Maison Krug (juin 2005)
La maison Rémoise fait partie du groupe LVMH depuis 1999.
Les 20 Ha qu’elle possède notamment sur Ambonnay, Verzy, Verzenay, Le Mesnil-sur-Oger, Oger et Avize lui permettent de couvrir 40% de ses besoins.
Sa production est d’environ 500 000 bouteilles par an et l’objectif avoué de ses dirigeants est de l’augmenter substantiellement (la doubler ne leur paraît pas un objectif irréaliste) sans altérer la qualité.
Elle se targue de ne produire que des cuvées de prestige et insiste sur le fait que la Grande Cuvée n’est pas un Brut Sans Année, qualificatif considéré comme trop péjoratif eu égard à sa qualité exceptionnelle.
Elle produit :
Grande Cuvée : un assemblage d’années avec 40 à 50% de pinot noir, 30 à 40% de chardonnay et le reste en pinot meunier,
Krug Rosé : un rosé d’assemblage avec adjonction d’une touche (4 à 5%) de pinot noir d’Aÿ sur un assemblage d’années et de cépages qui diffère de celui de la Grande Cuvée ; le résultat donne un rosé particulièrement peu coloré,
Krug Vintage : un millésimé avec assemblage de cépages et terroirs ; le 1990 est composé de 40% de pinot noir, 23% de pinot meunier et 37% de chardonnay ; les prochains millésimes seront les 1995, 1996, 1998 et 1999,
Clos du Mesnil : un millésime issu d’un seul terroir, le célèbre clos de 1,86 Ha de chardonnay situé au centre du Mesnil-sur-Oger et produisant environ 10 000 bouteilles sur les millésimes retenus ; les vins des millésimes déclassés se retrouvent dans les 2 cuvées d’assemblage,
Krug Collection : il y a 2 Krug Collection à un instant donné : un Krug Vintage gardé 10 à 15 sur pointe en bouteille de 75 cl et un Krug Vintage gardé encore plus longtemps toujours sur pointe mais en magnum.
Le parc des pressoirs est hétérogène avec des pressoirs traditionnels verticaux et d’autres cylindriques.
Seule la cuvée est conservée pour les vins.
Les fûts sont des contenants de 205 litres achetés neufs chez Seguin-Moreau puis utilisés pour la première fermentation alcoolique après 2 ans de décapage à l’eau, aux lies et aux tailles. Une tonnellerie maison assure les petites réparations.
Les moûts sont ensuite passés en cuves inox, la fermentation malolactique étant laissée libre de s’effectuer ou pas en fonction des caractéristiques du millésime.
Après la deuxième fermentation alcoolique, les vins sont gardés sur lattes, de 6 ans minimum pour la Grande Cuvée ou le Krug Rosé et jusqu’à 13 ans pour certains Vintage comme le 1990. Le cas des Krug Collection a déjà été évoqué plus haut. Pendant toute cette période, les bouteilles sont bouchées par des capsules.
Le remuage est effectué manuellement sur pupitre pour le Krug Rosé et le Clos du Mesnil et à l’aide de gyropalettes sur la Grande Cuvée et le Krug Vintage. Leur utilisation donnant toute satisfaction, les gyropalettes finiront par s’imposer.
Le dosage de la liqueur d’expédition est de 7 à 8 g/l pour toutes les cuvées.
Pour assurer les assemblages de la Grande Cuvée et du Krug Rosé, la maison conserve en cuves inox des vins de réserve remontant jusqu’au millésime 1990.
Mme Mérillon prend en charge la visite. La dégustation nous permet ensuite aussi un échange très sympathique avec Olivier Krug (fort heureusement, cette certaine idée du luxe qui règne dans les lieux n’empêche ni la décontraction ni l’interrogation). La maison annonce sans vergogne qu’elle réalise le summum de la production champenoise, sans équivalent, situant au passage d’emblée sa grande cuvée au niveau d’une cuvée prestige. On le constate volontiers.

Vins dégustés :
1.
Krug Grande Cuvée :
JP17,5 – PP17,5 - LG17,5
On butine ici des inflexions de toute beauté : toasté racé, agrumes confits, fruits (banane, mirabelle, pêche jaune, mangue), café, pain d’épices (cannelle, anis), végétal noble (verveine citronnelle). La texture est diamantine, taffetas dopé par une acidité parfaite ; elle est longiligne et sa finale étincelante (symphonique) s’étire longuement. Bien plus qu’un BsA, effectivement.
2.
Krug Brut Vintage 1990 :
JP18,5 - PP18,5 - LG19
Nez crémeux, infiniment précis et complexe : œuf, orange, miel, épices subtiles, anis, verveine, raisin de corinthe, abricot charnu, pruneau, pêche rôtie, fumé et grillé légers. La silhouette est toute en plénitude évanescente, la richesse équilibrée par une acidité citronnée splendide, pour des goûts sémillants bien différenciés ; la dispersion de la bulle en bouche est remarquable et renforce le sentiment d’allégresse. Une jouvence interminable et une admirable conciliation de la force et de la douceur, à associer à un tajine d’agneau.