Après quelques difficultés à se mettre d’accord sur une date, nous réussissons enfin à réunir les régions Bourgogne – Franche -Comté oenologiquement, 5 ans après la fusion des régions…
Rendez-vous chez moi pour une première session de LPV BFC après quelques rencontres en comité plus restreint pour une dégustation entièrement à l’aveugle (sauf pour l’apporteur de chaque bouteille) ce qui permet à l’organisateur de profiter aussi du jeu des devinettes, au détriment éventuel de la séquence des bouteilles (mais franchement ça a bien marché quand même, pas d’erreur manifeste). Nous pourrons ainsi constater que si en Bourgogne on reste sur la chaussette classique, parfois fine, parfois plus cossue, la Franche Comté propose des créations originales à base d'Aluminium déchiré qui donnent un cachet certain à leurs apports
Après le traditionnel échange des bouteilles commandées aux uns par les autres et vice versa, on débute sous le soleil dijonnais par deux bulles sur l’apéritif :
JM Sélèque – Champagne Extra Brut Solessence
Mon apport, bulle abondante, robe claire, nez « frais » sur la pomme, les agrumes, un peu comme les meuniers. En bouche cela fait effectivement jeune, c’est assez vif, belle salinité finale.
Bien mais trop jeune (dégorgement novembre 2020)
Domaine Follet Ramillon - Champagne Vintage 2011
Robe plus jaune, bulles abondante au versement mais disparaissant rapidement dans les Italesse Sparkle Etoile, nez vineux, légère patine oxydative, qui prendra de la complexité à l’aération, en bouche belle largeur avec quelques amers finaux.
Bien aussi dans un autre genre, mais j’ai préféré Harmonie par exemple.
Première série de rouges pour la charcuterie, servis par paire :
Clos des Vignes du Maynes - Bourgogne Cuvée Auguste 2017
Rémy dégaine en premier, robe trouble et d’un rouge peu prononcé, grenadine on dirait, nez pétant de fruit sur la cerise et le poivre, orange sanguine, bouche également sur ces arômes, assez simple mais sympathique. En se réchauffant il prendra des amers un peu dérangeants. Je fais l’association macération semi carbonique qui semble évidente sur ce vin --> beaujolais nature, puis Guillaume me fait remarquer qu’on avait eu le même nez sur un assemblage de Ganevat des 3 cépages jurassiens, on part donc plutôt la dessus. Raté c’est du Bourgogne, mais c’est bien vinifié « à la beaujolaise », et en cuve, on se fait le constat que cette méthode de vinification écrase un peu le cépage finalement, le pinot était franchement pas évident.
Bien - / Bien
Domaine Humbert frères - Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 2015
En parallèle Guillaume a dégainé son rouge également, robe plus sombre, nez plus sérieux et classe sur la liqueur de fruits rouges, pointe vanille, léger torréfié qui s’accentue au réchauffement. En bouche belle puissance, sur un vin à la matière ample mais relativement souple, finale sur une pointe caramel/vanille que je serais le seul à noter, apparemment je dois être allergique au bois… J’ai déjà bu un vin de ce style, sans que j’arrive précisément à me rappeler de la cuvée ou du domaine, mais je pars sur Gevrey 2017 initialement puis 2015 après concertation avec Rémy sur le millésime : gagné ! et effectivement, j’ai déjà bu cette même bouteille !C’est quand même
très bien et surtout après petit passage au frigo pour le refroidir un peu, par contre il peut attendre sereinement quelques années ça devrait être encore mieux.
Ensuite nous passons à l’entrée sur de superbes terrines de poissons avec une paire de blancs :
Domaine Sylvie Spielmann – Riesling Reserve Bergheim 2017
Adrien dégaine une bouteille à la morphologie trahissant son origine (encore qu’Arnould nous a démontré une précédente fois que le franc comtois est retors et peut changer de contenant pour tromper l’ennemi héréditaire bourguignon), donc une flûte. Le nez ne laisse cependant aucun doute sur le cépage, floral, litchi, la bouche est joliment construite avec une certaine rondeur (sans perception de SR cependant) mais une belle acidité finale. Je pars sur un Riesling alsacien assez jeune (pas le style allemand, du fait de la rondeur et quelques amers notamment). Un domaine que je ne connaissais pas mais qui est intéressant vu la qualité de la bouteille.
Bien +
Domaine Samuel Billaud – Chablis 1er cru Montée de Tonnerre 2015
Là aussi ce vin fait relativement vite consensus sur sa provenance, le nez évoque un joli élevage qui pourrait orienter vers le beaunois mais des notes coquilles d’huitre / croute de fromage viennent signer la provenance, de la même manière que la bouche qui est assez mûre et ample, mais avec aussi cette note maritime qu’on retrouve souvent sur Chablis accompagnant la finale. On évoque Chablis en premier cru, connaissant les domaines phares de Nico je pense à Pico pour le côté bien mûr, Guillaume lance 2015 sur cet argument. C’est un très bon Chablis dans un style finement élevé, qui s’accorde très bien avec le plat.
Très bien (et ça peut attendre largement)
Pour accompagner le plat principal de grillades /pommes grenailles / légumes grillés, 2 paires de rouges sont à l’honneur.
Domaine Vernay – Côte Rôtie Blonde du Seigneur 2016
Je sers mon rouge, robe rubis, nez élégant sur les fruits rouges, le poivre, qui ne trompe pas bien longtemps l’auditoire… on est bien sur de la syrah, avec une bouche très agréable, à la Gangloff je dirais presque sur un toucher de bouche soyeux et fruité, seule reproche une longueur modérée, mais beaucoup de plaisir en ce qui me concerne sur ce type de Syrah (comme Ogier, Gangloff notamment).
Très bien +
Les Fils de Charles Trosset - Arbin Mondeuse 2005
En parallèle, Arnould nous sert un vin à la robe un peu plus évoluée, le nez fait Syrah aussi après m’avoir fait évoquer le grenache initialement du fait de notes d’orange sanguine, plus de poivre et olives que le Vernay. En bouche on retrouve cette aromatique avec des tanins quasi fondus, c’est une aromatique plus « épicées » que le précédent. On tâtonne sur le Rhône Nord avant qu’Arnould ne siffle la fin de la récré, introuvable et super découverte.
Bien +
La deuxième paire de rouges arrive déjà, il faut faire de la place, avec en parallèle :
Col D’Orcia - Rosso di Montalcino 2011 Nez bordelais sur des notes de fruits rouges compotés, menthol, tabac. Bouche étonnante car en deux parties, une première fondue, très large, fruitée et une deuxième vague très tannique, serrée, avec une acidité marquée. Faute de mieux je tente Bordeaux, c’est Guillaume qui débusquera le cépage sur ce profil Bordeaux + acidité. Expérience intéressante, mais trop de tannins pour moi et surtout la concurrence en face était trop haute.
Bien -
Domaine Lignier Michelot - Morey Saint Denis En La Rue de Vergy 2015
Robe assez sombre, nez complexe, évoquant un grand pinot Beaunois de type Pommard premier cru du fait d’un caractère un peu terrien mêlé à des notes de fruits rouges kirschés, orange sanguine, épices, poivre. La bouche est assez incroyable, puissance, complexité aromatique, longueur, il y a tout. On hésite même avec un grand cru type Corton. Quand Nico nous dit qu’on se plante de Côte, on évoque Nuits, puis finalement Morey, mais jamais on ne l’aurait placée en village. La localisation de cette parcelle au-dessus des clos de Tart et Lambrays explique probablement sa qualité supérieure, ainsi que les notes d’orange sanguine souvent associées aux grands crus nuitons.
Très bien + et encore un sacré potentiel de garde
Pour terminer, sur un beau plateau de fromages, une dernière paire de blancs :
Domaine Rousset-Martin - Terres Blanches 2016
Robe un peu trouble, ça sent la pomme (limite cidre mais pas complètement), chardo du Jura ! Banco ! un vin à l’aromatique très typée, pas désagréable au demeurant, mon reproche sera plutot sur la bouche qui est assez simple et linéaire sur une acidité haute et la pomme.
Assez bien
Domaine Marc Colin - Saint Aubin 1er Cru en Rémilly 2008
Nez sur un élevage élégant, d’un style que je ne connais pas, on est clairement sur un Chardonnay bourguignon, bouche bien construite sur un joli équilibre gras/tension, pas une grosse longueur ni de grande complexité aromatique, mais agréable.
Bien
Pour conclure, une super première session, tant sur le plan humain que bacchique, le temps est passé hyper vite et on se quitte à presque 18h (sauf Nico rattrapé par la patrouille avant...
). Ce qui m'étonnera à chacune des rencontres de LPViens uniquement connus en virtuel est la rapidité et la simplicité avec laquelle on "connecte", c'est probablement aussi (et surtout) ça la magie du vin.
Je laisse le reste de la joyeuse compagnie enchainer avec leurs commentaires, et j'attends avec impatience la prochaine au pays du Comté et de la chaussette alu