Le rendez-vous était pris depuis longtemps et c’était l’objectif radieux qui me faisait accepter et supporter les contraintes personnelles et professionnelles du moment. Aussitôt montés les 4 étages Alain et moi retrouvons les copains tout sourire, déjà en train de s’activer dans les préparatifs et d’échanger sur la dernière manière d’accomoder les truffes
Les verres sont au garde à vous, les courants d’air chassent la possible bestiole et Karim approche avec une première carafe. C’est parti ! Notes sur 4*.
Chablis 2012 - Domaine Dauvissat
Nez sur la croûte de fromage (assez caractéristique des vins de Dauvissat), bouche tendue, salivante et pierreuse.
Au réchauffement il y a d’agréables notes de noisette et de fruits jaunes, puis un peu de beurre.
Finale marqué par l’iode, le sel et le citron, c’est long et c’est très bon ! ***
Arnaud : Olivier (qui est en plein régime) arrête, tu vas bientôt maigrir de la bite !
Sébastien (qui sait de quoi il parle
) : Tu sais ce qu’on dit en politique ? L’adversaire est en face, l’ennemi est dans ton camp.
Jardins de Babylone 2015 – Jurançon sec – Domaine Dagueneau
Superbe nez d’agrumes, oranges amères et pamplemousse rose, ainsi qu’une pointe de fruits exotiques.
Le vin est très vif (encore plus que le Chablis), sec et diablement bon.***
Arnaud : On bench les truffes et l’huile d’olive ! (on avait plusieurs sortes de chaque)
Laurent : J’aime bien Daguenau !
Moi (à propos de Macron) : C’est bien Laurent, tu fais preuve d’honnêteté intellectuelle !
Sebastien : Aujourd’hui !!!
Laurent : Alex, ne JAMAIS laisser le foie gras devant Alain !
Kevin : Deux verres ça suffit, en même temps t’as pas deux bouches, c’est con.
Champagne Brut Initial (dégorgement 2020) – Domaine Selosse
Super nez puissant avec les variantes les plus nobles de l’élevage oxydatif (curry, noix fraiche)
Bouche ultra crémeuse, salivante et intense. Les bulles sont fines et équilibrent parfaitement la matière mûre.
La finale est très longue sur les fruits jaunes. Superbe accord sur le foie gras au gingembre. Magnifique. ***(*)
Domaine des Tours 2006
Super nez sur le coulis de fraise et le « jus de côte de bœuf » (copyright Bidou), puis le poivre, le foin et le tabac.
Bouche fondue, fluide, tous les marqueurs sont déjà bien présents sur ce joli vin au toucher de velours et au bon gout de réglisse et de pot-pourri.
C’est très bon, légèrement alcooleux pour chipoter, et ça commence fort, j’étais au minimum sur un Château des Tours, et plus surement sur un vin produit à Rayas. ***
Déjà une des grosses cartouches de la journée ? Le vin d’après l’a tout simplement écrasé…
- La fraise, on la sent pas tous pareil. Les asiatiques la sentent pas.
- Déjà ils ont une petite bite.
- C’est tellement bon à lécher une bonne fraise
Rayas 2006
Le nez est assez discret, très agréable sur la fraise, la groseille, la chlorophylle.
La bouche est une main de fer dans un gant de velours, les tannins sont fondus, l’aromatique est dominée par une orange sanguine entêtante.
Finale longue marquée par une masse tannique noble marquée par une pointe de menthol très agréable.
C’est sacrément bon, structuré, encore sérieux et sans l’ombre d’un doute taillé pour une longue garde. ***(*)
Rayas 2008
Nez sur le thé vert, le menthol, la réglisse et le bois exotique. A l’aération arrivent la bergamote, les agrumes et la morille. Un véritable kaléidoscope aromatique qui fait rêver.
La bouche est hyper fluide, vive, gourmande, facile et tellement envoutante grâce au toucher évanescent et une aromatique complexe sur les épices et les fruits rouges.
L’équilibre fait tellement 2008, c’est une fois de plus un très grand vin et une très grande gourmandise sur ce millésime. Superbe. ****
Alain : Moi je mets Fonsalette de partout comme ça je suis sûr d’avoir bon à un moment.
Arnaud : Le 3eme rouge, c’est n’importe. N’importe quoi !
Seb (à propose d’Arnaud en feu) : s’il bande, c’est peut-être une Fonsalette-Syrah !
Fonsalette 2005
Forcément le défi est de taille pour passer après deux tels monstres. Le nez est plus faible, quoique agréable.
Le vin est gourmand, salivant, plus simple aussi, c’est normal, mais vraiment intéressant bien qu’un peu chaleureux.
Difficile d’évaluer la marche d’escalier, on s’arrête à Fonsalette ou Domaine des Tours ? ***
Pignan 2005
Le nez sent vraiment très très bon, sur des arômes plus rares chez Reynaud : le menthol, la réglisse, l’olive noire, c’est très engageant.
L’attaque en bouche est un peu alcoolisée, riche. On retrouve la réglisse, de la cerise à l’eau de vie, du thym et du romarin.
Un vin gourmand et chaleureux, glycériné, qui en a encore sous la pédale. J’aime beaucoup ***(*)
Pignan 2008
Un nez de rêve. Une bouche de rêve. Du verre se dégagent une multitudes d’arômes intenses et précis : le pamplemousse, le jus de fraise, les épices, la rose. On dirait un nez de vieux pinot, intense, un parfum à respirer sans modération, une bombe à fragmentation aromatique.
La bouche est énorme de délicatesse, acidulée pour porter la matière veloutée et aérienne. On retrouve l’aromatique reynaudienne dans toute sa splendeur avec pamplemousse, la fraise, l’orange amère et sanguine.
Une complexité tactile et aromatique de dingue, une finale interminable, des tannins imperceptibles, voilà un vin qui confirme encore une fois qu’il est hors classe. ****
Karim (en parlé marseillais, quand les mots remplacent la ponctuation) : Sa mère la pu.., c’est pas possible !!!
Proverbe jurassien : vaut mieux un Trousseau qu’un trou sale
- La Picardie, l’autre pays de l’échangisme…
Domaine des Tours 2010
Un nez de prune, de résine, un peu viandard avec une pointe d’alcool.
La bouche fait très Châteauneuf, c’est puissant, concentré, avec du cacao et de l’eucalyptus.
Les tannins sont fondus, il y a du fruit et un très bon équilibre, j’aime beaucoup. ***(*)
Fonsalette 2010
Peu de notes sur ce vin que j’ai adoré, je me suis laissé porter par ces effluves de vins du Sud avec de l’orange sanguine et du thé earl grey très classe.
La bouche est parfaite, du volume, de la fraicheur et un grand équilibre. C’est très long… et c’est très très bon ! ****
Rayas 2005
On baisse d’un cran sur le nez du vin suivant, l’aromatique est moins complexe, dominée par la prune.
En bouche le vin est plus étriqué, on sent une très grande réserve de puissance, un cote alcooleux encore un peu prégnant. Aromatique sur la réglisse et le champignon.
J’étais parti sur un Rayas 2009 pour la puissance, le côté solaire et le potentiel de garde. J’ai préféré le Pignan 2005 plus accessible, mais c’est quand même un très bon vin. ***(*)
Kevin : Un crash test sur une Twingo, c’est une nuit avec Alain.
Vacqueyras 2008
Ce vin m’a toujours fait pêter les plombs, ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer… Un vin décadent, qui sent excessivement bon, qui se sniffe et enivre rien qu’en mettant le nez dans le verre.
La bouche est très puissante mais tellement gourmande et jouissive que ça passe. Forte aromatique sur l’orange amère et des notes de Châteauneuf. Un vin pour des drogués de 2008, j’hésite entre Pignan et Vacqueyras.
Que c’est bon ! ****
Kevin : Sylvain (j’ai 4 verres), t’es sur qu’on t’a servi ?
Sébastien : Quelle bonne idée de terminer par un domaine !
Reine des Bois 2001 – Châteauneuf du Pape – Domaine de la Mordorée
Le vin est plus austère, je repère le pirate. C’est dur de redescendre. Il y a beaucoup de matière mais le vin reste frais, plus terrien. Un vin qu’on peut attendre encore. ***
Mon classement :
Pignan 2008
Rayas 2008
Vacqueyras 2008
Au Capceu 2017 – Jurançon - Domaine Camin Larredya
Superbe nez d’abricot, cacahuète, pêche, mangue, ananas, caramel, c’est top.
La bouche présente un super équilibre entre les sucres intégrés et la vivacité salivante.
Un vin qui se boit seul, un dessert à lui tout seul, avec une finale aux saveurs d’orange très rafraichissante. ***(*)
Karim : Alors Arnaud, avec ton diabète, on a combien de sucres ?
Alex : Et bien il va mourir !
Kevin, en criant tout excite : J’en ai ! J’en ai ! J’en ai 25 bouteilles dans la cave !!!
Ben Rye 2016
Il manquait un vin de dingue pour clôturer cette dégustation. Et dans tous les millésimes de Ben Rye déjà gouté, je ne suis pas sûr d’avoir rencontré un niveau aussi élevé que ce 2016 (et pourtant quand on connait la régularité stratosphérique de ce vin…). Le nez bombarde d’abricot et de menthol, de mirabelle.
La bouche est magique et fait vibrer tous les sens, tout est concentré sans aucune lourdeur. Pour moi c’est dans la short list des liquoreux ultimes.
Merci beaucoup Karim pour ton accueil, l’ordre était très bien et la méthode (bouteille anonymisé, service aléatoire et découverte à la fin) parfaitement adaptée. C’était une embellie magique dans cette période difficile
Bises,
Sylv1