Pour cette session de fin d'année,
notre Belge
nous propose un rendez-vous au restaurant l'Equilibre à Balma (est de Toulouse). La carte est sympa, les avis plutôt positifs, allons-y ! La consigne pour le liquide est de se limiter à 6 bouteilles pour profiter du repas. Bon, il y en aura un peu plus, ce qui reste largement raisonnable (et bien agréable !), et comme petit Antoine n'est pas là, personne ne s'en plaindra
Le menu (honteusement pompé sur le CR de Pins
)
- mises en bouche : crème de lentilles à l'huile d'olive, tuile croquante puis crème de topinambours au café, sarrazin grillé (ou potimarron/St Jacques pour moi qui suis réfractaire au café)
- entrée : velouté froid de pommes de terre au citron, huîtres fraîches, makis de volaille fermière et citron confit, blé grillé et fenouil vinaigré
- poisson : cabillaud aux pleurotes, crémeux de cèpes, et chorizo ibérique
- viande : joue de bœuf confite, grenobloise de foie gras, câpres et noix de cajou, purée de carottes à la cardamome
- fromage : émulsion chaude de comté 36 mois (avec des morceaux) sur fond de confiture de figue
- dessert : biscuit moelleux au citron, crème fouettée vanille, carpaccio d'ananas au citron vert et sorbet au citron pressé
Avec les mises en bouche
Waris & filles - Cardinale - Champagne 100% chardonnay, le site annonce "en grand cru", vieilles vignes 80 ans. Assemblage millésimes 2010, 2011 et 2012
Robe dorée, bulles très fines.
Nez discret sur le citron et l'amande.
En bouche on retrouve une bulle fine et caressante, une aromatique toujours discrète, avec une acidité modérée et un léger dosage qui apporte un peu de gourmandise
La bouteille a été ouverte au début du repas (pour éviter les débordements pendant le transport), je pense qu'elle aurait largement mérité un peu plus d'aération pour s'exprimer. Du coup le vin est peu disert , ce qui ne gâche pas son élégance.
Accord indifférent avec la 1ère mise en bouche (l'huile d'olive ne doit pas trop lui convenir...), nettement mieux avec la suivante.
Avec l'entrée
Eric Morgat - Fidès - Savennières 2014
Robe doréé
Nez sur dominante noisette, vanille légère qui signe un élevage élégant qui demande encore un peu à se fondre.
L'aromatique en bouche rajoute un peu de fruit, la fraîcheur est marquée et fait saliver, le vin est puissant et enrobant sans être exubérant. Légère amertume qui porte la finale.
Très belle bouteille que l'on a du mal à placer en Loire (on a tous cru à un beau Chardonnay...), signe je pense que l'élevage prend le pas sur le fruit à ce stade. Toutefois comme il n'est pas écrasant, la matière laisse augurer de très belles choses pour dans quelques années.
La rondeur et l'aromatique du vin ne sont pas les meilleurs alliés de l'entrée mais pourtant l'association est agréable, elle est même très bonne avec la 2ème mise en bouche.
Avec le poisson
Lucas nous sort son premier vin blanc que l'on pense très oxydé
Château Simone - Palette rosé 2008
Rosé foncé, nettement orangé (rappelle la robe d'un Parisy).
Le nez est puissant, terpénique, sur les fruits jaunes (étonnant pour un rosé)
La bouche confirme : puissante, fraîche et enveloppante, c'est un véritable vin de gastronomie. Très bel équilibre, du sérieux et de la gourmandise en même temps avec une légère amertume finale (pour le coup plus de profondeur et plus carré qu'un Parisy). Probablement le meilleur rosé que j'aie croisé.
Pour moi le meilleur accord avec le poisson grâce à la richesse et le côté un peu baroque du vin
Le blanc de secours (sur lequel tout le monde s'est rué pendant que je continuais à siroter le rosé...)
Domaine Augustin - Adeodat - Collioure 2016
Paille clair.
Là pour le coup la dominante est franchement sur la poire, avec un peu d'herbes, de la fraîcheur ; un peu de vanille ressort au réchauffement.
La bouche est vraiment fraîche et effilée, presque perlante, l'aromatique toujours fruitée et herbacée, et s'arrondit quelque peu en se réchauffant.
Vin dont l'aromatique et la fraîcheur nous envoient sur du chenin, à moins que ce ne soit un beau Roussillon...
Le vin est trop sur un fruité primaire pour le plat dont les champignons dominent l'aromatique. Il aurait sûrement été plus à son aise sur l'entrée.
Avec la viande
Château Cos d'Estournel - Saint Estèphe 1987
La robe est d'un beau grenat profond, ne laissant en rien augurer l'âge vénérable de la bouteille.
Le nez est un pot pourri de fruits rouges, menthol, poivron rouge, léger tabac blond qui me laisserait deviner un noble cabernet, mais pas de cette origine (il faut dire que mon expérience est maigre).
Fraîcheur très marquée, tanins fondus avec juste une petite touche d'astringence et d'amertume en finale.
A la découverte de l'étiquette, cela inspire 2 réflexions : que le vin est d'une jeunesse insolente, mais aussi qu'il y a 20 ans il ne devait pas être aussi aimable...
Accord assez évident sur le plat !
Château Simone - Palette rouge 2014
Pourpre violacé qui laisse deviner plus de jeunesse...
Au nez des fruits rouges et noirs, de la fraîcheur (menthol ?), pointe d'alcool.
L'acidité est marquée, l'aromatique fait vraiment vin jeune (fruits noirs, poivré), les tanins sont encore sensibles. C'est d'évidence encore un bébé qui devrait bénéficier d'un bonne garde.
La jeunesse du vin rend l'accord moins beau que le précédent.
Avec le dessert
Domaine Huet - Le Haut Lieu - Vouvray moelleux 1989
Très nettement ambré.
Coing, menthol (fraîcheur) se partagent le nez.
Le vin est très frais, on ne perçoit pas de liqueur, l'équilibre se fait sur un fil et le sucre est presque totalement mangé, ce qui me frustre un peu.
A ce stade du repas, ce n'est pas le vin idéal à mon goût. Vu l'enthousiasme des collègues, je suis peut-être bien passé à côté.
Domaine Cauhapé - Quintessence du petit manseng - Jurançon 2001
Robe acajou, dense et enveloppante.
Caramel, menthol (alcool), fruits confits, safran. Les arômes s'enchaînent et enivrent.
L'équilibre en bouche est monumental : très haute acidité, liqueur marquée qui enveloppe totalement, sucre bien masqué qui ne sature absolument pas mais que l'on devine important. Ah, que voilà un liquoreux qui me plaît ! Ajoutons à cela les notes de caramel et d'ananas rôti, le vin crie fort "Jurançon", mais c'est bien sûr ! La persistance est évidemment à la hauteur et ce vin constitue un dessert à lui tout seul. D'ailleurs, je n'ai pas vraiment de souvenir de l'accord
LA grosse claque du repas pour moi, un vin de folie qui conclut ce somptueux repas en apothéose.
Car quand même il faut le reconnaître, l'exécution des plats était vraiment de très haut niveau : beaucoup de travail et de variété, un superbe équilibre de saveurs, la justesse des cuissons qui en font un excellent rapport qualité/prix.
Et pas de Bourgogne à l'horizon