Le Coche et leteckel
Arnould m'avait contacté pour me dire qu'il pourrait être de passage dans la région samedi dernier.
C'était une belle occasion pour se croiser réellement après de nombreux échanges virtuels et la certitude d'avoir de nombreuses affinités.
Gaétan étant également disponible, cela tombait très bien et comme il n'y a jamais trop de fous autour d'une table, nous avons également convié Luc à se joindre à nous.
La période est bien chargée pour moi mais finalement la soirée a pu se dérouler sans encombre même s'il a fallu se résoudre à rester à l'intérieur tout en essayant de gérer au mieux la température des rouges.
Finalement en pleine canicule, le mieux est encore de les mettre au frigo, ils se réchauffent bien assez vite dans les verres.
Champagne Delamotte Blanc de Blancs 2008
J'apprécie le blanc de blancs et les millésimés de cette maison ( il parait que le brut présente nettement moins d'intérêts).
Mon caviste m'avait également confirmé que le 2008 était une belle réussite et que les clients semblaient satisfaits.
C'est une cuvée relativement difficile à trouver désormais, c'est pourquoi lorsque j'en ai eu l'opportunité, je n'ai pas manqué l'occasion d'en acheter une.
Entre les 2007 et 2012, il fallait bien que je me fasse une idée sur ce grand millésime en Champagne dans une maison qui ne millésime que les meilleures années.
Nous commençons donc la soirée avec cette bulle qui a semble-t-il donné beaucoup de satisfactions autour de la table.
Fruits jaunes, citron, il y a une belle maturité assez gourmande.
Des notes de fruits secs, j'aime beaucoup cette complexité assez facile à percevoir.
En bouche la bulle est à la fois tonique et enveloppante.
il y a de l'amplitude et de la longueur avec une belle acidité sans excès.
Le goût de "reviens y" est tellement évident que nous finissons la bouteille alors que nous savons pourtant qu'il y a plein de chaussettes qui attendent dans les frigos ou glacières.
Il me reste des 2012 et 2014 qui seront probablement mes dernières vu la hausse assez conséquente de leur dernière offre directe.
Dominio del Aguila - Albillo Viñas Viejas 2017
Arnould ouvre le premier et instantanément nous sommes en milieu connu avec une fine réduction qui nous envoie en Bourgogne si ce n'est la forme de la bouteille qui me fait dire qu'il y a peut-être un piège.
Si mon palais me joue un tour, la forme de la bouteille évoque la Loire et comme je n'ai pas été avare de reproches vers cette région ces derniers temps, je ne serais pas étonné que notre teckel soit un renard ( avec un D
) qui ait cherché à me faire prendre un Chenin ou un Sauvignon pour un chardonnay.
Cette réduction dominant l'ensemble, Gaétan dit à juste titre que ça lui évoque Pierre-Yves Colin-Morey mais qu'il est bien impossible d'y déceler un terroir.
Nous ne serions jamais allé en Espagne, notre ami enlève la chaussette et nous pouvons alors débattre de la spécificité des terroirs bourguignons derrière certaines aromatiques habituellement perçues.
Le débat entre terroir et élevage n'est pas prêt de finir entre tous les passionnés de cette région.
Pour info, la bouteille fut ouverte samedi soir, j'en ai repris un verre lundi soir et un dernier mardi soir, le vin n'avait pas bougé d'un poil, à croire qu'il est indestructible.
Un vin à ne pas ouvrir aux réfractaires de la réduction mais qui a parfaitement débuté une trilogie de blancs possédant cette caractéristique.
Domaine Boisson-Vadot Meursault "Les Chevalières" 2012
Seconde bouteille d'Arnould et nouvelle aromatique assez familière.
Un léger gras qui évoque Meursault mais des notes minérales et d'agrumes fraiches qui me conduisent vers le secteur frais de ce village s'il s'agit bien d'un Meursault.
Les céréales grillées ne manquent pas à l'appel.
Là je me vois bien dans le secteur Meix Chavaux, Chevalières, Rougeots ...
La bouche est fraiche sans pour autant que nous puissions parler de sous maturité parce que les amers sont plaisants.
Un vin traçant avec de la longueur et finalement bien représentatif de son terroir et de son domaine.
J'avais déjà gouté le 13 et le 14, les caractéristiques sont assez proches.
Un vin qui est tout de même supérieur au précédent car possédant plus de complexité.
On pourrait dire après coup que Pierre Boisson est le meilleur élève de la classe mais qu'il ne dépasse pas le maitre puisque sans concertation préalable, Gaétan nous sert une nouvelle bouteille qui va nous faire monter une marche.
Domaine Coche-Dury, Meursault 2007
Une robe plus dorée que les précédentes mais aucune suspicion de prémox possible.
Le nez envoie le cortège royal de poires, agrumes, badiane, un soupçon de silex et des notes de sésame qui ne sont pas si dominantes que je ne l'aurais pensé.
Je ne suis en fait pas vraiment à l'aveugle puisque j'imagine assez vite que Gaétan a ouvert son unique bouteille de Coche provenant de la cave de Gérard.
j'ai par contre un doute concernant la cuvée, ne sachant plus si c'est une Meursault ou une Puligny.
j'avoue que sur cette bouteille, je pencherais plus pour Puligny puisque je ne trouve strictement rien de beurré ou brioché.
C'est peut-être en fait tout simplement parce que la bouteille est à parfaite maturité et qu'elle a totalement digéré son élevage.
La bouche est exceptionnelle pour un village.
Une amplitude énorme qui doit mettre bien des 1ers crus de la même commune au tapis (si toutefois on parvient à trouver des 1ers crus 2007 à Meursault qui ne sont pas oxydés
).
Je pense pouvoir dire qu'à mon goût, on approche de la perfection pour une appellation village de la Côte de Beaune et que s'il y a une chose qui est certaine, c'est que la réputation du domaine Coche-Dury n'est pas usurpée.
Nous avons bien évidement une pensée pour Gérard qui aurait probablement été satisfait de voir sa bouteille savourée entre amis.
Poggio di Sotto - Brunello di Montalcino 2006
Nous passons à la viande et Luc propose cette bouteille pour accompagner le grenadin de veau.
Une robe tuilée.
Une aromatique assez fraiche, mentholée avec de la griotte, un peu de tabac peut-être, c'est en nuance.
Connaissant l'intérêt de mon ami pour les vins italiens, j'imagine un vin du Trentin par rapport à la fraicheur qui n'a rien de sudiste.
En bouche les tannins sont fondus, le vin est une caresse sans aspérité qui se laisse boire sans difficultés.
Une bouteille parfaitement à point qui a mis tout le monde d'accord autour de la table.
Je précise que nous l'avons encore mieux apprécié lors d'un second passage après un petit séjour au frigo.
Une belle découverte mais quand Luc évoque le prix actuel, je ne peux m'empêcher de penser que de l'autre coté des alpes, s'il s'y fait d'excellents vins, ce n'est pas pour autant l'eldorado tarifaire.
Domaine Mongeard-Mugneret, Echezeaux et Grand-Echezeaux 2013
J'ouvre ensuite ces 2 bouteilles en parallèle.
A l'ouverture, 5h plus tôt, l'Echezeaux était déjà bien expressif alors que son grand frère était totalement fermé.
La tendance va rester la même sur le veau puis sur les tournedos de Wagyu.
L'Echezeaux pinote délicatement sur les petites baies rouges avec des notes minérales caractéristiques surtout quand on connait l'étiquette
En bouche il est savoureux, tout en finesse avec une finale que Gaétan trouve trop brève mais qui me convient bien à ce moment du repas.
Je regrette d'ailleurs presque d'avoir ouvert l'autre bouteille car le GE est plus massif mais peine à se dévoiler.
Luc avait tout de même relevé immédiatement plus de puissance pour le GE
Je précise que les tannins sont déjà bien intégrés et que l'élevage n'est pas particulièrement gênant pour moi mais le vin n'est pas dans une bonne phase.
Il semble en transition.
72h plus tard, il commencera à montrer plus de complexité.
S'il ne s'agit certes pas des deux meilleurs pinots de ma vie, je les ai tout de même plus apprécié que Gaétan qui était particulièrement critique.
Je fais cette remarque parce Gérard lui avait déjà dit qu'il attendait probablement trop d'un cru bourguignon et qu'il courait vers de nombreuses déceptions.
Les mots de Gérard me revenaient à l'esprit quand Gaétan parlait de l'Echezeaux alors qu'Arnould et Luc semblaient apprécier le vin.
Il n'aurait pas été raisonnable d'ouvrir plus de vin mais je regrette de n'avoir pas ouvert également le Vosne village du même millésime pour mesurer si l'écart avec les deux grands crus est perceptible et justifié.
Domaine de Chevalier 2006
Seconde bouteille de Luc
Je me verrais bien à St Julien avec des notes de tabac blond, un peu de cassis et une pointe de poivron.
En bouche les tannins sont soyeux, le vin reste délicat si bien que ma seconde proposition sera l'AOC du dessous à Margaux.
Une bouteille à parfaite maturité ( les 2006 seraient ils à boire ?) qui n'a pas été pénalisé par le fait d'arriver sur des palais qui commençaient à fatiguer.
Je n'ai pas perçu de fumé caricatural qui m'aurait fait dire immédiatement Pessac.
Cette bouteille me conforte en tout cas dans l'idée que je n'ai pas acheté assez de bouteilles de ce domaine puisque je ne possède que des 2011.
La patience de Luc fut récompensée pour ses deux flacons.
Domaine Lucien Aviet & Fils - Arbois Réserve du Caveau "Cuvée des sorciers" L'étrange 2012
Dernière bouteille d'Arnould.
Il nous la sert en carafe.
Tient encore une bizarrerie comme son étrange sauf que ça ne ressemble pas exactement à l'étrange que j'ai déjà dégusté.
Je me souviens que l'étrange était un chardonnay avec une étiquette de Savagnin
alors que là ça ne fait ni vraiment chardonnay ni non plus savagnin.
Il y a tout de même une grosse acidité et je me souviens qu'Oliv avait détecté le savagnin grâce à cette acidité.
je mise donc sur un Savagnin qui serait cohérent sur le fromage mais une autre étrangeté différente de l'étrange.
Quoi ??? c'est une nouvelle fois l'étrange !!! Mais tu te fous de nous mon ami !
Cette bouteille est diablerie.
Dominique Dufour Aussigouins – Nectar d'Empyrée 2017
Nous terminons le repas avec cette bouteille de Gaétan qui sera en tout point identique avec ma première rencontre.
Abricots secs, miel acidulé, pâte de fruits de coing.
C'est tonique, vivifiant en fin de repas et parfait sur un flan pâtissier.
Ainsi ce termine notre repas, je n'ai pas vu le temps passer.
Que ça fait du bien de retrouver des amis avec qui on partage une passion.
Mon métier m'empêche de pouvoir multiplier ce genre de rencontres mais ce serait avec plaisir que j'en ferais plus souvent.
Une bouffée de bien être à chaque fois qu'on active la machine à fabriquer des souvenirs agréables.