Challenge œnologique d’Hesbaye
L’été se terminant doucement, le petit monde de la dégustation à l’aveugle belge se retrouve pour la 3ème manche qualificative du championnat de Belgique.
Au programme : Le challenge de la Hesbaye. Il s’agit d’une première participation pour nous.
Au niveau des règles à respecter, le tournoi possède quelques particularités :
10 Vins seront à dégustés en 2 séries de 5 vins. Les équipes sont formées obligatoirement par 2 personnes. Chaque participant à droit à 2 verres imposés par l’organisation. Le timing est de 8 minutes pour chaque vin. Les réponses sont ramassées après chaque vin, ce qui oblige les participants à faire preuve de rapidité (un vrai sprint!).
La région vaut 5 points, le cépage 9 points (au prorata pour un cépage secondaire d’assemblage), il faut cocher s’il s’agit d’un mono-cépage ou d’un assemblage pour 1 point, l’appellation vaut 3 points et le millésime comme le producteur, valent 1 point.
1) Le premier vin servi propose une robe jaune paille. Le nez évoque des arômes d’amande, des notes fumées, un côté floral, de la poire, du coing, une certaine minéralité. Le tout étant assez discret.
La bouche s’ouvre sur une belle acidité, le corps du vin est assez ample et la finale est sur une belle et franche amertume. On retrouve du coin, de la poire, un côté floral.
Assez perplexe devant ce vin, je songe d’abord à un chardonnay en Chablis, pour la trame acide, les notes de fumé, l’amande et le côté floral. Je songe aussi à l’aligoté. En discutant avec mon équipier, qui a eu les mêmes première idées que moi, l’amertume nous dérange pour le placer en Chablis. En se réchauffant, l’acidité tant à céder le pas à l’amertume. On pense aussi à une marsanne, mais l’acidité reste quand même présente, ce qui ne nous convainc pas. Nous sommes perdus. Pour un premier vin, nous n’arrivons pas à ne fusse que le placer dans une région. Aucun cépage ne nous paraît judicieux. Je lance Pinot gris à mon équipier, qui n’ayant rien de mieux acquiesce.
Nous indiquons donc : Alsace, pinot gris, mono, Alsace, 2014. Nous n’indiquons pas de domaine.
Il s’agissait d’un
Languedoc-Roussillon, IGP Pays d’Hérault, 70% de Carignan blanc, 30 % de chenin, 2015 du domaine du Mas Julien.
Bref, pas vraiment de regret sur ce vin, la plupart des équipes étant partie en Rhône sur Marsanne/Roussanne, pas grand monde marque des points. Ça commence fort…
2) La robe est d’un bel or, assez soutenu. Le nez est puissant, sur les fruits secs, le raisin, la pomme mûre, la poire, de la minéralité et ce qui pour moi s’apparente à quelques notes oxydatives. En bouche, c’est puissant, l’acidité traçante donne une belle longueur au vin. Il y du fruit (poire, fruits exotiques), une belle minéralité.
Ici clairement, j’hésite entre 2 cépages : le chenin ou le gros manseng. Avec mon équipier, qui a les mêmes idées que moi, nous hésitons beaucoup. Nous nous sommes souvent trompés entre les 2 lors des derniers concours. Finalement, nous optons pour le chenin. Devant sa puissance, nous le mettons en Savennières, 2013, domaine de la roche aux moines.
Il s’agissait d’un vin du
Sud-ouest, 60% gros manseng, 40 % petit manseng,en Irouleguy, 2013 du Domaine Arretxea (cuvée Pantxuri Ophites).
Bon, nous continuons notre zéro pointé, et il faudra encore bosser la différence entre les 2 cépages…
Pas le temps de tergiverser, le 3ème vin arrive.
3) la robe est jaune pâle avec des reflets verts. Le nez, un peu réduit à la base, nous donne quelques notes de buis, de sureau, de fruits exotiques. La bouche est fluide, sur le buis, le sureau, des notes végétales. Le couple amertume/acidité est bien équilibré. Le vin est fluide et se laisse boire facilement. Mon équipier me dit ne pas avoir trop d’idée, il n’a pas ressenti les mêmes arômes que moi.
Je lui indique que j’ai une idée, et que j’en suis assez convaincu : Sauvignon de Bordeaux, pour l’appellation, n’ayant pas une grande expérience, je propose Grave en 2014. Mon équipier suit.
Il s’agissait d’un vin de
Bordeaux, assemblage de 80% de Sauvignon et 20% de Semillon,2015 du château Carbonnieux en appellation Pessac-Leognan.
Bref, nous marquons enfin pas mal de points, il était temps…
4) Le 4ème vin arrive et nous propose une robe or claire, avec des reflets argentés. Le nez est très minéral, sur la pêche, la pomme, quelques notes florales. En bouche, les arômes ressentis au nez sont sublimés par une acidité traçante. Cette acidité est bien équilibrée par un gras donnant de l’amplitude au vin.
C’est clairement bon et difficile à placer. Avec mon équipier, nous évoquons un riesling, un manseng, un chenin (le côté pomme nous a fait évoquer le mauzac, mais l’acidité de ce vin, nous en a rapidement écarté). Ayant précédemment indiqué le chenin, et le gaillard ne nous donnant pas tous les marqueurs d’un riesling, nous partons sur un manseng en Sud-ouest.
Il s’agissait d’un vin de la
vallée du Rhône, en assemblage 60% clairette et 40 % roussanne, châteauneuf du Pape blanc,2016 du domaine Saint Prefert.
De nouveau une grosse bulle (ça commence à faire très mal). Pour l'excuse, pour mon équipier comme pour moi, ce fût une première expérience sur un châteauneuf blanc, c’est assez bluffant de trouver tant de fraicheur sur un blanc du rhône sud.
5) Le dernier blanc arrive et, nous l’espérons, sera plus facile à lire.
La robe est or clair avec des reflets argentés. Le nez est très charmeur sur les fruits jaunes, un peu d’épices et une belle minéralité. Le nez nous évoque directement l’Alsace et le Riesling.
La bouche propose, de nouveau, une belle acidité traçante (la plus importante des 5 vins blancs), sur le citron, la pêche l’abricot. C’est ample et long. De nouveau un très beau vin.
Mon équipier et moi, hésitons très peu et indiquons Alsace, Riesling, grand cru, 2014.
Il s’agissait d’un vin
d’Alsace, Riesling, en appellation Alsace, 2008, du domaine Trimbach, cuvée Frédéric Emile.
Bref, un beau vin, digne de sa réputation, qui nous permet de ne pas être totalement ridicule sur les blancs.
Place aux 5 vins rouges :
Après une pause pendant laquelle les hypothèses des différentes équipes sont parties dans tous les sens sur les 5 premiers vins, il est temps de nous y remettre.
6) la robe est rubis, pourpre. Le nez, très charmeur, est sur les fruits rouges (fraise, fruits rouges des bois), les épices, un léger côté floral. En bouche, le vin nous propose de littéralement boire ce panier de fruits rouges, c’est vraiment bon. Le vin a une belle rondeur, ce qu’il faut d’acidité et possède une finale légèrement asséchante, sans que cela ne soit nullement dérangeant (ayant un palais de fillette, j’apprécie tout particulièrement).
Bon, pas trop de suspens, mon équipier et moi partons d’office sur un beau Gamay du Beaujolais. N’étant pas encore de grands connaisseurs des différences entre les appellations, nous tablons sur l’une des appellations prestigieuses du coin. Notre cœur balance entre Morgon et Moulin-à-vent, nous indiquons Morgons 2016 de chez Lapierre.
Il s’agissait d’un
Beaujolais, en gamay, Brouilly, 2013 de chez Georges Descombes.
Voilà qui commence bien la série des rouges.
7) Le vin suivant à une robe rubis, plutôt claire. Le nez est de prime abord assez mutique. J’y détecte quelques notes de fruits rouges (cerise principalement) et des notes épicées. En bouche, le gaillard n’est pas vraiment plus causant. Le vin est fluide, propose une trame acide présente et une finale un peu asséchante. A l’ouverture, apparaissent des arômes de fruits rouges, des épices, un peu de sous-bois. Pas hyper emballé par ce vin.
Mon équipier partait sur un Pinot noir, sans trop le situer (mais pas en Bourgogne), moi j’envisageais le jura en Poulsard. Bon n’étant, ni l’un, ni l’autre trop sûr, nous optons pour la paix du ménage et tablons sur un pinot noir du Jura, côtes du jura, 2016.
En discutant par la suite, beaucoup d’équipes sont parties sur un pinot noir, mais d’Alsace.
Il s’agissait en fait d’un Vin de
Loire, Pineau d’Aunis en coteaux du Loir, 2015 du domaine de Bellivière (cuvée Rouge-Gorge).
Pas trop compris ce vin, et à la découverte de sa valeur marchande, je reste un peu dubitatif. Ne soyons pas mauvais, il pouvait être dans un mauvais jour, lui aussi !
8) Le 8ème vin s’annonce. Sa robe est sombre, rouge « profond », si j’ose dire. Le nez est bien plus causant et franchement charmeur. On a des fruits noirs, des notes empyreumatiques, de la groseille, du mentholé. En bouche, le vin a un très bel équilibre, il est à la fois fluide, rond, porté par une belle acidité et termine sur des tanins encore asséchant. On retrouve les mêmes arômes qu’au nez, mais avec en plus du floral et un côté épicé. C’est plutôt bon !
Bon, maintenant il faut encore le situer…On écarte rapidement Bordeaux, la couleur n’est pas assez prononcée pour un tannat et la finale pas assez assèchante non plus. Il nous reste un match entre Malbec et Mourvèdre. Les fruits ne nous semblant pas confit et ne retrouvant pas d’accent de garigues, nous optons pour un Malbec (new age), cahors, Sud-ouest, 2014. Encore une fois, nous n’indiquons pas de domaine.
Il s’agissait d’un
Languedoc Roussillon, vin de Pays du Gard, en 55% Carignan, 25 % mourvèdre, 10% Syrah et 10% grenache, 2013 du domaine Roc D’Anglade.
Franchement une bien belle bouteille, mais pour la trouver à l’aveugle, faut vraiment se lever très très tôt
. Bref, une nouvelle bubulle pour nous…
9) Le vin suivant va nous rassurer en nous donnant des marqueurs plus classiques. La robe est noire avec des reflets violacés. Le nez explose sur les épices, la garigues, la vanille, la pivoine. Très charmeur. La bouche est veloutée en attaque, bien équilibrée par une belle fraicheur et termine sur de petits tannins déjà bien fondu. On y retrouve les épices (poivre et vanille), la violette, la pivoine, les fruits noirs, un côté un peu sanguin. C’est vraiment bon.
Nous ne réfléchissons pas très longtemps, nous tapons sur une belle Syrah du Rhône nord, alors pour l’appellation, nous hésitons beaucoup, avant de nous dire, au diable l’avarice, tentons une côte-rotie. Il me semble que nous avons tapé au hasard Villard comme domaine.
Il s’agissait d’un vin de la
Vallée du Rhône, Syrah, en Crozes-Hermitage, 2016 de chez Laurent Combier.
Franchement, à la découverte de l’étiquette, il s’agit d’un beau Q/p pour moi.
10) Le petit dernier, nous propose une robe, de nouveau, assez sombre, avec des reflets pourpres. Le nez est, de nouveau, très charmeur, sur les fruits noirs, la réglisse, les épices et quelques notes empyreumatiques. En bouche, le vin, puissant, est de nouveau tout en équilibre entre velouté et fluidité, sur des notes de fruits noirs, des épices, du pruneau et une finale aux tannins pas encore totalement fondus. C’est de nouveau très bon.
Bon maintenant, pour le situer, c’est une autre histoire. J'évoque le Bandol, mon équipier rétorque que l’équilibre général des arômes porte plus vers un GSM en Languedoc-Roussillon. Je l'écoute et suis son avis. Nous tablons donc sur la Grenache en majoritaire sur l’appellation Faugères.
Il s’agissait en fait d’un vin du
Languedoc-Roussillon, côte du Roussillon, 50% de Carignan, 30% de Syrah, 20 % de Grenache, 2013 du domaine Gardies, cuvée les falaises.
La 3ème manche du championnat touchant à sa fin, arrive le moment fatidique de la correction des Vins. Nous nous rendons vite compte que notre score n’est pas glorieux. Néanmoins, devant la difficulté générale des vins, les scores de l’ensemble des participants se révéleront assez faibles. Les gagnants dépassant à peine les 90 points. Avec un score de 72 points, nous finissons à la 7ème place, à égalité de points avec l’équipe classée 6ème.
En route maintenant pour la manche suivante du Championnat : La coupe de Belgique organisée le 14 octobre prochain à Eghezée.