LPV Grand Centre explore quelques grands Bourgogne rouges 2009
Qu’est-ce que cela fait du bien de se retrouver !
On a parlé de ce que l’on avait dans les verres et dans les diverses cassolettes, mais surtout de choses et d’autres… C’était bien trop court !
Après une dégustation sur des grands Bourgogne blancs 2009 en avril 2019, LPV Grand Centre a récidivé, mais sur les rouges.
Tout le monde Tous les LPViens savent que 2009 est une année à rouges en Bourgogne, comme d’ailleurs un peu partout en France. Or nous avions bien apprécié les blancs…
Au programme, un Village, cinq Premiers Crus et quatre Grands Crus. Ils sont tous dégustés par paires, la constitution de celles-ci étant décidée suivant un choix libre et arbitraire de l’organisateur.
Mais pour se faire la bouche, il y aura une bulle, et pour repartir avec une impression de douceur, il y aura un sucre. Bien entendu ces deux bouteilles ne sont pas dans le thème, même pas du même millésime. Elles ont été choisies pour faire découvrir des « étiquettes » à certains dégustateurs… et à moi !
Nous avons failli déjeuner et déguster dehors, avec un temps magnifique, mais trop frais car le brouillard s’est levé bien trop tard.
C’est donc autour du traditionnel tonneau que nous nous sommes installés.
C'est Didier qui prend la photo...
Champagne Jacques Selosse – Version Originale – Blanc de Blancs – Extra Brut
Le vin a été carafé juste avant service.
La robe est dense et d’une couleur vieil or qui pourrait faire penser à un vieux Champagne.
Intense et noble, le nez offre des arômes grillés et briochés sur un fond de fruits jaunes bien mûrs, juste teintés d’une touche d’agrumes.
Mais c’est la bouche qui impressionne par sa tension, son volume et sa densité. On s’orienterait vers une majorité de pinot noir à l’aveugle en raison de cette remarquable vinosité. La bulle aérienne se fait presque oublier mais apporte du raffinement à l’ensemble. La finale teintée de beaux amers persiste très longuement et provoque une belle salivation.
Excellent
Les classiques galettes de pomme de terre
L’accord est relativement neutre (3,5 / 5) car le vin a plus de personnalité que son compagnon mais celui-ci ne vient aucunement le contrarier.
Un blanc de blancs certes, mais qui pourrait parfaitement être servi sur un plat de poisson par exemple.
Première paire : un Premier Cru et un Village, pour vérifier s’ils boxent dans la même catégorie
Saumon rôti sauce bourguignonne
Domaine Confuron-Cotetidot – Nuits-Saint-Georges 1er Cru – Les Vignes Rondes – 2009
Le vin a été épaulé pendant une heure puis carafé pendant une bonne heure.
La robe est assez sombre, ni jeune ni évoluée, comme l’ensemble des rouges servis lors de cette dégustation.
Bien intense, le nez frappe par ses arômes fumés prégnants, presque de suie, qui viennent un peu masquer le fond fruité qui allie fruits rouges et noirs.
La bouche est racée, d’une bonne densité, marquée par la rafle qui apporte un trait végétal. La vivacité est remarquable pour le millésime et l’allonge très appréciable.
Très Bien (+)
L’austérité du vin va se transformer en aristocratie, juste un peu hautaine, sur le beau saumon sauce bourguignonne (4 / 5).
Domaine Georges Roumier – Chambolle-Musigny – 2009
Le vin a été épaulé pendant une heure puis carafé pendant une bonne heure.
La robe est peu sombre.
Le nez intense affiche un fruité franc et pur, sur la cerise burlat avec des notes de framboise. C’est très flatteur, encore plus sans doute par effet de contraste avec le Nuits-Saint-Georges.
Tout est harmonie en bouche, avec un grand fruit, une suavité et une densité de grain remarquables. La superbe persistance, axée sur la finesse, appelle d’autres superlatifs. Alors, grand vin ? Non car cela manque de complexité mais c’est vraiment très bon.
Très Bien +(+)
En avril dernier, icna avait bien apprécié mais avait conclu : « Il boxe dans la catégorie village mais pas au-dessus ». Sur cette comparaison minimaliste car avec un seul vin, mais ce sera confirmé par la suite, je l’ai apprécié au niveau d’un premier cru.
Le plat n’apporte rien au vin, sans doute parce qu’il n’attendait rien, mais celui-ci conserve son allant lumineux.
Deuxième paire : deux vins d’un même domaine, sur Morey-Saint-Denis, mais de niveaux d’appellation différents
Domaine Michel Magnien – Morey-Saint-Denis 1er Cru – Chaffots – 2009
Le vin a été épaulé pendant une heure puis carafé pendant presque deux heures.
La robe est sombre, plutôt jeune.
D’une belle intensité, le nez s’oriente vers les fruits noirs, avec de la quetsche, complétés par des notes vanillées et épicées.
La bouche, où finesse et puissance font jeu égal dans un bel équilibre, fait ressortir une grande maturité de fruit mise en valeur par une fraîcheur bienvenue, jusque dans la finale bien étirée et élégante.
Très Bien ++
Il faut dire qu'une partie de Chaffots a été intégrée au grand cru Clos-Saint-Denis ! Bonne transition...
Domaine Michel Magnien – Clos-Saint-Denis – 2009
Le vin a été épaulé pendant une heure puis carafé pendant presque deux heures.
La robe est identique, sombre et plutôt jeune.
Très intense, le nez part sur les mêmes bases de fruits noirs, avec plus de profondeur et un peu plus de complexité apportée par des notes sanguines et d’agrumes.
La bouche dégage encore plus de puissance mais bien canalisée par la très belle acidité. La densité ne faiblit pas sur tout le déroulé, l’ensemble paraissant complètement épanoui alors que le vin est bien jeune. C’est dans la finale réglissée que la richesse du millésime ressort, sans se départir d’une grande finesse.
Excellent
Terrine de lapin aux herbes
Cette terrine toute en finesse met bien en valeur ces deux beaux fleurons de Morey-Saint-Denis, en les laissant parfaitement s’exprimer (3,5 + / 5).
Troisième paire : deux vins d’un même village, mais de niveaux d’appellation différents
Domaine Michel Noellat et fils – Vosne-Romanée 1er cru – Les Beaux Monts – 2009
Le vin a été épaulé pendant une heure et demie et carafé pendant deux petites heures.
La robe est assez sombre.
Le nez intense se montre séduisant, d’un fruité rouge très pur, juste nuancé de touches florales élégantes.
La bouche est très harmonieuse, associant rondeur, fraicheur, confort et suavité. La finale de grande persistance est dotée d’une gourmandise qui appelle une autre gorgée avec insistance.
Très Bien ++
Sur tous les fonds de bouteilles regoûtés le soir, c’est le vin qui s’est montré le plus raffiné.
Domaine François Lamarche – La Grande Rue – 2009
Le vin a été épaulé pendant une heure et carafé pendant deux heures et demie.
La robe est assez claire, sans doute la plus claire de l’ensemble des vins.
Le nez paraît peu expressif même si on ressent une puissance contenue voire comprimée. Il laisse toutefois transparaître des fruits noirs et une touche vanillée.
La bouche est d’un tout autre calibre car tout est là : la superbe matière montre sa carrure voire ses muscles, constituée d’une sève généreuse et fruitée, et la superbe acidité apporte nervosité et tranchant. Mais ces deux caractéristiques complémentaires et constitutives d’un grand vin ne sont pas encore totalement fondues d’après moi.
Très Bien ++ et certainement bien au-delà dans dix ans.
Cela tombe bien : Henri m’en a commandé une caisse et il pourra ainsi nous faire goûter quand le vin se sera complètement libéré.
Brochettes de canard aux poivres
Cette viande, dont le succès doit beaucoup au savant dosage de poivres réalisé par ma chère et tendre, a indéniablement apporté de la relance aux deux vins, mais c’est le Grand Cru qui, par sa puissance, a le mieux intégré ces accents épicés (4 / 5).
Quatrième paire : deux grands crus d’un même domaine
Les dégustateurs avaient bien aimé la deuxième paire, alors je leur ai servi à nouveau du Michel Magnien !
Goulash de bœuf
Domaine Michel Magnien – Clos de la Roche – 2009
Le vin a été épaulé pendant une heure puis carafé pendant trois bonnes heures.
La robe est sombre.
Très expressif, le vin va piocher dans les gammes fruitées et florales pour offrir un bouquet très avenant.
La dualité puissance – finesse est non seulement présente en bouche mais cette fois-ci tout est fusionnel, donnant une impression de noblesse et d’accessibilité en même temps. La finale formidablement persistante reste dans la continuité en affichant une matière mûre et élégante.
C’est pour moi le meilleur Bourgogne rouge de la dégustation, qui pourra certes vieillir dix ans au moins, mais qui se révèle déjà un grand vin.
Excellent (+)
Le mariage avec le plat est lui aussi fusionnel, autant en arômes qu’en texture (4+ / 5).
Domaine Michel Magnien – Charmes-Chambertin – 2009
Le vin a été épaulé pendant une heure puis carafé pendant trois bonnes heures.
La robe est bien sombre.
Très intense, le nez est axé sur les fruits noirs, avec un côté terrien qui apporte de la complexité mais aussi un peu de rusticité.
La bouche est tout à fait cohérente, se montrant dense et compacte, mais presque comprimée, la matière hyper mûre dévoilant des arômes réglissés qu’on attendrait d’un autre cépage. C’est loin d’être lourd car une vivacité de bon aloi vient raviver l’ensemble, surtout dans la finale plus effilée.
Très Bien ++ / Excellent mais à attendre sereinement.
L’accord est fort bien réussi (4 / 5), le plat venant affiner un peu plus le vin.
Cela part dans tous les sens : franche rigolade, concentration, travail studieux, petit somme... :
Cinquième paire : deux Premiers Crus qui font le grand écart entre le nord et le sud de la Bourgogne
Domaine Trapet Père et fils – Gevrey-Chambertin 1er Cru – Capita – 2009
Le vin a été épaulé pendant trois heures puis carafé pendant deux heures.
La robe est assez claire.
Le nez dégage une bonne intensité et transmet des signaux d’une grande fraîcheur, avec ses notes de petits fruits rouges, de fraise, de menthe et de fleurs.
La bouche persiste avec un profil droit et en finesse, tout en se montrant très gourmande jusqu’à une finale éthérée.
Très Bien +
Domaine Chanson – Beaune 1er Cru – Clos des Fèves – 2009
Ce vin était le plus tannique à l’ouverture de la bouteille. Il a donc été épaulé pendant trois heures puis carafé pendant deux heures, mais dans une carafe en forme de verre à peine refermé, pour obtenir une oxygénation maximum.
La robe est assez claire.
Profond et intense, le nez exhale un fruité plus dense, sur les fruits noirs.
La bouche présente également un grain serré et des tanins gras, enrobant une matière charnue sur la même aromatique de fruits noirs, bien mobilisée par l’acidité. La grande aération lui a donc fait du bien !
Très Bien +
J’ai ainsi apprécié au même niveau ces deux vins mais à l’aveugle j’aurais positionné le premier en Côtes de Beaune et le deuxième en Côtes de Nuits. C’est compliqué, le vin !
Délice de Bourgogne et Comté 12 mois
À ce stade je n’ai pas noté les accords avec les fromages : c’était donc forcément bien !
Joliette – Vin de France – 2001
Ce vin produit sur 1,5 ha est devenu un mythe grâce à Jeanne Migné. Michel Renaud l’a repris entre 1990 et 2015 mais sans vendre les bouteilles. La maison Osmin en a repris la commercialisation.
N’ayant pas passé l’agrément, les vins sont classés en Vin de France et de ce fait n’ont pas le droit de se nommer « Clos », d’où l’appellation restreinte « Joliette ».
.Chaque millésime a été dégusté et classé par rapport à la sucrosité du vin. Suivant leur richesse les millésimes sont cirés d’une couleur différente qui va du vert à l’orange en passant par le jaune, la cire orange étant la plus riche. Et le 2001 en fait partie…
Terroir tout à fait atypique (veine ferrugineuse), 100% Petit Manseng, vinification non interventionniste suivi d'un long élevage en fût de chêne de plusieurs vins pendant 4 à 6 ans.
La robe est incroyablement ambrée : tout le monde dit « Vieux Guiraud » !
Mais le nez d’une très belle intensité affiche une complexité folle, kaléidoscopique ! C’est d’abord la truffe qui explose, puis les fruits exotiques avec de l’ananas en bonne place, du coing, des fruits secs, des agrumes…
La bouche est remarquable par sa distinction et sa subtilité. La puissance et la variété des arômes se retrouvent, encadrés par des sucres résiduels complètement intégrés et une acidité qui la cisèle sans la tailler à la serpe, jusqu’à une finale d’une noblesse souveraine.
Excellent (+)
Je ne sais pas si ce vin est au niveau de ses aînés des années 70 – 80, du temps de Jeanne Migné, mais je me suis éclaté !
Ananas rôti à la cardamome
Pour ne rien gâcher, le dessert lui sied à merveille (4 / 5) ; il faut dire que c’est ce qui était préconisé sur le petit carton qui accompagnait la bouteille…
Pour conclure sur le thème du jour, nous avons eu affaire à des vins de grande maturité (on pouvait s’y attendre), de belle fraîcheur (c’était moins évident) et aux tanins fins ou gras, toujours fondus et jamais durs. Bref, de beaux vins, simplement parfois un peu jeunes…Et cela a permis de faire découvrir à pas mal de dégustateurs le très bon domaine Michel Magnien, conduit en biodynamie.
Le line-up :
À bientôt les amis !
Jean-Loup