Une semaine après Bertrix, nous revoilà en vadrouille dans le fin fond du Brabant Wallon pour la seconde manche qualificative du Championnat de Belgique.
La plupart des habitués sont bel et bien présents! Tous se saluent joyeusement et on peut commencer! (Merci FX d'avoir bien poser le déroulement de la journée).
Pour se mettre dans le bain, nous avons droit à quelques questions de théorie...franchement pas évidentes. La classification des Cépages en fonction des différentes familles, ressemblant plus à un jeu de loterie qu'autre chose. Fort heureusement quelques appellations à identifier en Loire et quelques petites questions annexes permettent de mettre quelques points.
La théorie étant terminée, nous pouvons passer aux choses sérieuses (10 vins: 5 blancs et 5 rouges):
1) On nous sert un vin à la robe claire avec des reflets verts. Le nez est peu causant, assez minéral (mot fréquemment utilisé quand on a rien d'autres à dire...), quelques notes florales et citronnées. En bouche, l'attaque est assez ronde (avec mon équipier, on a même envisagé la présence de SR), avec une belle amertume et on retrouve les quelques notes florales et citronnées du nez. On a pas mal palabré sur ce vin...Ma première intuition tendait vers le melon de Bourgogne, mais mon équipier lui trouve plus un côté alsacien. L'idée me séduit et on cogite sur le cépage...On évoque le pinot blanc, le sylvaner voir le riesling. Au bout d'une vingtaines de minutes, en repassant le nez au-dessus du verre, on a la "minéralité" (limite pétrole) qui a pris le dessus sur tout le reste. Etant occupé à déchiffrer le 4ème vin, on oublie de bien se challenger et on part sur un Riesling d'Alsace en 2015 (oui oui, on commence déjà à se trouver des excuses).
Il s'agissait en fait de la cuvée
"Orthogneiss", du domaine de l'Ecu, Melon de Bourgogne, Muscadet Sèvre et Maine, Loire, 2014
Bon là dessus, je râle sec, surtout en relisant mes sensations...je n'arrive pas à comprendre ce que nous avons fait... et je rerâle sec, vu que cette même bouteille est depuis plusieurs mois dans la catégorie "à tester" de ma cave...Soit, on commence fort. En discutant par la suite avec d'autres équipes, on se rend compte que les propositions sont vraiment parties dans tous les sens. Les muscadets new look n'ont pas encore bien percolés en Belgique!
2) Le second vin à une robe qui se rapproche pas mal du vin précédent, en étant plus soutenue à mon sens. Le premier nez est déroutant. J'y ressens principalement de la pomme. A l'aération, je note des notes florales, de coing et de poire. La bouche est marquée par une acidité assez prégnante, avec quelques arômes de fruits (poire, coing) et une finale plus douce. Avec mon équipier, nous avons la même idée: un chenin. Quand nous discutons où le placer, nous n'arrivons pas à l'associer avec les appellations que nous connaissons bien (ça aurait peut-être dû nous alerter^^). Par dépit, nous finissons par le placer en Anjou, 2015.
Il s'agissait en fait de la cuvée
"La pente" du Domaine des côtes Rousses, Jacquère, Vin de Savoie, Savoie, 2016.
Bref, une belle bubulle sur ce vin. Pas vraiment de regret, on y a jamais pensé..
3) Après cette entrée en matière peu glorieuse, voilà le 3ème larron qui pointe le bout de son nez...et là...paf, on sniffe et op c'est dans la boite. Le nez est sur de beaux arômes grillés, toastés (on y décèle un bel élevage "à la bourguignonne"), des notes citronnées, en veux-tu, en voilà... Bref, on part direct sur le chardonnay en Bourgogne. Reste à le placer... En bouche, c'est d'un bel équilibre général et surtout, sur des notes toastées, citronnées, il y a ce qu'il faut de rondeur et une belle acidité tout en dentelle qui porte bien le vin. Bon là, mon équipier part sur Chablis. Moi je suis plutôt sur Meursault ou Mercurey. Nous tablons sur Meursault en 2015.
Il s'agissait en fait de la cuvée
"En Sazenay" du domaine Tupignier-Bautista, chardonnay, Mercurey 1er cru, Bourgogne 2016.
Franchement un beau vin qui nous donne enfin des points...Bon par contre, la plupart des équipes ont marquées des points avec le lascar.
4) Le vin suivant à une robe bien plus claire. Le nez est assez exubérant sur les fleurs blanches, le cassis, les fruits exotiques. Bref, il part un peu dans tous les sens. Je le trouve un peu "bonbon". Nous penchons rapidement pour un vin sudiste. En bouche, le vin est assez rond, mais pas déséquilibré car porté par une belle amertume qui donne de la fraîcheur au vin. La bouche est douce, agréable, fruitée, on y décèle en plus des arômes du nez, de la pêche blanche, de l'abricot. C'est clairement un assemblage. En discutant, nous évoquons la clairette, la grenache blanche, le maccabeo, le viognier. Pour le placer, c'est moins évident. N'étant pas (encore) des gros buveurs de blancs sudistes, nous penchons pour la provence, le vin nous rappelant un bandol blanc bu quelques jours auparavant. Nous le plaçons en côte de Provence avec comme choix de cépage la Clairette.
Il s'agissait de la cuvée
"Les Rizannes" du domaine Constant-Duquesnoy, assemblage de 40% grenache blanche, 40% clairette et 20 % de viognier, en appellation côte du Rhône, vallée du Rhône, 2016
Bon, sur ce coup-là, on marque le cépage (vive les assemblages), je note que nous avions évoqué l'ensemble des cépages présents dans le bougre (toujours sympa), mais qu'en effet, on doit bosser pour situer plus correctement ce genre de breuvage. Néanmoins, si les Rhône blancs sont tous de ce niveau-là, l'étude sera assez agréable!
5) Arf le dernier blanc arrive, et la directement on devine à la robe (jaune, or foncé) que l'on termine sur une sucrette....N'étant pas un fan des vins sucrés, je le sens moyennement...Le nez est sur la pêche, le miel, l'abricot. En bouche, je trouve le breuvage fort sucré, manquant d'acidité et de fait devant être assez jeune. On retrouve les mêmes arômes qu'au nez. Mon équipier n'étant pas plus spécialiste que moi, nous optons pour un vin au taux de sucre important et plutôt vers l'aquitaine. Bref, on vote Sauternes, Sémillon, Bordeaux, 2014.
Il s'agissait du
château Dubreuil, chenin en coteaux du layon, Loire, 2015
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Bref, le retour de la bubulle...
La discussion entre équipes pendant la pause nous montre qu'en effet, ce fut compliqué pour l'ensemble des tablées. On apprendra que l'ensemble des vins ont été trouvés au moins 1 fois (la jacquère que par une équipe, selon mes sources^^) et qu'aucune équipe n'a fait mieux que 3/5.
Passons aux rouges!
6) Le premier liquide est d'un rouge soutenu, avec des reflets violacés. Le nez est un peu "basse-cour" pour commencer, avant de libérer son fruit. Il y des fruits rouges et noirs, principalement de la framboise pour moi. Et puis...ben ça poivronne pas mal du tout! En bouche, confirmation, il y a de l'acidité, c'est un peu vert, un peu astringent, poivronnant et avec de beaux fruits. L'équilibre d'ensemble est pas mal, et le vin bonifiera à l'aération. Bref, peu d'hésitation, nous partons sur la Loire, Cabernet franc, pour l'appellation, on lui trouve suffisamment de matière que pour tenter chinon et pour l'année, 2016 vu que le gaillard est encore bien fermé.
Il s'agissait de la cuvée
"Les Gravilices" du domaine Amirault (Agnès et Xavier), cabernet franc, St-Nicolas de Bourgueil, Loire, 2014.
Allez, op un beau démarrage sur les rouges...La suite ne sera pas aussi réjouissante.
7) La robe est sombre, violacée. Le nez est gourmand, c'est le panier de fruits bien compotés. A l'aération, on partira sur les fruits secs. La bouche est ronde, veloutée, sur les fruits compotés, le pruneau. Pas de trace d'élevage en bois. En fin de bouche, il y a une belle mache qui donne de la fraîcheur à l'ensemble. Un beau canon qui vous fait de l’œil et qui se viderait tout seul en d'autres circonstances! Bref, nous parions sur une grenache en Languedoc-Roussillon, et pour l'appellation, on joue la stratégie en tablant sur un côte du Roussillon 2015.
Il s'agissait en fait de la cuvée
"Les mégalithes" du domaine Bertrand-Bergé, Carignan (complantés de grenache, une équipe tentera bien de négocier des points pour la grenache, mais ce fut peine perdue^^), Fitou, Languedoc-Roussillon 2015.
Bon sur ce coup-là, quelques points glanés. N'étant pas des fins connaisseurs du Carignan, nous ne l'avons pas évoqué, mais clairement ce genre de cuvée nous invite fortement à corriger cette non connaissance! Beau vin de plaisir.
8) La robe est plus claire que le précédent, on est sur le rubis. Alors là, le nez, plus déroutant que cela, tu meurs...C'est fort sur les épices douces (limite vin chaud), avec des arômes floraux (rose) et quelques notes vanillées (on y sent un élevage de belle facture, encore à fondre un peu). En bouche c'est souple, fluide et avec une belle trame acide et quelques tannins. Bref, d'un très bel équilibre. On retrouve les mêmes arômes qu'au nez, avec un côté un peu mentholé en plus. Bon là, nous nous regardons un peu paumé..Nous repasserons plusieurs fois sur ce vin avant de nous décider. On aura envisagé un pinot noir, un assemblage bordelais, le jura, le Sud-ouest, pour finalement, en toute fin de dégustation "on the buzzer" renifler des notes poivrées qui nous feront penchées pour une belle Syrah en Rhône nord. On tente Saint-Joseph, 2015 (une équipe l'a même placé en Hermitage).
Il s'agissait en fait de la
cuvée "Syraphaël" du Domaine du Jas, 95% Syrah, 5% viognier, en côte du Rhône, Rhône, 2015
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Alors là, non seulement on marque pas mal de points, mais je vais voir pour en encaver quelques quilles...une très belle découverte.
9) La robe est rubis foncée. Le premier nez est fort agréable et nous offre, comme le précédent, de belles notes d'élevage en fût (fait bourguignon dans le style). Pour le nez, c'est à peu près tout. L'élevage prend pour l'heure le pas sur le reste. En bouche, le côté toasté/vanillé classieux est bien présent et domine l’aromatique du gaillard. Le vin est fluide, les tanins sont élégants et une belle trame acide prolonge longuement le vin. En l'état, je trouve que l'élevage domine largement la bouche, mais il s'agit clairement d'une bouteille taillée pour la garde qui devrait pouvoir être superbe dans quelques années. En l'état, nous avons du mal à le situer. On repense au rhône nord ( mais bon, 2 fois de suite, ce serait vraiment vache^^), alors on tente un bordelais, Merlot, St Emilion GC de 2015.
Il s'agissait en fait de la cuvée
"Les carrétals" du Domaine Anne Gros & Jean-Paul Tollot (des bourguignons en vadrouille dans le sud), Assemblage de Carignan et grenache (je n'ai pas les pourcentages), Minervois, Languedoc-Roussillon, 2015.
J'avoue avoir été très surpris en découvrant la bouteille, un second Carignan! Pour un cépage longtemps mal aimé, il nous a aujourd’hui démontré qu'il était capable de proposer de très beaux vins. Bluffant. J'avoue être curieux d'un jour goûter cette cuvée quand elle aura quelques années de bouteille^^ . Seul bémol, le prix pique un peu.
10) le dernier vin à une robe bien foncée. Le nez est sur le pneu brûlé (un peu le vernis), le menthol et quelques notes d'élevages. Bref, un peu fermé en l'état. La bouche est ronde, présente des tanins un peu asséchant, des fruits noirs et quelques notes animales. Bon, étant donné que nous étions encore en pleine discussion sur les 2 vins précédents, nous avons oubliés de bien analyser celui-ci...Nous sommes rapidement partis sur un Mourvèdre, Bandol, Provence, 2014, sans penser à challenger avec d'autres vins pouvant avoir le même type de profil.
Il s'agissait de la cuvée
"Charles de Batz" du domaine Berthoumieu, 90% tannat, 10 % cabernet sauvignon, Madiran, Sud-ouest, 2013
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Là je râle sec, non seulement, on avait trouvé le Madiran la semaine précédente à Bertrix, mais cette même cuvée fait également partie des bouteilles "à essayer" dans ma cave. Bref, on passe à côté de pas mal de points bêtement.
En conclusion, nous pensions être assez mal barré pour réaliser un classement. Pour preuve, quand l'équipe classé 10ème a été récompensée, nous n'avons pas tilté le nombre de points qu'ils avaient. Quand le nom de notre équipe est cité pour la 9ème place, on a été un peu surpris, surtout que sur l'écran est indiqué que nous avons 67 points (de mémoire). L'an dernier, avec ce score, on aurait au mieux été classé vers la 20ème place. Du coup, surpris, nous repartons avec de beaux verres et une belle bouteille de chinon blanc et pas mal de bons (dont un très intéressant pour faire un tour chez un top bar à vin namurois).
Les organisateurs ne nous ont pas rendus la vie facile cette année, mais encore une fois, le niveau global de la sélection était très sympa et l'organisation aux petits oignons. A l'année prochaine!
Laurent