LPV Forez: Comme des airs d'Assemblée...
Alors que vendredi dernier se déroulait sous haute tension à l’assemblée nationale la dernière discussion en séance publique de l’examen du PLFRSS….
…l’assemblée bacchanale LPVienne forézienne était convoquée au même moment pour examiner également un certain nombre d’articles servant à rédiger ce texte de loi visant à améliorer l’accès et la dégustation des vins de la mouvance nature. A l’ouverture de séance, l’ensemble des parlementaires présents espère pouvoir mener au bout cette discussion et étudier l’ensemble des articles composant cette proposition de Loi, sans avoir à subir d’obstruction ou de 47°1 / 49°3.
Le Président de séance JB ouvrira et mènera les travaux (parfois houleux !), en proposant et soumettant au vote la quasi-exclusivité des articles liquides et solides. Seul le dernier article liquide sera proposé par l’opposition, alors que l’article « Dessert solide », également proposé initialement par l’opposition en commission, aura été retiré de l’ordre du jour avant le début de séance et ne sera, par définition, pas défendu. Voici plus en détail l’examen du texte :
Article 1er : Domaine Labet, Côtes du Jura, Les Singuliers, Vin de Voile, Chardonnay-Savagnin, 2019
Robe d’or. Nez fin, sur l’encaustique, le miel, un côté épicé (curry, poivre blanc), un peu de cédrat et un fond fumé très léger. La bouche est assez tonique et fraîche, aux accents iodés (varech), avec une finale sur la térébenthine. Vin punchy, qui prend même un peu de volume à l’aération, qui ne laisse pas indifférent. On regrettera une sensation de léger creux en milieu de bouche. Fait effectivement, comme souligné par un parlementaire, un peu « champagne sans les bulles ». J’étais sur un chardonnay du Jura. TB+ (16,25/20), Article adopté en première lecture.
Article 2 : Domaine de Alice et Olivier De Moor, Chablis, Clardy et Rosette, 2019
Robe or clair. Le nez est exotique, sur les fruits de la passion et les agrumes. La bouche est très vive et sèche, limite aride, presque violente. On ressent un fond de chlorophylle de façon fine. Ensemble très tendu, au jus très long et direct. C’est Excellent + (17,25/20), j’ai voyagé mais en imaginant un vin au style très traçant : Jurançon sec (Gros Manseng)? Clos des Carmes de Guiberteau (chenin) ? Un beau Sancerre bien vif (sauvignon) ?... Il n’y a pas eu de débat, article adopté.
Article 3 : Domaine Jean François Ganevat, Côtes du Jura, Les Chalasses Marnes Bleues, 2009
Robe or prononcée, assez dense. Nez avec un fond de rancio, un peu d’orange amère et fait un peu liquoreux qui a digéré ces sucres, assez complexe. La bouche est la aussi très sèche, mentholée, aride, sur l’orange amère. Ensemble très strict, avec une finale cependant un peu chaleureuse sur fond réglissé et marc de raisin, donnant une impression de tanicité. J’ai la aussi voyagé, rééditant mon idée de Jurançon. Ou pourquoi pas un rolle ?... C’est malgré tout Excellent (17/20), quoique représentant la aussi un marché de niche. Article adopté sans problème.
Jusqu’à ce moment des débats, il n’y a pas eu de problème particulier, avec des vins, quoique possédant chacun une identité et un caractère marqués avec une volonté de s’afficher nature, un consensus est trouvé au sein de notre assemblée….En va-t-il être de même avec la deuxième partie de cette proposition de Loi ???
Article 4 : Domaine Overnoy, Arbois-Pupillin, Poulsard, 2018
La robe est rubis à la turbidité marquée. On a un nez d’excréments mélangé à de la fraise, c’est assez déroutant et modérément (euphémisme) agréable. La bouche est perlante et fraiche, sur la fraise/grenadine et les agrumes, laissant imaginer un vin à la tendance nature marquée, avec des relents de poulailler. Sans tanins et sans matière, l’assemblée n’adhère pas à cet article et y passe relativement peu de temps… Comme on disait : « ouais…tout ça pour ça… »… NN. Article rejeté.
Article 5 : Azienda Agricola Antoniolo, Gattinara, San Francesco, 2005
Le Président de séance propose alors au pied levé un amendement de repli. Celui-ci possède une robe grenat. On a un nez d’encre et fait assez sanguin. La bouche est sur le graphite, l’âtre de cheminée, le tabac froid et la cerise noire mais de façon un peu mat et un côté sur le pneu brûlé. C’est à ce stade de la discussion, pas franchement réjouissant. La bouche est dense, aux tanins fins, avec des notes éthérées de colle à pansement. La finale est chaleureuse, sur le goudron, présentant un mix peu amène d’amers marqués à des notes d’alcool prononcées, rendant cela un peu dissocié. J’étais sur un vin de style un peu moderne en bordelais ou sud-ouest, mais connaissant les orientations viniques du Président de séance, cela m’étonnait quelque peu…Pas convaincu par l’argumentaire, l’article est lui aussi rejeté. NN
En parallèle de cela, les débats commencent à s’animer dans l’assemblée, ce qui mène à un premier rappel au règlement, puis à une brève suspension de séance…
Article 6 : Domaine Balthazar, Cornas, Chaillot, 2018
On a une robe foncée. Le nez est assez fermé, la aussi sur la colle de sparadrap. La bouche est fluide et fraîche, avec de la vanille, du coulis de fruits rouges, une sensation onctueuse sur le petit suisse. C’est en même temps concentré, avec des tanins mûrs mais encore bien présents, un peu lassant et pénible à boire. Très nouveau monde dans l’esprit, on peut imaginer un vin du bordelais, du languedoc ou une syrah extraite…Probablement mal préparé, cet exemplaire ne bénéficiera pas d’une nouvelle lecture. NN Article rejeté.
De nouveau, les esprits s’enflamment entre les différents camps, on pourrait même parler de bordélisation de la discussion ! On n’est pas loin d’un incident diplomatique avec la dépose d’une motion de censure, qui sera finalement rejetée après un scrutin public.
Article 7 : Domaine Jane Eyre, Beaune 1er Cru, Cent Vignes, 2017
Un amendement gouvernemental déposé au pied levé permet de reprendre le cours des débats et d’étudier cet Article 7. La robe est grenat à reflets rubis. Le nez est plus frais, la bouche également. Cette dernière s’accompagne d’une grande fluidité mais présente un creux assez important en milieu de bouche, la rendant presque aqueuse. A force de compromis pour tenter d’obtenir une majorité relative, on se retrouve finalement face à un article sans relief, dénué d’une grande partie de sa substance…On imagine un gamay puis un pinot noir assez fluide, mais pas du niveau 1er Cru. Néanmoins, à défaut de pleinement apprécier cet Article 7, nous aurons au moins eu le privilège de le discuter, de l’amender et de le voter (contrairement à d'autres...). Assez Bien à Bien (14,5/20). Article adopté d’une courte tête.
La fatigue commence à se faire sentir, la tension sur les bancs commence légèrement à retomber même si l’on sent que la moindre invective pourrait rallumer des débats passionnés…
Article 8 : Champagne Chavost, Champagne, Blanc de Blancs, Extra-Brut (dégorgement Avril 2022)
La robe est cuivre, à l’effervescence fine. On a un nez typé un peu nature, sur le poulailler, avec du CO2 en complément. La bouche est fermentaire, simple et courte, ne présentant pas de grand intérêt même si elle à pour elle une certaine facilité d’accès en terme de buvabilité. Ne basculant pas totalement vers la déviance complète, cet article est néanmoins probablement un peu superflu car sa rédaction manque de clarté et de fond. Destiné à une certaine niche, il ne bénéficiera certainement pas au plus grand nombre. Assez Bien (14/20). Bien qu’il ne montre pas de réelle avancée dans la discussion, l’article est adopté d’une très courte majorité.
Article 9 : Château Doisy-Daëne, Barsac, 2007
Article additionnel déposé en commission par l’opposition contre avis du gouvernement. La robe est cuivre, assez marquée et dense. On a un très joli nez de safran, de marmelade d’orange, un peu de colle à pansement. La bouche est confortable, présente une grosse liqueur, à l’élevage assez discret. On retrouve l’aromatique du nez, assez puissante avec une matière en son cœur paradoxalement un peu plus légère. Ensemble long, faisant encore un peu jeune, contrairement à ce que pouvait laisser penser la robe. Excellent – (16,75/20). Article adopté à l’unanimité.
La séance est levée à 2h30. Au total, notre session parlementaire aura été à l’image de la représentation nationale actuelle : un peu houleuse !!! Mais heureusement, un esprit de consensus finira par ressortir, permettant une issue par le haut et aboutira en une adoption de ce texte en première lecture, malgré le rejet initial de la plupart des articles consacrés aux vins rouges ! Les vacances parlementaires feront du bien à tout le monde et nous espérons que les prochaines sessions entraineront moins de polémiques…Pour celles et ceux qui le veulent, vous pourrez retrouver l’intégralité des débats en replay sur LCF (La Chaine Fermentaire) / Public Jaja.
Merci de m'avoir lu