Les Comtes du Forez accueillent un représentant du Duché d'Orléans!!!
LPV c’est un peu comme une grande famille. Même si on ne se connait pas, on sait qu’on a des liens en communs. En effet, cela ne déroge pas à la règle entre foréziens et orléanais, comme on peut l’apercevoir sur cet arbre généalogique.
D’autres points sont également en communs. Ainsi, le Comté du Forez est situé bien en amont du duché d’Orléans, mais ils sont tous deux traversés par le fleuve Loire. Enfin, l’Histoire, comme vous allez le voir, a fait que certains liens, parfois étroits, ont pu se tisser au gré des siècles et des faits historiques. Ainsi, la genèse de cette rencontre lpvienne date au final du temps de nos aïeuls, il y a presque 700 ans déjà…En voici un bref résumé chronologique:
1364-1380 : Règne de Charles V, et redressement du royaume de France. Il était marié à Jeanne de Bourbon, sœur de Louis II de Bourbon, Comte du Forez par mariage. Nous sommes en pleine guerre de 100 ans (soit disant que les britishs voulaient nous tirer des plants de chardonnay, et qu’on n’était pas d’accord…). A cette occasion, le Comte du Forez aide le Roi a reprendre une trentaine de places fortes.
1380 : Charles VI, plus jeune qu’une jeune vigne, prend le pouvoir à 12 ans, suite au décès de Charles V. (Les Ducs d’Anjou, de Berry et de Bourgogne s’occuperont des vendanges, mais c’était un beau bordel). Heureusement, Louis II de Bourbon, son oncle, le conseille et deviendra même d’après ces dires son
"tonton préféré".
1389 : Voyant que c’était n’importe quoi, Charles VI devient tout brelot. C’est son frère, Louis d’Orléans, qui prend les rênes du domaine.
1392 : Charles VI donne le duché d’Orléans à Louis.
1395 : Philippe le Hardi veut supprimer le gamay au profit du pinot noir. Sans doute un début de querelle avec le reste de la famille. D’ailleurs, le Chevalier de Laspalès s’écrie
"Y’en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes !"
1401 : Sans doute lors de repas de familles trop arrosés, Philippe le Hardi et Jean Sans Peur se chamaillent avec Louis d’Orléans, à propos de partage de terres (viticoles ?). Le Comte du Forez soutient ardemment Louis d’Orléans.
1407 : Jean Sans Peur, Duc de Bourgogne, fait assassiner son cousin Louis Duc d’Orléans. Parait-il que ce dernier voulait finalement planter du chenin à la place du gamay à Dijon…Du coup, c’est la guerre entre les Armagnacs (Bernard VII, comte d’Armagnac et beau père du jeune Charles d’Orléans, fils du Duc assassiné) et les Bourguignons. Visiblement, ils n’étaient pas d’accord sur la taille des alambics. C’est le fils de Louis, Charles, qui reprend la tête du duché.
1415 : La guerre reprend entre les britishs (Henri V et la Bourgogne) et nous. On se prend une peignée à Azincourt. Depuis, plus aucune équipe tricolore n’aura rejoué à cet endroit pour le tournoi des 6 nations.
1419 : Le Dauphin Charles (Charles VII) fait assassiner Jean Sans Peur à Monterault Fault Yonne. On aurait entendu certains Orléanais dire
"Bien fait pour sa gueule". Son fils, le Duc de Bourgogne Philippe Le Bon, ami d’une brute et d’un truand, soucieux d’exporter ces vins, privilégie le marché anglais, et passe complètement à l’ennemi. D’aucuns diront qu’il avait négligé la possibilité du brexit.
1420 : Les britishs nous mettent une nouvelle volée. Henri V se pavane en conférence de presse, et humilie Charles VI. En effet, le roi anglais demande la fille de Charles VI, Catherine, en mariage et récupère comme dot le royaume de France. On notera que Domenech a été nettement moins inspiré de faire la même chose un soir de défaite. Le Dauphin Charles VII est déshérité.
1422 : Charles VI meurt. Henri VI, fils d’Henri V et de Catherine de France devient roi de France. L’ex Dauphin, Charles, réfugié dans le Berry, s’autoproclame Charles VII en disant :
"Je vais quand même pas me laisser faire par un gamin".
1429 : Après avoir bu une Pucelle pour lui donner du courage, Jeanne d’Arc délivre Orléans. Elle emmène ensuite Charles VII se faire sacrer à Reims. Pour fêter cela, le nouveau roi fait faire un devis au clergé pour créer une bulle locale apéritive. Ils mettront plus de 250 ans pour réaliser tous les tests et respecter le cahier des charges imposé par Charles VII…
1431 : Jeanne d’Orléans disparait à Rouen dans un nuage de fumée. Fatiguée, elle aurait déclarée :
"Ces dernières années, j’ai bien bûché, je suis cramée". On ne la reverra plus par la suite.
1440 (environ) : En prévision d’éventuels débordements pour les futurs derbys, Charles VII autorise la construction d’un mur d’enceinte autour de la ville de Saint Etienne.
1465 : Mort de Charles, Duc d’Orléans. Il s’en suivra une litanie de « Charles », « Henri » ou » Louis » à la tête de ce duché, rendant la construction des arbres généalogiques pas des plus simples.
1531 : Le Forez est rattaché définitivement au domaine Royal, dirigé par les différents rois « Orléanais »
[...]
18 Août 2017 : Rencontre officielle des Comtes Foréziens avec un représentant du Duché d’Orléans. A priori, pas la dernière.
Ainsi, ces presque deux siècles au cours du moyen âge auront donc forgé des liens de loyauté et de proximité entre Orléans et le Forez. Ceux-ci perdurent d’ailleurs encore aujourd’hui, c’est ce que nous aurons eu l’occasion de tester vendredi, chez notre camarade et ami Cédric Le Bon et son épouse Gaëlle (merci infiniment à eux). Pour celà, des cuisines nous étaient préparées un repas de Roi:
- Toasts au foie gras et piment d'Espelette, brioche aux gratons, coppa corse
- Ceviche de Daurade "exotique", pois chiches
- Carré d'Agneau, pommes de terre
- Camemberts au four
- mini tartelettes
Ce festin s'est évidemment accompagné des vins suivants:
Vin 1: Olivier Horiot, Champagne, Sève "En Barmont", Les Riceys, Blanc de Noirs, 2008
La robe est jaune à reflets légèrement vert, la bulle est très fine. Le nez est sur la pomme, avec un très léger côté oxydatif, de fines notes de terpènes de citron, ainsi que de la viennoiserie et du fenouil. C'est éminemment complexe. La bouche est très légèrement crémeuse, patissière et citronnée, avec de fins amers réglissés, très fins et noble. L'effervescence est superbe, la matière est dentelée. On retrouve une belle longueur. C'est très élégant et charmeur, j'étais parti sur un superbe blanc de blanc millésimé (mais je ne voyais pas 2008), dans le style de cet
Amour de Deutz
. Bien dans le style que j'affectionne,
Excellent (17/20)
Vin 2: Domaine Julien Vedel, Vouvray, Le Comte Marc, 2012
La robe est jaune d'or. On est face à un nez puissant, un peu évolué, sur la craie, le raisin de corinthe, le miel et les plantes médicinales. La aussi, belle complexité. La bouche est très puissante, un peu huileuse. On retrouve des fruits jaunes légèrement confits, un peu terpénique. L'ensemble parait riche et à maturité, et s'articule autour d'une grande et longue colonne vertébrale à l'acidité haute (entendre pH bas). Un vin à la grande personnalité, ou le nez fait plus évoluée que la bouche. Je crois qu'on était tous sur un chenin de Loire.
Très Bien (16/20), et belle découverte.
Vin 3: Domaine Martin Müllen, Krover Letterlay, Riesling Spätlese, 2015 (Trocken)
La robe est jaune claire, presque fluo. Le nez est très arômatique, sur les fruits exotiques, le bourgeon de cassis, la goyave, le buis, ce qui m'envoie évidemment sur un sauvignon de Loire. La bouche est grasse, vive et assez ronde. On retrouve des amers un peu marqués en seconde partie de bouche. Il y a une belle maturité, pour ce vin qui paraît d'une facilité déconcertante. La longueur est belle, et une "attaque tannique" en fin de bouche pour resserrer les papilles. J'hésite finalement entre Riesling et Sauvignon (Sancerre "mûr", Pouilly Fumé?), pour rester sur ma première idée de vin de Loire. Accord majeur avec le Ceviche.
Très Bien à Excellent (16,5/20)
Vin 4: Ermitage du Pic Saint Loup, Pic Saint loup, Guilhem Gaucelm, 2012 Non à l'aveugle
Carafage 3 heures
Initialement, il était servi en seconde position des rouges, mais après avoir goûté l'autre vin rouge, on a changé l'ordre.
La robe est très foncée, presque noire, encre de chine. Le nez est très poivré, sur le thym, avec de la volatile et un peu de floralité, assez typique d'une belle syrah. La bouche est presque magique. On a un touché de soie, une aromatique très bien construite et fraîche sur l'orange sanguine, le menthol, les baies rouges (framboise, cerise, mûres...), la garrigue, un peu de violette, c'est extrêmement juteux...Envoûtant. La structure est tenue par une acidité rectiligne rendant le vin d'une tension et d'une longueur remarquable. Très lisible et d'une pureté quasi absolue.
Exceptionnel (18/20) et chopé au même niveau
que précédemment
Vin 5: Château des Tours, Vacqueyras, 2007
La robe est grenat rubis. Le nez est sur les baies rouges, un peu de crème, avec de la volatile. En bouche, on retrouve initialement une sensation un peu chaleureuse, giboyeuse et charcutière, d'une assez grande puissance. Les tanins paraissent assez fondus. On retrouve des notes amyliques, de prune, avec un peu de végétal (rafle?), de la framboise et un peu de chlorophylle. La fraise et la réglisse arriveront dans un second temps. Cet ensemble est assez barroque et entêtant, avec une texture confortable, presque "moëlleuse". La longueur est satisfaisante, mais restant toujours sur le registre de la puissance. Pour le nez, je serais parti sur un Cornas d'Allemand, mais le tout me faisait plutôt évoquer une Grange des Pères. Je n'ai pas vu venir le Reynaud, ces marqueurs ne nous serons apparus qu'une fois la chaussette levée...
comme avec le 2004
Très Bien (16/20), mais à attendre.
Vin 6: Eric Bordelet, Sidre, Brut Tendre
La robe est jaune d'or, légèrement sur le cuivre. L'effervescence est très fine. On retrouve un nez fermier, de poulailler. La bouche est fraîche, tonique, avec une sensation sur le jus d'orange. Celà manque un peu d'allonge, de structure et de matière, mais il fait le job, comme à chaque fois.
Bien à Très Bien (15,5/20)
Vin 7: Domaine Dirler Cadé, Alsace Grand Cru, Kessler (Gewurztraminer), 2008
La robe est jaune d'or. Le nez est très citronné, sur le kumquat, avec une belle expressivité, et un côté rose confite. La bouche est fraîche, droite, avec une sensation de boire un demi-sec. On pense initialement qu'il a mangé en partie ces sucres, car ce vin nous était présenté comme un liquoreux (ce qu'il n'est pas). L'ensemble parait un peu simple, fluide et de demi-corps. Il a, je pense, souffert de l'ordre de passage car il conviendrait mieux à l'apéritif ou sur du foie gras. Je pense également que l'on s'attendait tous à un vin au taux de sucre résiduel élevé, et que ne les trouvant pas, celà nous aura un peu déconcerté.
Assez Bien (14/20) malgré tout.
La soirée se terminera un long moment plus tard, le temps s'étend arrêté, pour discuter, échanger nos points de vue et apprendre à nous connaitre, de façon extrêmement enrichissante. Gageons que nous serons amené à nous revoir très prochainement. Merci les amis (anciens et nouveaux!
) et à très bientôt.
Merci de m'avoir lu.