Bébert, pendant longtemps, on n'a pas douté du fait que la Terre soit plate et immobile, car c'était la solution la plus simple!
Et pourtant...
Je ne pense pas que l'attitude dubitative face à un problème, plus complexe qu'il ne peut y paraître, soit si criticable que cela.
Je vais revenir plus en détails sur certains points abordés précédemment (je vous prie de m'excuser par avance pour le manque de cohésion de mes propos, mais ayant quelques pages de retard, je vais procéder de façon chronologique).
Tu dis que l' "on s'en fiche complètement des récepteurs chimiques de minéralité", c'est une position que je peux comprendre, et c'est bien pour cela que je n'ai pas abordé de telles considérations biochimiques dans mes premiers posts (je suis surtout un amateur de vin, avant même d'être un scientifique). Mais à partir du moment où Chambermusimanée utilise des arguments pseudo-scientifiques, il m'a semblé bon de corriger ses allégations erronées (d'ailleurs, s'il veut faire remonter l'information à madame Goisot, c'est avec plaisir que je fournirai les références des publications évoquées...).
Je conçois tout à fait que l'on se place sur l'approche unique de l'hédonisme (je le fais souvent), mais dans ce cas, il faut être cohérent et ne pas tenter de donner des explications vaseuses lorsque ses arguments commencent à manquer.
Pour ce qui est du fruité, que tu abordes page 5, effectivement, l'aspect subjectif, et la variabilité inter-individus, existent de la même façon. Toutefois, tu te trompes, dans le sens où l'on connait avec précision les molécules responsables de l'arôme de pomme blette, de pamplemousse, de noix de coco, etc... Une fois de plus, merci de ne pas asséner des "verités" sans en vérifier la source, l'intérêt et la lisibilité du débat sont à ce prix!
Dans le même catégorie, Chambermusimanée, tu affirmes l'existence des fameux récépteurs évoqués supra. Sur quelle base? Car si tel est le cas, je connais bon nombre de chercheurs qui seraient passionnés par tes résultats!
"Franchement je n'en ai rien à foutre de savoir quels recepteurs sensoriels fonctionnent quand j'ai le nez dans une Grenouille"
Et bien, pourquoi diable avoir recours à ceux-ci pour tenter de légitimer tes propos et rationnaliser tes ressentis? Les notes de pierre, de craie, de calcaire, etc... cela me va très bien! Mais la minéralité...
Bébert, "les mots ont existé avant leurs définitions, médite un peu la-dessus, car le langage est un mode de communication, et non pas un protocole à base de dictionnaires. "
Là, on rentre dans un débat philosophique intéressant, mais je vous l'épargne, dans un souci de concision (et d'intérêt? ;-)). Néanmoins, pour simplifier à l'extrême, à mon sens le postulat originel de tout mode de communication, ce n'est pas SE comprendre, mais SE FAIRE comprendre! Par conséquent, si tu utilises un langage qui n'est pas compris par les autres dans le sens où tu le souhaiterais, il est inutile! (par exemple, "ta" minéralité semble essentiellement olfactive, alors que "celle" de Rémy Loisel semble davantage gustative. Vous ne mettez pas les mêmes sensations sous le même mot, difficile ainsi de se comprendre!).
Je suis par ailleurs entièrement d'accord avec Luc, le fait que tu perçoives des notes de silex n'institue pas le concept de minéralité! Cela c'est de l'intellectualisation frauduleuse (ou de la généralistaion réductrice, au choix ;-)). L'existence d'arômes de roche ou de terre semble admise par la plupart d'entre nous. Le fait que certains puissent ne pas les sentir, c'est tout à fait normal, puisqu'inhérent à la dualité inné/acquis, qui définit et étalonne notre appareil sensoriel. Je persiste toutefois à penser que pour avoir des chances d'être lu et compris par les autres, il est préférable d'utiliser ces descripteurs. Ce n'est pas de la suffisance à velleité lyrique, mais simplement de la précision!
Rahan, lorsque tu dis "ce qui me sidère c'est qu'on affirme ne pas pouvoir retrouver de minéraux dans les raisins", j'espère que tu ne fais pas référence à mon premier post, et si tel est le cas, je m'en excuse car cela signifierait que je n'ai pas été assez clair. Je ne doute en effet pas une seconde de la possibilité d'absorption d'éléments minéraux par le complexe racinaire, puis de leur concentration ultérieure dans le raisin! C'est bien évidemment une évidence que seule la génération spontanée pourrait venir contredire! mais à ma connaisance, les ions minéraux n'ont pas de propriétés aromatiques, dans les concentrations dans lesquelles ils se trouvent dans le vin.
Lorsque je parlais de l'idéal romantique de l'amateur de vins, Bébert, tes propos en sont la parfaite illustration! Le vin issu de sols argileux, crayeux, calciques qui sent respectivement l'argile la craie ou le calcaire, et bien plus encore, l'inluence de la faune et de la flore environnante, ainsi que de la météorologie sur l'odeur des pierres, et donc sur l'odeur des vins, c'est très joli, poétique, voire intellectuellement satisfaisant, mais guère convaincant!
Ceci dit, je pense que l'idée de boire plusieurs bouteilles ensemble est en fait la meilleure solution, car cela permettra à chacun de nous exposer SA vision de la minéralité et leurs CR ultérieurs auront peut-être davantage de chances d'être compris!
Axel