Pour la faire courte (je sens que ça ne va pas l'être ...), votre serviteur va tout doucement sur ses 26 balais (
) et donc sur le week-end j'ai eu l'occasion de gouter quelques bouteilles bien sympathiques !
Le tout avec quelques bon amis, quelques bons petits plats ... faut pas aller chercher le bonheur beaucoup plus loin !
Vendredi soir invité par une amie avec quelques potes, chacun amène un truc ou l'autre et pour ma part j'avais la tâche d'amener le premier blanc de la soirée.
Celui-ci va se retrouver tout à fait à l'aise sur un tartare de saumon-coriandre-pomme granny diablement efficace.
Il s'agit d'un vin dont je voulais sonder le potentiel depuis un petit temps :
Domaine de la Taille aux Loups, Bretonnière 2017
Et c'est, comme espéré, excellent.
Cependant, ce serait mentir de dire que je l'imaginais comme ça. À en lire certains je m'attendais à un nez très filiforme, limite austère, très agrumique et minéral. Ça n'a pas du tout été le cas : nez hyper ouvert et surtout très très mûr (mais tout en restant net !), dominé par le "secondaire" car pour l'instant hyper-brioché (honnêtement de loin le nez le plus brioché que j'ai jamais senti, genre grosse brioche feuilletée embaumant le beurre chaud, un nez "à souvenirs" ... la côte de Beaune peut aller se rhabiller), avec des notes superbes de pommes et d'oranges fraiches puis plus tard presque pastèque (!), vraiment beaucoup de maturité dans ce nez, beaucoup moins cistercien que ce que j'imaginais. Mais la netteté des arômes le maintient sur le chemin de la droiture et permet de supposer une belle trame sous-jacente, que la bouche confirme : droite, nerveuse, là je retrouve quelque chose qui ressemble à ce que j'attendais. Magnifique présence longue et dynamique, fleur de sel, citron vert, rhubarbe, fougère ... et quelle précision dans la complexité !
Peut attendre encore, sans surprise. Je serais curieux de voir si les années vont dégager son nez de son côté très brioché qui, même s'il est extrêmement plaisant dans l'absolu, m'a un petit peu décontenancé je l'avoue.
Excellent / 17/20 - potentiellement encore mieux plus tard
On enchaine sur quelques Saint-Jacques juste snackées avec linguine sauce crème-sauge-citron, délicieux.
Ma comparse tente là-dessus une bouteille que je lui avais offerte pour son anniversaire quelques mois plus tôt :
Domaine Pierre Vessigaud, Pouilly-Fuissé "Veilles Vignes" 2019
Honnêtement l'effet de séquence l'a un peu déservi, sans parler du fait qu'il était à mon sens trop jeune et qu'il aurait dû bénéficier d'un peu d'aération.
Ce qui frappe c'est qu'on est loin de l'idée hyper-riche et boisée qu'on se fait classiquement du domaine, on a ici au contraire un PF sur la finesse citronnée, la minéralité, beaucoup plus nordiste que ce que j'imaginais (alors que le Mâcon-Fuissé du même millésime est lui tout à fait dans l'idée du domaine et du terroir avec un chardo riche, sur la poire et la frangipane, vous voyez le genre).
L'aération lui fait du bien et on retrouve peu à peu une jolie complexité et les oléagineux attendus avec un peu de sésame et de noisettes. Très digeste, jolie finesse.
A revoir cependant dans de meilleures conditions, et surtout à attendre à mon avis.
Dans l'attente déjà
Très bien - / 15.5/20
Les rouges seront ensuite bus pour eux-mêmes :
Domaine Parigot, Hautes Côtes-de-Beaune "Clos de la Perrière" 2017
Mon amour pour les rouges de Bourgogne dans ce millésime ne se dément pas, c'est vraiment d'une évidence de plaisir totale.
Le nez est complètement ouvert, pleinement Bourguignon, sur le freesia, la pivoine, les framboises, une pointe un peu saline/ketchup comme parfois mais à mon sens dans ce genre de profil c'est cohérent ... bref c'est extrêmement friand, jovial et léger comme souvent sur ce millésime. La bouche est beaucoup plus sur la cerise, un tout petit peu extraite à mon goût, avec un petit trait vert qui ferait presque penser à un peu de vendange entière (?) mais sinon très joli fruit, jolie matière sur la cerise saline et la ronce avec cette pointe d'amertume qui permettra de le garder encore.
Très bien - / 15.5/20
On change totalement de registre avec un
Domaine des 7 Chemins, Crozes-Hermitage 2018
Là honnêtement c'est un peu trop pour moi.
Il y a juste un peu trop de tout.
La complexité est là puisque le nez est capable de proposer, avec le temps, tous les grands archétypes de la Syrah dense et masculine avec le gibier, le moka, la prune séchée, le cassis, la fumée, la roche bien noire ... mais ça va dans tous les sens, c'est opulent, chaleureux, un peu trop démonstratif.
Là où je le constatais sans pour autant en souffrir au nez, en bouche c'est un peu compliqué, un peu trop d'informations en effet, manque de ligne directrice au milieu de toute cette richesse, c'est solaire, ça fait davantage que ses 13.5%, on est sur le pruneau salé, le gibier, le café noir, c'est un peu cuit, un peu lourd quoique vraiment riche et complexe, juste pas dans mes goûts personnels. Le millésime y est peut-être pour quelque chose.
A attendre quelques années puis à servir sur une daube de sanglier ou quelque chose dans ce genre.
Bien+ / 14.5/20
Pour rester sur la Syrah mais tenter de revenir sur quelque chose de plus digeste, on finit sur
Domaine Louis Chèze, Syrahvissante 2018, IGP Collines Rhodaniennes
Et mission accomplie car le profil est beaucoup plus proche de ce que j'aime, et je trouve que ça fait beaucoup plus Nord du Rhône que le précédent.
Pour ne pas complexifier inutilement un vin qui s'est voulu très lisible : poivre frais, myrtille, violette, petite touche de venaison mais point trop n'en faut, c'est frais, c'est droit, c'est digeste. Moins complexe que l'autre mais beaucoup plus approchable, on ressert les verres assez rapidement.
Bien + / Très bien - / 15/20
Fin de tournage pour cette soirée, et c'est déjà pas mal ! Globalement vraiment des très chouettes vins, le seul "regret" vient du fait que le Vessigaud a été déservi par un prédecesseur qui a fait trop forte impression, sans compter qu'il était dans l'absolu probablement trop jeune et pas assez préparé.
Le lendemain avec la famille, en petit comité, deux vins que j'ai déjà chroniqués ici, mais ça ne mange pas de pain ...
Sur des Saint-Jacques en velouté d'asperges blanches :
Domaine Christophe & Fils, Chablis 2017
Je reste sur mes impressions de toujours, ça doit être la 5e bouteille que j'en goûte et à chaque fois je me dis : c'est un modèle du genre.
C'est juste tout ce qu'on peut attendre d'un Chablis, sur un millésime qui est pour moi un des meilleurs des dernières années.
Grosse minéralité sur la coquille d'huitre, citron vert, mousseron, salin ... mûr et droit, rien à dire, hyper efficace, classique, valeur sûre absolue.
Très bien / 16/20
Sur un plateau de fromages ensuite (... "hérésie" parentale mais que voulez-vous, ce serait bête de les changer !)
Chateau Carbonnieux, Pessac-Léognan rouge 2012
M'a plutôt mieux goûté que la dernière fois où j'avais dit de lui qu'il ne brillait que par son absence de défauts.
Ici je lui trouve une vraie belle personnalité avec un nez complexe, sur le sapin brûlé (souvenirs de camp scout qui remontent ...), la cendre, le tabac, le cassis, un côté résineux, avec un bouche encore masculine, à la belle structure tannique, tout en étant déjà très approchable. Bu au bon moment, je pense.
Très bien / 16/20
Et c'est reparti pour une année !
A la bonne vôtre !