Maison Anselme Selosse (Juin 2005)
Anselme Selosse nous livre sa passion sans retenue en nous confiant une mine d’informations sur son approche toute personnelle du grand Champagne. Les vins approchés sont d’un très haut niveau d’ensemble moins policé mais avec de la fougue, du caractère et de la charpente, pour une recherche maximale de sapidité et de vitalité. Les mensurations sont appréciables mais la vivacité préservée. Ce sont des cuvées impérieuses qui, pour utiliser un mot cher à Anselme, transportent.

Vins dégustés :
1.
Selosse 1996 :
JP17 – PP17,5 – LG17,5
Version sans soufre. Le nez dégage des senteurs mûres de crème de marron, de zeste, de pomme blette (le fameux débat sur l’oxydation reprend), de miel de châtaignier, de mendiant (fruits secs caramélisés). On déguste alors un vin plein de vie, sapide, long, un poil rustique, de très belle tenue.
2.
Selosse 1995 :
JP17,5 - PP18 - LG17,5/18
Pomme, crème vanillée à l’orange, violette surprenante, cannelle, minéralité, fruits blancs et une plongée dans un salon d’antiquaire (cire) … Cette production à la carrure imposante, toute en rectitude, véhicule fièrement les flaveurs corsées et retentissantes exprimées au nez.
3.
Selosse Substance :
JP18,5 - PP17 – LG18,5
Un monde de parfumerie (huiles essentielles) : bois de rose, miel, pomme, rose, épices … Du verbe et de la munificence avec ces goûts baroques et fins assumés qui déferlent en vagues successives et dont on ne se lasse pas : goyave, thym, zeste d’orange, fruits confits, végétal, noix, cidre (oxydation liée à l’élaboration en solera, pour compliquer un peu l’analyse) … La massivité est assez fabuleuse et l’alcool procure une sensation de plaisir proche de celle d’un vin moelleux. Ce mélange original est bien mieux goûté qu’en septembre 2004 (il nous avait alors semblé manquer d’évidence et de personnalité !).
Anselme Selosse apparaît comme un perfectionniste. Son discours exprime, dans un esprit syncrétique, des idées bien en place, fruits de son expérience et de ses expérimentations, et un doute récurrent. Cette dualité le condamne à une perpétuelle évolution ce qui paraît d’ailleurs convenir parfaitement à son esprit curieux et à sa personnalité bouillonnante.
Son credo est d’élaborer des vins spécifiques de leurs lieux d’origine et pour cela il cherche à « retrouver la sève des vignes dans ses vins ». A ce stade, la discussion, passionnante, se perd en conjectures sur l’étymologie du terme sève : saveur, savoir, sapidité, ….
Pour toutes ces raisons, il représente un leader pour la nouvelle génération champenoise. Sa stature morale comme ses résultats ont en effet conduit d’autres jeunes viticulteurs à adopter sa philosophie et à se lancer dans la même quête d’authenticité.
Le domaine possède 7,5 Ha de vignes sur Cramant, Avize, Le Mesnil-Sur-Oger, Aÿ, Mareuil-sur-Aÿ et Ambonnais. Cette superficie comprend 87 ares de pinot noir et le reste en chardonnay.
Il pratique aussi un peu d’achat de pinot noir sur une vigne d’Aÿ cultivée par l’équipe du domaine. Le volume réduit de cette opération lui permet de conserver son statut de Récoltant-Manipulateur.
Sa production est d’environ 40 000 bouteilles par an.
Sa gamme comprend :
Brut Initial : un BSA B de B gardé 2 ans et 4 mois sur lattes et dosé à 5 g/l,
Exquise : un BSA B de B gardé 2 ans et 4 mois sur lattes et dosé à 24 g/l,
Version Originale : un BSA B de B gardé 3 ans et 4 mois sur lattes et dosé à 2 g/l,
Substance : un B de B pur Avize élaboré à partir d’une Soléra débutée en 1986 ; gardé ans sur lattes et dosé à 2,5 g/l,
Contraste : un B de N gardé 5 ans sur lattes et dosé à 4 g/l,
Millésime : un B de B pur Avize dosé de 0 (pour le 1996) à 4 g/l (le 1995 est dosé à 3,5 g/l),
Rosé : élaboré par ajout de pinot noir d’Ambonnay acheté à Francis Egly,
Collection des Lieux Dits : une gamme parcellaire à venir.
La chaptalisation est la plus faible possible.
Il effectue le pressurage à l’aide d’un pressoir vertical.
La première fermentation alcoolique est effectuée en petits fûts et la fermentation malolactique est laissée libre de se déclencher ou non.
Anselme Selosse pense que l’oxydation ménagée révèle la minéralité du vin.
Les vins ne sont ni filtrés, ni collés, ni soutirés.
Le bouchage est effectué par des capsules et le remuage est manuel sur pupitre.
Les vins de réserve sont stockés en foudre la première année puis en cuve inox.