Vive la diversité et l'amitié, pour les vins que l’on déguste et également pour les dégustateurs ! En effet, si cette dégustation de dimanche dernier visait les membres du « LPV Grand Centre », l’empreinte géographique de celui-ci s’élargit de plus en plus…
Au-delà d’Orléans, Paris, Epernay, Limoges et Clermont-Ferrand, le grand Centre s’étend donc maintenant jusqu’à Saint-Etienne grâce à une recrue de choix, celle de Florian (Frisette) !
Mais le centre de gravité (je devrais dire le barycentre mais je ne veux pas t’assommer avec des notions mathématiques trop absconses, cher lecteur LPVien
) reste toujours le même : c’est Bourges et c’est même ma cave, au centre de Bourges !
C’est donc parti pour une nouvelle dégustation éclectique, qui avait quand même un pseudo-thème. Florian a cru le trouver en annonçant « Les vins français » ! Comme il a raison, il a gagné le droit de revenir, mais c’était plutôt « Les années 2000 » ou même « Les pré-adolescents »
. En effet, sans le faire exprès, tous les vins sélectionnés étaient nés entre 2004 et 2009…
Muscadet de Sèvre et Maine sur lies – Domaine Luneau-Papin – Le L d’Or – 2007
Vin carafé pendant une heure.
La robe est d’un or moyen, bien brillant.
Le nez expressif exhale une aromatique fruitée, mêlant fruits jaunes et fruits blancs, infléchie par une note plus végétale d’angélique.
L’élégance est la caractéristique principale de la bouche : la sapidité est en filigrane, s’appuyant sur une minéralité très fine. La bonne allonge est couronnée par une finale ciselée et tendue par une grande acidité.
Les rillettes de sardines, bonnes mais rustiques, écrasent trop ce vin raffiné.
Bien ++ / Très Bien
Le fond de bouteille bu le soir avait perdu toute sapidité et son beau tonus.
Anjou – Domaine Mosse – Les Bonnes Blanches – 2008
Bouteille ouverte pendant une demi-heure puis passage en carafe pendant une heure.
La robe est très vieil or.
Puissant, le nez frappe par ses notes oxydatives prononcées.
La bouche n’est malheureusement pas reste, même si on ressent une matière dense et généreuse ainsi qu’une très belle acidité. Ces deux ingrédients avaient constitué la base de ma deuxième bouteille bue en mai 2015 mais celle-ci a le même défaut que la première bue il y a encore plus longtemps.
ED
J’avais ouvert une bouteille de « secours », et donc pas dans le peudo-thème, l’Anjou ayant révélé des signes inquiétants dès l’ouverture de la bouteille .
Vouvray – Domaine François Chidaine – Les Argiles – 2011
Bouteille ouverte pendant une demi-heure puis passage en carafe pendant une bonne heure.
La robe est parée d’un or clair.
Le nez très intense est crayeux à souhait mais laisse clairement apparaître de délicieuses notes de fruits à chair blanche, la poire principalement.
Large et longue à la fois, la bouche est dotée d’une belle matière, qui se ponctue même par une sensation riche et légèrement sucrée sur la belle finale où ressortent également de fins amers salins.
Avec un saumon grillé à la purée de potimarron et de topinambour, le vin fait un bout de chemin, mais côte à côte, sans vraiment d’alliance.
Très Bien (+)
Alsace Grand Cru – Pinot Gris – Domaine Zind-Humbrecht – Rangen de Thann – Clos Saint-Urbain – 2004
Bouteille ouverte pendant une heure puis passage en carafe pendant une heure et demie supplémentaire.
L’or de la robe est très ambré. Sa densité annonce déjà un vin riche et ample.
Le nez puissant et complexe va dans le même sens : des fruits exotiques, du coing et des notes fumées et épicées prégnantes constituent un ensemble somptueusement baroque (non, cher lecteur LPVien, très cher même mais néanmoins dyslexique, je n’ai pas écrit « baroquement somptueux »
).
La bouche confirme par son volume, son opulence et sa densité renforcée par une nette sensation de sucre (j’aurais dit 20 à 30 g mais la contre-étiquette annonce un indice de sucrosité de 1). L’acidité structurante et bienvenue apporte une certaine finesse et contribue à la très belle persistance. L’alcool (16° !) n’est pas directement ressenti, en tout cas pas à ce niveau, mais il contribue, ainsi que la finale anisée et réglissée, à renforcer ce côté « too much » du vin.
L’accord de saveurs est excellent avec une poêlée de lotte exotique, mais la puissance du vin lui fait dominer le plat de la tête et des épaules.
Très Bien +(+) mais dans un style particulier que je sais aussi apprécier, à condition de ne pas en abuser !
Puligny-Montrachet 1er Cru – Domaine Louis Carillon – Les Perrières – 2005
Bouteille ouverte pendant une demi-heure puis passage en carafe pendant presque deux heures.
La robe est moyennement dorée.
Bien ouvert, le nez est maquillé de façon outrancière par un boisé sans concession. La brioche beurrée et le caramel se disputent la première place…
La bouche est à l’avenant, même caricaturale, la planche ne laissant la place à rien d’autre…
Assez Bien, et encore…
Bon, cela c’était mon commentaire pour toi, cher lecteur LPVien allergique au bois et fan de vins purs.
Mais je pense aussi à toi, (tout aussi) cher lecteur LPVien amateur de vins riches, au style néo-mondial, qui n’a pas encore fait sa mue pour revenir au style cistercien des vins à l’ancienne…
Bien ouvert, le nez brioché et beurré se complète par de belles notes de poire, mois présentes qu’à l’ouverture de la bouteille et d’autres de caramel qui lui apportent un côté gourmant fort appréciable.
La matière en bouche est très belle, grasse et pleine, bien enrobée par l’élevage luxueux, qui se manifeste par des accents grillés moins perçus au nez, et soutenue par une fraîcheur qui apparaît surtout dans la finale.
Très Bien +
C’est cela qui est bien avec le vin : il y en a pour tous les goûts !
En tout cas l’accord avec le boudin blanc à la fine Champagne était fort réussi et là tout le monde était d’accord !
Vosne-Romanée 1er Cru – Domaine Michel Noellat – Les Beaux Monts – 2009
Bouteille ouverte pendant trois heures puis passage en carafe pendant une heure.
La robe est claire, ni jeune ni évoluée.
Bien intense et complexe, le nez dégage, avec beaucoup de développement dans le verre, de beaux arômes fruités, mais aussi des notes fumées et épicées, d’autres florales apportant de la finesse, et enfin un léger boisé.
La bouche présente une grande fraîcheur, d’abord par son fruité acidulé mais aussi par sa vivacité qui la propulse loin. L’élevage et les tanins sont déjà bien fondus, participant à l’expression d’une trame souple et charnue.
Le vin s’est accordé à merveille avec les délicats chaussons aux champignons.
Très Bien ++
Châteauneuf-du-Pape – Pignan – 2005
Bouteille ouverte pendant trois heures puis passage en carafe pendant une bonne heure.
La robe est claire et présente quelques reflets légèrement tuilés.
Le nez est très intense, sur des fruits écrasés, des petits fruits rouges, mais il est complexifié par des touches épicées et d’olive noire. Florian a reconnu d’entrée le style Reynaud
mais d’autres sont plus dubitatifs…
La bouche conjugue extrême élégance et beaucoup de présence, sensation tactile soyeuse et délicate et superbe longueur. Une fine acidité mobilise ce bel ensemble. Les petits amers nobles de la finale s’adoucissent sur la terrine de porc et de canard aux olives noires, le vin et le plat réussissant une très belle alliance toute en finesse.
Excellent
Côtes-du-Roussillon Villages – Domaine Gauby – La Muntada – 2008
Bouteille ouverte pendant trois heures puis passage en carafe pendant deux petites heures.
La robe est sombre et encore jeune par sa bordure légèrement violine.
Puissant et frais à la fois, le nez évoque tout d’abord les fruits noirs (cassis et mûre), puis des notes animales et épicées viennent lui apporter des accents plus sauvages.
La bouche est sur le même registre, d’une grande densité, presque massive, mais la superbe acidité lui procure un certain équilibre. Les tanins encore présents mais bien gras sont un gage d’avenir et la finale plus élancée et toujours sapide nous ravit.
Cette fois-ci, le vin s’accorde correctement sur la même terrine, mais sa puissance l’emporte.
Très Bien ++
Bandol – Château Pradeaux – 2007
Bouteille ouverte pendant trois heures puis passage en carafe pendant deux bonnes heures.
Sombre, presque très sombre, la robe paraît relativement jeune.
Le nez très ouvert virevolte entre fruits noirs (mûre), cuir noble, épices et touche vanillée.
La bouche possède beaucoup de mâche, une matière encore serrée et corsée, des tanins un peu trop asséchants, bref c’est costaud et encore trop jeune.
Mais le plat arrive : le bœuf mode à la méridionale civilise parfaitement le vin et fait même ressortir son fruit. Un mariage parfaitement réussi !
Bien +(+) seul,
Très Bien (+) sur le plat.
Et là, une innovation, en tout cas pour moi : je sers le Champagne sur des fromages !
En octobre j’avais été frustré, en aucun cas par la qualité de ce vin, mais par l’effet « bulldozer » face aux traditionnelles galettes de pomme de terre de l’apéritif. Cette fois-ci je l’ai donc positionné face à des partenaires de poids.
Champagne – Domaine Egly-Ouriet – Blanc de noirs
Il s’agit d’un 100 % pinot noir, avec assemblage de 60 % de 2008 et 40 % de 2007, passé sur lattes pendant 66 mois, dosé à 4g.
Bouteille servie aussitôt ouverte, avec une chaussette bien entendu ! Mais non, lecteur ami LPVien, ami mais néanmoins fatigué, la chaussette n’a pas servi au service…
La robe est d’un or intense, commençant à tourner au vieil or. Le train de bulles est vraiment très intense et les bulles d’une extrême finesse.
Puissant et vineux, le nez signe son cépage. Des fruits secs et des fruits blancs, mais aussi quelques fruits rouges, constituent la belle aromatique.
En bouche, la bulle crémeuse adoucit la grande matière dense. L’allonge est magnifique, plus en énergie et en tonicité, avec de beaux amers sur la finale.
Et l’accord, me demandes-tu, cher lecteur LPVien, toi qui as bien suivi ?
Eh bien excellent sur le parmesan, et un ton en-dessous sur le comté de 12 mois. A refaire !
Excellent
Jurançon – Domaine de Souch – Cuvée Marie Kattalin – 2004
Bouteille carafée juste avant service.
L’or de la robe est bien ambré.
Quel nez ! Puissant et dominé par la truffe, il développe aussi de beaux arômes de fruits confits et de fruits exotiques.
La bouche est grandiose et racée. Elle allie un volume riche mais pas saturant, des sucres bien fondus, une acidité d’anthologie mais pas tranchante, une aromatique noble mais pas de pourriture noble, bref une harmonie magistrale.
L’accord est bon avec le délicieux crumble à l’ananas mais le vin est tellement bon seul !
Excellent +
Bon, on n’a pas tous les ans 60 ans et je n’ai pas sorti des vins aussi prestigieux que l’an dernier avec les vins « en 6 » (certains ont cru après le premier vin que j’allais leur refaire le coup avec les vins « en 7 »).
Mais on a quand même voyagé et fait les montagnes russes entre quelques coups de cœur et quelques (grosses) déceptions, avec plutôt les déceptions sur le début et les coups de cœur vers la fin, ce qui est mieux sue le contraire. Et je n’oublierai pas la réussite de ce qui était pour ma part une belle innovation.
Quant aux accompagnements, ils sont toujours à la même hauteur, très élevée !
Vive la diversité et l'amitié, et à l’année prochaine !
Jean-Loup