Invité chez un ami, je voulais lui faire découvrir la cuvée « terroirs » de Follet-Ramillon, or, il se fait que lui-même avait prévu également un champagne. Ce fut l’occasion d’établir un parallèle fortuit (d)étonnant, plus qu’improbable, entre ces deux cuvées, toutes deux BSA
Champagne Follet Ramillon Cuvée « Terroirs »
Meunier, chardonnay, pinot noir. Base 2013, dégorgement 09/2019, dosage 6gr
Robe or blanc à reflets verts. Nez d’une grande fraîcheur, d’abord sur la pomme verte mûre, les agrumes et les fleurs blanches puis à l’aération on trouve en plus la pêche de vigne, un peu de chèvrefeuille et des notes salines plus marquées.
En bouche, la bulle est fine et le vin plein et assez concentré avec un joli fruit. C’est net, précis et assez vertical sans être tranchant. Belle longueur sur la fraîcheur avec de beaux amers pour tenir l’ensemble.
Champagne Egly-Ouriet Grand Cru Tradition
Pinot noir, chardonnay. Base 2003, dégorgement 09/2007 , dosage ?
Robe vieil or, orangée et soutenue. Bouquet au départ assez oxydatif et rustique mais qui n’arrêtera pas de s’affiner au fil du temps. Reste de bois, pomme jaune, écorce d’orange, silex et cire signent une belle patine qui évoluera vers les agrumes confits, le miel d’acacia et les fruits secs. C’est Complexe et puissant.
En bouche, la bulle éclate en finesse pour retomber vite, tout en restant présente, et laisser place à un jus riche qui n’arrête pas de se resserrer au fil de la dégustation pour donner un ensemble compact et large où des amers puissants en assurent la tonicité. Il y a suffisamment de fraîcheur pour éviter la lourdeur mais ce n’est pas le point fort de ce champagne. Très belle persistance sur la noisette et des amers de zeste d’agrumes.
Comparer les deux vins dans un esprit de cotation ou d’évaluation n’a guère de sens tant ils sont différents en style, a fortiori vu leur âge respectif.
S’il ne fait aucun doute que la matière première d’Egly est objectivement supérieure en termes de richesse et de concentration, on a constaté qu’au niveau du plaisir purement gustatif les deux sont également séduisants, chacun étant approprié à son propre moment festif.
On est passé régulièrement de l’un à l’autre au cours de la dégustation sans jamais avoir de regrets pour le précédent et c’est le bilan, peut-être étonnant, mais réjouissant de l’expérience.
Pierre