Ce n'était pas une grande tablée, mais la qualité des convives était là : deux couples qui ne s'étaient jamais rencontrés jusqu'à aujourd'hui mais qui ont promis de se revoir. Corinne et Jean-Michel Comme d'un côté (Pontet-Canet/Champ des Treilles, au premier plan). Claudie et Bruno Bilancini de l'autre (Tirecul la Gravière, au second plan). C'est clair que ça a parlé beaucoup vins, que je sois présent ou en cuisine. Et voici donc le menu d'un repas qui s'est déroulé sur trois bonnes heures.
Melon en sorbet, gelée de jambon au basilic, speck
& Haut Montravel 2009, château Laroque
Cigale de mer laquée, mangue & coriandre
& Wehlener Sonnenuhr Riesling Auslese Kerpen 1990
Millefeuille de boeuf, cèpes et foie gras
& Château Montrose 1976
Magret de canard, purée de céleri & crème de cassis
& Fitou "Bel Amant" 2008, château Champ des Soeurs
(reconnu par Corinne Comme !)
Espuma de gouda au fénugrec, noix caramélisées
& Château-Chalon 1982, Jean Bourdy
Sorbets pêches blanches et framboises, espuma à la rose
& Muscat de lunel "Rosanna" 2004, Grès Saint-Paul
Commentaires
J'avais bien apprécié le
Haut-Montravel 15 jours plus tôt, et je le voyais bien accompagner le "melon au jambon" car léger en sucre et finement muscaté (majoritaire en muscadelle). La bouteille servie était en deçà de la bouteille précédente et mes dégustateurs redoutables. Je l'ai trouvé pas trop mal, mais Bruno l'a bien massacré (faut dire qu'il aime soit les secs, soit les bien liquoreux. Entre les deux...). En tout cas, l'accord se faisait bien, le vin ne nuisant pas au plat, et inversement.
Le plat suivant a été élaboré après dégustation du
Riesling, ouvert trois jours plus tôt ! Le vin était marqué par la thérébentine (que l'on retrouve dans la mangue) et par l'écorce d'agrume (qui m'a fait ajouter du yuzu). La coriandre sert ici de contrepoint qui met en valeur les arômes précédents. Cette herbe était surtout présente sous la forme d'un bouillon rajouté sur le plat après la photo. La cigale était laquée dans un mélange de sirop d'agave, shoyou et de zeste de kumbawa. L'accord était magnifique. Merci à Werner (wvd) pour m'avoir vendu cette magnifique bouteille !
Pour le
Montrose, le plat a été conçu pour coller le plus près possible de ce que je pouvais imaginer de ce vin. J'ai fait des couches alternées très fines de pommes de terre, de boeuf cuit à basse température, de cèpes et de foie gras. Ce qui donnait une grande tendreté en bouche et une complexité de textures et d'arômes. Je regrette un peu d'avoir ouvert mon vin en avance, car il était magnifique à l'ouverture. Il était seulement très bon au moment du repas. Un nez marqué par le havane et le sous bois. Une bouche de belle ampleur, fraîche, aux tannins très bien fondus. Pas très long, cependant. Accord très satisfaisant.
Le plat suivant, c'est ma sauce au cassis, créée il y a deux mois puis congelée qui m'a fait opter pour le canard, le céleri ... et le
Bel Amant. Comme l'a écrit Jérôme l'autre jour, cette cuvée dans ce millésime, c'est une "exaltation du cassis". Et je me suis dit que la matière du vin, toute en velours, épouserait parfaitement la chair du canard. Ce fut le cas. Ce qui est plus étonnant, c'est que Corinne Comme est parti direct sur un vin de Laurent Maynadier. Chapeau
Le vin jaune, je l'ai acheté en même temps que le riesling. Je ne le regrette pas. Et mes invités non plus, qui lui ont fait honneur. Je l'ai ouvert une semaine à l'avance, ce qui lui a fait beaucoup gagné en complexité. Je m'en servais de temps en temps une lichette, histoire de trouver l'inspiration. Ca a fini sur cet espuma parfumé au fénugrec (riche en sotolon) aromatisé au cumin torréfié et agrémenté de noix grillées et caramélisées. Léger comme du vent, croustillant. Du fromage qui se mange sans faim. Bel accord.
Là, c'est le vin qui est à l'origine du plat. Son aromatique m'a suggéré la rose et la pêche blanche. La framboise m'est apparue comme un bon complément et un contrepoint (autant en couleur qu'en saveur). Les saveurs fruitées et florales, communes au plat et au vin ont permis de faire ressortir la minéralité du vin : de la pierre chaude comme s'il en pleuvait ! Le dessert très frais et peu sucré évitait le piège de la lourdeur, permettant de finir le repas le corps et l'esprit léger