Chablis Premier Cru
Nous arrivons à la Chablisienne, depuis notre dernière visite il y a 3 ans, le domaine a pris 1 étoile à la RVF. J’étais très content de retrouver ce caveau qui proposait en plus à la vente des 2017 dont j’avais entendu de superbe retours.
Dégustation à la Chablisienne :
On nous annonce que désormais, la politique de la maison est que les dégustations ne peuvent excéder 4 cuvées au libre-choix du client, faute de quoi, il faut s’acquitter de la 6,50€ par personne quelque soient les achats effectués par ailleurs. Je suis venu pour goûter et me déleste donc de la somme demandée.
Selon notre sommelière, 2017 est typique chablisien tout en tension ; 2018 proposera plus de rondeur et sera un peu moins risqué à la garde. 2021 proposera sans surprise une faible récolte, mais ils auront un profil avec beaucoup d’acidité et marqués par des arômes végétaux. Cela sera par ailleurs un millésime de garde. Quant à 2019, c'est un millésime à forte et belle concentration.
Dame nature 2019 : salin et concentré, du peps, tonique, ça titille les papilles, idéal pour apéro
Chablis 17 : nez assez discret, très minéral, pur et cristallin, coquille d’huitre en fin de bouche
La Sereine 2017 : plus exotique, plus de rondeur en bouche mais toujours sur un registre minéral
Les Vénérables 17 : nuance de fumé, avec une belle tension, fruits exotiques doux bien intégré. Beau vin a beau rapport QP (14€) qu’on peut faire mûrir un bon moment en cave.
Montmain 18 : plus de rondeur et de volume en bouche, avec touche iodée. Le vin est minéral, toujours, mais cette minéralité s’exprime différemment.
Côte de Léchet 2017 : profil avec agrumes, arômes de léger noisette, et léger fumée
Vaulorent 17 : plus de gras et de corpulence, sur un registre toujours très minéral. Très beau PC
Mont de Milieu 18 : un profil beurré toasté, voire briochée, absolument plaisant. Du gras et beaucoup de plaisir en bouche.
Vaudésir 2017 : assez ouvert, corpulent et minéral. Fin de bouche beurrée toastée très gourmande.
Grenouilles 2016: touche fumée, très minéral, encore très timide au nez, touche noisette
Grenouilles 2011 : sous-bois bien intégré. Ce qui surprend avec le nez c'est son caractère quasi champenois ! du gras et du volume en bouche. Belle bouteille à point.
Savigny 2017 : un vin d’apéro, léger, sur le fruit et floral.
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A 13h00, nous avons rendez-vous au Fil du zinc. J’avais déjà eu envie d’y retourner pour faire découvrir à madame il y a 3 ans mais le restaurant était fermé pour vacances annuelles.
Ma dernière expérience il y a 5 ans avait été vraiment satisfaisante, et j’avais hâte de redécouvrir la cuisine de ce restaurant, bien que l’équipe qui y officiait à l’époque soit maintenant au Chablis Wine not.
Concernant les vins, sur internet on ne voit pas les tarifs et je m’étais donc laissé la liberté de choisir sur place.
Finalement - et exceptionnellement - ce n'est pas moi qui ai choisi puisque ma compagne propose un Dauvissat, et il en faut peu pour me laisser convaincre. Il faut dire que nous avons eu ensemble de superbes souvenirs de dégustations, tant au
restaurant
que lors de
beaux repas de famille
, grâce à la cave du paternel. En plus, c'est un climat plus confidentiel, que je n'ai pas beaucoup eu l'occasion de goûter.
Alors, allons-y !
Domaine Vincent Dauvissat - Montée de Tonnerre 2015
La robe est or, plutôt pale.
Le nez est tout de suite assez ouvert et surtout caractérisé par beaucoup de pureté. Prédomine également ce côté très crayeux, qui saute immédiatement au nez.
Bouche : le vin déploie une superbe matière, ciselée, longue et qui commence à se révéler complexe.
Très floral, un léger côté fumé et des notes de coquille d’huitre apparaissent en fin de bouche. Une bouche tonique, avec du peps qui évolue vers le cailloux, même si cette évolution est encore timide .
Le vin va gagner en équilibre, en harmonie au fil de la dégustation. Très belle matière en bouche, sur un registre minéral, très pur, parfaitement bien construit.
Poulpe de la baie de Quiberon grillé à la marjolaine, pomelo, radis noir et faisselle de chèvre
Je n’aurais instinctivement pas marié l’agneau avec le Chablis, mais le raffinement du vin conjugué à la délicatesse de l’agneau ont permis un accord joyeux. Superbe !
Agneau de la ferme de Clavisy à la cacahuète, pois chiche de Paisson, sudachi et basilic
Nous avons eu de la chance, c'était la dernière du restaurant selon le serveur. De fait, encore un grand moment de dégustation avec un vin de chez Vincent Dauvissat, que les derniers CR récents, salivants d'Olivier Mottard et de Gérard (pléonasme ?) n'ont pas pas manqué de me rappeler.
Un PC en pleine forme qui vieillira avec grâce encore longtemps.
Le beau plateau de fromage de la maison Thomas
Prix sur table : 90€, soit le même prix que le GC Raveneau bu la veille.
Véritable festival à table, le Fil a tenu toutes ses promesses. Une cuisine très raffinée, inventive et d’une très grande qualité. Un moment magique à table avec ma compagne, un voyage pour les papilles ; presque un moment hors du temps.
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Pourtant, du temps il sera question puisqu’après environ 2 heures de bonheur à table, nous devons vite filer puisque nous avons rendez-vous non loin du Fil, à quelques centaines de mètres, au domaine Gérard Dupplessis.
Dégustation au domaine Gérard Dupplessis
Vendange 2021 de qualité, mais petite récolte. Millésime standard. 18-19-20, trilogie exceptionnelle selon Lilian Dupplessis qui nous accueille ce jour, avec un 2018 particulièrement prometteur et qui a sa préférence.
Chablis 2019 : nez assez discret, très agrumes, avec une belle rondeur et une belle buvabilité.
Vaillons 2018 : nez coquille d’huître, floral, simple et facile. Gras et belle évolution. Finale coquille d’huitre, avec une fin de bouche est typique Chablis selon Dupplessis. A boire en 2024.
Montmain 2018 : registre plus salin, du gras en bouche, finale coquille d’huître. Supplément de matière. Du volume. Un bien joli PC, bien structuré, à boire en 2025. Je suis séduit.
On n’a pas pu déguster beaucoup de choses mais c’était un moment agréable et les vins proposent un super rapport qualité prix. J’avais vu sur son site en préparant ce périple que de vieux millésimes étaient ouverts à la vente, mais il m’indique avoir été dévalisé. Idem sur les grands crus ; cependant, coup de chance pour moi, Il lui reste un Clos 2017, cela tombe bien, j’avoue que j’avais envie de ramener un GC à faire grandir en cave, celui-ci est proposé à 50€ la bouteille. Je repars également avec 2 Montée de Tonnerre, sans possibilité de gouter là aussi, sur le millésime 2018. Pour à peine plus de 20€ la Montée je me dis que là-aussi, c’est un beau pari sur l’avenir (2023 suffira pour Dupplessis), et j’ai de toute façon envie de faire confiance. Je repars aussi avec le très joli Montmains.
Un beau moment de partage, et, surtout cela fait du bien de retrouver un petit domaine familial, presque à la bonne franquette. J’ai de plus en plus j’ai le sentiment que les dégustations dans les grandes maisons deviennent soumises à de lourds process : pas plus de 2cl dans le verre, service via machine, dégustations parfois payantes. Je crois que ce qui m’irrite le plus ce sont les fonds de verre servis, qui ne permettent parfois pas de bien appréhender le vin.
Nous partons ensuite faire une promenade digestive bien méritée en haut des Clos. Un banc, le calme et ce panorama spectaculaire sur le vignoble chablisien depuis la colline des grands crus, voilà qui marque l’apothéose d’un week end tant attendu.
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Les aventures de ce samedi ne sont pas finies, puisque le soir nous avons rendez-vous au Chablis Wine not, là-aussi un immanquable que j'avais grand hâte de découvrir.
Mon choix se porte sur une Bourgogne rouge de Bart dont Matlebat dresse régulièrement les louanges, et qui est proposé à 28€ sur table.
Domaine Bart, Bourogne Côte d'or, 2018
Le vin est servi frais, on le laisse réchauffer.
Très belle robe scintillante qui laisse présager une belle friandise/gourmandise. Très fruité, au nez, fruit a noyaux même, avec un fond végétal. Une bouche pleine de fruits, gourmande, friande, avec cependant une astringence un peu persistante en fin de bouche.
Au fil de la dégustation l’astringence se fait plus discrète, et le vin s’accomplit. Sans être d’une immense complexité, il propose un incontestable beau rapport prix plaisir, surtout en prix caviste (16€), et il donne vraiment envie d’aller voir ce que donnent les cuvées du dessus, en particulier les Marsannay.
Très bon avec l’onglet que j’ai trouvé également très qualitatif.
Plateau de fromage de la maison Thomas. le même qu'à midi, et encore convaincu ! Belle découverte avec le Tonnerre, fromage que je ne connaissais pas
En fin de repas, j’arrive à réquisitionner (un petit peu) Fabien Espana pour parler un peu vin avec lui, et lui demande les bouteilles que j’avais identifiées pour la partie caviste.
Il y a de très belles bouteilles à bon prix, dont certaines difficilement trouvables. Encore une fois je fais un pari sur l’avenir, mais je ne pense pas me tromper : je pars sur un Vaillons 2017 et 2018 de chez Droin (30€) ; un Chablis village 2015 de Laurent Tribut (25€).
En demandant à Fabien s’il peut me recommander un village autour d'une vingtaine d'euros, sans hésiter une seule seconde, il me désigne Gilbert Picq, Chablis 2017, par ailleurs prêt à boire.
Au final, un lieu sympa pour manger une cuisine simple sans être flamboyante, avec des produits de qualité.
Attention cependant, les prix des vins sur table sont plus chers qu’ailleurs, certains grands crus comme le Preuses 2017 Dauvissat, est vendu 40€ plus cher qu’au Maufoux. Au niveau caviste cependant, il y a de belles références chablisiennes parfois à peine plus chères qu'au domaine.
Il est temps de rentrer, quelle journée ! Demain, la journée sera plus calme, mais encore marquée par les plaisirs de la table et de la dégustation. En m'endormant le soir, j'y pense déjà.
A suivre...