Les amis, c'est la vie !
Les vieux copains
Qui te prenaient le temps
Pour se faire un printemps
Et t´en donner un bout
Les amis, les vrais, ceux chantés par Ferré, ces Vieux Copains grâce à qui le cœur est là même quand les yeux sont loin, sont ceux qui vous font scintiller l'imaginaire des instants à venir et vous réchauffent la mémoire des grands moments passés ensemble...
Mais ce qu'il y a de plus magique avec l'amitié, c'est sa capacité à se diffuser discrètement, sans flonflon ni fanfare, sans néon de promotion ni effets d'annonces à coups de grands mots pompeux.
L'amitié, elle se tisse sans se décréter, elle arrive sans se décider, tirant d'elle-même le trait d'un départ qui n'exige nul drapeau à damiers pour imposer une ligne d'arrivée.
Son lieu de résidence est la pureté discrète de certains mots tus comme la vérité des gestes les plus simples...
Je souhaite partager avec vous un simple moment de vin que j'ai reçu au courrier du matin, instant d'épicurisme paisible et de plaisir gourmand sans exhibitionnisme.
Si je ne les ai pas bus, ces vins, si ce sont pas mes doigts que j'ai sucés après avoir grignoté la peau croustillante et rôtie de ce pigeon craquant, c'est comme si j'étais là !
Je les entends ces rires, je les sens ces odeurs, je l'ai vécu ce bijou d'moment, un peu comme si j'y étais...
Et ça, c'est le miracle de la religion que je me suis choisie, celles des mangeurs de plats et des passeurs de mots, à l'amitié pratiquante !
On passe à table avec un Alami ?-D
Oliv
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Didascalie : Un Alami qui cause aux deux qu'il connait bien, dont un plus que par coeur :
Bon, vous allez m'engueuler sur l'âge des vins... mais il n'est pas certain que vous ayez raison...
Samedi midi, réception de trois couples d'amis qui venaient à la maison pour la première fois, qui ne souhaitaient pas manger trop de plats (deux entrées auraient été mieux pour le vin), et avec qui il était important de réussir une bonne fête gastronomique et vineuse.
Le cadre:
- Amuse-gueules variés et gougères chaudes,
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Champagne Roederer brut millésimé 2005.
- Coquilles St-Jacques au beurre blanc accompagnée de quelques pointes d'asperges vertes, très fines, achetées au marché du matin.
- Entre l'apéritif et le début des coquilles,
Meursault Rougeots 2005 de Jean François Coche.
- Sur les coquilles, avec un verre gardé pour affronter le rouge sur le fromage,
Corton Charlemagne 1999 de Jean François Coche.
- Pigeon fermier aux lentilles vertes du Puy (
vous allez me dire que nous ne renouvelons guère) accompagnés cette fois d'une poêlée de cèpes des Cévennes (origine Mont Lozère, cueillette familiale), plat abondant avec lentilles et cèpes presque à volonté.
Rien de pire que de compter quand on aime.
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Volnay 1er cru "Santenots du Milieu" du domaine des Comtes Lafon 1998.
- Avec un verre gardé pour affronter le CC sur le fromage,
Chambertin Clos-de-Bèze 2000 d'Eric Rousseau.
- Plateau de fromages : vache, chèvre et brebis, en majorité très affinés,
un poil en dessous bien sûr des plateaux monumentaux offerts par Nicolas H, les meilleurs que j'aie jamais mangés...
- Vins : Corton Charlemagne 1999 et Chambertin Clos-de-Bèze 2000.
- Dessert : Tarte aux fraises fraîches d'Alain Bouchard.
Coteaux du Layon "Moulin Touchais" 1959,
ma dernière bouteille, hélas...
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En scène :
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Champagne Roederer brut millésimé 2005
Amuse-gueules variés et gougères chaudes
Très beau, champagne très vineux issu d'une vendange très mûre, bulles assez fines, goûts de beurre et de pain grillé dignes d'un grand Meursault, meilleur que le 2002 que nous avons terminé cet hiver. 16/20.
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Meursault Rougeots 2005
Oui, je sais, vous allez gueuler que c'est trop tôt, mais pourquoi gueuleriez-vous dans la mesure où ce n'est pas vous qui l'avez bu?
(<
[size=x-small]Ndlr : Logique implacable, n'est-il pas ?![/size] > )
Je ne me suis pas laissé piéger cette fois, je l'ai ouvert deux heures avant et carafé une demi-heure avant. Une matière et une puissance qui dépassent effectivement les autres millésimes de Jean François Coche. Une bonne acidité donnant la fraîcheur suffisante pour supporter une matière considérable.
Allez, pour vous faire plaisir, il gagnera peut-être encore en complexité d'ici deux à trois ans, mais, avec la précaution du "carafage", un grand Meursault, déjà, vraiment! 17/20.
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Corton Charlemagne 1999
Ouah!!!!!!!!!. Du grand et du beau. Par rapport à mes dégustations précédentes il y deux ou trois ans, le vin s'est assagi, je l'aurais imaginé plus massif. Beaucoup de puissance et beaucoup de finesse, arômes d'un CC à l'apogée (pour moi) qui peut attendre certes, mais pas nécessairement. Aucun arôme de vieillissement précoce, plus minéral et moins gras que le Meursault, mais encore plus puissant et plus tendu, plus complexe aussi.
Un convive sur les huit a pourtant préféré le Meursault, pour ses arômes plus typiques de beurre frais et de pain grillé.
Note 18/20 (je n'ai mis que 18 pour laisser le 20/20 au monumental 1992 et 19/20 au presque aussi monumental 1996 qui affolent encore nos papilles et nos mémoires).
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Volnay Santenots du Milieu 1998
Très belle bouteille, fine et complexe, archétype du grand Volnay dans une année assez froide, très bourguignonne donc.
Dialogue courtois, subtil, intelligent, amoureux avec le pigeon et les lentilles vertes.
Pour un final plus charnel avec les cèpes, mieux vaudra encore le suivant... Note: 17/20.
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Chambertin Clos-de-Bèze 2000 (servi dans de grands verres à Bourgogne).
Ouverture deux heures avant pour goûter, et laissé ouvert, sans bouchon mais non carafé. Pas nécessaire. Encore tous les arômes de cerise à l'eau de vie du vin jeune, mais déjà les senteurs appuyées d'une belle maturité. Vin très fin, très délicat avec beaucoup de puissance pour un vin d'année tendre.
On se promène dans le sous-bois, sans les arômes séniles des vins trop vieux. Avec les cèpes et ce qui reste du pigeon, ce n'est plus de l'amour, c'est de l'orgasme. Note: 18/20.
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Coteaux du Layon Moulin Touchais 1959
Putain de bordel de merde!!!!! Toute la démesure est permise dans l'analyse et dans les mots. Je n'arrive toujours pas à comprendre le miracle réalisé au domaine Touchais en 1959. J'avais le souvenir d'une bouteille identique bue en février 2010, puis d'une un poil moins grande mais géante quand même au cours de l'été suivant. Là, on atteint des sommets.
Le bouchon s'est pourtant effrité à l'ouverture, et il était sans doute temps, mais aucun dommage sur le vin. Belle robe jaune d'or tirant sur l'orange, une sorte d'or rouge, sans un poil de marron, sans un poil d'oxydation.
Un régal pour les yeux, un nez qui se manifeste déjà à quinze centimètres du verre. En bouche, c'est un festival de fruit confits, abricots, mirabelles, mangue et orange, tout à la fois et plus encore. Et juste l'acidité qu'il faut pour que le vin, moins liquoreux qu'un sauternes ou qu'un jurançon, conserve une belle fraîcheur et une belle nervosité.
Un vin à déguster lentement mais sans mesure (donc sans prendre la route après), en dévorant des yeux (pour commencer) la belle fille qui le partage devant la cheminée, en détestant la loi Evin et toutes les limitations à la con qui gâchent notre existence (mais qui sauvent des vies et préservent nos santés, ce qui est malgré tout essentiel...)
C'est dans ces moments là que je me dis que j'ai beaucoup, beaucoup de chance...
Grâce aux mots, même absent, on est toujours un peu là...
Merci Robert !
Les amis, c'est la vie.
Oliv