Quand Gunthard se prend une cure de jeunesse au LPV No-Raw
An'didjiou, ça faisait des siècles que le père Gunthard n'était pas sorti du tunnel.
Et fallait bien toute la motivation de son desalterego Legui pour parvenir enfin à le tracter jusqu'à une de ces bonnes vieilles soirées à l'ancienne, comme au temps des grandes heures du GC.
Vous savez, ces moments au gigantesque bordel ambiant, quand les excès de générosité de chacun font qu'il y a plus de bouteilles ouvertes que la table ne peut en accueillir.
Quand tout le restaurant savamment piraté par cette volée de sauterelles vinophilophages vous regarde à 21h avec l'air étonné du "mais qu'est ce qu'ils font ? Ils crachent ?", à 22h irrité "ils peuvent pas faire moins de bruit", et à 23h totalement résigné mais ébahi "mais ils vont en sortir combien encore ?!".
Ces moments là, ils commençaient à me manquer !
Rencontrer des jeunes LPViens, partager une passion du vin et des parcours de vie, tenter de transmettre ce qu'on pense à peu près savoir maintenant après 25 ans le nez dans le verre.
Tout ce que d'autres ont fait avec moi, mon Al', mon Gal', mon Président Mauss, du temps des grandes heures.
Et constater combien le monde du vin a changé, combien les passionnés qui débutent ont déjà une connaissance du vin, des vins, absolument sidérante face aux naïfs que nous étions au même âge.
Et pour l'administrateur que je suis, valider que les valeurs qui ont présidé il y a plus de 20 ans à la création d'LPV sont toujours celles qui font briller les yeux des passionnés : découvrir, échanger, se rencontrer, ça, ça fait vraiment du bien !
Tout ça dans une ambiance joyeusement foutraque comme décontractée, quand l'esprit de sérieux et les espoirs d'étiquettes sont laissés au vestiaire et ne comptent que la passion du vin et de la partager.
Allez, en piste...
Vu les lascards autour de la table, quelque chose me dit que ça promet niveau éclectisme !
Domaine Louis Michel, Chablis 1er cru Séchets, 2010
Robe inquiétante, sur un doré ambré anormal pour un vin de cet âge.
Confirmation au nez avec une évolution sur la cire d'abeille qui prend le pas sur un floral en train de s'éteindre.
Bouche sur une belle attaque acide mais qui se désagrège rapidement et finit sur des amers secs désagréables.
NB: Bouteille goûtée à étiage après un salto et vidange forcée pour enrichir le parquet du bureau de son apporteur.
Donc sûrement abimée par cet accident.
Champagne Gaspard Brochet, Brut Nature 333B
Robe jaune paille
Très beau nez pur, ultra précis, sur les fleurs et les fruits blancs. C'est net et très appétant.
Attaque marquée par un boisé qui domine ce joli fruit, étonnant décalage d'ailleurs.
Mais l'équilibre de bouche est remarquablement réussi entre une belle matière vineuse et une acidité bien mûre, porté par une bulle enjoleuse assez présente.
La prise de bois reste assez marquée et pèse un peu sur l'aromatique en l'état.
Belle finale puissante à assagir pour gagner en harmonie.
Vraiment très joli !
Champagne Pascal Hénin, L'Appel de la Forêt
Robe jaune paille.
Nez léger, peu causant, sur une pointe minérale crayeuse et une touche de vinaigre blanc
Bouche linéaire construite autour d'une trame acide un peu aride, avec un manque de matière et d'allonge.
La neutralité aromatique ajoute à la sensation d'austérité.
Finale stricte et sans relance.
Je suis totalement passé à côté de ce vin.
Domaine de la Taille aux Loups, Vin de France, Bretonnière 2017
Robe jaune paille
Nez élégant, précis, sur les fleurs blanches enroulées dans une légère réduction tourbée.
Très jolie trame acide qui propulse une matière élancée pleine de rythme.
Sensations électriques sur le palais avec une belle trame aromatique pure, avec une petite austérité racée.
Finale salivante et désaltérante à souhaits pour un vin encore tout jeune d'expression.
Très joli.
Domaine Boxler, Alsace Riesling Sommerberg E, 2014
Bouchon parfait.
Robe très claire à peine teintée.
Très beau nez précis et ouvert, à la fois en droiture par ses notes minérales mais aussi gourmand par un fruité d'agrumes du plus bel effet.
La bouche déroule cet équilibre à la fois classieux et sexy, sur un volume plein porté par une trame acide succulente qui relance le vin par vagues.
Les goûts en bouche sont aussi agréables que les sensations du nez, avec un très beau fruit tout en lisibilité mais aussi une forme de classe élancée.
Finale scintillante d'une grande jeunesse d’expression mais hyper accessible pour un vin qui concilie parfaitement maturité et droiture.
Un vrai délice !
Domaine Vincent Dureuil-Janthial, Rully 1er cru Les Margotés, 2019
Robe jaune paille
Nez délicat, sur un très joli équilibre classique entre floral pur et fin grillé. Sensations immédiates de précision et d'élégance.
Bouche toute en dentelle, sur une trame acide saillante, un côté épuré presque un peu austère, sur un toucher cristallin sur le palais.
Très belle relance et allonge qui propulsent une finale tonique et dense, dans un registre assez serré.
Très bien !
Château Simone, Palette, 2009
Robe vieil or.
Nez totalement liégeux.
Bouche délavée, rincée de TCA.
ED
Domaine Peyre Rose, Coteaux du Languedoc blanc, Oro, 2006
Robe vieil or.
Nez évolué, lourd, sur la cire, des notes de tarte tatin et légèrement tourbées ou sparadrap.
Bouche avec de la richesse, sur un gros volume tapissant en attaque mais trop lent à mon goût.
Ajouté aux notes aromatiques très évoluées, j'ai peine à trouver du plaisir à cette masse en défaut de buvabilité.
Finale lourde, avec de la longueur mais pas du tout celle que j'aime...
Domaine de Bellevue, Vin de France, Statera, 2020
Robe grenat clair légèrement trouble.
Très beau nez, ébouriffant de complexité, où une superbe pureté de fruit floral poivré s’exprime derrière une réduction puissante.
L'ensemble est génialement original et d'une classe certaine !
Bouche moins à mon goût, bancale au service, plus fondu en fin de repas, sur une certaine sucrosité en attaque qui laisserait attendre un jus de pinot infusé en phase avec le nez.
Mais la bouche est d'une fluidité de corps qui s'abîme dans une amertume assez rébarbative (mais j'y suis ultra sensible).
Très curieux vin, pas totalement abouti dans sa lecture finale en l'état, peut-être par manque d'aération mais avec un petit déficit de matière pour soutenir cette esthétique plus aromatique que tactile.
Un exercice de style passionnant à goûter à l'aveugle en tout cas !
Domaine Joseph Voillot, Volnay 1er cru Champans, 2009
Robe grenat assez clair.
Nez serré, sur une pointe liégueuse poussiéreuse pas totalement évidente.
Bouche mutique, sur un gros creux et des amers secs qui signent pour moi l'effet du TCA
Re ED
Domaine Simon Maye & Fils, Aoc Valais Chamoson, Syrah Vieilles Vignes, 2010
Petit bouchon sans défaut.
Robe sur un bleuté soutenu sans une once d'évolution.
Nez jeune, un peu bordélique, sur un petit lacté (caramel au lait) à l'ouverture qui s'épure pour libérer un ensemble puissamment épicé, sur les poivres, noirs, verts, des notes de fruits noirs frais, un très beau végétal complexe.
Bouche puissante, encore toute jeune, juteuse et à la fois droite par une acidité punchy.
L'aromatique est une myriade épicée fruitée en phase avec le nez. C'est sexy à fond les ballons.
Finale tapageuse, d'une jeunesse incroyable, avec une mâche et un fond certains qui méritent de se polir tranquillement..
A attendre sereinement.
Très bien +
Domaine de la Grange des Pères rouge 2012
Robe pourpre légère.
Nez discret, sur un léger poivré, la mûre mais qui gagne à l'aération et au réchauffement en libérant des fruits noirs et un beau côté épicé.
Ca sent le beau millésime chaud de pinot, ça !
Bouche sérieuse, sur une attaque ample majestueuse de texture, à la fois confortable et tonique, sur une belle trame acide accélérée par des tanins superbes.
L'aromatique très fruits noirs épicés fait elle aussi très jeune.
Finale classieuse mais encore à fondre, avec un vrai gain d'harmonie possible.
Alors que je pars sur un beau cru de Gevrey sur millésime chaud hyper bien fait genre Mortet 2015, v'la qu'on m'annonce... Grange des Pères.
J'en connais un du côté de Corconne que ça va faire marrer au plus haut point !
Un jour, quand je serai grand, je la trouverai à l'aveugle, cette foutue Grange !
Superbe bouteille pleine de potentiel !
Domaine Vincent et Denis Berthaut, Fixin Les Crais, 1999
Robe évanescente, sur des notes tuilées claires.
Nez délicat, fragile, sur les fruits rouges et les fleurs séchés, avec des notes métalliques assez présentes, sur la rouille.
Bouche délicate, en droiture plus qu'en chair, sur une trame fragile mais qui tient l'allonge.
L'ensemble est clairement à boire et pâtit sûrement de son partenaire de service nettement plus doté.
Mais pour un amateur de pinot, ce vin est digne de son âge et de son pédigree.
A boire.
Bien à très bien.
Domaine du Clos Naudin, Vouvray demi-sec, 2009
Robe sur un léger doré.
Nez ultra classique, délicat et attirant, compromis de notes fruitées (pomme reinette) et florales (jasmin).
Bouche juteuse, légère, d'une acidité agréablement désaltérante qui porte une petite sucrosité délicieusement gourmande.
Les goûts sont purs, en pleine phase avec le nez, sur un fruit croquant hyper attirant.
Finale toute en évidence gourmande, on en boirait des litres.
J'adore !
Domaine Huet, Vouvray Moelleux, Le Mont, 2002
Robe dorée
Nez sur la confiture de rhubarbe, avec une belle évolution intéressante, sur des notes épicées.
Bouche construite en droiture, d'une grande élégance mais dont l'acidité acérée domine la liqueur.
L'ensemble est hyper mobile sur le palais, sur un équilibre plus proche du sec que du liquoreux, avec une allonge et capacité de relance certaine.
La finale électrique est une vraie cavalcade tonique, salivante à souhaits.
Un très beau vin qui doit pouvoir former des accords polymorphes pour cuisinier créatif absolument géniaux.
Très bien.
Quelle superbe soirée, j'ai rajeuni de 20 ans !
Et comme la jeunesse accueillante a même eu la délicatesse de dégoter une cantine au pied de mon RER, papy Gunthard était sous la couette avant l'heure des mâtines et sans se faire sonner les cloches comme à l'accoutumée.
Un grand merci à tous pour votre générosité.
Et une spéciale dédicace à mon vieux Gui pour son opiniâtreté à ne pas me laisser confire dans mes réalités casanières.
Vivement la prochaine !
Oliv