Bon, à mon tour à présent !
Merci les gars pour ces commentaires mais comme l'ont dit Julien et Vivien, je dois partager les félicitations avec ma chère et tendre qui était au fourneau et au service ! Avec une tendinite à chaque talon d'Achille et un étage pour descendre dans le jardin et à remonter dans la cuisine à chaque fois, c'est à dire au moins une bonne vingtaine de fois ...
Pour répondre à Paul, j'ai eu l'idée de cette dégustation il y a trois ou quatre ans quand mon caviste préféré m'a fait savoir qu'une de ses connaissances allait revendre une partie de ses vieux vins. Et là j'ai flashé sur Chave et Le Bourg sur le même (très beau) millésime. Comme il y avait un Chablis Les Clos, j'ai pris aussi ! Je me suis dit que sur 89 il y avait forcément de très belles choses en France. Je n'avais en cave que le Beauséjour Bécot (j'ai sacrifié ma dernière bouteille) et j'ai complété par des achats de-ci de là. En ayant parlé à quelques uns, j'ai eu ainsi l'apport du C. de Beaune (je ne regrette pas !) et du SM.
Allez, je complète ...
Chablis – Les Clos – Louis Michel -1989
Un Chablis élevé entièrement en cuves !
La bouteille a été épaulée pendant une heure et carafée juste avant service.
La robe est d’un or très marqué.
Le nez présente intensité, gamme aromatique et complexité ! On y trouve tour à tour du miel, de l’orange confite, du grillé et de la cire. Le fond de bouteille bu le soir fait apparaître quelques touches de caramel assez surprenantes !
Très droite, la bouche exprime sa minéralité en tension, finesse et longueur. La finale est encore sapide, sur de fins amers.
Un vin d’une grande jeunesse ! Et moi qui pensais qu’il fallait un minimum de bois pour aller loin … L’accord est bon avec les traditionnelles galettes de pomme de terre, la minéralité du vin répondant bien au gras des galettes.
Très Bien ++
Sancerre – Les Culs de Beaujeu – François Cotat – 1989
J’ai indiqué François comme vigneron mais à l’époque c’était encore son père Paul qui était aux commandes …
La bouteille a été épaulée pendant deux heures puis carafée pendant une heure.
La robe est d’un or assez intense mais fait presque pale, comparée au Chablis et à l’Hermitage.
Le nez impressionne par sa puissance ! Le premier nez est déroutant, pour ne pas dire désagréable, sur le champignon. Mais l’aération dans le verre dévoile un très beau fruité, sur des fruits exotiques (kumquat, bien vu Michel, et mangue) et des agrumes confits. Le deuxième (petit, snif
) verre servi part plus rapidement sur cette deuxième sensation et c’est confirmé le soir sur le fond de bouteille.
La bouche présente une charpente magnifique, habillée d’une chair opulente et voluptueuse. Les arômes exotiques sont encore très prégnants, on a presque une sensation de douceur dans le toucher, et la finale fait la queue de paon.
Le mariage est superbe avec les crevettes sauce thaï au curry vert et à la noix de coco, petit accompagnement qui a remporté tous les suffrages !
Puissance est le mot clé pour caractériser ce vin qui ne manque pourtant pas de finesse.
Excellent, et même Excellent + sans doute avec un carafage de 24 h qui aurait sans doute gommé ce premier nez. Je le savais pourtant car les LPViens connaisseurs de ce domaine me l’avaient dit, même pour de vieux millésimes …
Hermitage – Chevalier de Sterimberg – Paul Jaboulet Aîné - 1989
Sur les conseils du domaine, qu’il a fallu presque supplier pour que je puisse acheter une bouteille, la bouteille a été épaulée pendant une heure et carafée juste avant service.
La robe est d’un or couleur miel, légèrement trouble, ce qui gâche un peu le plaisir des yeux mais pas celui de la bouche.
Démonstratif et hyper aromatique, le nez part sur la cire, l’amande (très nette), le miel et l’encaustique. Le fond de bouteille fait apparaître le soir quelques notes oxydatives (donc bon conseil du domaine) ;
La bouche joue en deux temps : d’abord très grasse, imposante et d’une ampleur superbe, puis c’est la fraicheur et la finesse qui prennent l’ascendant pour allonger le vin sur une finale sapide.
Sur des quenelles de brochet sauce à la bisque de homard, le vin perd son gras mais fait face grâce à son acidité, l’accord étant néanmoins correct sans plus.
Un grand vin qui doit pouvoir encore attendre un peu.
Excellent
Côtes de Beaune Villages – Caves Prudhon – 1989
Mon généreux donateur pense avoir acquis cette bouteille pour moins de 10 francs à l’époque … Bon, c’était à la fin du dernier millénaire !
La bouteille a été carafée juste avant service (j'avais peur !
)
La robe est claire et peu évoluée, aux reflets tuilés certes, mais pas acajou.
Le nez est ouvert et agréable, sur des arômes très floraux (rose mais pas vieille rose) et de petits fruits rouges. C’est encore jeune comme nez !
La bouche joue dans le registre de la finesse. Pas de puissance ici, mais une grande fraicheur, avec même un trait végétal qui peut orienter vers le cabernet franc, et une belle persistance inattendue. Le fond de bouteille bu le soir se révèle encore plus savoureux !
L’accord est de circonstance avec le jambon persillé, moins réussi avec la viande des Grisons qui prend le dessus.
Ce n’est pas un grand vin ni même un très bon vin mais quelle capacité à traverser le temps sans encombres !
Bien ++
Merci Claude !
Châteauneuf-du-Pape – Château Cabrières – 1989
La bouteille a été épaulée pendant quatre heures puis carafée juste avant service.
La belle robe assez sombre aux reflets acajou brille de tous ses éclats au soleil printanier.
Très intense, d’une superbe complexité, le nez exhale des arômes de fruits compotés, de menthol et de raisins secs. Le soir, le fond de bouteille reste dans la même gamme et semble s’ouvrir encore plus.
La bouche est très fruitée, sur un fruit patiné que l’on peut qualifier de secondaire. Ample, fine et fraîche, elle donne une sensation délicieuse de sucrosité. Quelques tanins apparaissent après aération dans le verre mais ils sont fins et légers. Aucune trace de gibier dans ce Châteauneuf de 25 ans !
L’accord se révèle bon mais pas très équilibré avec une terrine de canard au lard fumé qui l'emporte.
Ce vin a le charme fou du grenache allié à la patine du temps qui lui apporte complexité.
Très Bien +
Hermitage - Jean-Louis Chave – 1989
La bouteille a été épaulée pendant deux heures puis carafée pendant une petite heure.
La robe est étonnamment claire pour une syrah et elle présente des caractéristiques d’évolution.
Le nez ne brille pas par son intensité mais il est d’une classe folle. D’une grande finesse, il propose un ensemble parfaitement fondu entre des arômes floraux, un côté lardé sur une base légère de fruits noirs.
La bouche est extrêmement élégante, magnifique par sa finesse, d’une très belle droiture. On a affaire à un aristocrate … La longueur est exceptionnelle sur une finale très salivante.
L’accord est très réussi avec la terrine de canard au lard fumé, aussi bien en arômes (de mêmes types) qu’en texture (opposition réussie).
Malheureusement le gros dépôt m’aura empêché de me resservir une dernière larme le soir …
Encore un grand vin, peut-être le plus grand de la série !
Excellent
Haut-Médoc - Sociando-Mallet - 1989
La bouteille a été épaulée pendant deux heures puis carafée pendant une demi-heure.
La robe est très sombre et quasiment pas évoluée !
D’une très belle intensité, le nez est, lui, bien plus évolué, dominé par de beaux arômes tertiaires de cuir, de tabac, de garrigue, agrémentés de quelques touches florales.
L’attaque est dotée d’un gros volume, la texture en bouche soyeuse, l’acidité en quantité juste suffisante. L’équilibre serait parfait si une certaine sécheresse ne venait gâcher la finale. Heureusement la brochette d’agneau aux épices tunisiennes la fait fondre et relance très bien le vin.
Très Bien +
Merci à Pierre-Louis, qui en plus n’a pas pu venir …
Saint-Emilion – Beauséjour-Bécot – 1989
La bouteille a été épaulée pendant trois heures puis carafée pendant une demi-heure.
La robe est sombre (un peu moins que celle du Sociando) et peu évoluée (à peine plus que celle du Sociando).
Le superbe nez est d’une jeunesse insolente, sur une aromatique complexe de fruits rouges compotés, de réglisse et de boîte à cigare. Seules quelques notes de cuir noble trahissent un peu l’évolution.
L’équilibre en bouche est magistral : une belle chair qui ne donne pas dans l’opulence mais encore très serrée, un grain d’une finesse rare, une bouche toute en élégance, fraîcheur et longueur.
La deuxième (petite) brochette d’agneau est encore un très bon compagnon de table.
Très Bien ++ / Excellent
Saumur-Champigny – Le Bourg – Clos Rougeard – 1989
La bouteille a été épaulée pendant trois heures puis carafée pendant une petite heure.
Rachid m’avait prévenu par MP : « Le Bourg des frangins est un OVNI et ça peut faire très mal … ».
La robe est très sombre et ne présente pas encore de reflets très évolués.
Le nez est intense mais surtout d’une magnifique complexité : encore beaucoup de fruit, des fleurs, une touche de havane, et des notes végétales nobles qui apportent un plus dans la gamme.
La bouche est d’une densité incroyable et d’une puissance formidable. Mais je l’ai ouverte trop jeune ! Peut-être, mais cela reste équilibré par une très grande finesse, une belle acidité qui vient du terroir et non du cépage (pas de notes végétales en bouche, sauf le soir sur le fond de bouteille). Quant à la longueur, elle est superlative …
L’accord se fait sous forme d’un combat avec la poélée de girolles au confit de canard, le vin semblant l’emporter sur le plat. Mais il fallait cela pour lui résister !
Rachid m’avait prévenu …
Très Bien ++ / Excellent et sans doute Excellent tout court dans 10 ou 15 ans. Je m’inquiète pour mes 2009 …
Savennières moelleux – Clos du Papillon – Château de Chamboureau – 1989
Bouteille carafée pendant cinq heures.
La robe est d’un or moyen.
J’avais lu que le nez de ce vin était muet et qu’il fallait impérativement le carafer plusieurs heures. C’était effectivement le cas à l’ouverture de la bouteile. Au moment du service, il se montre plus avenant, marqué par l’amande, le miel et les fruits blancs.
L’attaque est assez riche mais l’équilibre se fait rapidement sur un moelleux de sucrosité minimale (40 g), aux arômes d’amande encore bien présents. C’est frais, sympathique et incroyablement jeune.
L’accord n’est pas vraiment réussi sur le chèvre frais à la papaye, à peine avec le bleu de Gex.
Bien ++ et d’un bon rapport Q/P.
Savennières moelleux – Roche aux Moines – Chevalier Buhard – Château de Chamboureau – 1989
La bouteille a été épaulée pendant quatre heures puis carafée juste avant service.
La robe est d’un or bien ambré.
Le beau nez me paraît botrytisé (alors que c’est un vin passerillé d’après la fiche), sur l’orange amère, le coing, l’abricot et le miel.
C’est une belle liqueur, toute en fraicheur et équilibre, qui structure la bouche, sur des arômes de coing, avec une finale très sapide et salivante. On est sur le même Château mais sur une richesse de liquoreux (120g).
L’accord est malheureusement toujours peu réussi avec le bleu de Gex et la fourme d’Ambert.
Vraiment un très bon liquoreux au rapport Q/P excellent.
Très Bien +
Sauternes – Gilette – Crème de Tête – 1989
La bouteille a été épaulée pendant quatre heures puis carafée juste avant service.
La robe, d’un or miel, prend des couleurs chatoyantes au soleil.
Le nez très expressif et intense nous offre tour à tour du miel, de l’orange confite, de la cire, un très beau rôti, et même du pruneau !
La bouche est aussi équilibrée que celle du Chevalier Buhard, mais tout en ++ : plus de liqueur, plus de charpente, plus d’acidité structurante, beaucoup de mâche. De façon étonnante la bouche ne s’étire pas en longueur, elle reste ample et dense jusque dans la finale.
Il lui fallait un plat à sa hauteur : la tarte Maître Pons (tarte aux pommes, macarons et raisins secs) l’a été et le mariage célébré à sa juste valeur.
Un grand Sauternes, un grand vin tout simplement, bâti pour l’éternité. On a en fait affaire dans ce cas à un vin jeune car mis en bouteille il y a deux ans !
Excellent
Difficile de conclure, sauf peut-être sur le partage convivial et improbable entre des personnes de presque 3 fois 25 ans et d'autres qui ne les ont même pas une fois, des berruyers, des parisiens et un clermontois, réunis par un seul point commun : la passion du vin, si ce n'est lapassionduvin !
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup