A la santé de notre agrégé!!!
Vendredi 29 Avril était prévu une nouvelle session forézienne de dégustation, 2 mois après la dernière. Une rencontre qui s'annonçait "standard", chez JB, dont le domicile ressemble de plus en plus au siège social de la S.A.R.L. LPV Forez !!! (
) Tout se préparait de la façon la plus tranquille possible jusqu'au moment ou nous recevions un MP nous disant qu'Aurélien, notre cher Dandy, était reçu à l'agrégation!!! Pensez donc, on n'allait quand même pas laisser passer une telle occasion de marquer le coup!!! C'est donc remonté comme des coucous suisses que nous nous sommes retrouvé (Nico, JB, Cédric, moi-même et notre nouvel agrégé Aurélien) à l'heure dite, autour d'une belle petite tablée et de quelques jolies bouteilles!!!
Le menu, plutôt "équilibré"(!!!):
- Apéro: Caillettes au choux + terrines de lapin
- Entrée:Tartare de Saint Jacques, citron vert & baies roses
- "Trou Forézien": Andouillettes grillées au four
- Plat: Joue de boeuf en sauce & pâtes
- Plateau de Fromages de chez Mons (M.O.F.)
- Dessert
Allez, et même si
"L'agrégation c'est le cumul ultime de l'enculade "(je vous laisse deviner à qui appartient cette citation!!!
- ), on félicite et on commence avec...
Vin 1: Château Grillet, 1992
Bue pour elle même.
Robe jaune claire, assez jeune. Le nez est un peu réduit, puis rapidement apparaissent des notes de pomme, de tilleul, de verveine...puis après quelques minutes dans le verre, de la ciboulette et de la cébette. C'est complexe. En bouche, on retrouve de la prune, de la mirabelle, du marc de raisin, un peu de verveine et de tilleul. En parallèle, on retrouve des notes de graviers, iodées et salines. Un léger gras enrobe une matière paradoxalement assez délicate, d'une grande fluidité. Il est long, manque un peu d'acidité à mon goût et me paraît assez jeune. Une grosse amertume est présente en finale. Ce vin c'est un peu
"Je t'aime moi non plus", une sorte d'OVNI, pas désagréable, d'une belle complexité, que je trouve
Bon (15/20), mais complètement déstabilisant. Je partais sur un vin sudiste (Languedoc?, Provence?, Rhône?), notamment un Châteauneuf du Pape jeune. En tout cas, un vrai beau vin d'amateur à goûter, de part ce curieux ensemble faisant ressentir plein de sensations différentes. Un vin dont on pourrait également facilement passer à côté si l'on était pas un minimum concentré et averti.
Vin 2: Alice & Olivier De Moor, Chablis, L'Humeur du Temps, 2014
Avec les charcuteries.
La robe est jaune claire, jeune. Le nez est fermé. La bouche est vive, citronnée, acidulée. On retrouve de petites touches d'agrumes. La matière est belle, traçante et salivante. L'ensemble est mûr, très propre, faisant jeune, finissant sur une fine amertume rafraichissante, sur le zest d'agrumes et l'iode. Pas trop de doute, je partais sur Chablis, pour cet
Excellent vin
(17/20), que j'aurais attribué à Thomas Pico. Une belle grosse découverte, et qui vaut largement plus que le village.
Vin 3: Nicolas Maillet, Mâcon Verzé, Le Chemin Blanc, 2010
Avec les charcuteries.
La robe est jaune claire. Le nez est puissant, sur le marc de raisin, le raisin de corinthe, avec un peu d'alcool à brûler. La bouche est à l'unisson de ce nez: puissante et sur une aromatique identique. Un léger côté oxydatif complexifie de façon élégante ce vin. Il est par ailleurs assez précis, sur le citron, les fruits jaunes, et fini salin et légèrement amer, sur l'écorce d'orange (noble). L'ensemble est également complexe, riche et droit, avec une belle acidité. Je pense que ce vin est assez jeune, j'évoque le millésime 2010. Par contre, il me fait un peu voyager: Jura, à cause du léger côté oxydatif?, Alsace et riesling, avec ce penchant sur le citron, les fruits jaunes, l'écorce d'orange et l'acidité?, le Chenin pour...un peu de tout ça? Je valide au final un Savennières. C'est
Très Bon à Excellent (16,5/20), par contre, je pense qu'il est actuellement sur son plateau et qu'il faut le boire assez rapidement avant qu'il ne verse du côté obscur...
En parallèle de ce vin, une discussion est amorcée sur l'âge, la vieillesse, l'amitié, le partage, la mort...Bref, une vraie discussion d'adulte, pleine de philosophie, (comme LPV Forez sait le faire
)...et ou l'on retiendra essentiellement de celle-ci que
"Quand tu es amateur de vin, tu t'en fout de vieillir, tes bouteilles vieillissent en même temps!!!" (Merci Cédric pour cette intervention pleine de bon sens!!!)
Vin 4: Domaine Bott Geyl, Alsace Grand Cru Schlossberg, 2011 Non à l'aveugle
Avec le Tartare de Saint Jacques, citron vert et baies roses.
Cette bouteille comptant pour le
Terroir Commun
, un peu de patience...
Après cette belle série de blancs, on passe aux rouges, en espérant qu'elle soit d'aussi bon niveau!
Vin 5: Domaine Jamet, Côte Rôtie, 2004
Avec la fabuleuse andouillette.
La robe est grenat foncée à reflets rubis. Le nez est un peu charcutier, avec un léger caramel. On retrouve une très jolie bouche, avec un fruit d'une grande pureté (rouges, noires), bien mûrs, avec notamment des saveurs de framboise du plus bel effet. A ceci s'ajoute des notes d'élevage présentes, affirmées, mais d'une grande élégance: torréfaction, café, légèrement vanillée. La matière est superbe, d'une grande concentration, mais d'une pureté et d'une finesse de tanins hors norme. Il est en même temps soyeux, fin, long, ample...La finale est longue, déliée, complètement fluide et d'une grande finesse...une bombasse sur un podium qui se trémousse et qui dit
"Je suis bien gaulée, je le sais et je vous emmerde tous!!!!" Je partais pinot noir moderne, sur un beau millésime au départ, en pensant très fortement au domaine Denis Mortet. Le millésime étant révélé, j'écarte l'hypothèse bourguignonne pour partir Languedoc et Grange des Pères, pour les grandes qualités de bouche, notamment ce toucher. Le meilleur vin rouge de l'année pour l'instant,
Exceptionnel (18/20).
Vin 6: Domaine Arlaud, Clos de la Roche, 2011 Non à l'aveugle
Ouverture le matin, aération lente tout l'après midi (au total une dizaine d'heures)
Sur la joue de boeuf.
La robe est grenat claire à reflets franchement rubis. Le nez est également un peu charcutier. L'attaque est acide, sur la framboise, la griotte, ça pinote de façon évidente. L'ensemble est très pur et délicat, sur le noyau de cerise. On ressent un bel élevage, mais parfaitement intégré et d'une grande finesse, les tanins le sont tout autant. D'ailleurs,
"Côté Tanins, c'est du beau niveau, enculé" (à lire et à prononcer avé l'accent marseillais, con!!!
)Le fruité est éclatant et brillant. La finale est fraîche, avec un léger trait de vert. Le fond de verre est sur la rose et la ronce, ne pouvant trahir le pinot (que tout le monde avait reconnu il me semble?) Il est également d'une très grande buvabilité et d'un abord extrêmement plaisant et facile. Le meilleur vin rouge de l'année...a égalité maintenant!
Exceptionnel (18/20)
Vin 7: Alain Voge, Cornas, Vieilles Vignes, 2011
Sur la joue de boeuf.
Robe grenat violine. Le nez est fumé, je ressent de l'anchois, du thym, de la garrigue. On retrouve une belle attaque acide, légèrement sucrailleuse. La première partie de bouche est très légèrement acqueuse, avec un petit déficit de matière au départ. Ceci est rapidement amendé car on retrouve un vin au bel équilibre, avec une matière fine, juteuse et bien élancée. Les tanins sont bien fondus, et des arômes de chocolat font leur apparition, avec un peu de ronce en final. Encore un rouge de haut niveau.
Excellent à Exceptionnel (17,5/20), j'étais sur une Grange des Pères, ou à défaut, un grand languedocien.
Vin 8: Domaine Vaïsse, Languedoc, Galibaou du Russe, 2012
Bue pour elle même, parce que 3 rouges, c'est trop juste! (
)
La robe est grenat à reflets rubis. Le nez est poivré, fin, sur le boyau. On retrouve une bouche confortable, légèrement grasse, avec un léger cacao. Les fruits noirs et des notes d'élevage vanillé accompagnent cet ensemble juteux et de belle facture. C'est un peu court, avec un manque d'allonge rendu particulièrement visible par un effet séquence qui ne l'avantageais pas. Celà reste néanmoins un
Très Bon vin
(16/20), qui permet de redescendre en douceur!
Vin 9: Olivier Horiot, Champagne, Sève 2009, Rosé de Saignée "En Barmont"
Bue sur le plateau de fromage
La robe est grenat rose-saumonée, avec une fine effervescence. Le nez est très (trop) puissant, sur l'alcool de poire, de prune. La bouche est virile, avec une grosse amertume et une acidité qui se battent en duel. Je le trouve dur, tannique et bien trop puissant pour moi, pour un vin que j'imagine à grosse dominante de pinot noir, et dont le très faible dosage (2g/L) fini de le rendre austère et sans la moindre trace de gourmandise. Je le trouve complètement bodybuildé, à la limite du déséquilibre, confirmé par une longue finale sur l'amertume de l'artichaut: pas de plaisir possible pour moi. Juste
Correcte (13/20) pour ce vin trop rigide, et dont la dureté m'empêche même de ressentir le fruité d'une part, et la bulle en bouche, d'autre part. Il est cependant probable que je sois passé à travers sur ce vin car j'ai l'impression d'avoir été à contre-courant de mes acolytes sur ce vin.
Au total, une grosse régalade encore une fois, dans notre cher forez. Une très belle soirée, à la très bonne ambiance, forcément, au cours de laquelle nous aurons arrosé et célébré comme il se doit notre nouvel agrégé, avec des blancs de haut niveau, et des rouges qui tutoient l'excellence!!!
Merci à toi, JB, pour ton accueil simple et chaleureux, comme d'habitude. Merci à vous les copains, de pouvoir faire en sorte de partager ces si bons moments où on a l'impression que le temps s'arrête et où on oublie tous les tracas du quotidien...et bravo à toi Aurélien, tu as tout mon respect!!!
Merci de m'avoir lu!