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Assemblage vs parcellaire et risque de perte de savoir-faire - Vos réflexions

  • Cyril_HK
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Bonjour,

Suite à un message que j'ai posté en réaction à un article sur le "classic barolo", j'ai décidé de créer un sujet. Voici l'article:

oliv écrit: Piémont
Pourquoi il faut sauver le Barolo classique d’assemblage.

www.wine-searcher.co...


Et ma réflexion en-dessous:

J'ai l'impression d'une prolifération de parcellaires, et je ne sais pas exactement ce que j'en pense (d'où la création de ce sujet, pour rassembler les réflexions de gens plus informés que moi).

D'un côté, j'ai moi-même pu goûter quelques parcellaires très intéressants et avec une personnalité propre, tels que les Vignes de L'Hospice (St-Joseph, Guigal). Donc oui il y a un intérêt aux parcellaires en général, ou du mois à certains parcellaires.

Mais d'un autre côté, et pour rester dans le Rhône, il me semble qu'en Côte-Rôtie, par exemple, la tradition est plutôt du côté de l'assemblage. Sauf que (j'ai l'impression que) tout le monde se met à faire des parcellaires. Est-ce qu'on ne risque pas de perdre, tout comme le "Classic Barolo" dans l'article, la Côte-Rôtie classique? Cela peut évidemment s'appliquer à n'importe quelle région: de très nombreux parcellaires ne sont-ils pas essentiellement un positionnement marketing et, in fine, un simple moyen de vendre plus cher? D'un point de vue marketing, on pourrait interpréter un parcellaire comme la tentative de se créer son propre marché de niche, puisque le "marché" en question n'est plus le Côte-Rôtie ou le Barolo mais la parcelle considérée (en théorie et si l'opération réussit - on peut évidemment aussi penser aux multiples climats de Bourgogne). Or, si les consommateurs acceptent que la parcelle, ou du moins les autres parcellaires, sont le marché, la concurrence est bien moindre puisque le vin ne se confronte qu'à une partie de l'appellation. Les prix peuvent donc être augmentés de façon significative.

Au-delà de la question marketing, cela ne va-t-il pas de pair avec un risque de baisse de qualité des vins d'assemblages, parce que les raisins des meilleures (?) parcelles sont systématiquement "enlevées" de l'assemblage, faisant baisser la qualité globale du vin "de base" (probablement pas son prix cependant)? Et il y a également le risque déjà mentionné de perte d'un savoir faire et d'une tradition de l'assemblage - question que je glisse là mais qui est en fait essentielle aussi (c'est après tout le rôle des AOP de sauvegarder les savoirs-faire, la tradition, et la qualité, mais elles ne prescrivent pas à ma connaissance le processus assemblage/parcellaire).

Je vais assez loin dans les hypothèses critiques des parcellaires ici - c'est certainement plus complexe que cela. Je suis conscient que certains producteurs sont clairs sur le faits qu'ils voient leur(s) parcellaire(s) simplement comme une expression différente de l'appellation, et pas nécessairement un vin "meilleur". Mais d'un autre côté, le prix des parcellaires est, en règle générale (je crois), plus élevé voire énormément plus élevé que le prix de la cuvée d'assemblage.

De nombreuses questions donc, je suis certains que nombre d'entre vous ont déjà réfléchi à ce sujet et pourront contribuer de façon très intéressante. A vous, donc.

Cyril, jeune amateur récent, en quête de lumière (tamisée, pour l'atmosphère). D'où je pars: www.lapassionduvin.c...
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03 Sep 2020 12:02 #1

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Pour l'instant, Bordeaux a peu cédé à cette nouvelle mode, alors qu'il y aurait des parcelles monocépage qui pourraient donner des vins spectaculaires. J'ai eu l'occasion d'en boire quelques uns avant que l'assemblage soit réalisé. Aussi bons soient-ils, l'assemblage est toujours supérieur aux vins qui le composent.

Eric
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03 Sep 2020 12:32 #2

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je suis en phase avec certaines de tes réflexions.
Le parcellaire a probablement bon dos à certains endroits pour créer une cuvée plus chère (Côte Rotie en est un bon exemple, comme tu le mentionnais).
Le retrait de certaines parcelles dégrade probablement la qualité la cuvée générique; j'en veux pour exemple un contre exemple (c'est clair, non? ;) ): Alain Brumont n'a pas fait de Montus Prestige pendant quelques années (de 2003 à 2009 il me semble), et les raisins des meilleures parcelle, dédiées au Montus prestige habituellement, sont allées dans le simple Montus. La qualité des simples Montus de cette période s'en est trouvée améliorée, générant au passage le grand 2005.
Pour finir, ce n'est pas tout noir ou tout blanc, j'ai plein d'exemples ou il existe du parcellaire car au départ le terroir est vraiment différent, (sol, exposition, etc..); les vins qui en résultent ne sont pas forcément plus qualitatif que la cuvée générique, mais expriment autre chose (une touche minérale sur tel chenin, une touche mentholée sur tel cabernet sauvignon, plus de fraicheur sur cette syrah du languedoc exposée nord, etc..).

Bibi
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03 Sep 2020 12:59 #3

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  • Cyril_HK
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Eric B écrit: Pour l'instant, Bordeaux a peu cédé à cette nouvelle mode, alors qu'il y aurait des parcelles monocépage qui pourraient donner des vins spectaculaires. J'ai eu l'occasion d'en boire quelques uns avant que l'assemblage soit réalisé. Aussi bons soient-ils, l'assemblage est toujours supérieur aux vins qui le composent.


En effet, Bordeaux semble être un des seuls cas un peu à part (dans les régions les plus connues, du moins). Y'a-t-il des raisons solides (terroir) qui font que les parcellaires ne prennent pas à Bordeaux? Ou est-ce une question encore une fois "marketing", au sens où historiquement Bordeaux s'est reposé sur des marques fortes (châteaux) sans mettre en avant le terroir (au sens de parcelles, bien sûr chaque château vante un peu son sol mais la communication s'axe encore aujourd'hui sur le château avant tout).

De plus, dans l'article il est mentionné que les Barolo parcellaires sont beaucoup plus chers que les assemblages - y'a-t-il une bonne raison à cela? Outre la raréfaction de l'offre due à une production de faible volume? Que ce soit clair je ne cherche pas à relancer le débat sur l'inflation et l'opportunité de fixer les prix du vin uniquement via l'offre et la demande ;) .

Le parcellaire a probablement bon dos à certains endroits pour créer une cuvée plus chère (Côte Rotie en est un bon exemple, comme tu le mentionnais).

Oui exactement ! En particulier sur une petite appellation (en surface) comme Côte-Rôtie, a-t-on réellement tant de terroirs différents (sans couper les cheveux en quatre...)? Sur une grande appellation je peux comprendre sans trop de souci que les terroirs sont plus inégaux, mais sur une centaine d'hectares je doute de l'intérêt d'avoir plus de quelques cuvées parcellaires (et encore une fois sans dégrader les vins non-parcellaires de l'appellation).

Pour finir, ce n'est pas tout noir ou tout blanc, j'ai plein d'exemples ou il existe du parcellaire car au départ le terroir est vraiment différent, (sol, exposition, etc..); les vins qui en résultent ne sont pas forcément plus qualitatif que la cuvée générique, mais expriment autre chose (une touche minérale sur tel chenin, une touche mentholée sur tel cabernet sauvignon, plus de fraicheur sur cette syrah du languedoc exposée nord, etc..).


Bien sûr. Je ne mène pas une charge vengeresse contre les parcellaires et je ne doute pas de leur bien-fondé dans de nombreux cas. J'ai juste peur que cela contribue à rendre certaines appellations encore plus inaccessibles au commun des mortels parce qu'elles sont chères (jusque là ok, je n'ai pas de problème avec l'existence de bouteilles hors de prix) tout en dégradant potentiellement les vins "génériques" de l'appellation, au prix plus accessible (et là je suis plus embêté). Et on en revient à ce même point: c'est intéressant d'exprimer un aspect particulier d'un cépage ou d'une région - mais est-ce que cela justifie en soit le fait que les parcellaires soient souvent les cuvées prestiges, et la hausse de prix très conséquente qui va avec?

Cyril, jeune amateur récent, en quête de lumière (tamisée, pour l'atmosphère). D'où je pars: www.lapassionduvin.c...
03 Sep 2020 15:14 #4

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Je dirais que cela dépend beaucoup de la philosophie du vigneron. Ils sont une partie à juste vouloir augmenter les profits en créant des parcellaires qui atteignent des prix exorbitants. Vous avez déjà évoqué plusieurs régions où cela se fait.

Après, il y a aussi des vignerons qui tentent des choses ou qui veulent se montrer didactique pour le client. Par exemple la trilogie parcellaire chez Triguedina à Cahors. Ce n'est pas hors de prix, mais surtout le vigneron a largement documenté le pourquoi et les différences de ces cuvées. Là l'intérêt est réel. De même, prenons Sancerre, ils sont nombreux à isoler des parcelles, sans pour autant exagérer dans les prix et surtout, si vous passez par le musée des vins gérés par le syndicat local (si je ne me trompe pas), vous comprenez le pourquoi de ces choix.

Laurent
03 Sep 2020 16:45 #5

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Bordeaux a créé les 2eme. 3eme voir 4eme vins
Parcellaire déguisé dans le sens inverse.

I feel a supersonic give me gin and tonic...
03 Sep 2020 16:51 #6

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Pourquoi ce que s'est permis la Bourgogne d'autres AOC ne le feraient pas (pour rappel la Romanée est la plus petite AOC de France avec 0,85 ha) ? Les lieux-dits existent partout, les variations de terroir (entre l'exposition et le sous-sol y a de la ressource) aussi, à chaque producteur de faire ce qu'il a envie parcellaire, assemblage, cuvée du pépé ou de la mémé, du pied de vigne planté le jour de sa naissance, etc. Au consommateur de ne pas se laisser embarquer dans le grand n'importe quoi tarifaire !

Marc
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03 Sep 2020 17:56 #7

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Je pense que Gaja a donné tout son intérêt justement à des cuvées parcellaires. Quand je vois la différence entre la parcelle Sperss et la Sori Tildin, toutes 2 en appellation Langhe qui produisent un vin très différent, je suis content de les avoir dans 2 cuvées séparées.

Giacosa, avec le succès qu’on lui connaît a fait pareil.

La Bourgogne a été la première à pousser le concept à son paroxysme sans que personne n’y trouve rien à redire, et pourtant, quand je vois Les Chaumes en 1er cru sur Vosne-Romanée on pourrait se dire aussi que le climat peut très bien étoffer une cuvée village tant l’écart est minime.

Chambolle a bien les Fuées, les Feusselottes, Derrière la Grange etc...

Barolo me rappelle la Bourgogne justement, j’aime beaucoup.
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03 Sep 2020 20:39 #8

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Vouvray aussi
Huet a 3 parcellaire depuis longtemps
Clos du bourg
Haut lieu
Le mont
Si les autres veulent s y mettre pourquoi pas
Les prix seront a mon avis en hausse mais c'est la logique de tout business.
On préfère voir son CA augmenter que régresser

I feel a supersonic give me gin and tonic...
03 Sep 2020 21:47 #9

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Je peux juste vous assurer que quand on passe son temps dans ses vignes, on en comprend un peu ou beaucoup les nuances : faire un vin issu d'un lieu dont on pense qu'il possède une unité et une identité est quelque chose de tout à fait naturel.
Et dans ce cas là, le vigneron n'est pas dans une démarche mercantile mais amoureuse. Que se qu'il présentait advienne, à savoir que le vin issu de cette parcelle est meilleur est plus qu'une intuition qui réussit et si le tarif est plus élevé, ce n'est pas totalement une injustice.

Ce à quoi il faut s'intéresser, c'est la raison pour laquelle dans certain cas, il ne le fait pas : à Bordeaux, par exemple, la marque l'emporte sur le lieu.
La logique de la grande cuvée plutôt que la cuvée particulière l'emporte et il faut du volume. Si Poyféré déshabille son grand vin du meilleur terroir qui ne rentrerait plus dans sa composition, cela va à l'inverse de la logique initiale.

On peut aussi voir les chose différemment et jouer avec ses parcelles pour y cultiver des cépages différents en choisissant le meilleur endroit pour telle variété. Cela peut se faire dans un cadre administratif libre : mais si l'AOC exige de la syrah et rien d'autre, c'est râpé, même si tel lieu qui en est planté n'est pas le plus propice.

La question c'est avant tout la pérennité du domaine : lorsque le vigneron peut se faire plaisir, et que les choix ne sont pas des risque, c'est que tout va bien.

Jérôme Pérez
03 Sep 2020 21:58 #10

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Je vais essayer de mettre ma pierre à l'édifice en prenant l’exemple de ma région préférée : La Loire oo, oo, oo,
S'il est bien une région qui a sens a faire des parcellaires c'est celle-ci...
Un domaine de 15-20 Ha possède souvent de multiples parcelles et donc de multiples terroirs différents en fonction du sous-sol de ces mêmes parcelles. L'exemple de Chinon avec sa plaine d'alluvions, de sable ,de graviers fins puis les sols argilo-calcaire et enfin les plus belles pentes de calcaire et de tuffeau blanc. Cela n'a pas de sens de les assembler ensemble , tellement les qualités de chacun de ces terroirs sont différentes et uniques. Quel plaisir pour le dégustateur de faire la différence entre ces 3,4 ou 5 cuvées que le vigneron fier de son terroir fait déguster. et cela sans aucune idée mercantile, puisque évidemment qu'a chaque parcelle correspond un prix de revient de donc de vente différent., quel rapport entre une Croix Boissée de chez Baudry et sa cuvée les Granges ? Aucun si ce n'est le respect de son terroir et de son expression, avec des rendements, des élevages et des vinifications différentes, donc un prix en phase...ou en passant le plus cher n'est pas la moins bonne affaire !
à suivre...
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: Papé
03 Sep 2020 23:35 #11

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L'exemple de Chinon avec sa pleine d'alluvions, de sable ,de graviers fins puis les sols argilo-calcaire et enfin les plus belles pentes de calcaire et de tuffeau blanc. Cela n'a pas de sens de les assembler ensemble , tellement les qualités de chacun de ces terroirs sont différentes et uniques. Quel plaisir pour le dégustateur de faire la différence entre ces 3,4 ou 5 cuvées que le vigneron fier de son terroir fait déguster. et cela sans aucune idée mercantile, puisque évidemment qu'a chaque parcelle correspond un prix de revient de donc de vente différent., quel rapport entre une Croix Boissée de chez Baudry et sa cuvée les Granges ?

En même temps, mes nombreux expériences bordelaises me laissent penser qu'un assemblage de vins de issus sables, de graviers et de tuffeau (et pourquoi pas de l'argile s'il y en a) pourrait donner une cuvée comme il n 'en existe aucune en Loire actuellement. Tu aurais le toucher délicat des sables, la tension des graves, la profondeur et la fraîcheur du tuffeau, le velouté de l'argile...

Je l'avais déjà écrit ici, mais la meilleur analogie que j'ai pu trouver pour décrire mes sensations en buvant les vins issus des différents terroirs bordelais est musicale. Un vin issu de sables fait penser aux aigus d'un violon, avec un côté presque crissant. Pour les vins issus de graves, un violon "médium", pour des marnes argilo-calcaires, on est sur un alto, avec l'argile, on passe au violoncelle. Et quand vous les mettez touts ensemble, on n'est pas dans un brouhaha, mais on assiste à un superbe morceau de quatuor à cordes.

Eric
Mon blog
04 Sep 2020 07:02 #12

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oui, à ceci près que les assemblages ne fonctionnent pas comme des sommes mais comme des multiplications (ou des divisions).

ce n'est pas de l'ordre de la complémentarité, mais cela va au delà quand ça fonctionne : donc différents terroirs qui donnent de très bons vins peuvent tout à fait donner un assemblage qui donnera un grand vin, supérieur à n'importe lequel de ses constituants ou à l'inverse, un vin moins bon que chacun : et cela, c'est un peu l'inconnu ou relève de l'expérimentation.

cela va un peu en contrepoint de ce que je disais juste avant et la démarche est différente.

Dans une discussion avec Carlo de San Leonardo : je lui disais que je pensais qu'il était plus facile de faire un grand vin sur une production limitée ; il me soutenait l'inverse en arguant que l'on pouvait jouer sur les assemblages.
Sauf à avoir un terroir exceptionnel et unique, bien entendu.

Qui sait si Romanée Conti plus La Tâche ne donnerait pas un vin encore plus grand que chacun des deux. Assurément pas une daube, mais dans quelle mesure ? Selon quelle philosophie ? Qu'est-ce qui prime ? Je ne pense pas qu'il faille ramener tout cela à l'argent, il y a bien trop d'autres exemples où c'est plus criant.

Quand on parle d'assemblage, en général, on ne parle pas de parcelles, mais de cépages : ça revient à peu près au même. Surtout si chaque cépage est planté intelligemment sur un terroir qui lui est propice. Cette logique multiplie le champ des possibles à mon avis, mais déstabilise souvent celui qui cherche des marqueurs connus.

Jérôme Pérez
04 Sep 2020 07:07 #13

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  • Cyril_HK
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Merci à tous pour vos réponses et cette discussion qui est déjà très intéressante. Mettons de côté l'aspect mercantile un moment, en disant que dans l'immédiat nous ne parlerons que de vignerons qui ne verraient jamais dans une cuvée parcellaire seulement un moyen de vendre plus cher, si cela n'était pas justifié par une qualité particulière. Une fois cela fait, je crois que Jérôme et Eric ont à peu près résumé le coeur de la discussion:
  • - le vigneron peut se rendre compte mieux que quiconque des spécificités de certaines parties de son terroir et penser qu'elles ressortiront dans un vin très intéressant. C'est parfois justifié et la démarche peut faire découvrir de nouvelles choses aux amateurs
  • - d'un autre côté, et en prenant l'exemple bordelais, on peut penser qu'en enlevant les meilleurs parcelles des vins d'assemblage on dénaturerait complètement certains vins. Mais cela est une question de tradition - c'est contre l'esprit "château" bordelais, manifestement pas contre l'esprit "climat" bourguignon. Je n'ai pas l'expérience d'Eric mais je ne doute pas que dans le cas des meilleurs châteaux, l'assemblage donne un vin au-delà de n'importe lequel de ses composantes.

Je crois que mon point ici, est plutôt de dire que j'ai l'impression qu'on a une très grande tendance aux parcellaires en ce moment, avec des expérimentions en tout sens, et qu'à l'inverse on voit moins en ce moment de tentatives d'amélioration des vins d'assemblages. Ou, disons, on parle beaucoup moins de celles-ci alors que cela fait aussi partie du patrimoine vinicole. Et si je me fie à l'article qui a suscité ces réflexions, il y a un risque, dans des régions comme Barolo dont la tradition est plutôt "bordelaise "(de ce point de vue), de tendre vers un "modèle bourguignon" en oubliant les racines du Barolo. Et comme le disait Jérôme, si on pourrait expérimenter du parcellaire à Bordeaux, pourquoi pas aussi expérimenter de l'assemblage en Bourgogne? Si les bordelais peuvent obtenir de meilleurs vins à partir de parcelles complémentaires, pourquoi les bourguignons, qui disposent de parcelles si spécifiques, ne le pourraient pas?
En fait, je crois que mon argument est plutôt de dire que l'expérimentation est saine, mais qu'elle pourrait être intéressante dans les deux sens (et qu'on devrait médiatiser les expériences dans les deux sens aussi) - et aussi tout simplement qu'il faut garder un équilibre car l'expérimentation n'a pas vocation à transformer toute la culture viticole d'une région.

PS: je vais revenir à l'aspect prix plus tard, pour satisfaire ma curiosité: qu'est-ce qui justifie des prix plus élevés sur un parcellaire? Est-ce que les prix de revient sont plus élevés, à la vigne, au chai, etc? Mais nous y reviendrons ;)

Cyril, jeune amateur récent, en quête de lumière (tamisée, pour l'atmosphère). D'où je pars: www.lapassionduvin.c...
04 Sep 2020 09:39 #14

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L'assemblage de plusieurs climats est courant en Bourgogne dans les millésimes où il y a eu une production insuffisante.

Michel
04 Sep 2020 09:47 #15

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Il y a possibilité d'assemblage en Bourgogne. Un certain nombre de villages par exemple, dans lesquels ne sont pas individualisés les climats. Concernant les 1ers Crus, par exemple, le domaine Jean Jacques Confuron assemble les 1ers Crus Feusselottes et Châtelots, car ils auraient des difficultés à les vinifier individuellement du fait de la faiblesse du volume. Ce vin est "simplement" un Chambolle Musigny 1er Cru, sans nom de climat derrière. Enfin, il arrive que des jeunes vignes de climats huppés viennent renforcer la cuvée de base, produisant donc un assemblage.
A charge, il est vrai que dans ces exemples, on reste sur du monocépage.

Edit: grillé par Michel

Flo (Florian) LPV Forez
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04 Sep 2020 09:51 #16

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Parcellaire.


Assemblage.
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04 Sep 2020 10:05 #17
Pièces jointes :

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Que sont les racines du Barolo ? Avant ou après la révolution Cavour ? Comme l'a dit Benoît certains vignerons du secteur font du parcellaire depuis les années 60 (depuis Santo Stefano 64 pour Giacosa) donc ce n'est pas non plus une nouveauté de ces toutes dernières années... Pour la bourgogne, le Clos Vougeot était historiquement un "assemblage" avec presque une vingtaine de climats à l'intérieur du clos, aujourd'hui certaisn tendent vers le parcellaire sur ce climat quand ils le peuvent (Meo Camuzet par exemple)

Aucune vérité, que de la construction humaine, donc toutes les approches se valent !

Marc
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04 Sep 2020 10:43 #18

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Sujet très intéressant !
Je souscris à beaucoup de points de vue exprimés plus haut. La tendance à multiplier les cuvées parcellaires pour augmenter les prix ( pas nécessairement la qualité ) en organisant la rareté, est assez remarquable dans certains vignobles, effectivement dans les Côtes Rôties mais pas seulement. En Bourgogne...
De même la crainte de dégrader les cuvées d'assemblage ( de parcelles ) n'est pas infondée. Cependant, il existe, comme dit Bibi à propos de Montus, des cuvées exceptionnelles sur certaines années (je pense à la cuvée Centenaire de Brunel ) dont la parcelle qui est détachée ces années là, se retrouve dans la cuvée ordinaire les autres années. C'est alors un choix de vigneron, pas une stratégie marketing.
D'autre part, c'est tout à fait justifié, parfois, tant le terroir a quelque chose à dire. Il est tout à fait admissible et même évident à la dégustation, qu'à Morgon, la côte du Py, Grand Cras et Corcelette soient vinifiés séparément plutôt qu'ensemble dans une cuvée générique. Je pourrais prendre 50 autres exemples.
Par ailleurs, une dégustation chez Guillaume Gilles m'a marqué: une seule parcelle, mais en remontant la pente, trois sous-sols différents. Au départ, il vinifiait les trois parties de la parcelle séparément puis les assemblait pour faire son Cornas. Il continue à le faire pour partie, essentiellement dans un but pédagogique si j'ai bien compris, mais mélange les trois pour l'essentiel de la récolte. Chacune des parcelles donnerait un excellent vin, et trois expressions différentes de Cornas. L'assemblage des trois est très supérieur, à son avis comme du mien.
Pour le reste, et le fond du sujet, si l'objectif est juste financier, mon avis est qu' il faut s'en détourner, surtout si la cuvée principale s'en trouve dégradée. Ce ne sont pas les bons vignerons qui manquent !

LEON213
04 Sep 2020 15:07 #19

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La question sur les différences entre les régions tient aussi à la nature des terroirs, leur homogénéité ou au contraire leur aspect mosaïque.
Eric pourra sans doute commenter, confirmer ou infirmer mais les croupes de grave du Médoc présentent moins de nuances que les climats Bourguignons. Ce qui ne veut pas dire que le terroir n'est pas qualitatif et qu'il n'y pas de nuances.

Mais si on part du principe que la base de notre culture européenne du vin repose sur le fait que c'est le lieu qui a un goût et que ce goût est dénommé (appellation, cru), il est normal d'aller vers le parcellaire, légitime, en accord avec une philosophie.

On peut aussi ne pas partager cette philosophie d'ailleurs.

Après vient la notion de volume et de rentabilité, voire de représentativité.

Jérôme Pérez
04 Sep 2020 15:14 #20

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attention toutefois à bien définir cette notion d'assemblage : cépages et terroirs.
En fonction de ma façon de voir les choses, j'aurai(s) plus tendance à assembler les cépages d'un même terroir que deux parcelles du même cépage. Mais c'est un choix, voire un engagement. Du reste réfléchirai(s)-je au meilleur encépagement sur les dites parcelles.

Jérôme Pérez
04 Sep 2020 15:18 #21

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mgtusi écrit: L'assemblage de plusieurs climats est courant en Bourgogne dans les millésimes où il y a eu une production insuffisante.


Et même de 1er cru, c'est (notamment) le cas du Beaune-Bastion de chez Chanson.
04 Sep 2020 15:22 #22

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L'assemblage de plusieurs climats est courant en Bourgogne dans les millésimes où il y a eu une production insuffisante.

On peut même assembler les terroirs de plusieurs appellations dans le Côte de Beaune Villages.
04 Sep 2020 19:59 #23

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Eric pourra sans doute commenter, confirmer ou infirmer mais les croupes de grave du Médoc présentent moins de nuances que les climats Bourguignons.

J'infirme. Par exemple à Montrose, entre la partie la plus basse et la plus haute du vignoble, il y a 16 types de sols, et ce n'est pas juste une variante de proportion entre argile et calcaire (plus ou moins affleurant, caillouteux, etc) comme en Bourgogne.

Eric
Mon blog
04 Sep 2020 20:32 #24

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C'est un peu le débat entre le vin et lieu : faut-il que le vin soit "grand", le meilleur possible, en confondant des lieux, ou faut-il que le vin ne soit que le vecteur d'expression du lieu, quitte à manquer certaines années de la complexité ou de l'équilibre que lui aurait apporté l'assemblage ? C'est la vielle dispute entre les grands vins de Bordeaux et des grands climats de Bourgogne. Pour la première vision du vin, le vin est d'abord un objet de plaisir, bu pour lui-même qui doit être aussi bon que possible et mettre en valeur le château qui l'a fait. Pour la seconde, le vin est d'abord la belle représentation d'un lieu qui doit-être aussi fidèle que possible pour mettre en valeur le terroir qui l'a vu naître.
Cette seconde vision a plus d'un attrait surtout à l'ère de la globalisation et de l'accélération des rythmes de vies. Elle ouvre à la contemplation d'un paysage, nous y enracine et nous fait même pénétrer les profondeurs d'une terre qui échappent habituellement à tous nos sens, et qui pourtant nous engloutissent et résistent au temps. Sans vouloir relancer de vieux débats, on frise l'expérience esthétique voire mystique.
Pour ma part, je trouve que les cuvées parcellaires sont passionnantes dégustées au domaine, où les lieux croisés révèlent leur différence par comparaison les unes avec les autres, toutes choses étant égales par ailleurs (cépages, maturités, vinifications). Hors de ce contexte, si l'on n'est pas un habitué de ces parcellaires, la singularité n'est pas aussi précisément perceptible et, face à des vins bien faits, l'enthousiasme retombe un peu.
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05 Sep 2020 00:35 #25

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Pour ceux qui n'auraient qu'une vision mercantile des cuvées, le parcellaire est ringard, place aux hommages

Sylvain
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05 Sep 2020 09:33 #26

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Je l'avais vu également...On a également Hommage à Jacques Perrin, à Châteauneuf...
On a également le parcellaire du Grand Cru: Echézeaux du Dessus du domaine des Perdrix...

On peut donc écrire la formule suivante:

Cuvée générique < Vieilles Vignes < Parcellaire < Parcellaire Grand Cru < Monopole < Hommage = (beaucoup) Trop Cher...

Flo (Florian) LPV Forez
05 Sep 2020 11:03 #27

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Merci à tous pour vos réponses. Merci notamment d'avoir combattu mon ignorance en précisant qu'effectivement, l'assemblage en fait assez courant en Bourgogne. Je ne peux que souscrire à une approche de vigneron qui n'hésiterait pas à assembler ses meilleures parcelles quand le millésime est faible, afin de renforcer son vin générique, et à faire du parcellaire dans les meilleurs millésimes quand le vin générique est très bon et le parcellaire exceptionnel!

joualle écrit:


C'est un peu le débat entre le vin et lieu : faut-il que le vin soit "grand", le meilleur possible, en confondant des lieux, ou faut-il que le vin ne soit que le vecteur d'expression du lieu, quitte à manquer certaines années de la complexité ou de l'équilibre que lui aurait apporté l'assemblage ? C'est la vielle dispute entre les grands vins de Bordeaux et des grands climats de Bourgogne. Pour la première vision du vin, le vin est d'abord un objet de plaisir, bu pour lui-même qui doit être aussi bon que possible et mettre en valeur le château qui l'a fait. Pour la seconde, le vin est d'abord la belle représentation d'un lieu qui doit-être aussi fidèle que possible pour mettre en valeur le terroir qui l'a vu naître.
Cette seconde vision a plus d'un attrait surtout à l'ère de la globalisation et de l'accélération des rythmes de vies. Elle ouvre à la contemplation d'un paysage, nous y enracine et nous fait même pénétrer les profondeurs d'une terre qui échappent habituellement à tous nos sens, et qui pourtant nous engloutissent et résistent au temps. Sans vouloir relancer de vieux débats, on frise l'expérience esthétique voire mystique.
Pour ma part, je trouve que les cuvées parcellaires sont passionnantes dégustées au domaine, où les lieux croisés révèlent leur différence par comparaison les unes avec les autres, toutes choses étant égales par ailleurs (cépages, maturités, vinifications). Hors de ce contexte, si l'on n'est pas un habitué de ces parcellaires, la singularité n'est pas aussi précisément perceptible et, face à des vins bien faits, l'enthousiasme retombe un peu.


Très bon commentaire également. C'est vrai que j'avais été très mal à l'aise face à une interview d'un oenologue/winemaker (allemand je crois), qui professait que son objectif, pour ses vins, était de gommer tant le cépage que le terroir, mais et au lieu de cela de produire "simplement" le meilleur des vins possibles. Pour lui, il semblait que le signe de la qualité était la reconnaissance possible de patte du winemaker et le plaisir procuré par le produit, plutôt que la reconnaissance des ingrédients du vin (cépage et terroir). Comme je l'ai dit j'avais eu une réaction instinctive outrée de bon français...mais après tout pourquoi pas? Cela pourrait sans doute être vu comme l'aboutissement de la vision "assemblage". Encore qu'on pourrait aussi répondre que nos amis bordelais, certes assemblent cépages et parcelles, mais au service de la marque de fabrique du château, qui doit être reconnaissable face même au château voisin.

De mon côté, je ne suis pas sûr de bien voir l'intérêt, en soi, de la "representation d'un lieu". Je vois l'intérêt pédagogique éventuellement, mais moins l'intérêt de l'amateur de vin. Si le lieu donne des caractéristiques exceptionnelles au vin et permet des découvertes gustatives, très bien, mais sinon je ne suis moins convaincu. Si le parcellaire conduit à "manquer d'équilibre et de complexité" une année, pour moi c'est un vrai souci!

Cyril, jeune amateur récent, en quête de lumière (tamisée, pour l'atmosphère). D'où je pars: www.lapassionduvin.c...
07 Sep 2020 13:33 #28

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Sujet intéressant, dans lequel je vais rester dans ce que je connais à peu près : la vallée du Rhône.

Déjà il me semble que 1989 est le premier millésime pour Hommage à Jacques Perrin. Par rapport aux évolutions actuelles il y a donc prescription, ou alors ils ont initié un mouvement mais qui a été long à se mettre en place. Et c'est sur la même période que les parcellaires arrivent et se multiplient.

Il est classique voire inévitable qu'un vigneron ait des parcelles à plusieurs endroits, il peut difficilement n'en travailler qu'une. Et la plupart vinifient parcelle par parcelle, permettant ainsi de faire goûter des vins aux caractéristiques différentes même avec un seul cépage et la même appellation. Bernard Burgaud en Côte rôtie n'a pourtant jamais réussi à isoler une seule parcelle, il trouve toujours que l'assemblage de l'ensemble est supérieur et j'ai vérifié avec son fils cet hiver. Si chaque fût avait son charme et son intérêt, aucun ne me semblait suffisamment intéressant pour être isolé et surtout l'assemblage final était bien supérieur. Il est un des derniers à ne faire qu'un vin, en Côte rôtie voire en Rhône nord (du moins à sa taille).

Les parcellaires les plus connus sont chez Guigal, Mouline, Landonne et Turque sont des parcellaires réalisés chaque année et "représentatifs" du millésime : c'est un choix. Vignes de l'Hospice est également un parcellaire. Chez Voge, Vieilles Fontaines n'existe que si l'écart qualitatif avec Vieilles vignes semble suffisant : 2005, 2006, 2009, 2010, 2012, 2015, 2016... On a plutôt de beaux millésimes, pour les autres c'est à la fois le manque de différence et l'intérêt du repli sur la cuvée inférieure qui dictait ce choix. Les deux approches sont respectables à mon sens.

En Hermitage, Chapoutier a multiplié les parcellaires, Ermite, Méal, Greffieux, Pavillon... Cette dernière cuvée est annoncé comme un parcellaire d'une superficie de 4 hectares, sans dire de quel secteur elle provient et c'est surprenant. Forcément une telle multiplication appauvrit l'Hermitage classique, auquel je trouve rarement un intérêt. Jean-Louis Chave est à l'opposé, il ne produit qu'un vin et il déclasse certains fûts s'il l'estime nécessaire. C'est d'ailleurs en ce sens qu'il faut comprendre son étiquette "L'Hermitage", tout est dans l'article et dans l'assemblage. Et quand il fait une cuvée Cathelin ce n'est surtout pas un parcellaire, c'est simplement un exercice qui n'est possible que si L'Hermitage classique n'est pas déséquilibré. Cathelin 2010 existe, sans être commercialisé.

Le Clos des Grives est un parcellaire, une seule parcelle de 5 hectares, La Guiraude non car c'est une sélection de fûts. Pierre et Olivier Clape font un seul Cornas, accompagné de Renaissance qui est un second vin. La cuvée parcellaire se doit d'avoir un plus, en puissance, en potentiel de garde ou en plaisir, mais pour autant que le reste de la production soit au niveau de l'appellation.

Certains changements sont parfois compliqués. Lorsque l'encépagement a été revu dans l'appellation Rasteau, Jérôme Bressy ne pouvait plus revendiquer l'appellation et c'est ainsi que Gourt de Mautens continue à produire le même vin en IGP Méditerranée. C'était pour parler des cépages, problème inconnu en rhône nord !

Il y a certainement un intérêt financier aux cuvées parcellaires, mais c'est aussi une question de notoriété qui profite à l'ensemble de la production du domaine. Cela fonctionnait très bien à "l'ère Parker" !
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08 Sep 2020 14:58 #29

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21 Sep 2020 23:20 #30

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