Premières épreuves pour ce nouveau B.A.C., avec un absent et un petit nouveau (échange Erasmus franco-belge) et pas mal de redoublants.
On entre de suite dans le vif du sujet. Il est d’ailleurs important de rappeler que, dans un souci d’équité, les examinateurs ont été irréprochables, aucun sujet n’a fuité, tout à l’aveugle ! Cela n’empêchera bien sûr pas certains d’essayer de filouter en zyeutant le flacon… mais gare aux vieux briscards rompus à ces manœuvres !
Personne n’a envie de finir avec une bulle, on commence donc avec !
Champagne Moutardier Brut Nature Pure meunier
Un affreux virus m ‘empêche de profiter pleinement du joli nez de ce champagne, mais je parviens à percevoir des notes de pomme et une touche oxydative.
La bouche est marquée par une sensation crayeuse, une certaine vinosité et une belle finesse de bulle. A ce stade, cela m’évoque Bedel, Entre ciel et terre. Je pars sur un assemblage de pinots avec un peu de chardo. Vu le peu de révisions dans cette matière et mon état de forme, je ne pouvais espérer mieux...
Bu à l'apéritif sur des petits crackers servis avec une crème de haricots rouges au curry (miam!)
Puis sur la mise en bouche, un velouté (très léger) de céleri avec allumettes de chorizo et d'oignons frits (re-miam!). On est bien!
Raphaël me demande comment va être mon blanc, plutôt fin ou puissant, pour décider de l’ordre d’ouverture. Ben, fin mais puissant on va dire (ou l’inverse)...
Du coup il dégaine son
Reichsrat Von Buhl Pechstein Riesling GG 2012
Bon, là, rhinite, sinusite, mousse polyuréthane dans les narines, rien n’empêcherait de penser au Riesling. Ça pétrole nettement, et tant mieux car, à part ça, je ne sens pas grand chose. Le nez envoie, c’est riche.
En bouche aussi, avec un peu de Sucre Résiduel. Année solaire, terroir exposé... Mais c’est indéniablement équilibré. Ça commence à tricher un peu, on discute avec le voisin sur l’éventuelle origine, française ou germanique... Ce côté riche et solaire me fait penser à un Grafenreben bu récemment, mais les SR m’évoquent Haag ou Donnhoff. Un trocken ? Jérôme, qui a bien révisé son Hyllos, avance un Spatlese. Moi, j’ai juste bossé la prononciation avec la méthode Agnès C, et je trouve que ça manque de sucre pour un « j’pète les œufs ». Du coup, Jérôme m’apprend que le spatlese peut aussi se décliner en trocken. Encore à me planter dans les déclinaisons teutonnes à plus de 40 printemps... Scheiss! Du coup, fin de l’épreuve, Raph relève les copies et sort le corrigé. On ne s’en sort pas trop mal.
Je crains un peu pour mon apport, qui a intérêt à avoir du répondant après cette bouteille.
Domaine de la Taille aux Loups Clos de Mosny 2014 Montlouis-sur-Loire
Pas de terpènes salvateurs, mon nez bouché m’empêche de sentir grand chose.
En bouche, c’est un peu mieux. Le vin s’étire sur une belle impression caillouteuse, avec une belle mâche et une certaine tension. Il était plus impressionnant dans mon souvenir, mais je ne sais pas si c’est le vin qui se referme ou mon rhume qui m’a bien biaisé la soirée...
En tout cas, ça fonctionne avec l’excellente entrée : Maki de saumon, mousse d’avocat, mousse de citron et purée de betteraves. Plus quelques légumes croquants. Pas hyper surprenant, mais sacrément juste.
Jérôme dégaine son blanc.
Château de Lancyre Marsanne Roussanne Coteaux du Languedoc 2012
Je ne sens toujours pas grand chose. Et c’est guère mieux en bouche. En plus, quand on connaît la variété des apports de the_Ej, pas la peine de compter là dessus pour s’en sortir (plus simple avec le Burgundy Addict
). C’est riche avec une certaine tension, je ne vois pas... Des notes pétrolées, Jurançon, Savennières? Pas de marqueur exotique, de notes sauvignonesques ou cheninesques. Je sèche. Le pinotphile met dans le mille en lançant Marsanne Roussane. Quel fayot ce Pins!
Il laisse choisir à Jérôme le sujet suivant. On tombe sur
Henri Germain Meursault Charmes 2011
Toujours pas beaucoup de sensations olfactives, mais quand même l’impression nette de tenir un Chardonnay (comme quoi, c’est plus simple quand on sait ce qu’on cherche).
En bouche, c’est droit, long, vertical. Pour moi, un joli Chablis de quelques années. Surprise à la levée de chaussette, un peu comme pour le Chablis de l’Enclos de la session précédente, mais en sens inverse! Classe et très bon (je verrais bien ça sur un turbot crème aux morilles).
Mais ça fonctionne aussi sur le très beau cabillaud skreï (parfaitement cuit nacré) au beurre blanc mousseux, purée de pomme de terre fumée et fenouil rôti. Aussi beau que bon!
Il est temps de boire rouge, car le plat suivant approche.
Christophe s’y colle et balance
Domaine Gros Frère et sœur Grands Echezeaux 2000
Même enrhumé, impossible de ne pas prendre de plaisir en mettant le nez dans le verre. D’abord sur les fruits rouges et noirs, les épices douces, puis les notes florales. Complexe, sérieux mais charmant. Bouche énergique, texture soyeuse. Je lui donne une dizaine d’années, mais je suis sûr qu’il en a le double. Le sourire de Christophe confirme cette intuition. C’est beau et ça s’améliorera toute la soirée.
Jérôme enchaîne avec un
Vincent et Denis Berthaut - Fixin Les Arvelets 2006
Je perçois des notes de mûres, un peu de ronce. Ça m’évoque un pinot ou un joli gamay. La bouche est franche, avec un joli fruit mais souffre de l’effet de séquence.
Mais pas le temps de souffler, Raphaël nous sort un
Gazin 2005 Pomerol
A ma gauche, on souffle Mas Julien, et c’est vrai que je trouve souvent au Mas Julien des airs de Bordeaux solaire mais fermé. Du coup, je dis que si c’en est un, il est plus aimable que le 2005 bu cet été. Ça truffe un peu aussi. Il Professore tend des perches. Un Pomerol sur un millésime chaud? Bon, très bon, mais il en avait encore un paquet sous la pédale. En l’état, il se serait peut-être mieux marié à une viande plus forte (bœuf, pigeon ou chevreuil) que le superbe quasi de veau basse température, qui nous est servi avec une purée de carotte et un superbe jus à l’ail (rose de Lautrec sans doute!).
Arrive un fromage travaillé comme un plat, en l’occurrence, une mousse de chèvre qui cache des dés de pommes et carottes fondantes.
Excellent, mais on n’a plus beaucoup de blanc, du coup, Christophe dégoupille le remplaçant
Domaine Bouzereau - Meursault Charmes 2011
Au nez, on est encore sur du chardonnay, mais plus démonstratif que le précédent.
Idem en bouche, avec un jus plus large que vertical, compact, presque tannique. C’est très bon, et je le sortirais volontiers sur du veau aux morilles. Surprise à la levée de chaussette, tant ce vin se démarque de son cousin Germain bu juste avant.
On passe aux sucres servis en parallèle sur un très joli dessert de cuisinier autour de la poire (en lamelle, crue, caramélisée, en compote et en sorbet), du caramel (en coulis et crème fouettée ), et du sarrasin (en crumble, tuile caramel et biscuit).
Château La Tour Blanche 2009 Sauternes
Nez riche mais "aérien ", sans lourdeur. Pour moi, on est à Bordeaux, c'est clair.
La bouche confirme cette impression, et cette belle liqueur tout en finesse me dirige vers Barsac. L'examinateur exige un millésime. 2009? Allez, c'était pas si mal!
Domaine Bott Geyl Pinot Gris Sonnenglanz Vendanges tardives 2006
Robe foncée, sur un vieil or bronzé, nez complexe: fruité, floral, avec des touches minérales.
Bouche très équilibrée, qui s'étire sur des notes caillouteuses, presque salines. Ce vin aura pas mal baladé les collègues, d'autant que comme tout vieux prof sadique qui se respecte, j'ai glissé un piège (dans la chaussette): mes commensaux ne sont pas des perdreaux de l'année, et même drapée d'un noir opaque, une longue flûte alsacienne les aurait trop facilement guidés vers la région d'origine. Ensuite trop simple pour ces stakhanovistes de la bouteille d'écarter le Gewurz et le Riesling. Bref, on a fait le tour de France par les sucres grâce au truchement de cette bouteille de rosé Corse.
Un café, l'addition, on traîne dehors, en discutant, notamment devant une épicerie fine, qui refourgue du domaine des tours à 75 balles!!! Vivement la prochaine, au grand complet avec le retour du petit cadurcien globe-trotter ! Bienvenue à Thibault et à sa chère et tendre dans la région de la chocolatine, et dans le groupe !