Les découvertes 2020 de LPV Versailles
Quel bon thème proposé par Gilles !
Cela nous a permis de voyager et de partager de belles découvertes. Sans compter que Ralf est parmi nous, au prix d’une fermeture un peu plus tôt en soirée de sa cave…
C’est le boss (Denis) qui a organisé la dégustation mais il n’a pas été aidé : une absence de dernière minute pour risque de Covid-19 de Mathieu (risque très faible, mais on ne plaisante pas …), des vins annoncés et remplacés sans prévenir, de nombreux dégustateurs avec seulement deux verres, ce qui empêche de réaliser les deux triplettes prévues… Du coup certaines paires ont été (d)étonnantes, d’autres auraient pu être réalisées mais les vins étaient écartelés…
On ne lui en voudra absolument pas car le niveau d’ensemble était très bon d’après moi et il vaut mieux que je reste discret car la prochaine fois je suis censé organiser…
Un nouveau restaurant nous accueille, « Les canailleries du marché » et cela a été une bonne surprise !
Une bulle pour commencer
Champagne Pertois-Lebrun – Le fond du bateau – 2010
Le millésime n’est pas revendiqué, de même que la caractéristique Blanc de blancs. Mêmes données que la cuvée commentée par Quentin (icna) dans la rubrique du domaine : mise en bouteille juin 2011, dégorgement mai 2018, dosage 1g, 29% en fûts.
La robe de couleur paille est égayée par un train de bulles abondant.
Le nez expressif associe des arômes citronnés et grillés sur un fond fruité et pâtissier.
La bouche est nerveuse, à l’acidité saillante, et la matière est insuffisante pour bien la contrebalancer. Le style austère est renforcé par une amertume notable, mais je ne suis pas aussi rebuté que d’autres par ce style.
Bien ++
Première paire de blancs
Domaine Espilako Xuria – Irouléguy – Blanc – 2019
Il s’agit d’un assemblage de gros et petit manseng.
La robe est très pâle.
Le nez affiche une bonne intensité et une aromatique variée faite de citron puis de fruits blancs et jaunes et d’une touche briochée.
La bouche se montre très gourmande et confortable, avec quelques légers SR et une belle aromatique, surtout en comparaison de son compagnon du jour, mais bien relancée par une acidité franche. La finale combine longueur, sapidité et salivation.
Très Bien
Domaine des Côtes Rousses – Vin de Savoie – Blanc – Armenaz – 2017
Une cuvée 100 % jacquère.
La robe présente un or clair.
Le nez intense explore la gamme florale et des plantes aromatiques, juste complétée par une touche de frangipane.
La bouche est très tendue, d’une grande verticalité, paraissant cistercienne par son aromatique en deçà de celle promise par le nez. Cette tension profite heureusement à la belle persistance saline.
Bien ++ / Très Bien
Je n’ai pas reconnu cette cuvée bue chez ce vigneron que j’ai également découvert en 2020, mais j’avais dégusté le 2019 cet été : si les nez sont voisins, le millésime 2019 plus riche et plus jeune avait parfaitement équilibré la bouche du cadet. L’effet de comparaison avec l’Irouléguy a pu aussi jouer.
Deuxième paire de blancs
Domaine Jean Masson – Apremont – Cœur d’Apremont – 2018
La robe est de couleur paille.
D’une belle intensité, le nez dévoile d’entrée une richesse étonnante, avec des fruits jaunes et exotiques, teintés par une touche plus fraîche caillouteuse.
La matière en bouche est très mûre et se développe avec beaucoup d’ampleur, de sapidité et de densité. Mais la tension n’est pas en reste, en particulier dans la longue finale plus ciselée et précise.
Une confirmation de ce que peut donner une jacquère dans un millésime mûr avec un vigneron qui sait préserver la fraîcheur du cépage.
Très Bien +
Domaine Paul Jaboulet Ainé – Côtes-du-Rhône blanc – Incognito H – 2013
Il s’agit de très jeunes vignes de l’Hermitage, avec appellation non revendiquée.
La robe arbore un or dense.
Le nez est démonstratif et luxuriant, sur les fruits exotiques, la gentiane et le clou de girofle.
La bouche est dans le même style, XXL, très grasse et au boisé qui fait encore écran, notamment par une amertume dominante. Une bonne acidité sous-jacente se fait ressentir mais il lui faudra bien dix ans de plus pour s’assagir et que tout se fonde.
Bien ++ en l’état
Troisième paire de blancs
Domaine Julien Cécillon – Saint-Joseph – Blanc – Victoria – 2018
L’or de la robe est moyen.
Le nez très intense est axé sur les fruits jaunes, complétés par de l’anis et une touche de réglisse. L’élevage est donc sensible mais pas dérangeant.
Après une attaque large la bouche contraste un peu avec le nez par sa très belle tension qui la dynamise et la porte loin, jusqu’à une très belle finale saline.
Très Bien (+)
Domaine Giudicelli – Patrimonio – Blanc – 2016
La robe est plus claire, de couleur paille.
Le nez très généreux montre d’abord un côté légèrement oxydatif par ses arômes de noix et de céleri. Mais la noix va vite se transformer en noisette, ce qui fait penser à un nez de champagne voire de chardonnay. Il évolue avec grâce vers des fruits jaunes teintés d’exotisme avec une touche fumée.
La bouche est bâtie sur un équilibre remarquable entre amplitude et vivacité, et fait preuve d’une élégance rare. La finale persistante est toute en finesse, avec un beau retour salin.
Très Bien ++
Quatrième paire de blancs
Domaine Julien Vedel – Vouvray – Le Compte Marc – 2017
La robe oscille entre paille et or.
Le nez intense et même un peu plus offre des arômes classiques de poire, de fleurs blanches, de pêche et de miel, mais dans une expression de grande pureté.
L’harmonie de la bouche est là encore magnifique, alliant sapidité, acidité et précision, jusqu’à la finale épurée de très belle allonge.
Une réussite majeure dans ce millésime.
Très Bien ++
Domaine Les Noades – Saumur blanc – Clos des Gars – 2017
La robe hésite entre paille et or.
Moyennement intense, le nez est sur une aromatique fraîche de citron et de fleurs blanches.
La bouche est marquée par la tension et l’acidité mais la matière n’est pas assez dense ni assez mûre pour atteindre un équilibre satisfaisant. Le vin n’a donc pas échappé aux écueils du millésime et d’ailleurs j’avais préféré le 2016 bu en décembre 2019.
Bien +
Première paire de rouges
Ermitage du Pic-St-Loup – Pic Saint Loup – Guilhem Gaucelm – 2013
Assemblage de 50 % grenache et 50 % syrah.
La robe est sombre, avec encore de beaux atours de jeunesse.
Le nez intense est marqué par la syrah, par ses arômes de fruits noirs, violette et épices.
Il y a tout dans ce vin : densité et grande fraîcheur, rigueur habillée d’un fruité plein et franc, tanins apaisés, finale élancée et ferme.
On n’est décidément jamais déçu avec cette cuvée, toujours d’un très haut niveau.
Très Bien ++
Cela démarre fort pour un premier rouge !
Domaine Matthieu Dumarcher – Vin de France – Réserve – 2017
Pour ceux qui ne connaissent pas ce domaine (c’est mon cas), il est situé en Rhône méridional. Cette cuvée haut de gamme du domaine fait la part belle au grenache et à la syrah.
La robe est très sombre.
Le nez d’une bonne intensité déroule une aromatique sudiste et encore un peu marquée par l’élevage faite de fruits noirs, vanille, brioche et réglisse.
La bouche extravertie et encore opulente montre ses muscles par son grain très serré, son amplitude, ses tanins gras et sensible. Il y a certes de l’acidité ce qui augure d’un bel avenir même si cela manque un peu de finesse. A attendre.
Bien ++ / Très Bien
Deuxième paire de rouges
Domaine Meinklang – Autriche – Burgenland – Konkret rouge – 2012
Il s’agit d’un vin d’un domaine en biodynamie, à base de Sankt Laurent avec un peu de Blaufränkisch et sans soufre ajouté.
La robe très sombre (mais la nuit est tombée !) laisse apparaître des reflets tuilés.
Le nez allie une très belle intensité à une grande finesse, le poivre et la rose fanée venant complexifier une base de fruits rouges.
La bouche est dans le même registre de l’élégance, bien mobilisée par une juste acidité et très avenante par son fruité précis.
Très Bien +
Château Grand Boise – Côtes de Provence – Auro – 2019
Encore un vin nature, issu de Provence, avec un assemblage de grenache, syrah et cinsault.
La robe est très sombre, brillante et bien jeune.
Le fruité du nez se livre sans retenue mais manque de distinction avec un côté animal et des notes fumées.
La bouche en largeur est dotée d’une chair bien fruitée mais elle manque de vivacité et de finesse. La finale assez courte se révèle toutefois pointue.
Bien +(+)
Troisième paire de rouges
Domaine des Poëte – Reuilly rouge – Odyssée – 2017
La robe est sombre aux beaux reflets violine.
D’une belle intensité, le nez annonce la finesse du vin, sur une aromatique de cerise et de fleurs, avec des accents fumés.
La bouche très équilibrée brille par sa distinction, sur un fruité pur, à la fois charnu et croquant. L’allonge très appréciable est d’une fraicheur cristalline, avec une finale délicatement fumée.
Très Bien +
Domaine Gérard Schueller et Fils – Alsace – Pinot noir – Bildstoecklé – 2016
La robe claire est bien évoluée.
Le nez intense est marqué par une acidité volatile non rédhibitoire d’autant que les arômes de fraise et floraux sont réjouissants.
En revanche la bouche est acide, très acide, trop acide. Elle dépasse en tout cas mon seuil de tolérance d’autant qu’elle masque tout.
A l’aération cela s’atténue un peu mais pas suffisamment.
Bof
Un rouge esseulé
Domaine Paul Jaboulet Ainé – Côtes-du-Rhône rouge – Incognito H – 2015
La robe est très sombre et bien jeune.
Le nez ample et libéré part vers le sud avec son aromatique de fruits noirs tirant sur la pâte de fruits, des notes fumées prégnantes et une touche chocolatée qui aurait pu indiquer le Languedoc-Roussillon et non le Rhône septentrional.
Corpulente, d’une chair dense bâtie sur une grosse matière, la bouche dispose quand même de suffisamment de fraîcheur et son élevage est plus fondu que celui de son frère blanc, même si on retrouve un air de parenté (surtout après la levée de la chaussette !). La finale épicée est rafraichie par une touche végétale ( !?
). Ce vin devrait être très beau dans une dizaine d’années, mais pas pour les pdf.
Très Bien
Un blanc esseulé
Domaine Gardiès – IGP Côtes Catalanes – Blanc – Je cherche le ciel – 2019
Un blanc (monocépage de grenache gris), c’est nouveau pour ce beau domaine !
La robe est de couleur paille.
Bien ouvert, le nez affiche des arômes de fleurs blanches et de fruits blancs ainsi que d’anis.
La bouche est assez grasse, la matière mûre étant bien balancée par l’acidité. J’ai eu une sensation d’élevage mais si c’est le cas c’est bien dosé, au service du vin. La finale reste sapide et est rehaussée par une fine salinité salivante.
Bien ++ / Très Bien
Que de belles découvertes, avec pas mal de domaines en bio, biodynamie ou nature, pas tous cités dans mon CR ! Ce sera certainement un thème à reprendre dans un an ou deux.
Jean-Loup