[size=large]Tout sur la Maison Giraud-Hémart.[/size]
Henri Giraud ESPRIT "G"
François Hémart BRUT
François Hémart BRUT RESERVE
Francois Hémart Rosé
Henri Giraud Fut de Chêne 1998
1) Henri Giraud ESPRIT "G"
L'entrée de gamme d'Henri Giraud.
Un vin d'apéritif. Il n'a pas la vinosité nécessaire pour rentrer dans les grands vins de champagne selon moi. Pourtant mis à côté de vins très chers et du même style, il calmerait les amateurs d'étiquette par sa supériorité dans bien des domaines.
Nez harmonieux autour d'une saveur d'abricot et d'amande d'abricot.
Bouche discrètement boisée harmonieuse et stylée. Le chardonnay se manifeste très peu. Juste en attaque. Le pinot domine donc ce vin très entier.
Dans la catégorie "apéritif" il est remarquable par son bouquet fin, gracieux mais complexe, je le conseille évidemment sans hésiter, il est largement au dessus de toutes les grandes enseignes de sa gamme de prix.
2) François Hémart BRUT
Prolégomènes : "La puissance et le gras des coteaux d'Aÿ mûris dans la respiration des petits fûts de chêne. 70% pinot noir et 30 % chardonnay (encépagement moyen du terroir d’Aÿ)." (sic)
Compte Rendu :
- Robe : Beau jaune un peu "sablé".
- Nez : Craie un peu sèche, accompagnée de saveurs fraîches de zestes. Narcisse, biscuits sablés (plus frais et plus doux que biscuit au beurre). Fruits blancs.
Agitation : Pêche bien mûre et noyau.
- Bouche : L'amertume est fruitée, délicieuse. Moins conventionnelle que dans un Bollinger S.C., on a aussi moins de densité de la matière, l'ensemble est plus éclectique, mais cependant puissant, vineux, et soutenu par une sublime unité fruité-amer en attaque (qui se perd cependant ensuite pour laisser l'amertume dominer). Le fut de chêne très discret est beaucoup plus fondu que sur l'esprit "G" et "Brut Reserve" : je préfère.
- Longueur : Amertume séduisante pour les amateurs, mais qui ne charmera pas tous les publics. Perdure avec élégance sur une bouche à peine trop grasse.
Conclusion : La complexité de ce vin se révèlera mieux en accompagnement. Les chardonnays, bien qu'à seulement 30%, distillent des subtilités bourguignonnes sauvages et végétales avec une classe rare qu'on ne risque pas de trouver dans le Spécial Cuvée de Bollinger.
Nous sommes très heureux d'avoir consommé ce vin pour lui même (au goûter), accompagné seulement de fruits exotiques assez exigeants. Un moment de communion avec la nature dans toute sa générosité mais aussi toute son amertume sauvage. Le Bollinger, plus conventionnel, se serait moins bien distingué je crois.
Pour finir, il s'en sortira très bien même avec les cacaos très noir des truffes en chocolat. Après une entrée en matière timide, il relève le challenge en exprimant une jeunesse et une force qui brise le gras du chocolat pour lui offrir une parure d'or étincellante.
Ce vin aurait été parfait aussi pour accompagner un repas. C'est un grand champagne.
3) François Hémart BRUT RESERVE
Prolégomènes :
François Hémart Brut Réserve :
Le pinot noir sur les craies d'Aÿ, mémoire du Terroir, champagne de cœur et de corps. C'est le premier Cru Pinot Noir d'Henri Giraud, du nom du plus ancien aïeul.
Ne pas confondre avec le François Hémart Brut, qui -lui- contient du chardonnay (30%), voir ci-dessus.
Compte Rendu :
- Robe "Or Rose" claire. Très séduisante.
- Premier Nez Ambré, très élaboré. Je manque d'expérience pour exprimer sa diversité.
- Après agitation, on sent mieux le fruité et le beurré.
- Attaque en bouche : Une très grande ampleur. L'entrée en matière est très émouvante et envahissante.
- Se développent ensuite des arômes archi-suaves de pop corn sucré-salé ou de "chouchou" (cacahuètes grillées caramélisées), qui durent sans s'éterniser toutefois, pas plus que le beurré. Le vin est aussi très tendu.
- Le fût de chêne est présent. Nettement plus que dans Bollinger "spécial cuvée". Les tanins du bois sont agréables. Pas forcément trop forts, mais j'aurais préféré plus de discrétion. Ce sont tout de même les légendaires chênes de la forêt d'Argonne qui caractérisent cette maison, je comprends qu'on puisse s'y attacher!
- La longueur en bouche s'oriente vers un gras très chaleureux avec une "noix de coco" grasse et crêmeuse. La finale n'est pas à la hauteur de l'entrée en matière à mon goût.
On a grand plaisir à l'associer aux délicieux oeufs de saumon.
L'accord avec le sucre (sur les délicieux marrons glacés de Sabaton) n'est pas décevant, ce champagne va révéler des arômes de feuilles de châtaigner en automne.
Nous ne résistons pas à l'idée de renouer avec une tradition champenoise: tremper des biscuits roses de Reims dans ce "Brut Réserve". Après que la mousse soit excitée par le sucre glace, nous ressentons plus fortement l'acidité tonique et les légères évocations de quinine de ce champagne.
Conclusion :
A mon goût, le François Hémart Brut Réserve a plus de subtilité que le Bollinger. Il débarque chez vous plus timide et moins exubérant. Mais avec plus de subtilité, il peut se montrer plus fin. Il a plus de bouquet et il est plus volatil. Cependant, il a moins d'unité et d'équilibre que Bollinger, il est peut-être un peu moins sûr de lui et exprime sa générosité plus dans sa finesse que dans la brutalité bonhomme de l'autre. Finesse malgré tout très tendue qui lui imprime plus de caractère. D'ailleurs, il fera tourner la tête plus fort si vous n'avez pas préparé un bon petit repas pour aller avec.
J'ai envie d'en faire vieillir deux ou trois ans en cave pour arrondir le tout. Il me semble qu'il pourrait y gagner en équilibre et arrondir ses arômes de chêne, il est largement assez "tendu" pour rendre très crédible un vieillissement, et cela pourrait améliorer la finale et la matière qui sont en dessous de l'entrée en bouche sublime et du majestueux bouquet. De fougueux et trop impétueux, il pourrait devenir plus plein, plus serein. Dans tous les cas j'aurais mieux fait de le carafer un peu.
4) Francois Hémart Rosé
C'est un "vrai" rosé, c'est à dire que les pinots noirs sont vinifiés avec un contact plus prolongé avec la peau. La majorité des maisons de champagne se contentent, comme Bollinger (avec la côte des enfants,) de rajouter du vin rouge de champagne, ce qui n'est pas la façon de faire un rosé...
- Robe: Rose bonbon séduisante.
- Nez : Suave un peu ambré.
- Agitation : Vinosité qui se réveille.
- Bouche : Fruit léger fleuri délicatement musqué. Grand équilibre en légèreté tel de grands vins rosés. Il a besoin de s'aérer un peu dans le verre pour exprimer de la complexité toute en finesse. Ce vin est malicieux comme une jeune fille qui vous fait du charme.
Conclusion : Ce vin n'est en rien comparable aux autres cuvées d'Henri Giraud, sauf peut-être par sa grande qualité. Une faible vinosité, et une grosse surprise lorsqu'on est habitué aux rosés par addition de rouge : ce vin a toute la douceur des rosés de qualité, mais avec les bulles s'opère une magie séduisante autour d'un bouquet complexe et discret.
Je dirais, à boire au goûter pour un grand moment de plaisir, mais sans prétention, car puissance et caractère ne sont pas ses points forts.
Avec un goût de revenez-y qui fait que la bouteille sera trop petite de toutes façons!
5) Henri Giraud Fût de Chêne 1998
Alors là, j'hésite à l'ouvrir pour le moment.
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Résumé et synthèse :[/size]
La Maison Giraud-Hémart est épatante avec un panel diversifié, mais de qualité immense.
L'esprit "G" est un champagne d'apéritif qui dans sa catégorie ("entrée de gamme") surclasse à mon sens ses concurents par son bouquet gracieux d'exception.
Le rosé, calme et charmeur, fascinera les amateurs de finesse par son originalité.
Le BRUT, vineux et très sauvage, enchantera les amateurs de champagnes vineux qui recherchent une expression de terroir et de nature.
Le BRUT RESERVE extrêmement impétueux malgré la finesse de ses pinots noirs, est encore indompté. N'est conseillé qu'aux amateurs de terroir exprimé en force, où alors il faudra le garder en cave de longues années pour l'arrondir, et je parie que le résultat sera magnifique. Enfin,
le Millésimé, Fût de Chêne, est sans doutes au sommet du savoir faire de la maison, mais je ne l'ai pas encore testé pour vous.
www.champagne-giraud...