.
- Meursault Village : Le 2016 avait bénéficié de l'apport de 150 L de Bouchères, ce n'est pas le cas cette année. Nez sur le citron. Matière fine et acidité un peu haute en font une bonne entrée de gamme mais ca n'est pas tout à fait au niveau du 2016 il me semble.
- Meursault "Les Criots" : Nez superbe sur des notes mentholées / chlorophylles. Bouche très tendue, minérale avec des amers moins marqués que sur les précédents. C'est tout bonnement excellent, surtout à ce niveau d'appellation.
Charles BALLOT nous indique que les vignes sont âgées de 30 à 45 ans et que cette vigne produit des raisins très concentrés.
- Meursault "Les Narvaux" (partie basse entre Genevrières et…?) : Nez moins expressif. Bouche bien plus ronde avec plus de matière aussi. Je trouve que c'est un peu chaleureux en finale. Ca reste très bon néanmoins mais à attendre sans doute plus longtemps que Criots.
- Meursault 1er Cru "Les Charmes" : Superbe nez sur la noisette fraiche et le menthol. C'est très ouvert. C'est puissant avec de la matière et la longueur parait énorme vs les précédents. Il me semble ressentir un peu d'alcool au réchauffement mais ça goute superbement aujourd'hui.
- Meursault 1er Cru "Bouchères" : Cuvée qui manquait à l'appel en 2016. Joli nez ouvert mais beaucoup moins défini/précis que le Charmes. C'est plus strict en bouche, et bien plus que d'habitude où cette cuvée est plutôt "facile". Pas mon préféré.
Charles BALLOT nous dit que cette bouteille est ouverte depuis plusieurs jours (ceci pouvant expliquer cela).
- Meursault 1er Cru "Genevrières" : Nez splendide, là aussi sur des notes mentholées qui apportent beaucoup de fraicheur. En bouche, la matière est énorme, avec moins de tension et moins d'acidité que dans "Les Charmes". C'est puissant et minéral, très bon mais cette année ma préférence va au "Charmes".
- Meursault 1er Cru " Perrières" : Comme d'habitude, Perrières apparait beaucoup plus fermé que Charmes et Genevrières. En bouche, le vin est "impactant" et traçant. La longueur parait interminable. Un grand vin qu'il faudra savoir attendre.
- Chassagne 1er Morgeot "Tête de Clos" (petite parcelle tout au dessus des Morgeot si j'ai bien vu/compris): Ce vin ne dénote pas dans la série des Meursault, un style très proche : il est tendu et minéral. Très bon.
Avant de passer aux rouges, on discute simplement et Charles, très ouvert, répond à toutes nos questions, y compris sur la Prémox que le domaine a subi comme beaucoup sur la fin des années 90 : entre 96 et 99. J'ai pourtant déjà bu plusieurs magnum des Narvaux 1996 du Domaine et ce fut excellent. Charles part à la cave et revient avec 2 bouteilles "mystères". L'une est de 96 (pas noté la cuvée) et s'avère effectivement bien fatiguée, sur des notes de pruneaux, le vin est passé du côté obscure.
L'autre bouteille est, elle, plus que buvable. Superbe nez évolué, sur des notes de pralin, avec un poil de réduction il me semble. La bouche est large mais le vin a gardé fraicheur et tension. C'est très bon. On tente de lui donner un âge : je dis 1992 puis 1995...bah non, c'est encore plus vieux. Il s'agit d'un
Chassagne Montrachet 1er Cru "La Romanée" 1989, parcelle qui appartient maintenant au cousin germain de Charles qui se trouve être Vincent DANCER. Nous repartirons avec le reste de la bouteille. Malheureusement, le temps qu'elle aura passée dans la voiture plus le secouage toute la journée l'aura un peu abimée et le vin est un peu moins fringuant le soir...mais miracle, après une nuit au frais, il retrouve son éclat de la veille.
S'en suit une discussion très intéressante où Charles nous explique que la vigne a changé depuis la canicule de 2003. Avec le stress hydrique, elle s'est transformée et bonifiée. Par exemple, 2004 en blanc n'a pas subi la dilution que la météo aurait du théoriquement lui infliger.
Les rouges 2017 :
Depuis quelques années, la vinification a un peu évoluée sur les rouges avec des macérations plus longues pour une recherche vers plus de souplesse des tanins. Toutes les robes sont très claires, très "pinot".
- Beaune 1er Cru "Epenottes" : A cause de la grêle et du gel, cette cuvée n'avait plus été produite depuis...2012. Nez sur le fruit. Tannins souples mais je trouve ça un peu "austère"
- Volnay 1er Cru "Santenots" (vignes âgées de 20 à 30 ans) : Nez sur les fruits noirs, le cassis surtout. Tannins souples enrobant une matière plus importante que le Beaune. Beaucoup de fruits.
- Pommard 1er Cru "Les Charmots" : 50 % de vendanges entières. Nez très légèrement réduit. Bouche sur un gros fruit. C'est bien bon.
- Pommard 1er Cru "Pezerolles" : Tannins souples et ronds. Encore beaucoup de fruits en bouche.
Même si cela reste bon, les rouges 2017 me plaisent un peu moins que les 2015 ou 2016 qui m'avaient parus plus concentrés et plus gourmands.
Nouvelle bouteille "mystère" : le nez fait assez animal, par contre la bouche a conservée un joli fruit et une belle fraicheur. Il s'agit d'un
Pommard "Les Charmots" du millésime 1992.
On continue à discuter un bon moment. Nous découvrons que le domaine est très attentif à la lune lors de la mise en bouteille. Charles nous dit qu'il a souvent pu vérifier son influence sur la manière dont goûtaient les vins…
Pour la dégustation, on vérifie, on doit être en jour "fleur" car ca goûte drôlement bien : ah ben nan...raté, c'est jour "feuille" !
On finit en discutant du millésime 2018 : pour Charles, c'est un millésime exceptionnel qui se prépare, comme on en voit peu dans une vie de vigneron, du calibre de 1979, nous précise t'il…
Les vendanges ont débutées le 30/08 pour "Bouchères" pour se finir 8 jours après par Narvaux et Pererolles pour le crus (les Bourgognes et Aligotés étant récoltés en dernier).
Un an, ça passe très vite...et aucun doute que nous serons là en 2020 pour les 2018.
Merci à Charles BALLOT pour l'accueil top +++
, pour le temps consacré et les "extras".
PS: A noter, qu'à part les "Bouchères", toutes les bouteilles sont ouvertes pour nous (et le gentil couple de suisses qui nous accompagne lors de notre dégustation) et tout cela dans des Zalto !