Bon, le petit jeunot (buveur de thé glacé, mais pas que …
) a tiré en premier, mais je lui pardonne car il a été très bon à l’aveugle, face à mes vieux lascars de compagnons berrichons.
On est reparti pour un petit tour de France … et d’ailleurs, avec un bon niveau d’ensemble, sans grand coup de cœur toutefois. Si, un : pour la prestation d’ensemble de ma tendre et douce …
Champagne Jacquesson Cuvée 736
Bouteille carafée juste avant service.
La robe se présente sous une couleur très pâle, les bulles ne pouvant être jugées dans les verres Spiegelau.
Le nez est fin, d’une grande fraîcheur (citron), avec quelques belles notes minérales.
La bouche est marquée par la minéralité. Certes le milieu de bouche montre une certaine rondeur avant qu’une vivacité tranchante et traçante ne reprenne le dessus. Les bulles sont très fines et la finale très citronnée, avec un petit caractère salin.
Un Champagne d’apéritif bien né (66 % de millésime 2008), dont la droiture ressort encore plus sur la saveur finement beurrée des galettes de pomme de terre.
Très bien +
Côtes du Roussillon Domaine Gauby Blanc Vieilles vignes 2007
C’est vraiment du vieilles vignes ! Entre 50 et 100 ans pour le macabeu (40 %), le grenache blanc (30 %), le grenache gris (10 %) et le carignan (5 %). Seul le chardonnay n’a que 30 ans …
Bouteille carafée 2h.
La robe est bien dorée.
Le nez est très intense et d’une complexité splendide : miel, cire, fruits blancs, hydrocarbures nobles, clou de girofle … On trouve sans cesse autre chose !
Riche, ample, chaleureuse, la bouche se pare également d’une belle minéralité et d’une finale sur une très fine amertume qui partage les pour et les contre (je ne vous la sers pas à l’anglaise sinon je vais me faire des copains …).
L’accord avec des pétoncles en persillade légèrement citronnée est une pure merveille, car le vin est relancé encore plus loin.
Pour moi, le meilleur vin de la dégustation, car ayant vraiment une personnalité. Terminé le soir, il s’est montré égal à lui-même :
Excellent
Chablis GC Grenouilles Château Grenouilles La Chablisienne 2004
Carafée 1h30 et bue avec du cabillaud aux petits légumes (un festival de saveurs fines et légères).
La robe est or clair.
Le nez est bien ouvert, sur la brioche et les fruits secs (noisette), avec une pointe minérale que l’on ne trouve que si l’on connaît l’origine du vin.
L’attaque en bouche est large, mais curieusement sur des arômes pierreux. Ce n’est qu’en finale que la texture minérale ressort. On peut lui reprocher un certain manque de pureté (effet séquence derrière le très beau VV de Gauby ?).
Très bien –
Châteauneuf-du-Pape Raymond Usseglio 2005
Carafée un peu moins d’une heure.
La robe sombre a perdu ses reflets de jeunesse et n’a pas encore gagné ceux d’évolution.
Le nez explose de fruits, noirs et rouges, c’est à la fois charmeur et voluptueux. On est à la limite du nez de VDN.
La bouche est à l’avenant, l’attaque ample, le milieu de bouche riche, le tout enrobé d’une fraîcheur bienvenue. Un tout petit manque qui l’empêche d’être classé dans les grands vins : il est un peu monolithique. Mais un convive me dit que dans 10 ans. En tout cas ce beau fruit, très présent après 8 ans de bouteille a dirigé tout le monde vers le grenache. Bien joué, il y en a 80 %.
Bel accord avec un pâté de campagne à l’espagnole maison, très goûteux.
A boire maintenant pour les amoureux du fruit, dans 10 ans pour les amoureux d’arômes plus tertiaires.
Très bien +
Côtes du Vivarais Domaine Gallety Syrare 2005
Carafée un peu moins d’une heure.
La robe est sombre et a gardé quelque reflets violacés !
La puissance du nez défie sa complexité pour savoir qui va l’emporter : c’est un festival d’épices sur fond de fruits noirs, avec des arômes fumés et cacaotés. Pas de doute on a affaire à une très grande Syrah.
La matière de la bouche est remarquable de générosité et de fruit, c’est là encore puissant, fin et complexe, sans oublier la vivacité. La persistance est bonne, sans être mémorable.
Le vin ne bouge pas d’un poil face au même pâté de campagne à l’espagnole maison.
Pas de doute on a affaire à une très belle Côte-Rôtie … en fait un Côtes du Vivarais
, mais quasiment au même prix.
Très bien ++
Bandol Domaine de Pibarnon 2004
Carafée un peu moins d’une heure.
La robe est assez sombre.
D’intensité moyenne, le nez est très fin et élégant, sur le cuir , le sous-bois, le chocolat et des arômes fumés.
La bouche est d’une très belle austérité, mais avec une rigueur du Sud. L’expression déjà employée par ma tendre et douce lors d’une dégustation précédente de ce vin, « un gardian ténébreux », lui va toujours aussi bien. Une petite astringence est décelable en finale mais les tanins sont beaux.
Que dire de l’accord avec une épaule d’agneau façon méchoui aux légumes grillés ? Que le plat était délicieux (chic, il a aussi accompagné le vin suivant ! (
)) et l’accord réussi.
Un très beau Bandol :
Très bien +
Pomerol La Conseillante 2004
Carafée 1h30.
La robe est très sombre et encore bien jeune.
Le nez très intense part sur le chocolat, les fruits noirs, la vanille, et quelques notes empyreumatiques et balsamiques.
La bouche possède une matière riche, pas entièrement masquée par l’élevage mais celui-ci prend le pas nettement sur le fruit : vanille, boisé, graphite, mine de crayon. La texture est soyeuse, la finale longue et réglissée.
Un vin bu sans doute trop jeune, mais pourquoi le domaine a passé ce millésime 2004 à 80 % en barriques neuves alors que c’est d’habitude entre 50 et 75 % ? La matière étant très belle, je ne doute cependant pas que ce sera un grand vin dans 10 ans. Mais les amateurs de ce style seront ravis dès à présent car c’est loin d’être de la planche !
Très bien +
Chambertin Domaine Rossignol-Trapet 2006
Carafée 1h.
La robe est moyennement sombre et marque un début d’évolution.
Le nez est très intense, sur des arômes floraux, de sous-bois et de fruits acidulés : c’est élégant.
De la même veine, la bouche est toute en dentelle, encore sur un fruité acidulé, complété par un côté végétal (ronce). Cela manque un peu de tenue pour un Grand Cru de cet âge mais c’est très fin.
Les arômes végétaux disparaissent sur une brochette de bœuf aux trois poivres.
Très bien, mais là encore, question de style de palais. En tout cas, ce vieillissement rapide est étonnant, mais j'avais déjà noté cela pour le 2007.
Riesling Domaine Weinbach Cuvée sainte Catherine II 1998
Carafée une petite heure
La robe se pare d’un bel or soutenu.
Le nez est bien ouvert, sur des fruits exotiques et une minéralité sous-jacente.
Le temps a dû manger une partie des sucres résiduels qui existent dans cette cuvée (merci Patrick pour tes explications quelques années plus haut dans ce fil …) car l’attaque est droite et assez sèche, sans être pétrolée. On sent un peu de sucre sur la finale et encore plus sur le munster avec lequel les arômes exotiques se marient bien. Je n’ai rien noté en revanche de l’accord avec le vieux gouda, sans doute un accord de courtoisie …
J’ai beaucoup aimé l’équilibre fruit-minéralité-sucre de ce beau Riesling .
Très bien +
Quarts de Chaume Pierre Bise 2003
Carafée juste avant service.
La robe est d’un bel or évolué.
Le nez est puissant et expressif, sur le rôti (botrytis), le fruit de la passion et le coing.
Très riche, la bouche est marquée par le sucre, mais elle possède suffisamment d’acidité pour l’équilibrer et l’allonger.
C’est vraiment délicieux et cela se marie bien avec un crumble de poire.
Très bien ++.
Burgenland TBA Scheurebe Weinlaubenhof Kracher Number 9 2007
N’étant pas un connaisseur des vins autrichiens ou allemands, je traduis :
Burgenland : c’est la région (en Autriche).
TBA (Trocken Beeren Auslese) : c’est le niveau le plus riche en sucre.
Scheurebe : c'est le cépage.
Weinlaubenhof Kracher : c’est le domaine
Number 9 : c’est une indication supplémentaire du niveau de SR (c’est le maximum, il y en a 344 g/l !).
2007 : vous avez compris …
Je précise qu’il titre 6,5 ° et que l’acidité est de 9,4 g.
Carafée juste avant service.
La robe est très ambrée.
Le nez est puissant, fruité, sur la pomme et le coing.
Hyper concentrée, la bouche est à la limite de l’excès, avec presque autant à manger qu’à boire …
Malgré tout l’acidité se ressent et permet de soutenir quelque peu ce monstre.
Bu tout seul, cet extra-terrestre est plus proche d’un sirop que d’un vin … Difficile à noter !
Au final, une dégustation très homogène, c’est en tout cas ce que je constate d’après mes notes. Il est vrai que les grandes étiquettes ne se sont pas montrées à leur apogée, sans toutefois démériter, et que les autres bouteilles ont constitué de belles révélations (enfin pour certains !).
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup