Top niveau et heureux hasards!
Hier soir, avec quelques collègues, nous nous réunissons pour une dégustation éclectique
(à l'aveugle bien entendu) autour d'un beau plateau de charcuteries et de fromages. Nous nous retrouvons à 5 pour partager ce moment, calé de longue date, avec pour seul objectif de faire plaisir aux autres...et je crois que l'objectif a été atteint!
Domaine Morey Coffinet, Chassagne Montrachet 1er Cru, La Romanée, 2014
Non à l'aveugle
Carafage 1/2 heure
La robe est jaune claire. On a un nez finement réduit et grillé, l'aération libérant des effluves d'agrumes
(orange, mandarine), de fleurs blanches et fruits jaunes ainsi que quelques notes d'amande. La bouche est élégante, aérienne, avec une structure dentelée, finement enrobée par un joli gras. La matière est relativement dense et sèche, avec une impression de gravier humide, faisant évoquer à ma gauche les Caillerets à Chassagne. On retrouve ces notes d'agrumes complétées par une touche mentholée rendant le vin assez frais et tranchant. La finale est satisfaisante, de bonne longueur, sur un bel acidulé fruité et salivant. Je la goûte comme d'habitude, c'est à dire toujours gourmande et parfaite pour débuter la soirée.
Très Bien à Excellent (16,5/20)
Domaine Jean Claude Bachelet & Fils, Chassagne Montrachet 1er Cru, Blanchot Dessus, 2014
La robe est assez similaire au vin précédent. On retrouve un nez plus puissant également, empreint de noisette et pétard, ainsi que des notes d'agrumes et de fin boisé beurré. La bouche est d'une densité assez incroyable, profonde et très longue, avec un fin côté beurré et gras, mais paradoxalement assez peu perceptible. L'aromatique est elle aussi puissante, sur le pétard, la noisette grillée et les fruits à coque complété par ces mêmes notes d'agrumes, de gravier humide/pierre chaude et une sensation de fraîcheur mentholée/chlorophylle. La longueur est impressionnante, magnifiée par une acidité parfaitement équilibrée rendant le gras du vin complètement intégré. La finale, un tout petit peu chaleureuse, signe sa jeunesse, sur la pierre à fusil, le silex frotté et la noisette grillée. Il est évident que l'on est sur un terroir de premier ordre bourguignon, et je pars initialement sur un Meursault Perrières. L'apporteur signale qu'il s'agit de Chassagne, je me dirige alors sur Blanchot Dessus de Bachelet, sur 2014...Cette bouteille a
(déjà) vraiment tout d'une grande et à mon avis, boxe sans aucun problème dans la catégorie Grand Cru.
Exceptionnel (18/20), et probablement le meilleur blanc bu cette année.
Quel coup du hasard! 2 très beaux Chassagne Montrachet 1er Cru, sur le même millésime, sans se concerter! Mention pour le Bachelet...Quel niveau!!!
Domaine des Lambrays, Clos des Lambrays, 2013
La robe est grenat rubis, assez sombre. Le nez est assez épicé et sur la garrigue, frais porté sur les agrumes. La bouche est parfaitement équilibrée, avec un grain de tanin relativement fin mais très dense et mûr. On retrouve une aromatique plaisante et fraîche, finement fumée et réglissée, avec une touche graphite complétée par de jolies fruits rouges
(cerise notamment) poivrées, et de l'orange sanguine. La matière est assez profonde, enveloppante, sans agressivité malgré une acidité un peu haute. La longueur est assez conséquente, plutôt effilée, dans un style assez aristocratique où tout semble en place dans ce vin évident. J'étais sur un assemblage syrah/grenache du languedoc, évoquant un très beau Guilhem Gaucelm, voire sur Châteauneuf du Pape
(Beaucastel???...)...
...Je n'ai pas reconnu ni le Pinot Noir, ni même ce vin que j'ai pourtant
goûté au domaine
à sa sortie.
Excellent (17/20), déjà relativement abordable, mais dont la garde est
permise conseillée.
Domaine Georges Roumier, Morey Saint Denis 1er Cru, Clos de la Bussière, 2013
La robe est elle aussi grenat, relativement dense. Le nez est plus frais et très sanguin, avec des notes franches d'hémoglobine, de baies rouges acidulées, de garrigue et de thym et une légère impression de volatile. La bouche est plus renfrognée, rigide, avec des tanins plus anguleux et secs. L'aromatique est assez sudiste, avec des épices
(poivre, clou de girofle), des herbes aromatiques et de la garrigue, qu'un fruité assez mat et un peu terreux centré autour de la groseille et de la prune viennent compléter. La finale est marquée par une acidité élevée et plus brouillonne que le vin précédent, asséchante et se terminant un peu brutalement. J'étais la aussi parti sur un vin du sud, évoquant la Muntada de Gauby, puis un Barolo...
Bref...la non plus, pas vu venir le Pinot...Ce vin est plus brouillon, strict et musclé que le précédent, je ne le trouve pas en place, par conséquent il me semble impératif d'attendre.
Bien à Très Bien (15,5/20) pour cette première rencontre avec le domaine, mais je reste dubitatif quand au prix demandé...
Second gros coup du hasard, avec 2 vins issus des beaux quartiers de Morey Saint Denis, sur le même millésime, avec un net avantage pour le Grand Cru...
Domaine Jamet, Côte Rôtie, 1999
La robe est grenat sombre, qui commence à légèrement se tuiler. Le nez est envoûtant et un vrai hymne au bonheur: on retrouve une complexité assez impressionnante, avec des notes de suie, d'âtre de cheminée, de fumée, de tabac blond, de fruits rouges, de baies noires, de violette...Il ne s'arrête jamais, j'ai d'ailleurs mis un sacré moment avant de le porter aux lèvres. La bouche est dense, excellemment bien construite, entre droiture et léger gras, avec des tanins très fins et présents, un toucher de bouche suave et un velouté de texture assez hors norme. On retrouve cette aromatique fumée, sur la cendre froide, un joli fruit composé de baies rouges
(groseille, cassis) et noires
(mûre) et une légère floralité. La longueur est énorme et semble ne pas vouloir finir. Ayant récemment pris un Saint Julien
(Léoville Barton 2003) pour une Côte Rôtie
(Madinière 2009 de Cuilleron) chez
Jean Loup
je pars de nouveau sur un magnifique Bordeaux, ayant des airs de ressemblance avec ce
Léoville Las Cases
. La floralité, en particulier cette violette, me ramène ensuite sur Côte Rôtie et me fait me rappeler cette
Mouline 1994
...
Grand vin (19/20), et probablement le meilleur de cette année 2018.
Domaine des Tours, IGP Vaucluse, 2014
Ouverte en dernière minute, la robe se montre claire, diaphane, sur le rose violacé. Le nez envoie directement dans la galaxie Reynaud, ou l'on retrouve de la menthe poivrée, un peu d'encens, de la rose fanée, de la chlorophylle. La bouche est assez chaude et présente quelques fins tanins, sur une texture suave et veloutée, pleine de fruits rouges, de floralité, avec un léger côté sur les fruits confits et cuits ainsi que la menthe poivrée. La matière est enveloppante, sans grosse structure pour l'accompagner, la finale retombant rapidement sur une pointe d'alcool. On hésite entre Domaine et Château, je prend la seconde hypothèse...dommage!
Bien à Très Bien (15,5/20), pas d'une complexité folle, mais l'avantage avec ce genre de vin, c'est que quelle que soit sa place dans une série, il se trouve à l'aise.
Le Line Up!!!
En conclusion...quel niveau mes amis! Des vins d'un niveau très homogène, certes jeunes pour la plupart, mais quel plaisir hédoniste...Je retiens en particulier le Blanchot Dessus de Bachelet, digne des plus grands, et l'hénaurme Côte Rôtie de Jamet, sans toutefois oublier les autres, qui nous aurons réellement régalé. Cession a très vite renouveler!!!
Enfin, nous apprenions au cours de la soirée la tragédie barbare de Strasbourg, et c'est d'un oeil inquiet que nous suivions les actualités, car une des filles du couple qui organisait la soirée est étudiante la bas, mais heureusement, n'a pas été impliquée dans ce nouveau drame...Moralité: buvons bon tant que nous le pouvons...