En discutant avec quelques amis, nous nous sommes rendu compte que nous avions tous l’envie de découvrir les vins d’Espagne et de surcroît, de tenter notre chance au prestigieux concours de dégustations à l’aveugle du caviste espagnol Vila Viniteca.
Pour ce faire, nous avons prévus de réaliser (a minima) 6 sessions de dégustations pour découvrir les principales régions et appellations du pays. Pour égayer nos sessions, et comme nous ne voulions pas y consacrer de soirées particulières, lors de chaque session, seront dégustés 1 ou 2 effervescent(s) et 1 oxydatif.
Notre première soirée, consacrée à la Galice s’est déroulée en ce début de semaine, juste avant que ne débarque la canicule. Au programme 13 vins dont 7 blancs, 3 rouges, 2 effervescents et 1 oxydatif.
1) La robe est jaune, limite or. Le nez porte sur des arômes de pêche blanche, des notes florales et un soupçon de fruits exotiques.
La bouche se montre fraîche et légère en attaque. Le vin est en demi-puissance, légèrement gras sur des notes très florale et de pêche blanche. La finale est très saline et portée par de jolis amers. Voilà un joli vin d’apéro à déguster sur une terrasse l’été !
Il s’agit de la cuvée
Viña Meín de chez Emilio Rojo, D.O. Ribeiro avec un assemblage de 70% Treixadura, Godello, Loureira, Torrontés, Albario et Lado, 2018.
2) La robe est plus pâle, jaune avec des reflets verts. Le nez développe des notes citronnées, grillées, un peu de fruits exotiques et une pointe de fumé. Je lui trouve un côté bourguignon à ce vin.
La bouche possède une jolie matière sur les fruits exotiques, l’abricot, les mêmes notes fumées qu’au nez. Le tout est structuré autour d’une belle fraîcheur et donne au vin des accents un peu chablisien à mon sens. Voilà un joli vin de plaisir, facile d’accès et gourmand à souhait.
Il s’agit de la
cuvée Louro de chez Rafael Palacios, D.O. Valdeorras avec un assemblage de 92% Godello et 8% Treixadura sur le millésime 2019
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3) Pour continuer, nous enchaînons avec une première bulle. Sa robe est d’un bel or.
Le nez propose des notes pâtissières, de fruits jaunes bien mûrs.
En bouche, la bulle se montre assez agressive. Il faudra bien aérer ce vin pour obtenir un peu plus de finesse de ce côté-là. En dehors de cela, elle est puissante, massive, un peu lourde et termine sur des amers manquants de précisions. Cette bouteille a été dégorgée en fin 2019 et en l’état, elle n’apporte qu’un plaisir limité. A revoir.
Il s’agit de la
cuvée Agosarat de la Cave Guilera, D.O. Cava avec un assemblage de Macabeo, Parellada, Xarel·Lo sur le millésime 2006
4) La deuxième bulle de la soirée propose également une robe or. Assez intense.
Le nez se présente assez bizarrement, sur des notes de pomme au four, d’eau de vie, de balsamique et des marqueurs d’un vin oxydatif (des notes de noix fraîche à l’aération).
En bouche la bulle est nettement plus fine et agréable. La matière est bien équilibrée, mais l’aromatique n’est pas très agréable; sur des notes alimentaires, de fruits mûrs, une pointe pâtissière et une forte sensation d’hydrocarbure. Vu le prix et la réputation du domaine, c’est une réelle déception. Dégorgée également en fin 2019. N’ayant pas de recul sur ce domaine et cette cuvée, difficile de dire s’il s’agit d’un défaut de bouteille ou non.
Il s’agit de la
cuvée Reserva Particular de chez Recaredo, Corpinnat avec un assemblage de Macabeo et Xarel·lo sur le millésime 2007.
Nous revenons aux blancs tranquilles après ces 2 relatives déceptions.
5) La robe est plutôt pâle, avec des reflets verts.
Le nez est un peu réduit, sur des arômes fermentaires, les fruits blancs.
La bouche est un modèle d’équilibre entre une jolie matière, une belle minéralité et une finale saline présentant de beaux amers. Il n’a pas une grosse présence aromatique, mais c’est un joli vin de gastronomie. A noter que la cuvée est élevée en jarre.
Il s’agit de la
cuvée A’ via de chez O Morto Wines, D.O. Ribeiro en 100% treixadura, 2018.
6) Le blanc suivant n’est pas non plus très coloré. La robe est pâle avec quelques reflets verts.
Le nez est extrêmement exubérant sur des arômes de fruits exotiques (fruits de la passion, ananas, mangue) et une pointe végétale.
En bouche, je retrouve cette même exubérance. C’est parfumé à l’excès. Un demi-verre, c’est très bon, plus le vin commence à écœurer. Pourtant, au niveau structurel, c’est très bien fait. Le vin ne manque pas de matière, mais ce qui frappe, c’est son côté traçant, ciselé qui lui confère une très belle longueur. A voir si en le laissant un peu vieillir, il pourra gagner en finesse aromatique. Pour le reste, il faut reconnaître que c’est bien fait.
Il s’agit de la
cuvée Selección Añada de chez Pazo de Señorans, D.O. Rías Baixas, 100% albariño, millésime 2011
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7) Le blanc suivant propose une robe plus soutenue, d’un beau jaune or.
Le nez est floral, un peu cire, une pointe herbacée, un peu de fruits blancs. Assez jolie en soi.
La bouche se montre ronde et ample en attaque. L’aromatique est dominée par des notes florales et de poire. La finale saline donne une belle longueur au vin. Il n’a pas autant de fraîcheur que le vin précédent, mais il est plus classe et raffiné. Fera un beau compagnon de table.
Il s’agit de la
cuvée La Comtesse de chez Pazo de Barrantes, D.O. Rías Baixas,100% albariño, millésime 2016
8) La robe est également plus jaune dorée. Le nez est presque sucré, sur des arômes de poire, de coing, d’ananas, un côté un peu aigre-doux.
Le vin se goûte sec. La bouche se structure autour d’une belle droiture. L’aromatique est fine et complexe, sur les fruits jaunes, des notes florales et d’ananas rôtis. C’est un joli vin qui ne fait que gagner à l’aération.
Il s’agit de la
cuvée Etiqueta Negra de chez Terras Gauda, D.O. Rías Baixas avec un assemblage de 70% Albariño, 20% Caríño blanco et 10% de Loureiro, 2017.
9) Nous voici au dernier blanc de la série. La robe est jaune dorée. Le nez se montre sucré, sur le safran, l’ananas rôti, la rhubarbe, le fruit de la passion, la mangue.
Pourtant le vin se goûte sec. La bouche se montre riche et volumineuse, mais bien vite une acidité traçante vient rappeler sur quel cépage nous sommes. L’aromatique est semblable à celle du nez. C’est complexe et très long, mais il manque un peu de finesse par rapport aux 2 vins précédents.
Il s’agit d’une cuvée vinifiée en vin sec dont les raisins ont connu le botrytis.
Il s’agit de la
cuvée Gallaecia de chez Martin Codax, D.O. Rías Baixas,100% albariño, millésime 2016.
10) Pour commencer les rouges, nous avons un vin à la robe rubis, moyennement sombre.
L’aromatique aux nez est agréable, sur les petits fruits rouges, la cerise du nord, un trait végétal et une pointe de cassis.
La bouche est fraîche, juteuse, pétante de fruits rouges (framboise, cerise). J’ai presque l’impression d’être en face d’un vin élevé en carbo, alors que d’après ce que j’ai trouvé, ce n’est pas le cas. La finale présente un léger trait végétal et des tanins assez souple. Bref, on n’est pas face à un vin d’une grande complexité, mais il se boit tout seul.
Il s’agit de la
cuvée Camiño Real de chez Guímaro, D.O. Ribeira Sacra avec un assemblage de 80% Mencía, Garnacha Tintorera, Caíño Tinto, Mouratón, Souson, 2018
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11) Le second vin a également une robe rubis, moyennement sombre. Néanmoins, elle semble plus concentrée que sur le 1er rouge.
Le nez est également sur les fruits rouges (framboise, cerise), des épices douces et un trait végétal. C’est plus complexe et fin que pour le 1er vin.
La bouche est ample, ronde en attaque. Néanmoins, le corps reste très juteux et frais, grâce à une jolie relance sur un trait végétal. La finale est marquée par de fins tanins encore un peu présents. Le tout démontre une cuvée plus ambitieuse et qui se boit déjà très bien.
Il s’agit de la
cuvée Penapedre de chez Eulogio Pomares, D.O. Ribeira Sacra avec un assemblage de 64% Mencía, 21% Garnacha Tinta et 14 % de jerez, 2017.
12) Le dernier rouge a une robe plus sombre et déjà sur le grenat.
Le nez est assez dominé par des notes épicées, vanillée, un côté cire, balsamique, le jus de viande et le cassis.
En bouche, le vin est doté d’une belle matière, ronde et suave, mais bien contrebalancée par une jolie fraîcheur qui rend le tout très digeste malgré une matière qui semble plus riche. L’aromatique est dominée par les notes d’élevages qui doivent encore clairement se fondre ; le jus de viande, le cassis. Le tout est d’une très belle longueur. Clairement un vin à attendre encore entre 5 et 10 ans pour que l’élevage se fonde. Il me semble qu’il a les épaule pour cela.
Il s’agit de la
cuvée Lacima de chez Dominio do Bibei, D.O. Ribeira Sacra avec un assemblage composé à 90% par du Mencia sur le millésime 2013.
13) Pour terminer, nous goûtons un Oloroso. La robe est brune/ ambrée.
Le nez est très classe sur de fine note de caramel, moka, noix fraîche et café.
La bouche est fraîche, fluide. L’alcool magistralement intégré. Un vin profond, de méditation…ne nous aura manqué qu’un bon cigare ! Et voilà qui me réconcilie avec les Xeres, mes précédentes expériences n’ayant pas été très concluantes.
Il s’agit d’un
Oloroso, VORS (solera de 30 ans) de chez Lustau, : D.O. Jerez, en 100% palomino.
Voilà qui clôture notre première soirée.
J’en retiens que la Galice possède un patrimoine vinicole qui vaut largement de s’y intéresser avec des vins à la fois vifs et complexes. Si l’albarino m’était déjà familier, je suis très content d’avoir découvert le godello et le treixadura en blanc, ainsi que le mencia en rouge qui méritent que l’on s’y attarde. Je retiens aussi un faux départ pour les effervescents. Nous verrons si la tendance s’inversera lors de la prochaine soirée. Enfin, je crois avoir trouvé une nouvelle madeleine de Proust avec cet Oloroso de chez Lustau…je sens que le tavco va encore faire mal ..
La prochaine soirée sera consacrée à plusieurs régions : le Levante, la région de Murcie et les îles.