LPV Grand Centre : tout sauf grosses étiquettes !
Une assemblée moins nombreuse pour la dégustation de ce printemps, avec de très bonnes excuses pour les absents, mais un petit nouveau : j’ai nommé Pascal (papé)
, le plus régional de l’étape (après moi…
).
Il s’agit d’une dégustation éclectique mais j’ai quand même trouvé un thème : ce sera « Tout sauf grosses étiquettes » et ce n’est pas un poisson d’avril !
Bon, le niveau des étiquettes est très variable et il faudra parfois avoir recours à un jeu de mot douteux
pour expliquer en quoi ce n’est pas une grosse étiquette, mais on s’est bien amusé.
Et encore une fois : vive la diversité !
Domaine Jacques Vincent – Reuilly – Pinot gris – 2006
Jacques Vincent fait macérer son gris une nuit, ce qui lui donne un fruité époustouflant lorsqu'il est jeune, et doit aussi participer à la capacité de vieillissement, même si dans ce cas le vin est complètement transformé.
Bouteille épaulée pendant une demi-heure puis carafée juste avant service.
La robe arbore un rosé saumon nettement orangé.
Bien intense, le nez développe une belle complexité : fruits secs, noisette mais pas de noix, groseille, flagrances florales, whisky, écorce d’orange…
La bouche est large et sapide mais le vin se goûte très sec et bien tendu, avec une oxydation très ménagée.
La finale effilée fait ressortir des épices.
Très Bien (+)
Petits pains feuilletés à l’huile d’olive
Miam, vont-ils détrôner les fameuses galettes de pomme de terre ?
Un signe : la recette a été multi-demandée…
L’accord est neutre (3 / 5), petits pains et vin se dégustant pour eux-mêmes et traçant leur beau chemin sans aller à la rencontre de l’autre.
Domaine du Clos Naudin – Philippe Foreau – Vouvray sec – 2002
Ce n’est pas une grosse étiquette car ce n’est pas la cuvée « moelleux réserve ».
Bouteille épaulée pendant une heure et carafée pendant une heure supplémentaire.
L’or de la robe est assez ambré mais peu dense.
Le nez très intense présente une aromatique tertiaire de miel, de champignons qui s’orientent vers la truffe, et une note étonnante de mandarine.
La bouche adopte un profil droit et longiligne, portée par une très belle acidité qui est renforcée par une aromatique moins opulente qu’au nez et sur le citron vert.
La finale très persistante est tendue comme un arc.
Très Bien +(+)
Toasts aux rillettes de poisson
C’est un bel accord (3,5 + / 5) car le vin prend un peu de rondeur, ce qui lui manquait légèrement.
Domaine William Fèvre – Chablis Grand Cru Bougros – Côte Bouguerots – 2008
Ce n’est pas une grosse étiquette car la RVF annonçait « risque d’oxydation ».
Bouteille épaulée pendant une heure et carafée pendant une bonne heure supplémentaire.
La robe se présente sous un or clair.
D’une bonne intensité le nez exhale des arômes floraux prégnants, nuancés par une touche de coquille d’huitre et une autre de tourbe.
La bouche très ample et d’une grande vivacité déroule une aromatique fort élégante, jusqu’à une finale dont l’enveloppe saline marque l’empreinte du beau terroir.
Très Bien ++ pour ce vin encore vraiment très jeune.
Trilogie de la mer en cocotte
Nous avons affaire à un grand accord (4 + / 5), le beau plat enrobant le vin et élevant encore son intensité.
Domaine Gérard Boulay – Sancerre – Clos de Beaujeu – 2009
Ce n’est pas une grosse étiquette car « ce vin, c’est un boulet ».
Bouteille épaulée pendant deux heures et carafée pendant une petite heure supplémentaire.
La robe se teinte d’un or moyen et brillant.
Plus que son intensité, quand même très honnête, c’est son caractère avenant et chatoyant qui frappe : les fruits blancs sont très mûrs, tirant sur l’exotique, avec une touche crayeuse.
L’attaque en bouche est puissante, séveuse et grasse, avec une pointe de C02 rafraichissante mais j’y ai été moins sensible que d’autres.
Puis l’acidité monte crescendo et prend rapidement le dessus, jusqu’à une finale très pointue où des arômes de cassis signent le cépage.
Très Bien ++
Brochettes de gambas aux épices : très chouette !
Le plat fait le pont et réussit même la fusion entre la richesse de l’attaque et la tension de la finale : beau mariage (4 / 5) !
Domaine Philippe Chatillon – Arbois – Amphore – 2017
Un vin orange, c’est forcément tout sauf une grosse étiquette !
Bouteille épaulée pendant deux heures et carafée pendant une petite heure supplémentaire.
La robe est parée d’une couleur orange très marquée.
Le nez puissant s’axe d’abord sur des arômes de résine et d’eucalyptus. C'est un Bordeaux rouge ?
Puis il se complexifie et devient même très charmeur par des notes de fruits secs et d’orange amère.
La bouche conjugue aromatique avenante et baroque avec une sensation de grande sécheresse. Le toucher procure une sensation tannique et la longue finale allie sapidité et salivation.
Très Bien (+) et certainement plus pour ceux qui ne seraient pas déroutés par ce nouvel univers qui fait sortir de notre zone habituelle de confort (19 / 20 pour la RVF).
Le vin aurait dû bien se marier avec les gambas aux épices, mais servies suite à une erreur de ma part avec le plat précédent…
Domaine François Cotat – Vin de table – Chavignol rouge – 2012
Un vin de table, bof ; d’ailleurs il est bouchonné, et remplacé au pied levé par :
Clos Rougeard – Saumur-Champigny – Le Clos – 2012
Ce n’est pas une grosse étiquette car ni Poyeux ni Le Bourg, et pas dans un grand millésime.
Bouteille épaulée pendant une bonne heure et carafée pendant une petite heure supplémentaire.
La robe est assez claire et jeune.
Très ouvert, le nez offre des arômes fins de poivron, qui ne laissent pas de doute sur le cépage, sur un lit de framboises bien mûres.
La bouche brille par son extrême élégance. D’une très grande buvabilité, tout coule sereinement, dans un registre frais et soyeux.
Très Bien +
Terrine de poulet : toute en finesse !
Plat et vin se sont remarquablement entendus (4 / 5), autant en aromatique (il y a du poivron dans la terrine !) qu’en élégance.
Clos Canarelli – Corse Figari – Amphora – 2015
Ce n’est pas une grosse étiquette car ce vin a l’ r canaille…
Bouteille épaulée pendant deux heures et carafée pendant une heure et demie supplémentaire.
Moyennement sombre, la robe dispose de reflets violacés sur le pourtour du disque, témoins de sa jeunesse.
Le nez très expressif offre un beau fruité, alliant fruits rouges et noirs, des épices douces, une touche florale et une autre de maquis (corse, of course
).
Ample et ronde, donc sphérique, dense, très voluptueuse et en même temps d’un grand raffinement, notamment grâce à sa superbe fraîcheur, la bouche s’étire jusque dans une finale à la fois savoureuse et en apesanteur.
Excellent
L’accord a bien fonctionné (3,5 + / 5) avec la même terrine de poulet, mais ce vin est tellement bon qu’il est à boire pour lui tout seul, ce qui pour moi est rare pour un vin rouge.
Domaine Philippe Alliet – Chinon – Coteau de Noiré – 2005
Ce n’est pas une grosse étiquette car il est fou à lier…
Bouteille épaulée pendant deux heures et carafée pendant deux petites heures supplémentaires.
La robe, moyennement sombre, a perdu ses atours de jeunesse sans encore gagner ceux d’évolution.
Le très beau nez est épanoui et élégant, dévoilant un fruité pur de framboise, teinté d’une pointe de poivron mûr et d’une autre de bois précieux.
La bouche affiche un équilibre classieux et une noblesse remarquable. Les tanins sont parfaitement fondus, l’allonge toute en finesse et d’une grande fraîcheur.
La plupart l’ont pris pour un grand Bordeaux à maturité…
Excellent et à point, sans doute pour quelques années encore, mais pourquoi tenter le diable ?
Joue de porc mijotée au vin rouge et aux échalotes : fondant et succulent
L’accord est salué unanimement (4 / 5), vin et plat se retrouvant sur les saveurs et la finesse.
Ermitage du Pic Saint Loup – Languedoc Pic Saint Loup – Guilhem Gaucelm – 2014
Ce n’est pas une grosse étiquette car c’est un vin pour Gégé…
Bouteille épaulée pendant trois heures et carafée pendant une heure et demie supplémentaire.
La robe n’est pas très sombre et elle aussi a perdu ses reflets violets sans gagner des reflets tuilés.
Le nez très intense montre d’abord une pointe de réduction, plus animale qu’écurie, mais qui disparaît à l’aération pour se purifier sur un grand fruit noir, des notes d’anchois, de garrigue et de bacon.
La bouche présente un grand volume, un toucher dense et soyeux et une fraîcheur magnifique. La superbe persistance magnifie la finesse et la sapidité du vin.
Excellent
Le domaine et la cuvée ont été trouvés à l’aveugle par Yann et Didier : chapeau bas !
L’accord est également réussi avec la joue de porc mais je ne l’ai pas noté.
Château Montus – Madiran – 2005
Ce n’est pas une grosse étiquette car ce n’est ni la cuvée Prestige ni encore moins La Tyre.
Mais un CR de bibi64 de juillet 2020 le qualifiant de Grand vin (ce qui est très rare pour lui !) m’a incité à le placer dans cette dégustation.
Bouteille épaulée pendant trois heures et carafée pendant deux petites heures supplémentaires.
La robe est très sombre et encore bien jeune avec des teintes violacées sur le bord du disque.
Le nez intense nous fait explorer un bel univers sauvage, avec des fruits bien noirs, du cuir noble, de la garrigue, du sous-bois, ainsi qu’une légère touche de vernis pas désagréable.
La bouche est corsée, dotée d’une belle charpente, mais nous n’avons pas affaire à un colosse : les tanins sont assagis, une belle vivacité vient affiner le profil du vin, une grande persistance permet d’apprécier un côté distingué.
Excellent et encore meilleur le lendemain !
Comté de 20 mois, Etorki et chèvre mi-frais
Le vin fait un bon bout de chemin (3,5 / 5) avec ces fromages, un peu moins avec le chèvre.
Domaine Marie-Thérèze Chappaz – Valais – Grain noble – 2012
Ce n’est pas une grosse étiquette car c’est un vin de valet…
Bon, Eric a classé cette cuvée parmi les plus grands liquoreux du monde en octobre 2012, mais ce n’était donc pas d’après ce millésime, et dans son souvenir c’était de la petite arvine, alors que ce vin est issu d'un monocépage marsanne.
Après recherche il semble que, pour certains millésimes, Marie-Thérèze Chappaz assemble de la petite arvine, de l’ermitage (marsanne) et de la malvoisie dans une cuvée « surmaturés » mais je n’ai pas trouvé de liquoreux 100 % petite arvine.
Bouteille épaulée pendant cinq heures et carafée juste avant service.
La belle robe bien ambrée attire le regard et donne envie de passer à la phase suivante.
Le nez fait preuve d’une grande intensité, d’une richesse et d’une complexité extraordinaires : des arômes de caramel au beurre salé, d’écorce d’orange, de crème brûlée, de raisins secs et de miel s’associent pour offrir un ensemble luxuriant.
En bouche, la liqueur phénoménale et une aromatique superbe et décadente se combinent pour offrir un ensemble riche et opulent mais pas pataud grâce à une acidité sous-jacente car elle tient le tout bien droit sans être au premier plan.
La finale conserve un impact qui la propulse très loin.
Excellent (+) et un quasi grand vin à qui il ne manque qu’un peu plus de raffinement.
Gâteau fondant aux pommes et aux poires : succulent !
Le dessert lui sied à merveille (4 + / 5), les deux se trouvant sur leurs textures moelleuses et sur leurs arômes qui se combinent parfaitement.
Bon, c’est déjà fini et il faut rentrer (je sais depuis qu’ils sont tous arrivés à bon port, une petite inquiétude à chaque fois même si mes invités sont raisonnables et crachent proportionnellement à la distance qu’ils ont à parcourir
).
La semaine prochaine, ce sont les berruyers qui seront à la fête. On sortira quelques grosses étiquettes…
Jean-Loup