Bien bien bien...12 jours de vendanges et damned, c'est comme en Formule 1 de ma jeunesse : c'est toujours Schumacher qui gagne. je compile ici mon avis avec ceux de de Franck et de Bertrand, rencontrés hier soir dans une cuverie d'Ay.
Le plénipotentiaire des lauriers et du pouvoir de l'année est donc le
Chardonnay, beau à superbe partout. état sanitaire entre bon et excellent, maturité entre acceptable et géniale. Si le Ph (acidité des vins) est mou, à l'image de 2022, vous savez que j'ai déjà écrit ici qu'une vinification précise, peu interventionniste mais parfois technique ( refroidissement des môuts pour la fermentation à jean passe) pouvait donner des vins à belle expression, mais nous en reparlerons. Tiens, déjà, y'aura qu'à moins les doser.
Le
Pinot Meunier...alors...quelques beaux lots vus sur les quais des pressoirs à maturité proche de 9.8/10.5°, ce qui est acceptable cette année où la bascule aromatique ne nécessite pas d'atteindre 11° comme l'an passé..mais aussi des choses horribles mal triées à la vigne , où sur certaines grappes se côtoient des raisins en sur-maturité où la drosophile a piqué (et fait tourner les baies en vinaigre) et des grains encore verts. Notons que les vignobles travaillés et surtout enherbés sont plus homogènes. Si tri sévère effectué, parfois 40% de récolte perdue...
Le
Pinot Noir est plus difficile à cerner globalement : si le rendement est très élevé (plus de 18000 kg/ha), alors on peut tout craindre : sous-maturité chronique (des milliers de kilos vus sur Vertus à moins de 8°..et pourtant envoyés au pressoir...). Et les grappes de ces fruits gorgés d'eau, dès que la maturité commence à poindre, tombent dans le travers des Meuniers : pourriture galopante, odeurs de vinaigre...
On revit donc 2017. Blancs éclatants (2017, des chardo d'anthologie pour moi !) au vu de ce qui se passe sur les "noirs", comme on nomme ici les 2 Pinots.
Je vous écrit l'avenir proche vu par l'ami Franck, au coeur de la vinif dans une grande unité : les chefs de cave vont galérer pour vinifier ce qui sera parfois de la daube, faire le tour des récoltants et des petits négociants pour racheter des vins clairs acceptables ou faire des échanges de vins (exemple : 100 hls de bon vin contre 130 hls de mauvais, c'est le tarif).
Alors, pour l'amateur LPVien qui se dirige souvent vers les 200/300 vignerons en vue..ben pas de crainte, les meilleurs n'encavent pas ces jus moyens, même si quelques BSA qui seront à base 2023 seront les parents pauvres de la gamme. Pour ce qui est du millésime du grand soir, on va repasser, hein. MAIS... et n'est-ce pas que justice...
les vignes en bio ou biody, naturellement moins chargées, sont parfois superbes et quasi exemptes des travers sus-cités, pour peu que l'on y pratique si besoin un tri salvateur.
La tendance est donc difficile avec le réchauffement climatique galopant :
-ou ça gèle et paf pénurie (cf 2014/2016/2017 en territoire de l'Aube, en première ligne gélive),
-ou ça murit à tout berzingue fin aout (cf 2022) et les maturités doivent être poussées pour que le goût rattrape le sucre dans les baies,
-ou les épisodes successifs pluie intense/soleil-chaleur intenses (cf 2017 et 2023) vont donner des raisins très difficiles à amener à la vendange "sains, mûrs et marchands" comme noté dans les contrats de vente...
Bref, c'est le brin. Et je n'ai pas parlé des conditions dantesques de vendanges manuelles pour les coupeurs ou porteurs de paniers...des morts, des coups de chaud/insolation par centaines chaque jours...dramatique bilan de 7 jours à plus de 33/35°.
En attendant, achetez les 2019 qui sortent , géniaux quelque soit le cépage ou la sous-région Champenoise
. Et comme dans toutes les vraies grandes années, même les récoltants "bons marchés" sont à étudier ! Ha, ça fait du bien de terminer sur une note positive.