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Dégustation sur le thème « 2010 » : un bon millésime partout en France ! 

  • Jean-Loup Guerrin
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Pour cette dégustation éclectique avec mes amis connaisseurs berruyers, j’avais quand même prévu un fil conducteur, le millésime 2010.
Il est vrai que le choix de ce millésime permet de limiter les risques : il est réussi partout en France, sauf peut-être en Champagne !
Mais cela, c’est de la théorie très générale…
Voyons comment les différents vignerons ont réalisé telle ou telle de leurs cuvées, en particulier leurs cuvées phares.


Domaine Ganevat – Côtes du Jura – Cuvée Prestige Savagnin – 2010

 

Bouteille épaulée pendant une heure puis carafée pendant une demi-heure.

La robe se présente sous un or bien prononcé.
Le nez d’une grande intensité développe des arômes classiques de vins oxydatifs, mais plus sur le céleri et le curry que sur la noix. Puis apparaissent des arômes floraux et de mirabelle ; c’est un nez vraiment élégant !
L’harmonie de la bouche est très appréciable, avec une superbe rondeur doublée d’un beau volume, tout en étant parfaitement dessinée par une franche acidité et dotée d’une aromatique toute en finesse. La grande finale très effilée propose un retour salin et sur le céleri.
Très Bien ++

 
Gougères maison

Le mariage avec les gougères est réussi, tant en aromatique qu’en finesse de textures (4 / 5, merci à Julien – Letournaisien pour le conseil !).


Domaine des Roches Neuves – Saumur – L’Insolite – 2010

 

Bouteille épaulée pendant une heure puis carafée pendant une heure supplémentaire.

L’or de la robe est clair.
D’une très belle intensité, le nez exhale une aromatique de chenin mûr et à point : miel, fruits blancs, la pomme principalement, des touches crayeuse et florale.
La bouche est tendue comme un arc , avec une aromatique pure mais moins présente qu’au nez, ce qui accentue encore cette sensation d’austérité. La finale longue et finement saline reste marquée par l’acidité.
Très Bien + pour moi car je ne suis pas réfractaire au style mais certains ont beaucoup moins apprécié en raison d’un manque de confort indéniable.

Des makis de saumon fumé maison (photo oubliée ) très fins ont réussi à l’arrondir un peu
(3,5 + / 5).


Eric Rodez – Champagne – Blanc de noirs

 

Un 100 % pinot noir avec 70 % sans malo et 70 % élevé sous bois. Dégorgement en septembre 2018.
Lot L 07-18.
Bon, on n’est clairement pas dans le thème, même s’il y a peut-être quelques % de 2010 dans les vins de réserve.

Bouteille ouverte et passée en carafe immédiatement avant service.

La robe est bien claire, très légèrement teintée d’un rosé-ambré.
Le nez bien ouvert offre des fruits secs, la noisette bien entendu, et des fruits jaunes. Il distille également des nuances de citron, de pomme et de fruits rouges, ce qui lui confère une belle complexité !
La bouche combine une grande vivacité, et donc beaucoup d’énergie, avec une vinosité certaine, tout en restant dans le registre de la finesse. La belle persistance permet d’apprécier une finale où le fruité ressort, notamment sur les fruits rouges.
Très Bien +(+)

 
Lotte au beurre truffé : miam !

Une très belle rencontre (4 / 5) entre les deux complices, le plat apportant confort et volume au vin.


Domaine Jean-Louis Chave – L’Hermitage – Blanc – 2010

 

Bouteille épaulée pendant une demi-heure puis carafée pendant deux heures supplémentaires.

La robe est parée d’un bel or prononcé, qui tire sur le vieil or.
Le nez très généreux livre une aromatique complexe composée de miel, de cire, de noisettes grillées, sur un fond net d’abricots mûrs. Des notes d’amande viennent s’y rajouter à l’aération dans le verre.
La bouche s’impose par son volume et sa concentration. L’aromatique gourmande et irrésistible est soulignée par un élevage classieux et juste. Le toucher onctueux et la légère sensation capiteuse n’empêchent pas l’appréciation d’une grande finesse et d’une vivacité rafraichissante. La finale de très grande persistance est relevée par des amers légers et nobles.

Excellent (+) et grand vin !
Bien entendu ce n’est qu’un bébé qui pourra être attendu encore vingt ou trente ans, mais l’aurais-je autant kiffé dans vingt ou trente ans ?

Chic ! Un deuxième service de lotte au beurre truffé est très apprécié et va révéler un accord encore plus grand (4,5 / 5), la puissance du plat étant quelque peu assagie et le vin faisant ressortir les arômes truffés du plat.


Domaine Zind Humbrecht – Alsace Grand Cru – Brand – Riesling – Vendange Tardive – 2010

 

Vignes de 60 ans, rendement 17 hl / ha.SR : 58 g ; ph : 3,1 ; acidité totale : 7 g /l

Bouteille épaulée pendant deux heures puis carafée pendant une heure supplémentaire.

Cette fois-ci la robe est carrément ambrée.
Puissant et follement excitant, le nez exhale une aromatique luxuriante de fruits confits, de fruits exotiques, de miel et de bois précieux avant qu’une touche de pétrole ne prenne de plus en plus d’importance pour révéler le cépage.
L’équilibre en bouche est magistral : l’attaque suave et enrobée est rattrapée par la patrouille, je veux dire par l’acidité haut perchée qui façonne la bouche et l’emporte très loin, jusqu’à une finale saillante.
Excellent + et un autre grand vin !
 


Brochette de gambas aux épices

Ce beau plat fort en goût se marie remarquablement au vin (4 / 5) : il atténue à la fois son sucre et son acidité, tout en faisant ressortir son fruité.


Clos rougeard – Saumur-Champigny – Les Poyeux – 2010

 

Bouteille épaulée pendant deux heures puis carafée pendant une bonne heure supplémentaire.

La robe est assez sombre et paraîtra étonnamment plus profonde le lendemain. Elle se situe entre deux en termes d’évolution, ni jeune ni avancée en âge.
Le nez est étincelant et d’un merveilleux raffinement. Il associe avec bonheur de la framboise, de la cerise, de la mûre, des notes florales, une touche fumée, du cuir noble et un soupçon de vanille : rien que cela !
La bouche charnelle et très élégante n’a rien à lui envier. Elle dégage une impression d’harmonie avec une fraîcheur magnifique, des tanins fins et soyeux et une longue finale évanescente.
Excellent (+) et donc encore un grand vin qui n’a sans doute pas encore dévoilé tout son potentiel !

 
Terrine de porc, poulet, canard, pistaches et armagnac : une grande finesse et de belles saveurs

Plat et vin se sont bien entendus (3,5 +) en trouvant un terrain d’entente sur la finesse.


Domaine Chantal Lescure – Pommard 1er Cru – Les Bertins – 2010

 

Bouteille épaulée pendant deux heures puis carafée pendant une heure et demie supplémentaire.

La robe est teintée d’un grenat clair, légèrement tuilé sur la frange.
Intense et avenant, le nez déploie un fruité très mûr, axé sur la cerise, complexifié par des accents fumés et pierreux.
La bouche se révèle plus florale en rétro-olfaction, épurée, toute en élégance et sertie de tanins glissants.
Très Bien ++

Avec la même terrine, le mariage a encore mieux fonctionné, le plat apportant cette fois-ci du corps et du volume au vin et le mettant ainsi encore plus en valeur (4 / 5).


Domaine de Bonserine – Côte Rôtie – La Sarrasine – 2010

 

Bouteille épaulée pendant deux heures et demie puis carafée pendant une heure et demie supplémentaire.

La robe est assez sombre mais pas tellement pour une syrah du Rhône septentrional (sans doute éclaircie par les 3 % de viognier !). Elle fait par ailleurs bien jeune car dotée d’un cordon extérieur du disque encore violacé.
Le nez intense présente un classicisme d’école. D’une grande lisibilité il distille à profusion de beaux fruits noirs (cassis, mûre), du poivre et de la violette, mais également des inflexions d’élevage, de réglisse et de vanille. Le lendemain, un côté lardé apparaîtra pour compléter la gamme.
La bouche offre une chair bien présente et fraîche, à la texture soyeuse. La longueur est appréciable, et appréciée, mais la finale n'est pas impactante car toute en délicatesse.
Très Bien ++ pour ce beau vin qui aborde le début de son plateau de maturité et dont je ne connaissais pas le domaine.
 

Epaule d’agneau confite aux épices : un must !

Une grande intimité entre plat et vin qui trouvent un accord fusionnel sur les épices (4 + / 5).


Domaine Raymond Usseglio – Châteauneuf-du-Pape – Cuvée Impériale – 2010

 

90 % de grenache, vignes plus que centenaires, rendement de 17 hl / ha.

Bouteille épaulée pendant deux heures et demie puis carafée pendant deux heures supplémentaires.

La robe est sombre, plus que celle de la Côte Rôtie, et assez jeune.
D’une belle intensité, le nez fait très sudiste par sa palette aromatique foisonnante composée de pruneau, de réglisse, de vanille, de fruits confits et de fruits compotés, avec quelques touches de cuir noble.
La bouche est dans la continuité, riche, chaleureuse, et ample. Elle possède certes une certaine vivacité mais pas tout à fait assez pour l’équilibrer.
Très Bien + mais moins sans doute pour un pdf.

La rencontre sur les épices avec la même épaule d’agneau confite est très heureuse car elle permet d’affiner un peu le vin (4 / 5).


Mas Champart – Saint-Chinian – Clos de la Simonette – 2010

 

70 % mourvèdre, complétés de grenache et carignan, vignes à 450 m d’altitude.

Bouteille épaulée pendant trois heures puis carafée pendant une heure et demie supplémentaire.

La robe est plutôt sombre et paraît encore jeune par ses reflets violets sur le bord du disque.
Le nez s’affirme bien en alliant des arômes séducteurs de fruits noirs et d’autres plus austère de cuir et de torréfaction.
La bouche a choisi le camp de la finesse et de la droiture, sans se départir d’une aromatique mûre, la grande persistance permettant d’apprécier une finale déliée et salivante.
Très Bien +(+) et au tout début de son apogée.

 
Etorki, vieux gouda et comté de 20 mois

Les LPViens savent qu'il n’est jamais facile d’accorder des fromages à un vin rouge et nous en avons eu une fois de plus la preuve sans toutefois avoir eu de grosses déceptions : l’Etorki est un peu acide pour le vin (3 / 5), le vieux gouda est un peu trop puissant (3 / 5) et le comté de 20 mois, comme très souvent, s’en sort le mieux (3,5 + / 5).


Clos Haut-Peyraguey – Sauternes – 2010

 

Assemblage de 95 % sémillon et 5 % sauvignon.

Bouteille épaulée pendant quatre heures et demie puis carafée juste avant service.

La robe arbore un or bien ambré et dense.
Le nez ravit par sa puissance et sa superbe aromatique d’orange amère, d’abricot surmûri, de rôti et de miel.
L’énorme liqueur de la bouche est tempérée par une formidable acidité qui la structure et la guide. On a une impression de douceur et d’opulence, mais pas de mollesse, ainsi que d’une grande élégance.La finale d’allonge séveuse est bien savoureuse.
Très Bien ++ / Excellent pour ce beau bébé qui deviendra un grand vin, mais pas avant dix ans supplémentaires. Il peut cependant être apprécié dès à présent par les becs à sucres.
 

Gâteau fondant aux pommes : aussi réussi que dans sa version pommes - poires la semaine précédente !

L’accord se trouve sur l’aromatique mais la richesse du plat s’additionne à celle du vin, ce qui empêche une meilleure appréciation (3 + / 5).
On a en fait affaire à deux très beaux desserts qu’il faut apprécier séparément.


Alors 2010 ?
C’est vraiment très bon partout ! Mais si certaines cuvées sont parfaitement à point, c’est encore bien jeune pout d’autres !

Jean-Loup
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