Que serait un festival de Jazz sans ses Offs ? La réponse, rien. Après avoir « subi » deux invitations en pays Cathare chez l’ami Pins, temps était venu pour moi de renvoyer la pareille, et inviter Pins et sa charmante épouse en mes terres.
Et tiens pourquoi ne pas inviter Nathenri et son épouse également ? Date validée 1 mois avant notre départ en Bourgogne, en ce 26 Juin aux alentours de midi j’attends patiemment l’arrivée des
bras cassés lascars.
Le mot d’ordre de cette journée ; « Tem-po-ri-ser ». La météo annonce 29 degrés, la piscine frôle les mêmes températures et me suis affairé dès le matin à la faire briller, faux filet à midi / magrets de canard le soir, ça sent l’embuscade à plein nez.
Quinté dans le désordre d’une dégustation magistrale à l’aveugle comme d’habitude ;
Ceinture noire en barbecue ET temporisation.
On attaque avec un
Cristal Roéderer, millésime 2008. A date ce Cristal est pour moi le plus abouti qui m’ait été donné de goûter. Ce dernier conjugue finesse (et de la bulle), puissance, élégance, tension, sans pour autant perdre ses magnifiques notes pâtissières et briochées.
On enchaine avec un
Smith Haut Lafitte Blanc millésime 2010, pour faire plaisir à Pins qui ne jure que par la Bourgogne. Je le sens légèrement perdu, et y’a un truc de bien avec Pins quand il est perdu c’est qu’il voit du terpé partout. Même si je comprends ce qu’il veut dire, ce SHL remplira allègrement sa part du boulot. La robe est relativement évoluée je trouve pour un 2010, belle tension, la matière est beurrée à souhait, c’est gourmand sans être trop lourd, beaux amers en finale, très bien exécuté.
Sans transition un
Meursault sous la Velle 2017 de Anne Boisson. Superbe, c’est tendu, la matière fraîche, enrobant, beaux amers, les astres semblent s’aligner correctement en cette belle journée.
On attaque les
rouges rosé, avec un
Vin de table Parisy 2017. Au nez le bras de fer commence entre pros Reynaud et Antis, pour la peine c’est les pros qui gagnent. Superbe Parisy avec les marqueurs habituels du domaine. Servi à une température parfaite, un vrai bonbon à la framboise / rhubarbe purulent de fraîcheur. Superbe, encore une fois un rapport qualité prix hors norme, et si je dois comparer à Pialade, légèrement moins d’épices / pot-pourri en retrait mais plus de matière.
La bouteille suivante nous a été gentiment offerte par Etienne Chaix, un
Volnay 1er Cru Les Caillerets 2017 du domaine Joseph Voillot. Superbe finesse au nez comme en bouche, je partage le sentiment de Pins qui se dirige vers la finesse de Chambolle, si c’est pas un c’est l’autre, nous sommes à Volnay sur un millésime sapide et gouleyant à souhait. Ca glisse, what else ?
Le match des
2002 commence, avec en premier lieu un Chambertin du domaine Pierre Damoy. Rien à signaler, tout est en place, le nez, la fraîcheur, la finesse, les épices, le cuir, la matière, ce racé noble si caractéristique de ce climat magique, un superbe moment sur un millésime d'anthologie.
Mieux serait insupportable...
On remerciera jamais assez l’ami Pins pour la contribution suivante qui m’a enfin permis de goûter un
Sylvie ESMONIN à maturité, avec un Clos Saint Jacques 2002 du domaine. Quelle finesse, quel grand écart entre ses vins en jeunesse et ce plateau de maturité. C’est fin, la matière délicate, beau cuir noble, superbe persistance, pour moi le Chambertin est au-dessus, mais le rapport qualité prix et l’exécution du CSJ stratosphérique. Bravo Sylvie.
Y’a autant de Zaltos que de bouteilles à moitié vides c’est n’importe quoi.
On passe aux fromages, avec pour démarrer un
Petit Chablis de Vincent Dauvissat millésime 2016. Lui n’a rien à faire sur la photo, c’était un reste que j’ai gentiment invité au fromage. En l’état il est à J+1, a donc perdu sa fougue et ses agrumes d’ouverture, mais la matière est enrobante, beurrée, le chêne vanillé en fond de verre bien intégré, c’est plutôt très bien pour un petit Chablis.
Conclusion en fanfare sur un
Yquem 1998, avec une bouteille légère plus évoluée j’ai trouvé, donc plus « confite », fraîcheur en retrait. Témoignage une fois de plus que sur les liquoreux, la qualité de stockage / vieillissement prévaut pour beaucoup sur la dégustation.
Comté, morbier, goudat aux truffes, papillon, même si les voyants du diabète sont au rouge, nous sommes fiers d’avoir aussi bien temporisés…
Sans transition café / bullage dans la piscine. Il est déjà 17h, on fait une grosse croix sur la balade digestion de l’après-midi, et on se prépare psychologiquement à redémarrer les hostilités dans une paire d’heure ou Clément nous rejoindra, dernier chaînon manquant du week-end Bourguignon récemment écoulé.
Il doit être 19 heures, ça sonne, Apéro ???
Note ; mes qualités de retranscriptions de la soirée seront inversement proportionnelles à la qualité des vins dégustés.
Et on repart comme en 40, avec pour démarrer et nous permettre d’apprécier le gap Cristal / entrée de gamme, un
Brut Premier de la maison Louis Roéderer servi en Zalto Champagne s’il vous plaît, tout juste baptisés. Quand je vois le potentiel de garde et le rapport qualité prix de cette cuvée avec ses notes pâtissières / pomme, je trouve pas nécessairement l’écart de prix justifié avec le Cristal mais c’est un autre débat.
Soucieux de faire découvrir à l’ami Pins d’autres sphères que la Bourgogne, je débouche un grain
Ermitage Président Troillet 2016 de Marie-Thérèse Chappaz. Personnellement j’adore la personne (MT Chappaz, pas Pins, c’est un âne), comme ses vins. Cette marsanne offre de belles notes de champignon, des notes que je qualifie de « nature » avec un tout léger petit perlant en bouche / un côté un peu oxy, une belle puissance, ses notes d’abricot / fruits secs et une belle minéralité (quasi silex à pierres chaudes).
Pour suivre un
Chablis Grand Cru Blanchots 2015 du domaine Patrick Piuze. Savez quoi ? M’en souviens pas. A ma décharge il fait orage, nous sommes rentrés à l’intérieurs, et je commence sévèrement à caler, voir faire des bulles.
Sans transition un
Chassagne-Montrachet 2014 Les Chenevottes du domaine Philippe Colin. Me souviens avoir beaucoup aimé la tension et l’alchimie fraîcheur de la matière, mais c’est à peu près tout.
Domaine
Jean-Claude BACHELET et Fils, Chassagne-Montrachet Les Encégnières 2017. Un coup de cœur, déjà parce que c’est 2017 et qu’il faut reconnaître qu’en blanc ce millésime est fantasmagorique, et mon premier Bachelet, un régal de tension, fraîcheur, expression de la matière. Souvenir d’un vin ciselé (ou pas, c’était peut-être une autre soirée et mon cerveau pioche au hasard).
On enchaine avec la Suisse (je vous rappelle comme pour la grosse dégustation jour 2 en Bourgogne que quand je suis amoché j'ai du mal avec ma géographie
), pays cher à mon cœur et ce
San Leonardo de je ne sais pas qui en fait. Attention hein, gai oui, bourré non ! Bon là faut quand même que je branche tous les capteurs, car je commence à être sévèrement bourré de gaieté (copyright Joe Bar Team). Attention gros vocabulaire à venir emprunté d’une décennie hors taxe de Robert Parker pour résumer ce vin de manière synthétique mais néanmoins explicite ; « c’était pas ouf ».
Le match des 2009 commence, avec pour démarrer ce
Chambolle-Musigny 1er Cru les Chabiots du domaine Serveau. C’est fin, assez frais avec un gros cuir. Tellement d’ailleurs, que cet aspect champignon / cuir / sous-bois peut vite devenir écœurant.
A suivre un
Musigny Grand Cru 2009 du domaine Jacques Prieur. Cette bouteille ne sera pas servie à l’aveugle. Au détour d’un échange avec Nathenri qui n’avait jamais dégusté de Musigny, j’avais mis cette bouteille de côté pour la partager avec lui n’ayant personnellement jamais également dégusté ce climat. Le niveau de « goutance » validé par le domaine himself, cette bouteille était l’attraction du week-end et force est d’admettre qu’elle n’a pas usurpé son rang. Au nez (sur les épices) comme en bouche (finesse de la matière et persistance aromatique), ce 2009 s’est gouté divinement bien et a accompagné parfaitement les magrets de canards que j’avais prévu, et dont je n’aurais pas du confier la responsabilité à l’ami Pins qui m’en a fait des trucs bizarres (magrets roulés sous les aisselles).
Je vais pas trop le réprimander, me souviens pas de tout et peut-être qu’il a sauvé le plat principal…
Conclusion sur un
Pernand-Vergelesses 1er Cru Les Vergelesses 2018 du domaine Pavelot. Comme tous les 18, c’est top, belle matière, croquant, du fruit, diablement séducteur et gouleyant en l’état.
Il est Minuit 30, j’avais prévu un Vouvray de Philippe Foreau 1989, vous savez quoi je l’en ai même oublié.
Les papilles, les cheveux, le coude, tout est rincé, nous avons bien vécu.
Encore une fois, nous aurons partagé, encore une fois, nous aurons rigolé.
Manquait pour parfaire ce week-end nos compères Bra et Flo, avec qui nous organiserons plus tard un match retour en Champagne, Bourgogne ou Paris.
08h, il est l’heure Monsseigneur. Je reconstituerai tranquillement la soirée avec les convives qui m’aideront partiellement à combler les « trous », mais surtout me rassurer sur le fait que non, contre toute attente je me suis plutôt bien tenu et n’ai pas failli à mes qualités d’hôtes.
Un dîner presque parfait donc, à reprogrammer
rapidement prochainement.
Un plaisir que d’accueillir des gens avec qui on peut autant partager et déguster du bon vin, que des moments de vie. Merci les amis.