Brève escapade en Mayenne, mes parents célèbrent le 2 août prochain leur 50 ans de mariage. J'adore mes parents, lapalissade certes mais mon environnement élargi montre hélas que ce n'est toujours pas le cas ; nous avons toujours eu une union familiale que je souhaite à tous.
Pour des raisons qui nous sont propres, il était opportun de déguster cette bouteille d'exception pour célébrer cette union dès aujourd'hui. Nous y reviendrons plus tard...
Pour l'apéritif sur agapes diverses (toasts de saumon fumé, tapenade, fruits à coque, crudités, melon, tomates cerises et autres douceurs) :
Champagne Roederer Millésime 2012
Excellente année en champagne, un peu en deçà de 2008 mais tout de même une superbe année.
Je ne suis pas champagne et je retiendrai que l'aromatique est particulièrement sur la granny smith et mon sens la bulle est trop présente et manque de finesse.
C'est frais, aromatique, plutôt correctement long et jovial. Final sur les agrumes. Un champagne festif. 14/20
PETRUS 2004
De mes nombreuses recherches sur internet il semble que le millésime 2004 est délicieux à boire dès maintenant, un millésime d’une grande élégance, un vin racé et harmonieux. : pour sa préparation, j'ai décidé de l'ouvrir à 17h pour oxygénation lente puis de d'épauler vers 20h pour dégustation à 22h30 sur un filet de bœuf rôti et idéalement saignant, poêlée de champignons persillée girolles et forestiers divers, grenailles au four à l'huile d'olive et sel de guérande.
Je prends mille précautions, première fois que j'ai des suées en ouvrant une bouteille...
Servi après être resté à température de cave, c’est-à-dire autour de 16°c initialement, puis 18 degrés dans le verre environ, verre Lehman (inconnu au bataillon mais qui s’est révélé plus qu'honnête)
La couleur est profonde, rouge intense avec quelques reflets violets.
Bouchon rigoureusement impeccable :
Bouquet
incroyablement complexe, les premières sensations sont dominées par les fruits noirs (la cerise noire, le cassis) , le fruit rouge (groseille) avec de puissantes senteurs de violette et une touche indéniable florale que l'on qualifiera typé d’hibiscus (même si ce n'est pas exactement çà, pivoine ou rose peut-être...) avec la puissance de l'essence de l'Ylang Ylang ; ma sœur, présente, ayant vécue à Mayotte longtemps avait par chance quelques essences de fleurs que nous sentons pour identifier les flaveurs (nous nous y sommes pris à 5 pour décrire ce nectar!!).
Notes réglissées aussi. De loin le nez le plus
bluffant qu'il m'ait été donné de sentir dans ma vie de dégustateur.
Une fois en bouche le vin a une structure dense et équilibrée, les tanins sont présents, soyeux, d’une texture proche du velours. Nous retrouvons les arômes présents au nez. Une belle fraicheur vient souligner la finale et lui donner du relief. Un vin d’un grand classicisme, excellent à boire aujourd’hui et structuré pour voyager encore longtemps. Idéalement je pense qu'il faudrait lui laisser 5 ans, que la structure encore massive vire définitivement au taffetas de soie... même si ce toucher reste dès aujourd'hui sincèrement admirable.
Rétro sur la cerise bien mûre, quelques épices, la réglisse et une pointe mentholée. Bluffant. Finale de plus de 30 caudalies !
19+/20. Grand Vin.
Trotanoy 2003
Littéralement
éparpillé façon puzzle par le Petrus à qui je voulais mettre un challenger de taille...
Le vin est très bon mais un monde les sépare.
Nez sur la prune, le moka, avec des notes plus torréfiées donc une sensation boisée plus marquée sur fond terreux, ce nez est tout de même délicat avec des arômes de cuir fin mais avec une touche métallique qui personnellement me dérange (un peu).
Assez corsé et tannique en bouche, on ressent une structure massive moins déliée et bien plus rustique que la légende du soir.
L'ensemble est bien plus tannique et moins abouti mais le vin gagnera en profondeur et se révèlera excellent même si l'alternance avec Petrus jouera systématiquement en sa défaveur.
En réalité, nous avons bu un verre de Petrus sur le plat, puis sommes passés au Trotanoy qui au début a pris sa claque et s'est ensuite révélé plaisant et puis finalement digne du plus grand intérêt. Mais nous sommes ensuite revenus à Petrus (sur un comté 24 mois conseil du château) et là, clairement, la marche est trop haute.
Le vin gagnera sensiblement en onctuosité à l'aération avec une finale bien plus délicate et aérienne avec le temps. Cela reste réellement très très bon. 16.5/20
Domaine de la Belle Angevine "Cuvée Corbeau" 2011
La robe ambre sombre à elle seule traduit la concentration. Un vin acheté en salon dont son géniteur est désormais un chinois, je sais pas pourquoi mais çà m'avait marqué...
C'est très riche, un liquoreux puissant et entêtant sur des notes très prononcées de coing et de miel. Le vin tapisse littéralement le palais et à mon sens, çà manque de fraîcheur ou en tous cas c'est une expression du chenin bien personnelle avec une recherche de surmaturité poussée qui a tendance à livrer un ensemble (trop) ostentatoire.
C'est bon. Mais trop séveux. 15/20
Une soirée magnifique, un mythe, Graal atteint (ou non) du dégustateur que je suis car il est impossible ou indécent ,c'est selon, de boire du Petrus, j'en suis conscient et je ne m'aventure jamais sur des pentes si stratosphériques. Pour la petite histoire et satisfaire les potentiels curieux, je l'ai payé 175€ il y a 13 ans et offert à mes parents pour les remercier d'avoir financé mes études. Nous l'aurons donc finalement bu ensemble, pour fêter un évènement si cher à nos yeux.
Enseignement 1 : le mythe a tenu la barre.
Enseignement 2 : on décèle, à déguster ce genre de vins, ce qui différencie l'excellent du sublime.
Le delta supplémentaire, cette touche subtile et à la fois infinie qui décuple le prix de façon tragiquement logarithmique.
J'en aurais bu une fois. C'était une expérience. Elle fût réussie. Une émotion.
Un vin extraordinaire à bien des égards.
Impérieux.
Alex
Ps : Bienaimés modérateurs, mes nouvelles confuses pour les photos...