Le Cercle de Maigremont est en pèlerinage annuel dans les vignes.
Cette année, c'est le Mâconnais qu'ils ont choisi comme camp de base, pour des visites "en étoile" qui nous mèneront notamment en Côte Chalonnaise, sur celle de Beaune, voire en Nuits pour les plus
alcooliques courageux...
4 jours de
régime gros bide généreuses ventrées, assorties de
grand n'importe quoi liquide gargantuesques rasades de raisins fermentés sont au programme de ce long week-end de l'Ascension...
Je vous épargne les images insoutenables de ces soirées de mormons dépressifs, pour vous détailler le "coeur" de ce
"salon d'alcooliques normands (et franciliens) à la campagne" !!
Sachez qu'avec "seulement" 2 mois de décalage entres ces visites et le compte-rendu, vous allez lire ICI, un témoignage
"à chaud" comparé à celui du Cercle de Maigremont !!
Ce dernier risquant de paraître après la libération de tous les otages français dans le monde...
A l'instar du "carbone 14", le "Gildas 14" est aussi un procédé de datation très fiable !! Prenez n'importe quel article édité par ses soins, soustrayez 14 mois à la date de parution, vous aurez la date réelle de l'évènement résumé...
Nous démarrons par la Côte Chalonnaise, au sud de Beaune, à Bouzeron, au Domaine Aubert & Pamela de Villaine...
Depuis une dizaine d'années, c'est Pierre de Benoist (neveu d'Aubert de Villaine) qui tient les rênes dudit domaine.
Très tôt, l'évidence de la culture "bio" s'est manifestée. Certifié "bio" en 97 (depuis 82, en pratique, selon P. de Benoist), en "biodynamie" depuis 8 ans maintenant...
Il faut mentionner des essais de musicothérapie et d'aromathérapie...
Aujourd'hui, le domaine s'étend sur 22 ha, dont 10 d'aligoté...
Ce dernier est la référence du domaine, face à la
"dégénérescence" du chardonnay (dixit P. de Benoist).
"L'aligoté doré" (dont un conservatoire a été crée) est, selon son défenseur, un cépage "aromatique" contrairement au chardonnay qui est un cépage "neutre" (ils en cultivent quand même, ainsi que du pinot noir).
Pierre de Benoist nous détaille rapidement les méthodes de vinification.
Pour les blancs : 1 an de cuve pour tous, depuis
"l'(d)ébourbage" jusqu'à la fermentation malolactique (avec le souhait de les faire toutes, dans la mesure du possible).
Pour les rouges (3 + 1 Santenay en 2012), des cuvaisons de 12-15 jours (30 pour le Santenay, peu éraflé voire pas du tout), puis barriques...
Mais la star, c'est l'aligoté, donc on cause de l'aligoté !! P. de Benoist est très bavard, passionné surtout !! Il faut l'écouter parler des terroirs marneux et d'argile de Digoine comme le "best" pour l'aligoté.
Il faut aussi l'entendre conjuguer des verbes aiguisés à l'encontre de Bettane et de ses
"vins de fruits"...
"alors que le vin devrait avoir le goût du raisin" selon notre jeune barbu à la diction précise, au discours objectivement pragmatique...
Un vigneron qui serait capable, dans sa plaidoirie, de lever des
"troupes de naturistes du pinard", quand il avoue une certaine allergie au soufre !!
Un
"gentleman farmer" (dans la gestuelle, le regard, comme dans les vêtements, Tonton Aubert n'est jamais loin) qui ne manie pas la langue de bois (qu'il déteste aussi quand il est massivement présent dans le vin), avouant franchement "goûter plus de vins dégueulasses en bio et biodynamie qu'en traditionnel..."
Pour notre séance, 3 bouzeron, 1 chardonnay et 1 pinot noir sont programmés.
Bouzeron 11 est immédiatement "variétal" au nez, puis gras et très beurré à l'aération !! L'attaque est tendre, "droite avec de l'embonpoint", fruitée (ouf, il ne m'a pas vu écrire ça !!), acidulée, aux jolis amers. L'ensemble développe un crayeux évident, pour de jolies épices finales... un vin plus complexe que prévu
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Bouzeron 8909 [size=x-small](merci à l'isotope Gildas 38 d'avoir vu la chose pendant sa demie-vie d'activité (
))[/size] a le nez pommadé d'un vin sudiste, "l'anis étoilé d'un pastaga sous la cagna". Une attaque large, ample, un poil lâche "aux 3/4 du milieu de bouche". Ensemble épicé, ethéré, souple, salivant (je vous rappelle que ce sont des notes gribouillées, j'suis pas Albert Camus, ça se voit non ?!).
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Bouzeron 07 a le même nez variétal que 11, le métal en plus !! Une matière très fruitée (je tremblais en écrivant cet adjectif, voyant déjà le barbu devenu fou, m'arracher la langue avec ses dents, comme dans Midnight Express), tranchante, vive, équilibrée, citronnée (merde, j'ai pas trouvé le raisin !!). C'est super bon !!
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Bourgogne - Côte Chalonnaise - Les Clous 06 "boise", "beurre" et "champignonne" généreusement au nez. Une matière souple, pleine, "tannique", épicée, aux amers longs, mais à la sècheresse en filigrane.
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Mercurey - Les Montots 00 donne dans le même registre olfactif que Les Clous précédent, la vanille et le métal en sus. J'ai la "grande honte" de trouver de la framboise, quand le vin caresse délicatement la paroi buccale, lancinant, souple et "sexy wine".
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Petit bonus, avec ce
Mercurey 93 aux parfums puissants de grenade (non, pitié monsieur, laissez-moi ma langue !!), au joli grain tannique, plein, frais, juteux, mais asséchant au possible en fin de bouche.
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Sur chacun des vins, Pierre de Benoist a tenté de nous donner sa vision "globale" de la fleur au vin, dont il est le seul détenteur au moment de la dégustation.
Un personnage très ancré dans la notion de "lumière" et des 5 sens qui nous entourent...
Un discours, une approche du vin et de ses terroirs que j'ai trouvé très
"telluriques" (je lui en ai fait part), aux antipodes des discours très, voire trop, calibrés d'autres vignerons... dont on ne peut occulter, à ce stade, la prépondérance de la biodynamie et de ses effets dans cette vision !!
Au-delà de ma perception (toute personnelle) assez ésotérique de cette
"conception physiologique de la vigne et du vin", il n'en demeure pas moins que les vins du Domaine de Villaine sont bien plus convaincants que ceux goûtés au début des années 2000 !!