Idealwine m'a invité à une dégustation mercredi dernier dans un bar à vin du 9ème à Paris. Cela signifie sans doute que (rayez la mention inutile) : 1) Je leur suis super sympathique et ils voulaient boire en coup en ma compagnie ; 2) J'ai claqué suffisamment de thunes chez eux pour être repéré par le service marketing.
Néanmoins je ne vais pas me plaindre, c'était une belle occasion de découvrir des bouteilles séduisantes sur le thème côte chalonnaise, Mâconnais et Beaujolais. Notre hôte, le gérant du bar à vin, s'est montré intéressant et passionné, l'accueil fut cordial, l'organisation attentionnée avec fromage et charcuterie pour accompagner les vins : merci !
Toutes les bouteilles ont été goûtées étiquette découverte sauf la toute dernière. Mes notes sont succinctes, j'ai papoté avec mes voisins et voisines ! Trois blancs et cinq rouges étaient au programme.
Les blancs
Domaine Dureuil- Janthial - Bourgogne 2016
Au nez, je crois bien que même en aveugle je serais allé en Bourgogne direct : douceur, touches beurrées et florales. La bouche est vive, pleine d'entrain, fruitée, avec là aussi un petit côté beurré mais qui n'est pas envahissant. Ca se boit très facilement, avec le sourire. L'archétype du vin qu'on a plaisir à ouvrir sans cérémonie.
Domaine Guffens-Heynen - Mâcon-Pierreclos En Crazy 2017
Ayant bu un excellent 2011 de cette cuvée voici peu, j'étais fort curieux de découvrir un millésime récent. Ca ne commence pas très bien avec un nez strictement muet. La bouche en revanche est plus avenante : souple, fruitée et bien équilibrée, elle est clairement en-dessous du 2011. La finale est assez longue, finement ciselée sur des arômes légèrement citronnés.
Moralité : à laisser vieillir impérativement ! J'ai trouvé très intéressant de constater à quel point cette bouteille a "sous-performé", comme on dit dans la finance, par rapport au 2011. Bien entendu le millésime joue aussi un rôle mais est-il déterminant ?
Domaine de la Soufrandière - Pouilly-Vinzelles Les Quarts 2016
Voilà un beau nez séducteur qui promet un vin ample avec ses arômes d'agrume et de citron. Effectivement, la bouche est plus ronde que le Mâcon et le Bourgogne, avec néanmoins ce qu'il faut de tension, les arômes d'agrume dominent et la finale tend même vers une pointe de fruits exotiques. Un vin fort agréable mais je ne sais trop si au vieillissement il retrouvera plus de tension ou bien si son ampleur prendra le dessus.
Les rouges
Château de Chamirey - Mercurey Clos de la Maladière 2016
D'entrée, le nez séduit : il est ouvert, charmeur, sur les fruits rouges. La bouche en revanche est puissante, avec de la mâche et un trait de fraîcheur qui fait penser à de la vendange entière, ce que confirme notre mentor de la soirée. Le cassis et la cerise se disputent le palais, les tannins sont bien là mais nullement agressifs. Belle découverte d'un flacon gourmand.
Domaine Marcel Lapierre - Morgon 2018
Je crois que l'expression consacrée pour ce type de nez est "sapristi, ça pète le fruit", commentaire généralement accompagné d'un sourire béat - car les nez fruités suscitent des sourires béats, c'est comme ça, il serait d'ailleurs temps que la science se penche sur ce phénomène. Sans surprise, la bouche pète le fruit elle aussi ! Le vin est soyeux, gourmand. La finale tombe un peu vite hélas mais laisse une agréable sensation acidulée de cerise griotte. Bon vin de plaisir.
Domaine Joblot - Givry 1er cru Clos Marole 2017
Et hop, mon premier Joblot rouge ! Voilà une maison dont j'apprécie les blancs, je ne suis donc pas surpris de découvrir un nez ouvert, charmeur, sur les fruits. En bouche l'attaque est d'abord sur le grillé mais celui-ci se dissipe rapidement au bénéfice des fruits rouges. Les tannins sont présents mais pas trop, l'équilibre me semble bon, un peu de mâche en finale ainsi que le grillé du début indiquent que le vin a besoin d'un peu de temps pour se bonifier.
Domaine Jaeger-Defaix - Rully 1er cru Clos du Chapitre 2017
Belle robe rubis, la plus claire de tous les rouges dégustés ce soir. Le nez propose un peu de fruit et surtout une sympathique odeur de lardons grillés. J'aime beaucoup mais je suis surpris, je ne me souviens pas avoir commandé une carbonara ! En bouche c'est puissant, clairement plus que le Joblot, mais les arômes de lardons et de fumé prennent rapidement le dessus, rendant le vin monolithique et faisant ressortir sa carrure de rugbyman - bon peut-être pas un première ligne mais un 3/4 centre. Une légère sucrosité fait irruption en finale. En l'état et selon mes goûts, le vin est bien trop dominé par son élevage mais certains dégustateurs n'ont pas été dérangés par tout ce bois.
Domaine du Vissoux - Fleurie Les Garants 2016
C'est la bouteille surprise, proposée à l'aveugle. Nez qui pète le fruit et oriente aussitôt la plupart des dégustateurs vers le Beaujolais - la parenté avec le Morgon de Lapierre est nette, avec toutefois plus de fraîcheur. Fraîcheur que l'on retrouve en bouche avec une belle gourmandise fruitée et une pointe lactée en finale. Un bon vin, un ton en-dessous du Lapierre néanmoins.
Globalement, les vins se sont montrés à un fort bon niveau. Aucune révélation, mais la confirmation, au cas où elle serait nécessaire, que la côte chalonnaise, le Mâconnais et le Beaujolais ont de très beaux flacons à proposer.
Je crois bien que ceci est mon premier compte-rendu de dégustation éclectique, merci de m'avoir lu !