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Où l'inconnu terrasse la valeur sûre

  • condorcet
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Où l'inconnu terrasse la valeur sûre a été créé par condorcet

J'ai crée ce sujet bien que la dégustation ne comprenne que deux vins et se soit étalée sur plusieurs jours. La magie d'un vin dégusté et l'impossibilité de retrouver son producteur expliquent ce choix qu'un modérateur pourra corriger s'il le trouve inopportun.
Pour mon anniversaire, en fonction des possibilités, j'ai choisi deux flacons anciens : un Canon 1985 en excellent état et un Pommard 1945 qui m'a inspiré confiance.
Goûtés aussi bien seuls et sur plusieurs jours qu'en accompagnement, ces vins m'ont beaucoup surpris.

Choisi en épigramme d'un déjeuner d'anniversaire, le Pommard 1945 (sic) a parcouru en quelques heures une traversée inverse de celle qui l'a menée jusqu'ici. La bouteille ébréchée, le niveau à 4 cm, le bouchon noirci trahissaient un abandon, une déréliction promise, prémisses d'une dégustation qui se devait d'être compréhensive plus qu'attentive. A l'ouverture, la couleur pelure d'oignon, le nez et la bouche éteinte à peine acidulée invitaient à la patience ainsi qu'à l'ouverture d'une bouteille de secours. 1 h 30 d'oxygénation lente livre un verdict un peu plus encourageant : de fait, le contraste saisissant avec un nez peu disert de cerise et de griotte, une robe bicolore rubis presque figée et une bouche fraîche et franche, alerte, vigoureuse, tannique s'étirant langoureusement s'est accentué au cours du repas. L'accord avec le gigot d'agneau mojettes à la tomate et aux herbes s'est révélé souverain. Plus que la complexité, le vin dénote et déroule une palette épicée, onctueuse et puissante d'un plaisir infini, d'une grande concentration et persistance (supérieure à 30 secondes). Le lendemain, aux dernières gorgées proches de la lie, ce Pommard a offert un récital de plus en plus enlevé : robe empourprée et désormais unie distillait une grande cohérence, la puissance et le raffinement le rapprochant d'un Grand Cru. Avec un bouchon convenable, ce flacon mystère peut envisager sereinement le centenaire tant sa résistance à l'air impressionne et procure un plaisir infini aussi bien qu'exponentiel de dégustation. Encore ! Encore ! Encore ! Ce magnifique 1945 constitue une ode à la compagnie des vins anciens.

Désignée au rôle de valeur sûre et à ce titre, de bouteille de secours, Canon 1985 m'a quelque peu déçu malgré une présentation impeccable (capsule intacte, niveau base goulot, bouchon imbibé au quart) et un premier contact prometteur : nez profond et vibrant de tabac, de sous-bois et de cuir, bouche soyeuse et ronde de bonne tenue. Hélas, l'aération a révélé peu à peu les limites de ce flacon : la trame quelque acidulée et mince s'effiloche rapidement et l'impression finale reste mitigée. Deux jours plus tard, l'accord avec un Pont-l'Evêque réussit à en gommer les aspérités, la sévérité et l'austérité, l'onctuosité du fromage estompant la maigreur sinon l'âpreté du vin en finale et suscitant une belle harmonie. Seule la fin de bouteille procure un réel agrément grâce à une ampleur en bouche enfin au rendez-vous.
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27 Aoû 2020 00:50 #1

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