Quand le chardonnay est orange, tu deviens vert et tu n'as plus qu'à passer au rouge
Je recevais mes deux amis samedi dernier.
Ne soyons pas superstitieux, espérons que le 13 ne portera pas malheur.
J'évite de passer sous une échelle ou de marcher sur la queue d'un chat noir, c'est que j'ai prévu d'ouvrir la plus grosse quille de Chardonnay de ma modeste cave.
Cette parcelle me fait un peu rêver, le nom, l'emplacement, la vue quand on s'y trouve ...
Le programme sera Chardonnay puis vieux Bordeaux après un apéro durant lequel je souhaite leur faire découvrir un vin du domaine Dagueneau
Domaine Dagueneau Pur Sang 2012
J'avais découvert la cuvée Silex à la Taverne du port de Marseillan avec beaucoup de plaisir
Les vins de ce domaine ne sont pas vendus à emporter pour une raison évidente mais je suis parvenu à convaincre le patron devenu un ami que je souhaitais mieux découvrir ce domaine avec mes deux amis passionnés.
C'est ainsi que j'ai pu remonter cette bouteille.
Autant le dire tout de suite, je ne vois pas beaucoup de points communs entre les 2 bouteilles.
Pur Sang présente une matière très imposante presque tannique avec de légers arômes de fruits rouges.
Celle là dans un verre noir doit perturber nombre d'amateurs.
Mes 2 amis qui connaissent bien mieux la Loire que moi n'évoquent pas le Sauvignon immédiatement.
Trouvant le vin fermé à l'ouverture, je l'ai carafé près d'une heure.
Il n'aura de toute façon pas bougé sur 72h
Si la cuvée Silex m'avait enchanté, Pur Sang du même millésime mérite à mon avis une garde conséquente pour donner plus de plaisir
Domaine Chartron, Clos des Chevaliers 2007
Vu le titre vous avez sans doute déjà compris que le carrosse s'est transformé en citrouille.
Lorsque je verse un fond de verre à l'ouverture vers 16h, je suis comme Thierry Gilardi lors de la finale de la coupe du monde 2006 au moment où il découvre le coup de boule de Zidane au ralenti.
Ah Non ! pas ça ! pas maintenant !
Jusqu'à présent j'étais globalement épargné par les bouchons et la prémox mais là j'ai pris cher.
Le nez ne laissait aucun doute, de la noix et de la pomme.
Je sais que c'est la période des galettes mais je n'avais pas envie de servir un mauvais cidre à ce moment du repas.
Domaine Matrot, Meursault 1er cru Blagny 2008
C'est ma bouteille de remplacement
Elle aura très bien tenue son rôle.
Un nez équilibré que Gérard placera à Puligny, Gaétan pensera à un Meursault avec des typicités de Puligny
Mes amis sont plus forts que moi au petit jeu de l'aveugle.
C'est vrai que cette bouteille ne présentait pas trop de gras, un bouquet floral légèrement fruité et une belle acidité.
En bouche le vin est équilibré avec une jolie finale qui souffrira cependant de la comparaison avec la bouteille de Gérard.
Une bouteille plaisante à boire qui mérite bien son rang de 1er cru. Le secteur de Blagny est souvent minoré quand on parle de Meursault mais je trouve que le domaine Matrot y réussit régulièrement une jolie cuvée.
Domaine Carillon, Bienvenues Bâtard Montrachet 2007
C'est donc un apport de Gérard et je suis à l'aveugle
Immédiatement je suis impressionné par la structure du vin
Le nez était déjà bien complexe, là c'est sur que Gérard n'a pas sorti une petite bouteille de sa cave mais la bouche est impressionnante.
Je connais ses domaines habituels mais j'imagine qu'il nous a encore sorti un truc de derrière les cartons comme un Bâtard bien né.
La bouche présente une amplitude assez incroyable et la finale tout en puissance reste longue et large.
L'intérêt de l'aveugle est assez remarquable car sur le coup là Gaétan voit un vin moins puissant que le Bienvenues 06 alors que moi je le trouve plus imposant
Par contre je n'avais pas trouvé le millésime car j'imagine 07 plus acide et moins dense.
J'aurais plutôt pensé à un 2005
Quoiqu'il en soit nous avions là une immense bouteille. Ce grand cru du domaine Carillon est vraiment une très grosse quille.
Le fait que ce soit un 2007 me fait encore plus regretter que le Chevalier soit tombé de sa monture en heurtant un noyer car nous aurions pu comparer les deux grands crus dans le même millésime.
Passons aux vieux Bordeaux
Château Léoville Las Cases 1979
J'en avais déjà bu une sur mon lot de 2
Je souhaitais faire découvrir cette bouteille à mes amis, c'est de là que venait l'idée du thème vieux Bordeaux (avant 1991)
La robe commence à tuiler mais pas tant que ça pour un vin de près de 40 ans
Le nez est classiquement médocain, Gérard ne s'y trompe pas
Un beau Bordeaux à maturité
Au niveau de la bouche les avis vont légèrement diverger.
Je trouve les tannins complètement fondus, une belle amplitude et une finale en délicatesse
C'est presque Chambolle sur Médoc
Ma femme qui n'aime pas trop les Bordeaux apprécie le vin, c'est pourquoi je le signale
L'épouse de Gaétan le préférera même au suivant
C'est vrai que rien n'accroche et que le vin est très facile à boire
Gérard trouvera qu'il manque un peu de matière, avis renforcé à la découverte de l'étiquette.
Pour lui cette bouteille n'est pas typique d'un grand Las Cases. Je le crois volontiers puisqu'il en a dégusté bien plus que moi notamment un 1961 en compagnie du père de l'actuel propriétaire du château.
Château Mouton Rothschild 1986
Une robe incroyablement concentrée.
Gérard, on avait dit d'apporter des Bordeaux d'avant 1991, celle là est bien plus jeune !
ha d'accord, c'est d'avant 1991 !
Le nez sur le tabac blond, la boite à cigares, le cassis, si ça c'est pas un Pauillac ... yes j'ai trouvé
La bouche est d'une amplitude extrême, ce doit vraiment être un grand vin
Ok c'est mon premier 100/100 Parker
Quelle densité, quelle structure et une finale persistante.
Un petit bémol toutefois, les tannins sont tellement imposants qu'ils en restent légèrement astringents.
Avec la pièce de faux-filet, ça ne pose aucun problème mais en dégustation pure, c'est vrai que le vin mérite encore d'attendre un peu en cave.
Une immense bouteille qui selon moi n'a pas encore atteint son apogée.
Et puisque le prix des vins agite plusieurs discussions sur LPV, Gérard avait acheté cette bouteille 250 Francs
Encore une très belle expérience
Vieux Château Certan 1986
Une robe également profonde, à croire que les grands Bordeaux sont éternels.
On retrouve des arômes de boite à cigares , des fruits noirs, un peu de champignons sans pour autant dire que ça truffe à plein nez.
Le vin présente une jolie complexité, beaucoup d'harmonie avec un peu tous les marqueurs bordelais réunis.
Cela fera dire à Gérard qu'il pourrait s'agir de Figeac, un rive droite avec une forte proportion de cabernet.
Là je dis chapeau parce qu'on est vraiment dans le même style d'assemblage même si c'est une appellation voisine.
En bouche le vin est soyeux, c'est une main de fer dans un gant de velours.
La matière reste imposante mais s'exprime avec élégance, rien ne semble dépasser
L'amplitude est presque onctueuse et la finale très longue semble s'étirer en douceur.
Un vin qui doit être à son apogée. Un immense plaisir à boire un vin de ce niveau.
Il ne s'est pas fait écraser par le passage de son conscrit de chez Mouton Rothschild juste avant.
Ainsi s'achève notre dernier repas qui va générer de nouveaux et excellents souvenirs
A bientôt pour d'autres belles aventures autour de bonnes bouteilles