Hier soir avec un couple d'amis, "de véritables amateurs" avec qui çà fait plaisir de dégoupiller quelques beaux exemplaires... sur le papier à tout le moins car tout va se jouer à l'aveugle et c'est très bien comme çà.
Bouteille 1 :
Un blanc, le mien que je connais parfaitement maintenant, 4ème exemplaire et 4ème plaisir immense.
Nez très légèrement réduit, puis de beaux arômes floraux et de fruits blancs.
Superbe que dis-je magnifique parité entre relance / tension / fraîcheur / dynamisme / volume / richesse et pureté du fruit, ce fond minéral crayeux qui donnent le sentiment de sucer un caillou d'un torrent des Pyrénées Orientales et ces amers finaux justes, ce niveau d'acidité idoine pour nous laisser les papilles salivantes et un potentiel addictif inimaginable (enfin si très imaginable car la b a été pliée en une petite demi-heure). Mon pote évoque un joli chardonnay, pas idiot avec cette belle touche acidité / agrumes notamment en finale, mais c'est un chenin.
C'est vraiment je le pense un
Grand vin que ce
Vin de France "Clos des Mailles" Pierre Ménard 2021.
Ensuite, série de 5 rouges que j'appellerai par simplification 2/3/4/5/6 puisque l'on avait tous des buntos / numéros / verres / vins différents pour être tous en aveugle complet même sur les vins amenés.
Enfin pas sûr d'être une star de l'organisation mais ce qui est sûr c'est que dans les faits çà nous convient. La suite est donc aléatoire, selon le dégustateur s'entend.
Bouteille 2 :
Nez qui rappellerai un peu Barral (bizarrement), sur son côté cassis et bourgeon de cassis avec ce trait végétal mais néanmoins un beau panier de cerise / myrtille / framboise sauvage et de beaux arômes terreux, humus, disons forestiers.
En bouche, le vin a de la bouteille (si j'ose dire) avec une bouche reposée de belle évolution, des senteurs de truffe et une belle gravité dans le déroulé et je reconnais mon pinot avec cette structure un brin austère et, de façon plus laudative, d'une belle droiture. L'acidité et la vigueur en finale aidera mon compagnon du soir à trouver le cépage, pour le reste c'est plus difficile, il s'agit de :
Nuits Saint Georges 1er Cru "Les Terres Blanches" Domaine des Perdrix 2005 Bien +++ (au prix 2023 rapport qualité prix désastreux).
Bouteille 3 :
Indéniablement le nez est prometteur.
On y retrouve des belles notes d'élevage, de cèdre, un côté café torréfié mais pas ostentatoire non plus, puis plus des fruits noirs cassis, myrtille, cerise et touche épicée.
En bouche c'est étonnamment droit et très longiligne, pas beaucoup d'ampleur mais une structure tannique et virile et des tannins accrocheurs, mais de qualité.
Après une certitude sur le côté rive gauche, je me balade à Saint Estèphe puis Pauillac car diantre c'est pêchu puis une fois qu'on le sait, c'est évident, il y a oui cette belle trame minérale et saline qui me transporte à Pessac... par contre pas de tabac blond, un des marqueurs pour moi de cette belle appellation. Je retiendrai que c'est très bon mais que diable, çà envoie !
Très bien.
Bref, on retiendra qu'on est toujours plus fort, rétrospectivement
et il s'agit de :
Château Carbonnieux Rouge - Pessac Léognan - 2009
Bouteille 4 :
Robe rubis, moins soutenue.
Nez assez expressif (c'est un de mes vins que je connais pas mal alors je parviens à l'identifier et mon pote bien fort trouvera l’appellation) avec ces belles notes viandées, de lard, cerise / mûre, touches florales violette et épice : poivre noir.
C'est d'une belle intensité en bouche, sans être volcanique non plus, mais c'est d'un bel équilibre entre le fruit bien prégnant, la structure solide sans agressivité aucune et une belle acidité qui apporte de la précision à l'ensemble.
Au final, c'est très bon et juste simplement très bon, çà pêche un peu dans l'expressivité et la longueur pour provoquer une émotion réelle. Après soyons clairs, c'est un problème de l'aveugle total, ce vin a dû pâtir d'un effet de séquence défavorable avec ses opposants du jour.
Très bien.
Il s'agit de :
Domaine Georges Vernay - Côte Rôtie "Blonde du Seigneur" - 2015
Bouteille 5 :
Robe profonde, dense d'un rubis tirant vers le noir.
Nez très expressif, le plus ample de tous les vins bus hier soir, tu le sens, tu as capté direct que çà va être un excellent vin et du coup tu le mets de côté et le bois surtout pas de peur de ruiner la perception des autres...
Bref, c'est beau, très beau même sur les fruits noirs et une salve épicée qui aiguise les naseaux. Là aussi, un élevage luxueux et de belle facture.
En bouche c'est diablement plus volumineux que Carbonnieux qui joue lui le registre de l'athlète musclé, là on est plus dans la richesse en bouche mais sans saturation avec une pointe toutefois un peu austère et acidifiée qui nous pousse à trouver le millésime, 2008.
Rive gauche évoquée de suite, disons que c'est aussi un peu notre marotte commune avec ce poteau, boire des beaux bordeaux à maturité bah on dira ce qu'on veut nous on aime bien
C'est long, très long, racé, séduisant et élégant. Il y a vraiment que cette pointe un peu raidillonne qui noircit ce joli tableau.
Excellent
et ils s'agit de :
Pontet Canet - GCC Pauillac- 2008
Bouteille 6 (ouf la dernière) :
Robe rubis, limpide, magnifique.
Nez intense, de prune, de bois de santal,
En bouche c'est suave, tactile, dense et soyeux, c'est juste super bon et jamais tu craches çà (moi vivant naturellement).
On est sur la haute qualité bordelaise, le genre de vins qu'on croise peu hélas car la bourse a pas suivi la spirale inflationniste vinicole bordelaise...
C'est un vin soigné et précis, avec des tannins d’orfèvrerie mais tiens il a un défaut aussi, le même que PC aussi tiens, c'est un peu brutal au final en bouche en sensation ultime laissant augurer un millésime que je qualifierai après moult expériences de "assez bon" à Bordeaux mais pas plus puisqu'on est à nouveau sur ... 2008.
Tiens je regardais à l'instant par curiosité ce que les critiques ont écrit sur ce vin, alors je me permets (j'espère pas à tort) de le reproduire ici car çà résume admirablement ce que je galère à décrire :
Notes : Robert Parker
96-98/100, RVF
18,5/20, Gault Millau
18,5/20, Wine Spectator
92/100, IWC
90-93/100, Jean-Marc Quarin
92/100, Jancis Robinson
17/20
« Le 2008 s'avère d'une richesse et d'une dimension exceptionnelles. Sur une sève impressionnante, il s'impose par une grande tenue de tanins en bouche, mais avec une rondeur et une suavité extraordinaires. »
(Les Meilleurs Vins de France 2011 - RVF)
Voilà je mets fin à votre impatience sur ce vin jugé unanimement
excellent voire ++ et il s'agit de :
Château Ducru-Beaucaillou - Second Cru Classé - Saint Julien - 2008*
Photo de famille :
Double information supplémentaire :
1) et avec tout ça me direz-vous et bien un superbe rôti dans le rumsteak de 1.2kg
on est des viandiards assumés par ici avec grenailles au four fleur de sel et thym et poêlée de poivrons verts et rouges.
… ce qui m’amène au
2) 2008 au final justement bah ça poirvronne poco (et plus dans le vert
) avec une acidité un poil mordante. Ce que j’ai passablement essayé de retranscrire.
Pffffffffffiou, c'était vraiment fastidieux pour moi de vous relater çà avec un tant soi peu de justesse mais bon c'est pas tous les jours non plus qu'on est sur ce niveau de qualité vinique et je remercie mon couple d'amis pour leur amitié, et ma femme admirable pour avoir partagé ces moments passionnés tous ensemble.
Je pense que je paye surtout les calva artisanaux finaux et le manque d'hydratation...
Mon beau père a un adage immuable
: un verre de vin, un verre d'eau
Bah il a bien raison,
Bon dimanche à tous,
Alex