Quelques citations glanées ces derniers jours dans deux discussions de la rubrique de la terre au verre. Je n’ai pas repris les noms des auteurs. Qu’ils m’en excusent mais le propos de ce sujet n’est pas directement en relation avec leur contenu et elles n’expriment pas forcément mon opinion.
Parce que rien ne vaut l’AOC pour garantir le terroir d’origine d’un vin,…
Autant d'affirmations mensongères ; AOC meilleurs « garantie » du « terroir », alors que 98 % des vins passent au label (sic)
Tout le monde sait que l'AOC est garante du terroir d'origine et pas de la qualité (sauf quelques naïfs), ou est l'affirmation mensongère
Dans le sud, plus récentes, les règles AOC sont un peu plus laxistes et je trouve franchement que certains AOC sont indignes...
Pour faire un résumé, la notion d'AOC a imposé de très sévères restrictions pour avoir le droit d'indiquer une origine sur le vin qu'on produisait : respecter les cépages imposés, un degré alcoolique minimal, ainsi qu'un certain nombre de pratiques règlementées et soumises à conditions comme la chaptalisation, les récoltes, les années déclassées...
Je pense avoir déjà largement dit ce que je pensais de la notion d'AOC sur le forum, à savoir qu'elle ne garanti strictement rien, à part peut-être la provenance des raisins, et encore...
Il me semble que ces réactions sont symptomatiques de la relation attraction/répulsion que provoque le cadre de l’AOC. Comme si l’on avait mis beaucoup d’attentes dans ce système et quelles étaient déçues. Ou bien que l’AOC ait été présenté comme une solution à une promesse qu’elle ne peut tenir. Comme la garantie d’une qualité sans faille.
Dans le grand nombre de réactions passion/frustration qu’à entraîné la discussion sur la certification bio, je retrouve la même origine (ça ne s’invente pas) avec l’AOC.
Un cadre de travail, non obligatoire, ayant une flexibilité réduite et définissant de manière très précise l’aire de production, les cépages autorisés, fixant des limites de rendements, parfois des modes de tailles. Point final. C’est peu et c’est beaucoup. En attendre davantage emmène à la frustration. En réduire la portée aussi mais de l’autre coté.
Sans vouloir faire ni l’apologie ni la négation de ce cadre de travail, je voudrais que l’on essaye d’en faire l’analyse objective et dépassionnée, en s’en tenant aux limites de sa définition. Et que l’on essaye d’apporter les exemples des conséquences, positives ou négatives, souvent considérables qu’a entraîné ce système à l’échelon du pays/d’une région.
Par exemple sur la définition de l’aire de production. On ne le dit pas souvent mais je suis toujours épaté de constater que l’aire est définie cadastralement à la parcelle près. Sur les dépliants touristiques on voit souvent une surface continue. La réalité est autre, plus proche d’une peau de panthère. Deux parcelles mitoyennes peuvent ne pas avoir le même statut.
Autre exemple dans le sud il y a 20/30 ans. La qualité était marginale. La notoriété négative. La production pléthorique. On cassait le Carignan, on plantait la Syrah, on abhorrait l’AOC, certains vignerons se lançaient –comme au nouveau monde et avec un certain succès- dans la plantation de cépages exogènes. Passée cette période de recherche de boucs émissaires, quelques vignerons ont commencé, dans le cadre de l’AOC, à prouver qu’il était possible à partir des cépages autorisés de produire des grands vins (même si on leur a parfois refusé l’agrément pour manque de typicité). La suite leur a donné raison puisque la grande majorité des nouveaux domaines performants travaillent dans ce cadre. On ne peut pas dire quelle aurait été l’évolution en l’absence de cadre de travail. Mais ce qui est certain c’est que l’on aurait continué à dénoncer les faux boucs émissaires sans savoir que l’analyse était erronée.
Au fil des jours, je me sens bien de travailler dans ce cadre. Paradoxalement je me sens plus libre. Comme la toile du peintre, il me donne les limites pour ne pas me disperser. J’ai l’impression que se perfectionner est plus facile dans un cadre et qu’en dehors de lui nous ne pourrions pas aller aussi loin.