Mon anniversaire, c'est aujourd'hui ! Mais le repas qui fête mon passage à la 51ème annnée était dimanche, en compagnie de mes amis belges. Comme d'hab', mon "frère jumeau" Ludovic a amené la majeure partie des vins. et j'ai opéré en cuisine. Cette année, le thème était un Tour de France des vins. Les dix vins servis proviennent tous d'une région viticole différente.
Avec des pelottes de
pommes de terre au foie gras et noisettes, nous avons deux bulles en apéro :
Un
Crémant d'Alsace Grand Millésime 2012 de René Muré (assemblage Chardonnay et Riesling) : la robe est claire, les bulles très fines. Le nez est frais, mêlant l'agrume aux fruits blancs, avec une petite touche confite. La bouche est ronde, ample, fraîche, avec une tension précise, très Riesling. Les bulles sont très discrètes, ce qui n'est pas pour me déplaire. Cela ne ressemble pas vraiment à un Champagne, mais il est meilleur que beaucoup !
En face, une bouteille que j'ai amenée car cela faisait longtemps que Ludo cette
Cuvée Louis de Tarlant (assemblage de 1999/2000, complété par du 1998, 1997, 1996 et élevé sur lattes 15 ans).
Non commenté ici car je le commercialise.
Nous démarrons le repas avec un
rouleau au crabe, pomelo et avocat sur une gelée de pommes verte. Les gouttes de couleur sont des crème de citron, de mandarine/yuzu et à l'estragon. Du chou rave en brunoise apporte du croquant.
Cette entrée accompagne un
Pavillon blanc 2013 du Château Margaux. Au nez, pas de doute, c'est du Sauvignon. Mais comme le souligne un invité, c'est trop sudiste pour venir de Loire. C'est vrai que l'on est plutôt sur la rondeur délicate que sur la fraîcheur cristalline. L'acidité reste sous-jacente même si elle est bien là. En tout, c'est très bien équilibré, d'une élégance qui rappelle son géniteur,
Paul Pontallier. L'accord avec le plat est impeccable (c'était fait pour, je dirais).
Nous poursuivons avec une
ballotine de homard, girolles et émulsion de homard, sarrasin japonais et beurre noisette croustillant.
Pour lui tenir compagnie, un Clos blanc de
Vougeot 1er Cru 2011 du Domaine de la Vougeraie. Si on devait comparer ce rare Côtes de Nuits blanc à un Côtes de Beaune, on partirait plutôt sur un très beau Saint-Aubin 1er cru. C'est très fin, racé, ne faisant pas du tout son âge, sans le moindre côté démonstratif. Ce coup-ci, la fraîcheur n'est pas loin du cristallin. J'aime beaucoup !
Nous terminons la première partie du repas avec des ris d'agneau laqués au citron vert, haricots bicolores aux agrumes.
Ils accompagnent un
Saumur blanc Brézé 2008 du Clos Rougeard. La robe est entre l'or liquide et le cuivre. Le nez est intense sur l'écorce d'orange et la pomme tapée, avec une petite touche de coing. Y a pas, c'est du Chenin. La bouche est élancée, droite à la limite du rigide, avec une matière concentrée, très agrume confit, dans un registre assez austère. La finale est puissante, marquée par le coing. Pas un vin vraiment fun, mais le plat qui colle bien aromatiquement lui apporte un contrepoint joyeux.
Nous démarrons la série de vins rouges avec du
filet mignon d'agneau fumé au romarin, vrai-faux risotto méditerranéen à l'ail noir et à l'encre de seiche.
L'idée est d'accompagner cet hymne à la Méditerrannée qu'est
Trévallon 2013. Le vin est d'une fraîcheur éclatante, avec des fruits noirs très expressifs complétés par des notes de garrigue. Tu entends les cigales, con. La tendreté extraordinaire de la viande fait que le vin peut totalement s'exprimer, et que c'est un pur régal (même s'il gagnera encore à être attendu pour se complexifier aromatiquement.
Nous poursuivons avec des
makis et effilochée de canard, cassis, réglisse, enokis et betterave Chioggia.
Le tout arrosé d'un jus de canard corsé et légèrement fumé.
Ce plat accompagne une
Côte Rôtie "Rose pourpre" 2005 de Pierre Gaillard. Au vu de compte-rendus récents, ce vin aurait dû être magistral. Mais un léger TCA, au nez comme en bouche, vient gâcher un peu la fête. Pas au point toutefois de ne pas le boire. Il y a de beaux restes, avec une matière dense et veloutée, de l'énergie, une complexité tertiaire. Mais, difficile de faire abstraction du défaut...
Too bad.
Nous terminons cette deuxième série avec de la
joue de boeuf confite à l'orange amère, polenta aux herbes et pecorino (sur lequel je versais le jus de cuisson réduit).
Arrive probablement le plus beau vin du repas :
Grange des pères 2005. Rien que le nez est une petite merveille, mêlant les fruits noirs aux herbes du maquis et à l'écorce d'orange. La bouche est ample, majestueuse, déployant une matière au velours moelleux, profond. Le tout est étiré/équilibré par une tension provenant du Mourvèdre et du Cabernet Sauvignon. L'ensemble est juste somptueux. Sa finale, très marquée par l'écorce d'agrume fait écho à l'orange du boeuf. Beau moment de gastronomie !
La fin est proche quand le fromage arrive :
Comté 30 mois, crunchy au curry et crème de comté.
Evidemment, un vin jaune pour l'accompagner : un
Château Chalon 2008 de Philippe Butin (mon apport ). Le nez est déjà complexe pour un vin aussi jaune, très "liqueur de noix aux épices". La bouche est élégante, aérienne, toute en longueur, avec une très belle tension. La finale est très aromatique, se mariant très bien avec les différents éléments du plat. Il y a encore quelques réticents autour de la table face à ce type de vin, mais ça va de mieux en mieux !
Et c'est la fin, ce coup-ci avec une
tarte feuilletée pomme/mangue, sorbet mangue passion.
Elle est servie avec un
Jurançon Carpe diem 1994 de Jacques Balent. La robe est peu évoluée pour ses 24 ans. Et le nez aussi, uniquement sur les fruits exotiques (mangue, passion, ananas). La bouche est pure, fraîche, élancée, très jeune elle aussi. La finale fruitée a un sucre des plus discrets, et c'est très bien ainsi. L'accord est évidemment inratable !
Eh bien voilà. Il est 18h quand on se lève de table. Ça fait du bien d'avoir fini sans trop de ratés. On recommence l'année prochaine ?
(oui, il manque le jaune. Il avait été remis au frigo...)